Alessandro, la princesse

Les liens que nous tissons avec les mortels nous retiennent à la vie plus assurément que le sang qu'ils nous versent pour notre survie.

Paroles de Alessandro Llywlyn.


Après cet accrochage avec Caitlyn, le vampire avait besoin d'un verre.

Mieux, il avait besoin de sortir et de se vider la tête. Sortir dehors, hanter les rues de Paris telle une ombre, s'enivrer des épices de la vie nocturne, plonger dans les ténèbres de ces clubs où le parfum de la sueur des mortels charge les lieux d'une électricité revigorante. Il avait soif de leur sang, celui de parfaits inconnus, de beaux étrangers à la peau chaude gorgée de soleil. Comme tous les vampires, il aimait se nourrir de touristes et de jeunes gens, essentiellement parce que leur disparition était moins dangereuse que celle de père de famille bien sous tout rapport.

Alessandro affectionnait les drogués par-dessus tout. Parce qu'ils lui procuraient l'ivresse qu'il recherchait, mais pas seulement. Il savourait le goût de leur sang, même si celui-ci le rendait malade les nuits suivantes. Lorenzo n'aimait guère cela et l'avait réprimandé plusieurs fois sur ses habitudes alimentaires. Quand il restait couché plusieurs nuits durant, trahissant ainsi son état fiévreux, Lorenzo n'hésitait pas à faire irruption dans sa chambre quitte à en détruire la porte et la serrure, puis à illuminer la pièce sachant que la lumière artificielle même tamisée blessait ses yeux, enfin il se saisissait de lui, le secouait, en vain, puis le laissait tomber dans les draps humides avant de l'engueuler une énième fois.

Boire le sang de ces paumés impliquait tellement de danger pour les vampires.

Car s'ils étaient immortels, ils risquaient néanmoins de mourir s'ils absorbaient du sang contaminé par une maladie. Certaines n'étaient pas mortelles pour les vampires, mais on n'en guérissait jamais vraiment. La plus dangereuse et celle que redoutait toute la communauté, qui avait poussé dans les années 80 au plus fort de l'épidémie tous les vampires à se tourner vers le trafique des poches de sang quitte à envisager de l'élevage d'humains en batterie, c'était bien sûr le SIDA. Cette maladie sanguine affaiblissait le vampire et affectait durablement son système, parfois même, chez les plus jeunes, les tuant dans d'affreuses souffrances.

Naturellement, Alessandro rétorquait que c'était tout l'intérêt de la chose, qu'il s'agissait ni plus ni moins de jouer à la roulette russe ! En vérité, il s'inquiétait de savoir si ses victimes étaient touchées par le mal. Il s'était auto convaincu que cela se sentait, que l'odeur du sang était irrémédiablement gâtée. Mais en vérité, il n'y avait aucun moyen d'en être certain. Le sang des alcooliques avait un parfum particulier, et les gens malades puaient littéralement, mais le SIDA pouvait demeurer endormi des années, aussi les signes n'étaient pas forcément présents. Cependant, il ne parvenait à se résoudre à renoncer ainsi aux plaisirs de la chasse.

Néanmoins, il s'était plié à quelques prudences de mise étant donné la situation. Ainsi avait-il adopté un calice comme son frère l'avait fait. Il n'avait cependant pas embauché son calice comme bonne à tout faire, lui. La sienne était une gamine qui se droguait comme tous les gosses de riches habitant la capitale, et surtout, elle était amoureuse. Ce qui lui garantissait qu'elle serait loyale, et surtout garderait son secret. Certes, il pouvait l'hypnotiser, mais cela était long et fastidieux d'autant que ça modifiait le comportement des mortels que déjà la morsure affectait. Par conséquent, l'affection que lui portait son calice était une mesure appréciable et plus sécurisante en fin de compte.

Ouvrant la porte du manoir, il découvrit la silhouette de Victorine.

L'humaine l'attendait dans le froid en silence. Elle portait une jolie robe qui mettait son corps de poupée en valeur. Un sourire s'afficha sur le visage de l'immortel qui se demanda si par un curieux hasard il n'existait pas une communication quasi télépathique entre eux. Il pensait à elle, et la voilà qui soudainement apparaissait. Bien qu'elle n'était encore qu'une enfant à bien des égards, ce petit bout de femme l'avait séduit, comme l'aurait fait une femme d'âge mûr, certaine de ses charmes et de ses désirs. C'était pour cela aussi qu'il avait choisi de se nourrir presque exclusivement d'elle.

