Chapitre 8

Chapitre 8

- Madeleine te manque ? demanda Astrid tandis qu'Edna s'asseyait à côté d'elle sur sa couette à pois multicolores.

- Oh, oui. Beaucoup.

- Tu sais...tu pourrais peut-être lui écrire. Daniel et moi échangeons des lettres.

La jeune femme avait réussi à répondre à son futur mari exilé : elle avait simplement fait passer sa lettre pour un courrier des impôts qu'elle devait absolument poster. Titan l'avait cru et n'avait rien vérifié. Et apparemment, il n'en avait pas parlé à McRaven.

Astrid expliqua son stratagème à Edna et proposa de lui poster des lettres destinées à Madeleine.

- Tu ferais ça ? Oh, mais je ne veux pas te faire prendre de risques...

- Ne t'inquiète pas pour ça. Je crois que Titan est stupide.

- Méfie-toi tout de même.

- D'accord...

Astrid tritura sa couette pour apposer un pois rouge sur un pois bleu.

- Tu crois que ça se passe bien avec Fiora ?

Edna eut un sourire en coin.

- Oh, non, elles ne doivent pas arrêter de se disputer. Mes pauvres casinos doivent être à feu et à sang !

- C'est étrange...on dirait qu'elles ne s'aiment pas. Ce sont pourtant une mère et sa fille !

- Si, elles s'aiment. Je suppose que Madeleine ne t'a pas parlé du père de Fiora ?

- Elle m'a dit qu'il était beau mais stupide.

- Oui, c'est ce qu'elle raconte à chaque fois ! En réalité, il n'était pas stupide du tout, et elle était folle amoureuse de lui.

- Vraiment ?

- Il s'appelait Bruno...il était beau, riche, intelligent...mais quand Maddy est tombée enceinte, à vingt ans, Bruno l'a tout simplement abandonnée, en disant qu'il ne voulait pas d'un bébé. Maddy a eu le cœur brisé, et je pense que d'un certain côté, elle croit que Fiora est responsable de cette rupture...même si ce n'est pas le cas. Et puis, Madeleine n'a pas vraiment l'instinct maternel. Elle a laissé Fiora à sa mère, en France, jusqu'à ses dix-huit ans.

Cela expliquait beaucoup de choses. Astrid ne savait pas qui était le plus à plaindre.

- Qu'est devenu Bruno ?

- Il est marié, et a trois autres enfants. Il n'a jamais voulu rencontrer Fiora.

- Quel salaud !

- C'est sûr.

Astrid entrevit la possibilité d'éclaircir d'autres zones d'ombre qui entouraient sa meilleure amie.

- Il y a autre chose que je me demande souvent...comment a-t-elle fait pour s'évader de la P.I.H.S ?

Edna eut cette fois une grimace, mais se lança aussitôt dans une explication.

- Ce qu'il faut savoir, c'est que la P.I.H.S n'est plus ce qu'elle était. C'est un vrai tas de ruines, surveillés par deux ou trois gardiens alcooliques. Elle ne survit que grâce à sa réputation de « Forteresse de la Terreur ». Quand Madeleine y était, la prison s'écroulait déjà de toute part. Un soir, il y a eu une épouvantable tempête. L'Atlantique se soulevait et une énorme vague a fait s'effondrer le mur de la cellule où Madeleine dormait avec Farid Hazdrah, Aleksandar Varapovic et Cecil Bartholomew. Ils sont sortis et ont attendu que la tempête se calme, puis ont volé un canot à moteur qui servait aux gardiens, qui ne se sont aperçus de rien, car ils étaient souls comme des Polonais, comme d'habitude.

Astrid imaginait parfaitement la scène, une forteresse noire et délabrée battue par une tempête digne d'un film catastrophe, et quatre petites silhouettes derrière un rocher.

