29 - Rindô Haitani

Le lendemain, Kyôko se trouvait dans la salle de sport de l'hôtel lorsque Rindô vint la voir. 

Il croisa les bras sur le panneau de commande du tapis roulant sur lequel elle s'entraînait et posa le menton sur ses mains.

– Salut Kyôko-chan.

– Rindô, dit-elle sans interrompre son exercice, je peux faire quelque chose pour toi ?

– Tu as un truc de prévu aujourd'hui ?

– Pas spécialement, pourquoi ?

Sa question l'intriguait.

– On se fait une sortie tous les deux ?

Kyôko réfléchit. 

Elle tendit la main vers le panneau de commande du tapis et l'éteignit. 

Lorsque l'appareil s'arrêta, elle descendit et s'essuya le visage avec sa serviette.

– Ça marche, dit-elle.

Rindô écarquilla un instant les yeux.

– Il y a un problème ? Demanda-t-elle.

– Non, aucun, dit-il. C'est juste que j'oublie toujours à quel point tu es grande.

Il venait seulement de se rappeler qu'elle pouvait le regarder dans les yeux sans avoir besoin de lever la tête.

– Personne ne me dit jamais cela en face ! Lui fit-elle remarquer en riant.

– Alors je serai le premier, dit-il. Je t'attends en bas ?

Il se redressa et elle hocha la tête.

– Le temps de prendre une douche, de me changer et je te rejoins, lui dit-elle.




Rindô l'attendait au bar.

– On y va ? Dit-il.

Ils descendirent au garage.

– Où est-ce que tu voulais aller ? Lui demanda Kyôko tandis qu'il lui ouvrait la porte de sa Porsche 918 Spyder.

Les deux frères aimaient les voitures de sport. Ran sortait le plus souvent au volant de sa Lamborghini Gallardo, un bolide aux lignes futuristes. Quant à Rindô, lui, il avait préféré un coupé de la marque allemande produite à seulement neuf-cent-dix-huit exemplaires, d'où son nom.

– Je pensais à un resto, lui dit-il. Ça te convient ?

– Parfaitement.

Il était presque treize heures et Kyôko avait faim. 

Comme la plupart des cadres du Bonten, elle mangeait le plus souvent sur le pouce. Leurs emplois du temps ne leur permettaient pas d'aller souvent au restaurant. 

Rindô mit le contact et le moteur rugit. Ils laissèrent la Nihonbashi Mitsui Tower derrière eux pour prendre la direction du Sud. 

Le ciel était clair en ce début de printemps et la température était agréable après la fraîcheur des semaines précédentes.

– Je connais un bon restaurant, dit-il, dans la Mori Tower.

– Roppongi ? Dit Kyôko en soulevant un sourcil. Tu m'emmènes chez toi ?

Rindô sourit.

– C'est un peu ça, dit-il. Ça reste le quartier où je me sens le plus à l'aise.

Une fois sur l'autoroute, il reprit.

– Ran dit que tu sais tout sur tout.

Kyôko tourna les yeux vers lui. Est-ce que c'était cela ? Il avait quelque chose à lui demander et il préférait le faire à l'abri des oreilles indiscrètes ? Elle ramena son attention sur la route.

– C'est très exagéré, dit-elle. La vérité, c'est que je suis une trouillarde, alors j'essaie de connaître le mieux possible mon environnement.

Il rit.

– Une trouillarde ? Répéta-t-il. Drôle de choix de carrière pour une trouillarde.

Elle rit à son tour.

– On a tous nos points faibles, dit-elle.




Parvenus à destination, Rindô s'engagea dans le parking souterrain de la tour et tous les deux se dirigèrent vers les cabines d'ascenseur.

La Roppongi Hills Mori Tower n'avait pas le luxe du building qui abritait les locaux du Bonten, mais elle n'en était pas moins impressionnante avec ces cinquante-quatre étages et sa superficie qui semblait écraser le quartier. Les portes s'ouvrirent sur le cinquante-et-unième étage et Kyôko eut le souffle coupé par la vue. Le restaurant, le Ise Tueyoshi, occupait tout l'étage et sa gigantesque baie vitrée donnait l'impression de plonger dans le vide. 

Rindô se dirigea vers le comptoir de l'accueil, pendant que Kyôko faisait quelques pas pour admirer les lieux. 

