32 - Représailles

Plusieurs balles atteignirent les pneus et la voiture partit en dérapage.

– PUTAIN DE MERDE ! Jura Sanzu en tentant de maîtriser le véhicule.

La Mercedes fit un tour complet sur elle-même avant de s'écraser contre le mur du bâtiment qui longeait la route. 

En dépit de sa ceinture de sécurité, Kyôko fut projetée contre la portière et sa tête heurta la vitre.

Elle sentit qu'elle perdait connaissance et lutta pour ne pas s'évanouir. La main de Shuji appuya sur son crâne.

– Baisse-toi, dit-il.

Les rafales d'automatiques reprirent, faisant voler en éclat les vitres de la Mercedes. 

Shuji fit sauter la portière du côté de Kyôko d'un coup de pied et il la traîna dehors, plus qu'il la porta, son arme à la main. 

Kyôko se laissa tomber contre le pneu arrière, sonnée, la main de Shuji toujours posée sur sa tête. 

Sanzu sortit à son tour.

– LES BÂTARDS ! Gueula-t-il en s'accroupissant au sol, son flingue à la main. JE VAIS ME LES FAIRE CES BÂTARDS !

Kakucho les rejoignit. 

Il vérifia calmement son chargeur. Puis lui, Hanma et Sanzu échangèrent un signe de la tête. 

Shuji se redressa et Kakucho vint le remplacer auprès de Kyôko.

– Je te la confie, dit simplement Shuji.

Kakucho se contenta d'acquiescer. 

Les coups de feu continuaient à pleuvoir de tous côtés et Kyôko se ramassa sur elle-même pour éviter les éclats de verre qui tombaient autour d'eux. 

Lorsqu'elle réussit à reprendre ses esprits, elle tendit la main en arrière dans la voiture, attrapa sa pochette et en sortit son arme. 

Comme Kaku un instant plus tôt, elle vérifia son chargeur et retira la sécurité. 

Sanzu avait réussi à éviter un choc frontal et la voiture se trouvait contre le mur du bâtiment, entre eux et leurs assaillants. Pour le moment, elle leur servait de bouclier, mais ça ne durerait pas.

– Ils visent le réservoir, lui dit Kakucho. Il faut sortir de là.

Il regarda autour de lui et avisa la ruelle qui se trouvait à quelques pas de l'arrière de la voiture.

– Tu peux marcher ? Lui demanda-t-il.

Kyôko hocha la tête.

– Alors à mon signal, tu rejoins la petite rue, dit-il en la lui montrant d'un signe de la tête. Je te couvre.

Kyôko acquiesça.

– Très bien.

Elle essaya de se redresser, mais ses jambes se prirent dans le tissu de sa robe de soirée. Elle jura et la déchira sur toute sa longueur pour être libre de ses mouvements. 

Quand Kaku lui fit signe, elle se leva sans un regard en arrière et commença à courir vers la ruelle. 

Kakucho lui fit un bouclier de son corps et, une fois à l'abri dans un renfoncement de porte, elle s'autorisa à souffler. 

À côté d'elle, Kakucho suivait du regard l'affrontement qui continuait à une poignée de mètres de là. 

Il ramena les yeux vers elle et tiqua en la voyant.

– Tu es blessée ? remarqua-t-il.

Il leva la main et toucha son visage. 

Lorsqu'il la ramena, Kyôko vit qu'elle était couverte de sang. 

Elle imita son geste. 

Elle ne sentait aucune douleur mais c'était sûrement dû à l'adrénaline.

– Laisse-moi regarder, dit-il.

Il écarta ses cheveux et poussa un soupir soulagé un instant plus tard.

– Juste une petite coupure, la rassura-t-il. Ça pisse le sang, mais c'est pas trop grave.

Il ramena les yeux sur la route où les coups de feu continuaient à crépiter. 

Un éclair lumineux les aveugla brusquement et une explosion leur déchira les tympans, faisant trembler le bâtiment dans leurs dos.

– DANS VOS FACES LES ENCULÉS ! Hurla Sanzu.