La gamine avait encore de la coke plein le nez, les yeux brillants de quelqu'un de survolté par la drogue, le sexe et le vin, un mélange dangereux qui néanmoins avait éveillé l'appétit du vampire la première fois où ils s'étaient rencontrés. Alessandro pensait alors juste boire un coup, planer un peu et s'en aller, mais la fille l'avait retenue toute la nuit. La gamine avait su ce qu'elle voulait. Elle voulait un plan Q régulier lui avait-t-elle affirmé avec un ton volontaire ne laissant guère de place au débat.

Mais c'était bel et bien l'animosité de Lorenzo autant que de Caitlyn à l'égard de la jeune fille qui l'avait décidé de la garder auprès de lui. Plusieurs fois s'était-il demandé si boire régulièrement son sang juste pour emmerder son frère était une si bonne idée. La gamine était riche et ses parents avaient un nom connu, s'il abandonnait son cadavre quelque part, les gens se poseraient des questions, une enquête serait menée. C'était sans doute pour cela que Lorenzo n'appréciait pas du tout cette relation.

Cependant son frère n'avait jamais approuvé aucune des relations qu'Alessandro a pu avoir.

— T'avais pas une soirée ? lui demanda-t-il, surpris de sa présence inattendue.

Lorenzo aurait hurlé d'horreur à la seule vision de cette humaine au pif défoncé, à la chair trop maigre, blanche comme un cachet d'aspirine, avec ses habits hors de prix et son côté fille à papa irritant mettant un orteil en son auguste demeure.

— Ça a été annulé, fit-elle en haussant les épaules.

Mais son regard légèrement hagard disait le contraire, à moins qu'elle n'ait commencé à picoler en attendant un signe de ses amis ? Elle enchaina :

— Tu sais que ton frère est plus connu que toi, il a sa page Facebook lui.

Alessandro leva les yeux au ciel en se demandant si ce n'était pas lui qui allait hurler. Sérieusement ?

— Une page Facebook ?

— Son entreprise est cotée en bourse, ses investissements font les gros titres des journaux que mon père lit, bien sûr qu'il a sa page Facebook. Mais rassure-toi, c'est sans doute un stagiaire qui s'en occupe.

La jeune femme parlait comme une adulte le ferait, et il était difficile d'imaginer qu'elle venait de quitter le lycée quelques années auparavant, et qu'elle n'avait pas encore de diplôme en poche. C'est tout juste si elle était majeure. Il s'était assuré qu'elle le soit avant de croquer dans ses veines régulièrement. Les mineurs posaient un tas de problèmes. Surtout s'ils venaient à mourir inopinément.

— Et tu es venue pour me parler de mon frangin ?

La question était bien sûr purement rhétorique, portée par une voix agacée où un soupçon de jalousie pointait le bout de son nez. Alessandro détestait que son frère puisse être plus connu que lui.

— Bien sûr que non, je trouvais ça juste marrant, répliqua-t-elle amusée avant d'entrer en le poussant au passage afin qu'il lui fasse de la place.

Alessandro prit l'humaine par la main pour l'entraîner à sa chambre. Sans même lui donner le temps d'examiner les lieux, légèrement en bordel à son habitude, il la souleva dans ses bras et la déposa sur le lit où il s'affala juste à côté d'elle. Elle n'avait même pas eu le temps de souffler, c'était tout juste si ses yeux humains avaient réussi à capter quoi que ce soit depuis la porte d'entrée jusqu'au lit. D'ailleurs, il ne lui avait jamais vraiment laissé l'occasion de visiter les lieux.

Victorine se blottit contre lui après avoir ôté ses chaussures. Il était toujours surpris par ses bonnes manières, peu de jeunes filles de son âge avaient ce genre d'attitude. Le vampire l'enlaça de son bras, il commença à la caresser au bas ventre sachant combien elle réagissait à ce genre d'attention. Alessandro avait envie de lécher cette peau d'une douceur incomparable, de croquer cette pomme délicieuse, de l'étendre sur le lit et de l'effeuiller peu à peu avec la délicatesse requise. Il couvrit la jeune femme d'un regard rempli de désir.

— J'ai envie de toi, murmura-t-il si proche de son visage qu'il n'aurait eu qu'à tendre sa nuque pour l'embrasser.

L'immortel ignorait le besoin terrible d'affection de la jeune femme ou du moins l'étendue de ce besoin. Et avait-il un don pour ignorer certaines demandes bassement communes comme la fois où elle avait absolument voulu qu'il vienne à une soirée du lycée. Bien sûr, il n'en avait rien fait, et avait dû supporter ses jérémiades jusqu'à ce qu'il menace de la tuer là si elle ne se taisait pas. Et Victorine bien que choquée sur le moment, était revenue à lui la nuit suivante comme si de rien n'était.

— N'empêche, je me demande, si ton frère n'est pas plus riche que mon père. Entre le château, les pièces de collection que j'ai cru voir même si tu me laisses jamais le temps de visiter...