- Madeleine ne parle jamais du trajet, mais il a dû être très difficile : deux jours en mer, serrés dans un canot, avant d'atteindre les Açores. Là-bas, Farid Hazdrah avait un contact qui les a aidés à...sortir la tête de l'eau, si l'on peut dire.

- La P.I.H.S aurait dû être rénovée après cette évasion, non ?

- Quelques efforts ont été faits...ils ont reconstruit le mur et installé des caméras de sécurité. Mais Solovine a donné le coup de grâce.

- Solovine ? Le coup de grâce ?

- Tu te souviens de l'équipe qu'il t'avait demandée de constituer pour lui ?

- Un faussaire, un expert en explosifs, un pirate informatique, et un bioterroriste, récita Astrid.

Elle s'en souvenait parfaitement. Tous les mots du président russe étaient gravés à jamais dans sa mémoire.

- Ce fut Daniel, le docteur P, Lee Kim-Sung et Fajar Sakwan. Ces deux derniers sont morts.

- Solovine avait monté un projet d'évasion avec ces quatre-là. Il a demandé à Lee de brouiller les caméras de sécurité, pour permettre à Sakwan de lâcher un virus qui n'atteindrait que les rats - très nombreux à la P.I.H.S - mais suffisamment effrayant pour les forcer à procéder à une évacuation. Les prisonniers ont été mis en quarantaine dans un bunker réputé inviolable, à l'écart des gardiens. Là, les explosifs du docteur P ont servi à les faire sortir.

- Alors, il n'était pas si inviolable que ça.

- Il était comme tout le reste : en mauvais état. Quand les gardiens sont revenus, les prisonniers avaient pris le large.

- Ces prisonniers, c'étaient Gonzalo, Abu, Sigmundur, Élie et Naranbaatar...

Pauvre Sigmundur, pauvre Élie. Eux aussi sont morts maintenant. Le corps de l'Islandais avait été enterré à la hâte dans le cimetière de San Gennaro.

- Oui. Les faux-papiers de Daniel leur ont permis de se rendre en Russie.

Astrid hocha la tête. Maintenant, elle comprenait mieux. Brièvement, le visage et le regard étrange de Solovine s'imprima sur sa rétine. La jeune femme se leva mécaniquement pour aller caresser la boîte à musique blanche et verte qui se trouvait sur une étagère, à côtés des quatre autres.

- Il s'est suicidé...je ne saurais jamais pourquoi.

- Ça te rend triste ? demanda doucement Edna.

- Oui. Il m'a fait beaucoup de mal, mais...nous étions de la même famille...celle de Bianca Manfredi. Et il m'a sauvé de Yumi Shiro, avec ça...

Astrid fit rouler la petite araignée de rubis entre ses doigts. Elle eut soudain envie de pleurer, mais un coup retentit contre la porte de sa chambre.

- Astrid ? C'est moi.

La voix la fit bondir comme si elle avait reçu une décharge électrique. Lars.

- Ce n'est pas l'heure de la leçon ! aboya-t-elle. Fiche le camp !

Il entra tout de même, regarda Edna puis Astrid et la petite araignée qu'elle tenait. Son regard d'iceberg s'adoucit.

- Je voulais vous proposer quelque chose...une activité.

- Nettoyer des caleçons sales de soldats stupides ? Je le fais déjà toute la journée, merci.

Lars eut un sourire en coin, secoua la tête et tapota l'arme qu'il portait à la ceinture.

- Un cours de tir. Dans le jardin.

- Je sais parfaitement tirer au pistolet, mentit Astrid. Fiche-nous la paix.

- Alors, viens nous montrer ton talent.

La provocation mit Astrid hors d'elle. Edna l'acheva en lui plantant un couteau dans le dos :

- Moi, ça me plairait. Pourquoi pas ?

- S'il te plait, Astrid. Viens.

Lars avait repris son étrange voix glaciale mais brisée. La jeune femme ne pouvait pas y résister bien longtemps.

- Bon...en fait, je n'ai jamais tiré...mais ça ne veut pas dire que...qu'on peut se moquer de moi ou quoi, d'accord ?

