26 - Association de malfaiteurs
– Plus souple les poignets Kyô.
Shuji se tenait derrière elle, les mains à quelques centimètres sous les siennes. Kyôko se concentra sur la cible de l'autre côté de la salle.
Le coup de feu retentit et le contrecoup lui fit lever les bras. Elle l'avait manquée vit-elle.
Elle fronça les sourcils, contrariée.
Le stand de tir avait été installé dans les sous-sols de la tour, là où le bruit ne risquait pas d'attirer l'attention, avec plusieurs autres installations secrètes du Bonten. Ici, c'était l'envers du décor de l'organisation. L'endroit où ils conduisaient ceux qu'ils voulaient interroger et ceux qu'ils voulaient tuer. En dehors des cadres et de quelques membres triés sur le volet, personne ne ressortait d'ici vivant.
– C'est parce que tu es trop tendue, lui dit Shuji.
Kakucho s'approcha et il lui tendit une autre arme.
– Essaie un Glock, lui dit-il. Il aura moins de recul.
Kyôko le prit en main et elle le soupesa.
– Glock 17C avec compensateur de recul, dit-elle après l'avoir examiné.
– Tu en connais un rayon, dit Kaku, impressionné.
Il s'était vu confier le marché des armes à feu après son entrée dans le Bonten. Tout ce qui avait trait à leur vente, leur détournement, ou leur importation illégale relevait de son autorité.
Il déposa les munitions devant elle – des cartouches de 9mm – et Kyôko le chargea comme Shuji le lui avait appris.
– Il est plus léger, remarqua-t-elle une fois le chargeur plein.
– Oui, dit Kaku. C'est une arme destinée à être portée sur soi au quotidien. Celle que les femmes préfèrent généralement.
– Sauf au Japon, évidemment, dit Kyôko en se remettant en position.
– Sauf au Japon, confirma Kakucho en riant.
La politique de l'archipel était tellement stricte en matière d'armes à feu que rares étaient ceux qui pouvaient en posséder officiellement. Officieusement bien sûr, tous les membres des organisations criminelles, comme le Bonten, avaient déjà eu une arme en main et aucun d'entre eux n'avait de difficulté à s'en procurer.
Kyôko fixa la cible, souffla puis bloqua sa respiration.
– Oui, approuva Shuji, comme ça.
Le coup de feu partit. Le recul fut nettement moindre cette fois et la balle transperça le bord de la cible. Kyôko soupira.
– C'est vraiment beaucoup plus difficile que je l'aurai cru, dit-elle.
– Ça dépend, dit Shuji. Si tu colles ton flingue sur la tempe d'un mec, ça sera beaucoup plus facile.
– Vu mon aptitude au combat rapproché, dit-elle, j'ai plutôt intérêt à rester loin.
– C'est pas faux, rigola Shuji.
– Pourquoi tu veux apprendre à tirer Kyôko ? Dit Kakucho, les bras croisés sur la poitrine.
– Je veux pouvoir me défendre, dit-elle. Je n'ai pas envie de me faire tuer bêtement.
Shuji saisit sa main et il secoua son bras pour le montrer à Kakucho.
– Et puis avec ses petits poings tout faibles, dit-il, elle risque pas de repousser un adversaire. Un gamin de maternelle pourrait la mettre KO.
Kakucho pouffa de rire et Kyôko l'imita.
– Je ne peux pas dire le contraire, reconnut-elle.
Sanzu parut dans la salle de tir.
– T'es prête mon chou ? Dit-il. On doit y aller.
Kyôko reposa l'arme.
– J'arrive.
Shuji entoura sa taille de son bras.
– Fais gaffe à toi hein ? Dit-il.
Kyôko l'embrassa.
– T'inquiète, dit-elle.
Sanzu la saisit par le bras.
– C'est bon, dit-il. Je te la ramène en un seul morceau ta petite femme. On va pas loin de toute façon.
Kyôko adressa un petit signe de la main à Shuji en riant et elle suivit Sanzu à l'extérieur.
– T'as tout ce qui te faut mon chou ? Lui demanda Sanzu.
– Je n'ai besoin de rien à part toi, dit-elle.
– Oh ? Tu sais que ça pourrait être mal interprété ça ?
Elle regarda.
– Je ne crois pas, non.
Sanzu tiqua, puis il éclata de rire. Tous les deux gagnèrent le garage. Sanzu les conduisit vers la Mercedes S63 garée plus loin et il sortit les clés de sa poche.
– C'est parti ! Dit-il en se mettant au volant.
Kyôko s'installa à côté de lui et boucla sa ceinture. Elle étendit les jambes pour se mettre à l'aise. C'était une chose qu'elle aimait dans ces voitures de luxe, il y avait de la place. Sanzu démarra en trombe et il laissa rapidement les rues nocturnes de Tokyo derrière eux.
Ils prirent l'autoroute en direction du Nord-Est et, une fois sur la voie rapide, il laissa sa main s'égarer sur sa cuisse.
– Tu t'es remise de notre petite soirée ? Demanda-t-il. Tu dormais comme un bébé quand je suis parti.
– J'avais accumulé les coups de fatigue toute la semaine, dit-elle. Mikey m'a même trouvée en train de roupiller dans mon bureau.
Sanzu lui coula un regard en coin et elle reprit.
– Mais pour en revenir à ta question, oui, je me suis remise de notre petite soirée. Je dirais même qu'elle m'a remise sur pied.
Sanzu sourit et il glissa les doigts sous le bord de sa jupe.
– C'est quand tu veux mon chou, dit-il.
Ils arrivèrent dans la petite ville de Oyama, une bourgade à une centaine de kilomètres de la capitale, dans la préfecture de Tochigi.