— T'essaie de me rendre jaloux ? la taquina-t-il.

La jeune fille se redressa et observa autour d'elle. Puis elle remarqua la porte entrouverte menant à une autre pièce. Elle fit mine de se lever et le vampire resserra son éteinte autour de son ventre pour l'empêcher de se relever.

— Où vas-tu comme ça ?

— C'est là où tu dors, n'est-ce pas ?

— Pourquoi me demandes-tu ça ? Tu cherches un cercueil c'est ça ?

Alessandro observa les prunelles dansantes de la jeune femme. Elle semblait parfaitement consciente du ridicule de sa vision, car elle baissa les yeux devant l'intensité du regard bleuté du vampire. Jamais elle n'était restée pour la journée, ils partaient toujours à un moment donné, généralement quand Lorenzo ou Caitlyn arrivaient pour jouer les troubles fêtes. Mais Alessandro n'était pas confortable avec l'idée d'avoir auprès de lui à cet instant de grande faiblesse une humaine défoncée capable de faire n'importe quoi comme tirer les rideaux.

Approchant sa main du visage de la ravissante blonde, il saisit le menton de la demoiselle et tendit ses lèvres pour atteindre celles de Victorine. Selon lui, il n'y avait pas de meilleure manière de distraire quelqu'un. À ses pupilles, il constatait que les effets de la drogue s'évanouissaient. En pleine descente, elle pouvait être nerveuse et parfois avoir des mouvements d'humeur. Il lécha sa lèvre supérieure puis les força à s'ouvrir avec sa langue, s'insinuant sans sa bouche, la fouillant avec délicatesse avant de commencer à laisser la passion s'exprimer à travers les mouvements de sa langue.

Il sentit qu'elle était saisie par le doute. Elle pensait encore qu'il ne faisait que s'amuser avec elle. Comment lui en vouloir, il était si capricieux, et n'aimait pas laisser une femme envahir sa vie.

Déposant un baiser plus tendre et plus chaste, il interrompit le baisser avant que ses mains obéissent à son désir et ne commence à s'attaquer à cette délicieuse poitrine. Glissant ses longs doigts dans les cheveux de la jeune femme, il referma sa main sur sa nuque. Les jeux qu'il opérait avec ses doigts sur sa peau douce eurent raison de ses doutes, son regard se concentra sur le vampire, comme s'il n'y avait plus que lui.

Voir le corps de la jeune fille lui obéir, gémir, s'agiter était un véritable délice. Avec douceur, il commença à tirer sur le tissu de son petit haut pour dévoiler son ventre plat. Le vampire s'approcha, faisant descendre sa main sur les hanches de la jeune femme qu'il attira à lui, pour accrocher ses lèvres sur le ventre délicieusement légèrement rebondi, juste ce qu'il faut pour montrer qu'elle était en forme, mais pas suffisamment pour démontrer un laisser-aller, au contraire, il sentait les muscles sous la peau, elle était sportive et ça se voyait.

L'immortel commença à lécher la peau tendre sous sa langue. Elle frémit d'une manière absolument charmante. Ouvrant ses paupières, le vampire put jouir du spectacle du plaisir délicieux envahissant la jeune femme.

— Hum... tu utilises une crème parfumée à la noix de coco...

Lorsqu'il quitta ces lèvres voluptueusement humides à la douce saveur de mûre sauvage, il la dévora du regard. Peut-être qu'il pourrait être parcouru par l'idée obsédante de la tuer. Ce genre de pulsion vient vite chez un suceur de sang, et à ce titre, Alessandro ressemblait à son frère. À chaque fois qu'il lui faisait l'amour, l'idée lui caressait l'esprit. Mais son cadavre ferait tache. Plus encore au château de Lorenzo !

Et puis, il aimait la baiser. Si au début, le sexe n'avait été qu'un moyen d'obtenir le précieux liquide carmin, il y avait trouvé néanmoins une certaine extase. La jeune femme était expressive et parvenait à lui donner du plaisir ce qui était rare pour une humaine.

Le regard qu'elle lui adressa voulait tout dire. Elle le désirait lui, rien que lui. Ce genre de regard ferait tomber n'importe quelle barrière. Tout le monde veut qu'on le regarde comme s'il était unique, mais il est rare qu'on reçoive ce genre d'attention. Il avait beau avoir connu des centaines de fois ce type de situation, à cet instant, il ne songeait qu'à elle, qu'à ce qu'il pourrait lui faire et qu'à la manière lui donner tant de plaisir qu'elle en frôle la folie pure et dure.