Le restaurant était décoré de façon typiquement japonaise, tout en simplicité épurée, et il laissait la vue être son seul ornement.

– Une table pour deux personnes dans un salon privé, demanda Rindô derrière elle.

– Avez-vous une réservation Monsieur ? Demanda la jeune hôtesse d'un ton hautain.

Un steward vint aussitôt l'écarter avec une expression affolée.

– Veuillez me suivre monsieur, dit-il en indiquant le chemin à Rindô avec le sourire.

Le tatouage du Bonten ouvrait toutes sortes de portes à Tokyo, surtout celles des établissements qui nécessitaient une réservation prise des mois à l'avance. 

Rindô vint prendre le bras de Kyôko.

– Tu viens souvent ici ? S'enquit-elle.

– Moi non, mais mon frère oui.

Le maître d'hôtel les conduisit dans un salon dissimulé derrière des paravents orientaux et il les laissa après avoir pris leurs commandes.

Kyôko jouait du bout du doigt avec la décoration de son cocktail en attendant leur repas, une ébauche de sourire aux lèvres. Elle n'avait toujours pas deviné pourquoi Rindô voulait la voir en privé et cela l'intriguait de plus en plus. 

Lorsque leurs plats furent arrivés, Rindô lui demanda :

– Ça c'est bien fini avec Mikey finalement hier soir ?

– Nous avons discuté, dit-elle. Je ne sais pas si ça c'est bien ou mal fini, je ne suis pas dans les confidences du boss. Il nous fera part de sa décision quand il l'aura prise.

– Je veux dire par là, reprit Rindô, qu'il ne t'est rien arrivé.

Kyôko leva les yeux de son assiette.

– Ma tête est toujours fermement attachée à mes épaules si c'est ce que tu veux dire, rit-elle.

Il rit lui aussi. Puis il reprit.

– Je suis désolé de t'avoir prise à partie devant tout le monde. Ça ne se fait pas.

– Tu as dit ce que tu pensais, répondit-elle. Je préfère que ce genre de choses soient dites tout haut. Ça permet de crever l'abcès.

– Me voilà dans la position du connard insensible qui crève l'abcès, dit-il.

– Tu sais bien que ça n'est pas ce que je voulais dire. Je n'ai jamais pensé que tu étais un connard insensible.

– Quoi qu'il en soit, je suis désolé.

Il tendit le bras et effleura le dos de sa main du bout des doigts.

– Tu es tout pardonné, lui dit-elle, ne t'en fais pas.

Était-ce pour cela qu'il voulait la voir ? Après tout, Kyôko était ressortie indemne du bureau de Mikey après l'altercation de la veille, même Shuji l'avait remarqué. Par ailleurs, le boss n'avait toujours pas donné d'ordre concernant le Sumiyoshi Kai, ce qui signifiait qu'il l'avait écoutée, au moins en partie.

Ran dit que tu sais tout sur tout, avait-il dit.

Ran lui avait peut-être signalé qu'il pourrait être plus judicieux de s'attirer ses bonnes grâces plutôt que de se la mettre à dos. Mikey ne serait pas éternellement le boss et Kyôko resterait une pièce maîtresse pour un gang. Ça tombait bien. Elle nourrissait des projets similaires.

Lorsqu'ils eurent fini de manger, Rindô lui demanda.

– Tu veux rentrer tout de suite ou on peut aller faire un tour ?

Kyôko posa le menton sur ses mains jointes.

– Je peux bien m'accorder une demi-journée de congé, dit-elle, qu'est-ce que tu me proposes ?

– Il y a un endroit où j'aimerais t'emmener.

Il sourit comme un gamin fier de lui. 

Kyôko plissa les yeux et réfléchit.

– Un casino ? Tenta-t-elle.

La déception qui se peignit sur le visage de Rindô fut presque drôle à voir. Kyôko dut se retenir d'éclater de rire.

– Comment tu as deviné ? Dit-il.

– Tu oublies que Koko et moi nous sommes chargés des papiers. Aucune de vos affaires n'a de secret pour nous.

Les frères Haitani s'occupaient des divertissements illégaux de la capitale. Prostitution, drogues, jeux d'argent... il n'y avait pas de distraction sur laquelle ils n'eurent la mainmise.