Lars eut un sourire qui n'avait plus rien de moqueur. Il prit la main de la jeune femme dans la sienne et la pressa avec douceur.

- Personne ne se moquera de toi.

Astrid lui rendit son sourire mais retira sa main. Edna et elle suivirent Lars jusque dans le jardin, où était installée une cible en bois, accrochée à un arbre. Des Golems s'entraînaient encore, et atteignaient toujours le centre peint en rouge. Astrid regretta d'avoir accepté.

- Pouvez-vous nous laisser, messieurs ? demanda poliment Lars.

Les Golems, dont Titan, reposèrent leurs armes et s'éloignèrent. Edna prit un pistolet, et retira la sécurité avec aisance. Lars montra à Astrid comment faire, mais la jeune femme fut incapable de relever la glissière avec la seule force de son pouce. Elle ne réussit qu'au douzième coup. Encore une fois, elle avait envie de pleurer.

- Je suis nulle, maugréa-t-elle en vérifiant avec difficulté que l'arme était chargée.

- C'est normal. C'est ta première fois.

- Moi, j'ai déjà tiré dans un stand à Las Vegas, expliqua Edna comme pour s'excuser.

Ensuite, Astrid apprit à tenir correctement l'arme, avec ses deux mains, l'index le long du canon. Lars n'arrêtait pas de lui remettre les doigts en place, sous prétexte qu'ils étaient mal positionnés, mais la jeune femme le soupçonnait de vouloir simplement la toucher.

Quand il lui montra comment se tenir, il s'enroula pratiquement autour d'elle et la bougea comme une marionnette. Astrid sentait qu'elle était rouge comme une tomate.

- Détends-toi, souffla Lars. N'aie pas peur.

- Ce n'est pas de l'arme dont j'ai peur.

Elle dut parler un peu sèchement, car il s'écarta d'elle et murmura quelque chose qui ressemblait à une excuse.

Quand Edna tira, elle atteignit le centre trois fois sur cinq. Astrid toucha trois fois l'arbre, une fois la pelouse...et une fois la cible, ce qui la fit bondir de joie.

- J'ai réussi !

- Bravo ! s'exclama Edna en l'embrassant sur les deux joues.

- Bravo, répéta Lars, qui après avoir hésité, lui tendit une main froide.

Astrid, emportée par sa joie, tira sur cette main pour l'enlacer brièvement.

- Merci, murmura-t-elle.

Il voulut la retenir contre lui mais là encore, elle s'esquiva. J'ai eu tort de faire ça. Il va s'imaginer des choses. Lars s'éclaircit la gorge pour se donner une contenance :

- C'est étrange que Salvatore, qui s'inquiète tant pour toi, ne t'ait jamais appris à te défendre.

- Il n'a jamais voulu que je fasse quoi que ce soit de dangereux. Y compris manger un yaourt périmé, plaisanta-t-elle.

Edna éclata de rire et Lars lissa avec une tendresse infinie les cheveux d'Astrid qui ne se déroba pas. À quoi bon ? Elle avait l'impression d'avoir déjà franchi la ligne rouge.

Heureusement, une lettre de Daniel l'attendait pour lui remettre les idées en place.

Mon trésor adoré,

La semaine a été très difficile. Déjà, il a plu tous les jours et je trouve Mayence terriblement triste quand il pleut. Et la Méditerranée me manque. Et toi aussi. Je me sens si seul...mais allons, j'arrête de me plaindre, je suppose que tu n'as pas envie de lire mes pleurnicheries, hein ? Je vais tout de même te raconter ce qui s'est passé l'autre jour...

