18 - Épreuve
Mikey et Koko les rejoignirent dans la suite présidentielle après le coup de téléphone de Sanzu.
Le trente-troisième étage de la tour était devenu, dans les faits, le repaire du Kanto Manji Kai. Les quatre suites qu'il abritait étaient occupées par le gang et la sécurité avait été renforcée par Kyôko après que Shuji et elle les aient rejoints.
– Je vous écoute, dit Mikey.
– C'est un piège Mikey, dit Sanzu en s'asseyant dans le canapé.
Kyôko et Shuji étaient encore debout.
– Le Riochi-Gumi, le Machiko-Gumi et l'Oyakashi Kai ont formé une alliance contre nous, reprit Sanzu.
– Comment ça a pu arriver ? Demanda Mikey.
Kyôko serra le poing. Elle fit un pas en avant.
– C'est de ma faute, dit-elle. Je les ai sous-estimés.
Elle grimaça et elle se jura de leur faire payer.
Mikey la regarda, puis il reprit.
– Est-ce qu'il y a un moyen de tourner la situation à notre avantage ?
– Peut-être, dit Koko, si on agit vite.
Ils attendirent que Kyôko donne son avis, mais elle demeura silencieuse, les yeux sur le tapis. Derrière son épaule, Shuji la regardait sans un mot.
– La livraison d'armes de la semaine était donc un leurre, dit Mikey en allant s'asseoir.
Kyôko l'interrompit.
– Non, dit-elle sans le regarder. Je suis sûre qu'elle est bien réelle. Ils ont trop investi pour que ce soit seulement un appât. Ils essaient de faire d'une pierre deux coups. Récupérer la main sur le marché des armes et nous écraser dans le même mouvement.
– Tu es sûre de toi ? Lui demanda Mikey.
Elle releva les yeux. Son visage exprimait à nouveau l'assurance.
– Certaine.
Sanzu et Koko quittèrent la suite pour préparer la contre-attaque. Shuji se dirigea vers la porte, mais Kyôko resta en arrière.
– Pars devant, lui dit-elle, je te rejoins.
Lorsqu'il eut fermé la porte, Mikey leva les yeux.
– Tu veux me parler Kyô ?
Avec Shuji, il était le seul à l'appeler comme ça.
– Je suis désolée Mikey, dit-elle. Par ma faute, le clan est dans une situation dangereuse. Je n'ai aucune excuse.
Il se leva pour aller contempler la vue à travers la baie vitrée de la suite.
– Tu sais Kyô, si la bonne volonté et les efforts suffisaient à éviter au pire de se produire, je serais le premier au courant.
Kyôko le regarda sans un mot. Il poursuivit.
– Je sais que tu as fait de ton mieux. Si tu n'avais pas appuyé la requête de Sanzu de faire parler un de leurs hommes, nous ne nous en serions pas tirés, alors ne sois pas trop dure avec toi-même.
– Je ferai en sorte que ça ne se reproduise plus, dit-elle.
Il se tourna.
– J'en suis sûr.
Une fois dans le couloir, Kyôko essaya de mettre le doigt sur le sentiment étrange qu'elle ressentait.
Elle s'aperçut alors que, pour la première fois, elle était entourée de personnes avec qui elle n'avait pas à porter un masque. Shuji, Mikey, Sanzu, Koko, ils étaient comme elle et ils acceptaient la part d'ombre qu'elle portait comme si c'était une chose normale et elle faisait de même pour eux.
Aujourd'hui, elle avait ce qui se rapprochait le plus d'amis.
C'était cela ce sentiment inconnu. La confiance.
Elle porta la main à sa poitrine.
Ça n'était pas désagréable, reconnut-elle.
Elle se remit en marche, soulagée, et une autre pensée revint prendre place dans son esprit : elle allait faire payer aux yakuzas de l'avoir sous-estimée, il ne serait pas dit dans le milieu de Nakaba Yo s'était fait berner.
Et pour cela, elle avait besoin d'un plan.
Deux jours plus tard, Koko et elle avaient arrêté les grandes lignes de leur projet.