L'adolescente l'embrassa avec une fougue presque brutale si ses lèvres n'étaient pas aussi douces, il aurait pu ressentir une petite douleur, mais le plaisir l'envahissait pour ne laisser la place à aucun autre sentiment à aucune autre émotion que le désir qui montait en lui au point d'en devenir une véritable torture. Elle glissa ses mains sous sa chemise, prenant possession de lui, comme si elle vérifiait le matériel, avant de devenir que caresse, tendresse et douceur.

Le vampire s'arc-bouta sous le désir foudroyant qui le traversait. Et lorsqu'elle commença à lui ôter sa chemise, il obéit tel un soldat, avec tellement d'empressement qu'il manqua de déchirer le bout de tissus. C'était pourtant de la soie, et une très belle chemise, mais aucun vêtement aussi noble soit-il n'avait jamais résister au désir qui saisissait le vampire.

Remontant jusqu'à sa nuque, il commença à lécher la peau, sentant la jeune femme frissonner. Plaisir ou peur ? Tous les humains frémissaient avant qu'il ne les morde, une peur bien naturelle qu'il ne leur fasse mal ou qu'il les tue, que cette fois-ci il ne s'arrête pas, qu'il ne fasse pas attention et que cette erreur leur coûte la vie. Il sentait la peur s'évaporant par tous les pores de leur peau. Mais pas ce soir, celle que ressentait Victorine était celle de l'excitation sexuelle, et peut-être, amoureuse.

Victorine lui ouvrit l'accès à sa délicieuse gorge dans laquelle le vampire enfonça ses crocs avec une douceur et une lenteur infinie. Même la morsure pouvait devenir un moment de sensualité, empli de désir inavoué, de plaisirs inconnus sur des terres obscures sur la voie du diable. Le sang monta jusqu'à sa gorge, inondant sa bouche du goût délicieux qu'elle avait, il se sentit partir doucement, glisser dans un monde rose, tout y semblait parfait, tout était en ordre, mais le vampire éprouvait une oppression sans savoir pourquoi.

C'était comme si ce lieu ne voulait pas de lui, comme si ce n'était qu'un gigantesque piège. Ce qu'il ressentait en couleur et en son, en images étranges presque féeriques c'était les pensées de la jeune femme. Le plaisir délicieux de cet élixir envahit ses veines pour s'enfoncer dans son corps et sa chair.

S'il s'attardait, il était capable de la vider sans s'en rendre compte. C'était l'ennui quand on mélangeait sexe et absorption de sang.

Alors qu'il continuait à avaler le sang capiteux et à ressentir ce déferlement de plaisir comme elle le ressentait, il s'enfonça doucement en elle, puis plus profondément à mesure qu'elle s'ouvrait à lui. Glissant sa main sous les hanches de la donzelle, il colla un peu plus son corps au sien, sentant son humidité, sa transpiration la rendant humide. C'était terriblement érotique comme sensation. Le vampire accéléra le rythme, retirant ses crocs, il voulait l'entendre, il voulait savoir ce qu'elle ressentait tandis que le mouvement de va-et-vient soulevait son corps et ses seins, terriblement voluptueux.

Léchant la morsure, il s'enivrait de son odeur, tandis que ses hanches se lovaient de plus en plus vite autour d'elle. C'était adorable la manière dont son corps réagissait. Elle semblait sur le bord de défaillir, mais il savait qu'elle en voulait plus encore.

Dès qu'il interrompit cette étreinte mortelle, elle capta ses lèvres pour lui offrir un baiser plus doux, mais trahissant une exigence. Le vampire sourit à travers ce baiser et enfonça par jeu une de ses canines sur la lèvre inférieure de la jeune femme. Ce n'était qu'une toute petite piqûre à peine douloureuse, juste un jeu délicieusement et terriblement sexuel. Il lécha le sang qui perlait puis reprit le baiser avec plus de fougue encore.

L'immortel continuait à aller et venir, mais plus lentement. Il avait senti son souffle se couper lorsqu'il avait planté ses crocs encore une fois dans sa chair et il voulait prendre tout son temps. L'enlaçant complètement, il la serra contre lui, buvant son sang tout doucement, puis il arrêta, une longue gorgée suffisait amplement.

Les humains ressentent quasiment tous du plaisir lors de la morsure, en revanche, les organes sexuels des vampires ne sont plus supposés fonctionner. Cet acte qu'il lui offrait exigeait plus de force qu'il n'y paraissait.

Et l'immortel lui donnait bien plus que ce qu'il n'aurait dû le faire. Mais l'entendre pousser des hurlements de plaisir dans toute la demeure valait bien quelques efforts. C'était plus que maintenir une certaine réputation. Son frère recevait des gens importants ici, et Alessandro aimait faire passer le somptueux château pour un bordel digne de l'ancien temps.

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