Comme je te l'ai déjà dit, Mongkut fait des papiers de très mauvaise qualité, et réussit toujours à les vendre à des types stupides...Sauf que l'un d'entre eux s'est pointé ce matin en hurlant au scandale. J'étais le seul présent dans l'imprimerie, et je n'ai pas tout compris : il parlait allemand. Il a agité une carte d'identité de Mongkut qui avait visiblement pris la pluie et qui n'avait pas tenu le choc. Avant que je puisse lui expliquer, il m'a envoyé son poing dans la figure et m'a plaqué contre la plus grosse imprimante en m'insultant abondamment. Puis il m'a achevé avec un coup de pied entre les jambes. J'ai réussi à me relever et à le repousser.

Heureusement, Gregor est arrivé et l'a calmé. Il a assuré qu'il lui ferait gratuitement une autre carte. C'est moi qui m'en charge, évidemment. Gregor sait très bien que je suis le meilleur, mais il ne veut pas l'avouer.

J'étais, comme tu t'en doutes, furieux. J'ai attrapé Mongkut avant le dîner et je lui ai dit ma façon de penser. Mais il m'a ri au nez en disant que j'étais une vraie mauviette si je n'arrivais pas à me défendre. Je ne sais pas ce qui m'a pris, trésor, mais je l'ai jeté au sol et je l'ai roué de coups jusqu'à ce que Gregor nous sépare. Je lui ai cassé le nez et deux côtes. Oh, Astrid, je ne me suis pas reconnu. Je sais que la violence ne doit pas répondre à la bêtise, mais la diplomatie ne sert à rien avec Mongkut.

J'étais en tout cas sûr d'être parvenu à lui faire peur : il baissait les yeux quand il me voyait dans les couloirs, et avant-hier, il m'a demandé conseil !

Enfin c'est ce que j'ai cru. Hier, Mongkut est revenu avec deux copains et ils m'ont bastonné avant de tenter de me noyer dans la cuvette des toilettes. Ah, trésor, je ne sais plus quoi faire. Si je me défends, on se venge, si je ne dis rien, on me marche sur les pieds. À l'heure où je t'écris, je saigne encore du nez. Si ça continue, il faudra que j'aille voir un médecin. Heureusement, je n'ai par miracle rien de cassé.

Je dois en plus m'occuper de toutes les commandes de Mongkut, car Gregor a compris que le chiffre d'affaire baissait à cause de lui. Je travaille donc du matin au soir dans un sous-sol, comme un rat. Et quand je sors, il pleut.

Désolé, je me plains encore. Tu me manques tellement, Astrid, avec ton sourire et ta force. Peut-être peux-tu me conseiller quelque chose pour Mongkut ? J'ai épuisé toutes mes cartes. Oh, je remercie tous les jours ce Titan de ne pas vérifier tes « lettres d'impôts ». Quelle bonne idée tu as eue là, si simple et si astucieuse ! Je te reconnais bien.

Dis-moi dans ta prochaine lettre comment se comporte Lars. Tu m'en as dit très peu la dernière fois...tu ne me caches rien, j'espère ? Tu dois tout me raconter, d'accord ? Je voudrais être avec toi...et l'empêcher d'approcher. N'oublie pas que son but est de nous séparer. Il te veut pour lui tout seul, mais tu n'es pas à lui, n'est-ce pas ? Rassure ton Dan, pour que la prochaine fois qu'on tente de le noyer dans des toilettes, il puisse se dire qu'au moins, l'amour de sa vie est en sécurité.

Je t'aime, je t'aime, je t'aime, je t'aime, de toutes mes forces.

Ton Daniel tout cabossé.

                                                                                                 ***

Dans une petite chambre aménagée dans les égouts de Sydney, Leïla ouvrit les yeux, bien qu'aucun rayon de soleil ne soit venu frapper ses paupières, comme tous les matins. Vivre sous terre avait de nombreux inconvénients. Leïla n'aimait pas vivre enterrée, mais elle n'avait pas le choix. Un ronronnement se fit entendre : ce gros chat noir, Winston, avait encore dormi avec eux. Il suivait la jeune femme partout comme s'il tenait plus du chien obéissant que du matou indépendant. Agacée, elle le repoussa : il était carrément installé à côté d'elle sur le matelas. Peut-être sentait-il qu'elle était Égyptienne, et que les chats étaient sacrés sous le règne des pharaons.

