19 - Les Trois Cieux
Kyôko alignait les longueurs dans la piscine de l'hôtel. À cette heure, le bassin était vide. Pourtant, elle n'avait pas manqué de remarquer le spectateur installé à la terrasse du bar, juste au-dessus.
Elle sortit de l'eau et Sanzu la rejoignit.
Il lui tendit sa serviette.
– Je ne te savais pas sportive, dit-il.
– Ça n'est pas le cas, dit-elle en prenant la serviette.
Elle s'essuya le visage et ajouta :
– J'avais juste besoin de me changer les idées.
Kyôko remarqua qu'il l'examinait de haut en bas d'un œil avide. Sa prestation lors de l'interrogatoire du yakuza lui avait fait forte impression apparemment.
Elle se dirigea vers ses affaires et il vit le tatouage dans son dos.
– Sympa le tatouage, dit-il.
Elle le regarda par-dessus son épaule et sourit.
– Tu aimes ?
Il se passa une main sur les lèvres.
– Ouais...
Kyôko termina de s'essuyer et elle s'enveloppa de son peignoir en cachant un sourire.
– Ce bâtard de Hanma a de la chance, dit Sanzu.
– Tu es jaloux ? Lui demanda-t-elle sans se retourner.
– Putain oui.
Cette fois, Kyôko rit franchement.
– J'en prends note, dit-elle.
Lorsqu'elle fut changée, ils se dirigèrent vers la suite de Mikey où devait avoir lieu la prochaine réunion des cadres du Kanto Manji Kai.
Koko et Shuji étaient déjà là quand ils arrivèrent.
Kyôko alla s'asseoir près de Shuji et elle posa la pochette cartonnée qu'elle avait apportée sur la table basse, au centre.
Sanzu s'installa en face d'eux. Il croisa les jambes, un bras sur le dossier et il continua de la regarder d'un œil sans équivoque.
Shuji le remarqua.
– Je te raconterai, lui souffla Kyôko en posant la main sur sa cuisse avec un sourire.
– Je vous ai réunis pour parler de ces deux nouveaux gangs qui font parler d'eux depuis quelque temps, dit Mikey.
Dès qu'il avait ouvert la bouche, l'ambiance de la pièce avait changé du tout au tout. Koko s'avança sur le bord du canapé.
– Le Rokuhara Tadai, dit-il, et le Brahman. Le premier s'est arrogé l'arrondissement portuaire et les quartiers voisins. Le second s'est taillé un territoire sur Shinjuku.
– Ils essaient de nous repousser vers Shibuya, dit Sanzu. S'ils s'imaginent qu'on va se laisser faire, ils rêvent. Ce sont encore des gosses qui jouent avec leurs motos !
– Ce sont peut-être des gosses, répondit Koko, mais ils sont nombreux, et Minami Terano, le boss du Rokuhara Tandai, n'est pas à prendre à la légère.
Il adressa un signe de tête à Kyôko qui reprit.
– Minami Terano, dit South, dit-elle. Il a grandi dans la favela de la Rocinha à Rio au Brésil. Mère brésilienne, père japonais. Il a fait ses premières armes au Brésil où il servait de tueur à gage pour son père adoptif. Il est revenu au Japon il y a quelques années, après la mort de ce dernier. Il a rapidement fini en maison de correction et il vient d'en sortir.
Elle ajouta :
– Il a rassemblé autour de lui tous les membres de la génération brutale qu'il a pu trouver.
(NDA : Génération brutale ou S-62. Le S désigne l'ère Showa qui s'étend au Japon de 1926 à 1989. La 62ème année de l'ère Showa correspond à 1988)
– Je vois, dit Mikey.
– Le Rokuhara Tandai n'est pas encore une organisation criminelle à proprement parler, poursuivit Kyôko. Mais il touche à un peu d'extorsion de fonds et certains de ses membres ont des contacts dans le trafic de drogue. Ça ne prendra pas très longtemps avant qu'ils deviennent vraiment un problème.
– Et le Brahman ? Demanda Mikey.
Kyôko hésita.