Kakucho posa la main sur la tête de Kyôko pour la protéger des éventuels débris qui pourraient retomber.

– Il a fait péter une voiture, lui dit-il.

L'explosion marqua un revirement dans l'affrontement. Plusieurs assaillants avaient été blessés ou tués dans la déflagration et Shuji et Sanzu purent reprendre le dessus. 

Quelques instants plus tard, les coups de feu cessèrent. 

Après avoir attendu pour être sûr que la fusillade avait pris fin, Kakucho et elle rejoignirent la rue sans baisser leurs armes.

– Il n'y en a plus ? Demanda Kaku.

– Non, répondit Shuji, on les a tous fumés.

Sanzu était fou de rage. Il donna un coup de pied dans le coffre de sa voiture en gueulant.

– Fais chier ! Ils ont bousillé ma caisse !

Au loin, on entendait déjà les sirènes de police.

– On se tire, dit Shuji, sinon on va se faire serrer.

Kyôko alla récupérer sa pochette et le portable de Sanzu sur le tableau de bord et tous les quatre quittèrent les lieux.

Kakucho surveillait l'avant tandis que Shuji assurait leurs arrières. 

Lorsqu'ils furent certains que personne ne les suivait, Kakucho sortit son téléphone de sa poche.

– Mikey ? Dit-il lorsque le boss décrocha. On vient de tomber dans une embuscade.

La voix de Mikey bourdonna dans l'appareil.

– Non, dit Kaku. Tout le monde va bien. Que des blessures superficielles.

Sanzu ne décolérait pas.

– Ils ont bousillé ma caisse Mikey ! Cria-t-il.

– Ouais, confirma Kakucho dans le téléphone. On n'a plus de voiture.

Mikey posa une question et Kakucho répondit en lui donnant leur localisation, avant de raccrocher.

– Il nous envoie un chauffeur, dit-il aux trois autres.

– Est-ce qu'on sait si les Haitani vont bien ? Demanda Kyôko.

Elle se souvenait du dernier coup de fil de Rindô. Apparemment eux aussi étaient tombés dans un piège. 

Kakucho essaya de composer les numéros des deux frères, mais il n'obtint pas de réponse.

– Il vaut mieux rentrer au QG, dit-il. On en saura plus là-bas.




La voiture envoyée par Mikey arriva quinze minutes plus tard et Sanzu tira le chauffeur à l'extérieur par le col de sa chemise pour le jeter sur le bitume.

– Dégage ! Aboya-t-il.

L'homme ne se le fit pas répéter. Il s'écarta en rampant sur les fesses et Sanzu prit sa place au volant.

– Sanzu, dit Kyôko en regardant sa manche imbibée de sang. Tu es blessé, tu devrais peut-être laisser quelqu'un d'autre conduire.

– Rien à foutre, dit-il. Je veux ces bâtards et je les veux tous !

Kakucho, Kyôko et Shuji s'installèrent dans la voiture et Sanzu repartit sur les chapeaux de roue en abandonnant leur chauffeur au milieu de la rue.

Shuji retira sa veste. Il la roula en boule et l'appuya sur le front de Kyôko.

– Mets ça sur ta tête, dit-il. Tu pisses le sang.

Sanzu la regarda dans le rétroviseur.

– Tu es blessée Kyô-chan ?

Il venait seulement de s'en apercevoir.

– C'est juste une égratignure, dit-elle. Tu es bien plus amoché que moi.

Il ramena les yeux sur la route. Sa rage ne s'était toujours pas calmée.

– C'était qui ces types ? Demanda Kakucho. On le sait ?

Kyôko se tourna vers Shuji.

– Ils ont dit quelque chose ?

– Non, rien du tout, répondit-il.

Elle rassembla ses idées.

– Alors soit le Sumiyoshi Kai, soit le Yamaguchi-Gumi, dit-elle. On était sur leurs terres hier soir.

– Des représailles, dit Kakucho.

Elle hocha la tête.

– C'est ce que je crois.

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