Ils quittèrent la rue principale et s'engagèrent dans la zone industrielle, jusqu'à la fabrique de papier en sortie de la zone.
TUDÔ ENTREPRISE, annonçait l'enseigne à l'entrée.
Une lumière brillait encore à la fenêtre du premier étage, les renseignements de Kyôko étaient exacts.
Sanzu se gara derrière le bâtiment et tous les deux sortirent de la voiture.
Sanzu brisa la serrure de la porte arrière en silence et ils montèrent les escaliers, jusqu'au bureau au premier.
L'homme sursauta et tomba de son siège lorsque la porte vola en éclat. Kyôko alla tirer les rideaux et éteindre la lumière, ne laissant que la lampe de bureau allumée et Sanzu releva leur interlocuteur en le saisissant par le col.
Il le rassit dans son fauteuil et il le fit pivoter vers lui, un sourire à vous glacer le sang sur le visage.
Kyôko s'approcha.
– Nous avons des questions, dit-elle, et vous avez des réponses. Nous allons trouver un arrangement.
– Vous êtes qui ? Demanda l'homme.
Sanzu lui décocha un coup de poing.
– Tu n'as pas écouté la demoiselle ? Dit-il. Ici c'est nous qui posons les questions.
Sa manche dévoila le tatouage sur son bras et l'homme paniqua.
– Les cinglés du Bonten ! s'écria-t-il.
Il essaya de se lever, mais Sanzu le rassit.
– Tout juste, dit-il.
– Je ne voulais pas le faire ! Cria l'homme en les regardant tour à tour. Je leur ai dit que je ne voulais pas le faire ! Je vous en prie ! J'ai une femme et des enfants ! Par pitié !
Kyôko attendit qu'il eût terminé.
– Bien, dit-elle, commençons.
L'homme parla sans difficulté. Il n'avait rien d'un yakuza endurci et il devança même ses questions à une ou deux reprises pour tenter de sauver sa vie.
Penchée vers lui, son visage près du sien et les mains posées sur les accoudoirs du fauteuil, Kyôko se demanda s'il y avait des informations qu'elle pouvait encore lui soutirer.
Les yeux de l'homme n'étaient plus que deux magmas sanguinolents tant il s'était pris des coups et il avait perdu plusieurs dents dans l'opération. Son souffle, erratique, était ponctué de sanglots étouffés.
Finalement, elle se redressa, satisfaite.
– Tu as tout ce que tu voulais mon chou ? Lui demanda Sanzu en s'approchant dans son dos.
– C'est bon, oui, répondit-elle.
– Cool, dit-il.
Il passa sa main sur ses fesses avant de la glisser sous sa jupe.
– Tu sais ce qui me plairait ? dit-il. Qu'un jour tu fasses ça sans culotte.
Kyôko le regarda par-dessus son épaule.
– Vraiment ?
– Putain, ouais.
Elle se retourna et saisit son visage en coupe pour aller chercher ses lèvres. Il lui rendit son baiser, forçant le passage avec sa langue et sa main attrapa sa taille pour la serrer contre lui.
– Tu bandes, lui dit-elle lorsqu'ils se séparèrent.
Son regard brûlant n'avait pas besoin de mots.
– Les spectateurs te dérangent pas je crois ? Dit-il en montrant l'homme du menton.
– Il est déjà mort, lui murmura-t-elle à l'oreille. Pourquoi est-ce qu'il me dérangerait ?
Kyôko retourna l'embrasser et Sanzu saisit sa cuisse.
Il retroussa sa jupe sur ses hanches et remonta son genou jusqu'à presser son érection contre son entrejambe, son autre main tenant toujours fermement sa taille.
Kyôko gémit, sa bouche contre la sienne.
– T'as envie pas vrai ? Dit-il.
– Oui...
Il la repoussa contre le mur, à côté de la porte défoncée, et remonta complètement sa jupe.
Puis il pêcha un préservatif dans sa poche et il le lui coinça entre les lèvres.
– Tiens-moi ça mon chou, dit-il.
Il déboucla son pantalon et sortit son membre de son boxer, avant de récupérer le préservatif.
– J'aime les hommes préparés à toutes les situations, dit-elle, pendant qu'il l'enfilait.
Il écrasa ses lèvres sur les siennes, avant de la soulever d'un coup de reins et de placer ses jambes autour de sa taille.
Kyôko verrouilla ses chevilles dans son dos et Sanzu guida son membre en elle en écartant la ficelle de son string.
Elle étouffa un cri quand il la pénétra, sa bouche toujours prisonnière de la sienne.
Il entama aussitôt des va-et-vient qui firent trembler la fine cloison dans son dos et les cris de Kyôko furent assourdis par sa bouche.
Derrière eux, l'homme attaché sur la chaise avait relevé la tête. Il les regardait sans paraître en croire ses yeux.
Kyôko plongea son regard dans le sien, pendant que Sanzu la pilonnait et elle sentit la jouissance l'envahir immédiatement.
– T'es toute serrée d'un coup, lui dit Sanzu en s'écartant. C'est notre invité qui t'excite ?
Il jeta un œil à l'homme par-dessus son épaule et Kyôko hocha la tête.
– Oui...
Elle se laissa aller contre le mur sans quitter l'homme des yeux et Sanzu ramena le regard vers elle.
– Alors je vais te faire crier et il va pas en perdre une miette, dit-il.
Lorsqu'ils quittèrent le bâtiment, Sanzu vida un dernier jerrican d'essence autour de la porte d'entrée, puis il craqua une allumette.
Tous les deux remontèrent en voiture, tandis que les flammes dévoraient la construction.
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