– C'est un clan déjà beaucoup plus organisé, dit-elle. Ils ont fait leur entrée dans la cour des grands bien avant leur création officielle. Leur secteur, ce sont les combats clandestins et les paris. Ils en tirent de grosses sommes d'argent qui vont poser rapidement problème là-aussi.
Koko hocha la tête et reprit.
– Sans compter, dit-il, qu'ils ont à leur tête les anciens membres fondateurs du Black Dragon, Waka et Benkei. Rien que la réputation de ces deux-là leur attire de nouveaux membres tous les jours.
– Et leur chef ? Demanda Sanzu. Ce mystérieux « Inégalé », on sait qui c'est ?
Kyôko opina.
– Oui, dit-elle. Il s'agit de Senju Kawaragi, alias Senju Akashi.
Koko et Shuji écarquillèrent les yeux et Sanzu jura. Il se leva et donna un coup de pied dans une table qui se renversa. Le visage de Mikey demeura sans expression.
– Senju hein ? Dit-il.
Ils pouvaient être surpris, Senju était la petite sœur de Sanzu, et l'une des amies d'enfance de Mikey.
– Takeomi, son grand frère, lui sert de bras droit, ajouta Kyôko.
– Elle a rassemblé autour d'elle l'ancien Black Dragon ? dit Shuji. On sait pourquoi ?
– Je pense que son objectif, c'est Mikey, dit Kyôko.
Mikey leva les yeux et il la regarda.
– Je vois, dit-il simplement.
– Je vais écraser la gueule de cette petite conne ! S'écria Sanzu en revenant s'asseoir.
– C'est le projet, lui dit Mikey, calme-toi.
Lorsqu'ils se dirigèrent vers la porte à la fin de la réunion, Sanzu n'avait pas décoléré.
– Kyô attends un instant, dit Mikey, je voudrais te parler.
Kyôko resta en arrière et Shuji, Koko et Sanzu sortirent.
Mikey se dirigea vers la baie vitrée et il contempla la vue en lui tournant le dos.
– Tu as ce que je t'avais demandé ? S'enquit-il lorsqu'ils furent seuls.
Kyôko posa sur son bureau la pochette qu'elle avait apportée avec elle.
– Ils vont tous bien. Ken Ryuguji... Draken, corrigea-t-elle, vient de reprendre la boutique de motos de Shinichiro avec Seishu Inui. Hakkai a été approché par une agence de mannequins et sa sœur le surveille de près. Les autres poursuivent le lycée et il n'y a rien à noter à leur sujet.
– Et Takemicchou ? Demanda Mikey.
– Takemichi Hanagaki ? Dit Kyôko. Je n'ai rien relevé de particulier le concernant. Il sort toujours avec Hinata Tachibana et il reste très proche de Chifuyu Matsuno. En dehors de cela, il n'y a rien à signaler.
– C'est bien. Tu peux y aller.
Une fois dans le couloir, devant la porte, Kyôko réfléchit.
Takemichi Hanagaki. Ça vaudrait le coup de creuser de ce côté.
Quelques heures plus tard
Le corps nu de Shuji étendu sous elle sur le lit, son membre dur pressé entre eux, Kyôko faisait courir ses doigts sur son torse tandis qu'il pétrissait ses hanches.
Il la ramena finalement à lui et elle se souleva pour l'enfoncer en elle d'une poussée.
Un gémissement passa ses lèvres.
Kyôko haletait, ses yeux dans les siens. Shuji avait gardé une main sur ses hanches pour aider ses va-et-vient et l'autre était maintenant refermée sur un de ses seins, son téton roulant sous son pouce.
– Au fait, dit-il. Tu ne m'as pas dit pourquoi Sanzu te regardait comme ça tout à l'heure.
Kyôko rassembla ses esprits avec difficulté.
– Il est venu me voir à la piscine. Il n'a pas caché que je l'intéressais.
– Oh ?
Kyôko le sentit durcir en elle et elle ouvrit des yeux surpris.
– Ne me dis pas... commença-t-elle.
– Une pensée vient de me traverser la tête, c'est tout.
Elle regarda un instant, puis reprit.
– Tu aimerais ? Souffla-t-elle.
Le regard de Shuji se fit plus intense.
– Seulement si toi tu veux.
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