Reprise
« Je pars au travail, passe une bonne journée ma puce ! » lance la mère de Morgane depuis le bas de l'escalier alors que celle-ci est en train de faire son lit.
« Passe une bonne journée, répète Morgane excédée. Et puis joue du violon aussi tant qu'elle y est ! »
La jeune fille jette sa couverture avec rage.
« Mais merde à la fin ! Ça fait un mois. Un mois ! que je dois vivre dans cet enfer ! Je dois supporter l'idée de ne plus pouvoir manger comme avant, de ne plus me servir d'un téléphone ou d'un ordinateur comme avant et surtout de ne plus jamais pouvoir jouer du violon ! Foutu cerf de pacotille ! À cause de toi je suis séparée de tous mes rêves ! J'espère que s'il existe un enfer des animaux tu y es directement allé ! »
Sans s'en rendre compte elle s'est mise à hurler. Lorsqu'elle termine son monologue, elle se sent plus légère, quoi qu'un peu essoufflée.
Elle décide alors de descendre à la cuisine où elle se remplit un bol de céréales qu'elle mange en attendant la factrice.
En-dehors de ses parents et du médecin, elle est la seule personne avec qui Morgane a encore des relations depuis son accident.
À huit heures tapantes, la jeune fille l'aperçoit au bout de la rue. Pédalant sur son vélo électrique, Perrine la factrice s'arrête à trois reprises avant d'arriver au niveau de Morgane.
« Bonjour ma chère ! déclare-t-elle joyeusement.
— Bonjour Perrine ! Qu'est-ce que tu racontes de beau aujourd'hui ?
— M. Grandadam m'a encore retenue durant vingt minutes... c'était affreux ! Il n'a pas arrêté de me poser les mêmes questions en boucle ! Je devrais sérieusement demander à Thomas de venir la prochaine fois, histoire qu'il me fiche un peu la paix ! Et toi les amours ?
— Je vois quelqu'un en ce moment.
— Ah bon ? s'étonne la factrice. Qui donc ?
— Mon lit. »
Perrine tire une mine déconfite.
« Morgane ! Tu m'as donné de faux espoirs ! s'exclame-t-elle déçue.
— Désolée. Mais ça fait quatre semaines que je n'ai pas mis les pieds à l'école ou au conservatoire... Comment veux-tu que j'entretienne une quelconque relation ?
— Oh tu sais, avec internet et tout le toutim, je ne m'étonne plus de rien. Oh mon Dieu, tu as vu l'heure ? Il faut que je file ! Tiens, votre courrier et à demain Morgane ! »
La factrice remballe ses affaires en vitesse et donne un bon coup de pédale afin de reprendre sa tournée. Morgane la regarde disparaître au coin de la rue puis retourne dans la maison.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top