Si tout se passait bien, ils récupéreraient définitivement le marché des armes de contrebande sur la région de Tokyo et ils se hisseraient au même rang que les clans yakuzas du kanto comme l'Okayashi Kai.
Ils n'étaient pas encore de taille à rivaliser avec le Yamaguchi-Gumi ou encore le Sumiyoshi Kai et l'Inagawa Kai. Mais ce jour viendrait tôt ou tard.
(NDA : ce sont les noms des véritables trois plus grands clans yakuzas du Japon, aller checker, c'est super instructif. Si le sujet vous intéresse, je vous recommande la vidéo de Louis-san sur youtube intitulée « L'histoire du clan yakuza le plus meurtrier du Japon »)
La semaine suivante, Sanzu, Shuji et leurs hommes se mirent en route pour le lieu de la livraison qu'ils avaient prévu initialement d'attaquer.
Installée sur le canapé, dans le bureau de Koko, Kyôko faisait nerveusement craquer ses doigts, les lèvres pincées.
– Stressée ? Lui demanda Koko, assis derrière son bureau. Il n'y a pas de raison, nous avons pensé à tout, ça se passera bien.
Ils avaient utilisé les jours précédents pour s'assurer la neutralité du Machiko-Gumi et du Riochi-Gumi grâce à des pressions bien placées et à de grosses sommes d'argent. Il ne leur restait plus qu'à faire plier l'Oyakashi Kai. C'était le travail de Shuji et de Sanzu. L'effet de surprise jouait en leur faveur, le boss yakuza ignorait encore qu'il s'était fait doubler, Kyôko avait redoublé de prudence lors des tractations. Personne pour l'heure, ne savait que le Kanto Manji Kai venait de soumettre deux gangs adverses.
Lorsque le téléphone de Koko sonna, Kyôko sursauta.
Il décrocha et écouta en silence.
Kyôko se leva, et elle se mit à arpenter la pièce, anxieuse.
– C'est un succès, lui annonça Koko en raccrochant.
Un soupir soulagé franchit les lèvres de Kyôko et elle se laissa retomber dans le canapé.
– Merci ! Souffla-t-elle.
– Bon travail partenaire, dit Koko. Ce soir nous fêterons ça au bar.
La nuit venue, ils se retrouvèrent tous les cinq dans le salon VIP du bar, au rez-de-chaussée de la tour.
– À notre victoire ! Célébra Sanzu en levant son verre.
Shuji, Kyôko, Koko et Mikey l'imitèrent.
Sanzu vida son verre d'un trait et rigola.
– Vous savez quoi ? Dit-il. Aucun de nous n'a l'âge légal pour boire !
Cette idée parut beaucoup l'amuser et il éclata de rire.
– Et l'âge légal pour tuer quelqu'un, lui demanda Koko, il est à combien ?
Sanzu feignit de réfléchir.
– C'est une bonne question ! Répondit-il finalement.
– Vous avez fait de l'excellent travail, dit Mikey. Avec cette opération, le Kanto Manji Kai vient de se hisser aux côtés des plus grands gangs de la région.
– Au Kanto Manji Kai, dit Shuji en levant son verre.
Les autres le suivirent.
– Au fait Hanma, reprit Sanzu, je ne t'ai jamais demandé, depuis combien de temps vous vous connaissez avec Kyô-chan ?
– Depuis qu'on est gosse, lui apprit Shuji, on rackettait les gamins de l'école ensemble. Mademoiselle Parfaite rassemblait les infos et moi je leur soutirais leur fric.
– Si longtemps ? S'étonna Koko.
– Ça faisait des années que tu ne m'avais plus appelée comme ça, remarqua Kyôko.
– Vous vous connaissiez bien avant que tu rencontres Kisaki alors, dit Mikey.
– Ouais, dit Shuji. Kisaki, c'était juste un jeu. Kyô est bien plus fun !
– Heureuse de l'entendre, grinça-t-elle.
– Et vachement mieux roulée ! Ajouta Sanzu, ivre.
– Sanzu tu es bourré, dit Koko.
– Je te préfère cette associée-là Hanma, dit Mikey, elle te réussit mieux.
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