Björn remua à ses côtés. Il dormait toujours comme une souche, un seau d'eau en pleine figure ne l'aurait pas réveillé.

Depuis qu'ils avaient rencontré Benedict, Tallulah leur avait trouvé deux chambres inoccupées dans les labyrinthes lugubres, pour qu'ils restent au près du milliardaire paranoïaque et tentent de gagner sa confiance. Leïla doutait qu'ils puissent réussir, mais pour l'instant, Benedict ne les avait pas vraiment chassés. Elle se redressa, s'étira en même temps que Winston et but un peu d'eau, quand John rentra subitement dans la chambre, un grand sourire aux lèvres.

- J'ai eu une idée ! rugit-il.

Cette fois, Björn s'éveilla et poussa un gémissement endormi. Sa tignasse cendrée était plus ébouriffée que jamais.

- Qu'est-ce qui se passe ? maugréa-t-il.

- La fille aux cheveux violets a dit qu'il fallait que le fou à moustaches nous apprécie, non ? Eh bien, je sais comment faire.

- Vraiment ? fit Leïla en regardant le grand rappeur tasser sa grande carcasse pour rentrer entièrement dans la chambre minuscule.

- La musique ! Tout le monde aime la musique, non ? Vous, par exemple, vous êtes Suédois ? Donc...vous aimez ABBA, hein ?

- ABBA, répéta Björn. Euh, oui.

- Et vous, Leïla, vous aimez la musique orientale, non ?

- Pas vraiment. Je n'écoute pas trop de musique.

La jeune femme adorait les chansons Disney, en version arabe, mais ne l'aurait avoué pour rien au monde. Elle considérait cela, ainsi que son engouement pour les sucreries, comme des faiblesses de gamine. John fronça les sourcils, agacé.

- Bon, alors, vous êtes une exception. Mais Theo a proposé que je fasse un concert ici, et je pense que c'est une bonne idée.

- Je pense aussi, sourit Björn en tentant vainement d'aplatir un de ses nombreux épis.

- Alors, c'est parti ! Dans une heure, dans la grande salle ! Je vais le dire à la fille aux cheveux violets.

- Elle s'appelle Tallulah.

John disparut et Björn bailla bruyamment en étirant les bras jusqu'à réussir à attraper Leïla.

- Je sais que tu aimes la musique, rit-il en l'embrassant. Dès que tu es sous la douche, tu chantes « Ce rêve bleu ».

- Ce n'est pas vrai, ronchonna la jeune femme.

Elle se leva, s'approcha du robinet qui était relié à une canalisation d'eau heureusement propre et se rinça le visage. Björn la rejoignit, et ils en profitèrent pour s'arroser l'un l'autre. Puis, après avoir grignoté des brioches en sachet, ils allèrent dans la grande salle, devant la rivière malsaine qui la coupait en deux. John avait déniché dieu sait où une chaîne hi-fi et discutait à voix basse avec Theodore alors qu'un petit attroupement de Life Guards curieux se formait autour d'eux.

Finalement, Tallulah arriva avec Benedict, qui s'appuyait sur son épaule. Alors, John commença à chanter son titre phare, « O.G.M » puis « Apartheid », « Baby Panda », « Under the Bombs » et « Corrida ». Les paroles parurent un peu stupides à Leïla, mais les musiques étaient entraînantes. Benedict parut apprécier, et applaudit de bon cœur. Il lissa plusieurs fois sa moustache, hésita, puis alla parler avec John.

Winston, qui avait passé tout le concert contre les mollets de Leïla, retourna dormir. Björn, taquin, souffla à l'oreille de sa fiancée :

- En tant que bon Suédois, je préfère « Dancing Queen ».

Merci <3

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