Kyôko tendit la main et caressa la sienne à son tour.

– Ne fais pas cette tête, dit-elle, je suis désolée.




Le casino dans lequel il la conduisit avait ouvert récemment. 

Plus qu'un casino, c'était en réalité un club de jeu de tables – roulette, blackjack, poker... – où des clients fortunés, triés sur le volet, venaient miser de grosses sommes. Pas de triche ici, le Bonten était garant de l'honnêteté des croupiers. Il en allait de la réputation de l'établissement, c'était elle qui attirait la clientèle.

– Qu'est-ce qui te tente ? Lui demanda Rindô.

Il s'était rapproché depuis qu'ils étaient entrés et tous les deux circulaient maintenant entre les tables, la main de Rindô posée sur sa taille.

– La roulette ?

– D'accord, voyons si tu es chanceuse.




Après plusieurs parties, Rindô vint la prendre par les hanches, le front posé contre son épaule. Kyôko en comprit la raison quand il la serra contre lui.

– Désolé, souffla-t-il dans son cou, il y a des choses qu'un homme ne peut pas contrôler.

– Ou alors, tu peux juste me dire que tu as envie de moi, lui répondit-elle dans un murmure.

Il souleva la tête, surpris. 

Elle ajouta en le regardant par-dessus son épaule.

– J'ai tort ?

– Non, dit-il.

Kyôko pouvait entendre le sourire dans sa voix.




Quelques minutes plus tard, ils se retrouvèrent dans les toilettes des hommes et Rindô verrouilla la porte. 

Il la plaqua contre le mur et ses mains cherchèrent avidement sa peau, soulevant le tissu fin de sa robe tandis que ses lèvres fondaient sur les siennes. 

Kyôko entoura son cou de ses bras et elle l'attira contre elle pour lui rendre son baiser. 

La langue de Rindô dansa avec la sienne et il la repoussa vers les lavabos avant de passer ses mains sous ses fesses pour la soulever et l'asseoir sur le rebord. 

Kyôko écarta les cuisses et il vint presser son érection contre son entrejambe.

– T'es sûre ? Lui dit-il entre deux baisers.

– Bien sûr, pourquoi ?

– Et Hanma ?

Kyôko rit.

– Il s'envoie en l'air de son côté aussi, répondit-elle, ne t'en fais pas pour lui.

Rindô passa la main sous sa robe et il fit glisser son string le long de ses jambes. 

Durant un instant, il enfouit son nez dans le bout de tissu, puis il ramena les yeux sur elle.

– J'adore, dit-il.

– Je vois ça, répondit-elle avec un sourire.

Puis leurs bouches reprirent leur danse endiablée. 

Rindô glissa la main entre ses jambes et ses doigts caressèrent son intimité.

– Tu mouilles, lui dit-il.

– Parce que j'ai envie de toi.

Ses doigts continuèrent d'explorer son entrejambe, titillant tour à tour son clitoris et les replis humides qui semblaient chercher à l'attirer dans leurs profondeurs.

Enfin, Rindô ouvrit la fermeture éclair de son pantalon et sortit un préservatif de sa poche.

– Attend, dit-elle en prenant le petit rectangle en main. Laisse-moi faire.

Elle sortit le préservatif de l'emballage, dégagea son membre de son boxer et déroula le préservatif dessus. 

Rindô grogna contre son cou.

– Putain...

Il attrapa ses cuisses sans plus pouvoir se retenir et Kyôko verrouilla ses jambes dans son dos. Il s'enfonça en elle et elle agrippa ses épaules avec un gémissement.

– Oui...

Ses coups de reins faillirent lui tirer des cris, mais elle se mordit les lèvres pour les étouffer. 

Rindô accéléra rapidement la cadence, impatient, et quand il sentit qu'il allait venir, il passa la main entre ses cuisses pour agacer son clitoris. 

Ses doigts firent naître des décharges de plaisir en elle et Kyôko lutta de plus belle pour retenir les cris qui lui montaient aux lèvres. 

Lorsqu'elle jouit ses jambes se mirent à trembler de façon incontrôlable et elle sentit qu'elle se resserrait. 

Ne pouvant plus tenir, Rindô jouit à son tour avec un râle.

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