Chapitre 24

Chapitre 24

Au creux de son lit tiède du couvent Saint-Nicolas, Mama était victime d'un nouveau sommeil comateux, torturé de visions. Elle était dans le cimetière brumeux et sinistre. Devant elle, un alignement de plusieurs tombes décrépies et recouvertes de mousse. Poussée par un étrange instinct, Mama s'agenouilla devant la première et gratta la mousse avec ses doigts : elle découvrit alors un mot : « Ce ».

Un sursaut d'excitation la fit passer à la suivante, puis la suivante, et encore la suivante : à chaque fois apparaissait un nouveau mot, formant le début de phrase qu'elle avait tant entendu sans le comprendre : « Ce qui a ». La suite était : « diminué le père ».

- Ce qui a diminué le père, prononça-t-elle à haute voix, ravie.

Elle continua à gratter la mousse, patiemment, jusqu'à ce qu'il ne reste plus qu'une tombe.

- Ce qui a diminué le père, sauvera le...

- Le quoi ? siffla une voix moqueuse.

Le Baron Samedi, affalée dans un fauteuil roulant qui bougeait sans qu'il ait à faire tourner les roues, fonça droit sur elle et s'arrêta au dernier moment.

- Tu l'aimes bien, mon nouvel engin ? ricana-t-il. Et relève les yeux ! Je ne parle pas de celui-ci, vieille cochonne !

Mama soupira, accablée. Si prête du but ! Il ne restait qu'une tombe !

Le Baron Samedi était particulièrement livide et cadavérique. Il souleva ses lunettes pour retirer un asticot d'une de ses orbites creuses.

- Pourquoi avez-vous un fauteuil roulant ? demanda Mama.

- La mort dans un fauteuil ! La mort dans un fauteuil ! chantonna-t-il. La mort dans...

Il s'arrêta brusquement et brailla :

- Retiens bien ça, la sorcière ! C'est important !

- Pourquoi ?

Le Baron Samedi fouilla brusquement dans ses oreilles puis essuya sur sa veste trop courte ses doigts ruisselants de vers grouillants. Mama en profita pour faire un pas vers la dernière tombe.

- Qu'est-ce que tu fais ? aboya le Baron.

- Il me reste un dernier mot...

- De quelle phrase ?

- Ce qui a diminué le père, sauvera le...

- Le ? Franchement, c'est évident, non ? Où es-tu trop stupide pour comprendre ?

Il éternua et un nuage de poussière jaillit de sa bouche.

- Vous allez bien ? s'inquiéta Mama.

- Je suis toujours beaucoup plus beau que toi, de toute façon. Allez, trouve la fin !

- Diminué le père...le père...sauvera...le fils, peut-être ?

Le Baron applaudit et quelques lambeaux de peau se décrochèrent de ses mains.

- Bravo ! Elle a trouvé !

Son fauteuil se remit en route et tourna autour de Mama.

- C'est important aussi, ça ! Retiens ! Retiens, je te dis !

- Je retiens, assura Mama. Mais je ne comprends pas ce que ça signifie.

- Évidemment, puisque tu es débile.

Au moment où Mama commençait à avoir le tournis, le fauteuil s'arrêta, et le Baron se leva : il tenait encore parfaitement sur ses jambes. Le fauteuil roulant grinça, et fit demi-tour, comme animé d'une vie propre. Le Baron Samedi tapota la dernière tombe et toute la mousse s'en décrocha, révélant bien le mot « fils ».

Alors, Mama se réveilla en sursaut. Au même moment, Hippolyte tint sa promesse et revint au couvent.

- Bonjour ! la salua joyeusement le docteur P. Entrez !

Mais l'homme qui gardait la porte l'en empêcha et envoya une fille chercher Marie-Marcelline. Hippolyte se raidit en voyant arriver la petite mère supérieure, suivie d'Ernesto et de Kate. Le docteur P apaisa tout le monde :

- Elle ne vient pas pour vous tuer, Marie. Elle vient pour nous aider, ajouta-t-il à l'intention du couple.

- Comment ça, nous aider ?

- Je suis ici pour discuter, affirma Hippolyte. Et peut-être qu'à la fin, je vous emmènerais voir Sook.

- Sook ? Qui est-ce ?

- La chef des Amazones, répondit fièrement la jeune femme.

- Ne restez pas ici, devant ma porte ! siffla Marie-Marcelline. Allez parler là-bas, et cette fois, Mensueda, tâche de ne pas la laisser filer !

Ils allèrent tous les quatre s'installer dans une chambre inoccupée, où les draps du lit, défaits, montraient l'activité récente qui s'y était déroulée. Hippolyte eut une grimace de dégoût. Elle s'installa sur la seule chaise disponible.

- Pourquoi êtes-vous revenue ? la questionna Ernesto, sur ses gardes.

- À cause de lui, répondit-elle en indiquant le docteur P du menton. Il m'a aidée...

- Au fait, comment va votre cheville ? s'enquit le savant fou.

- Bien mieux, merci.

Elle montra le pansement qui entourait le bas de sa jambe.

- L'os n'était pas cassé...enfin. Il m'a aussi parlé de femmes, qui seraient coincées avec McRaven.

- En effet, acquiesça Kate. Irina, qui est enceinte, Edna et Astrid.

- Les Amazones savent qui sont les Golems et Philip McRaven. Ce sont des monstres qui ne respectent pas les femmes...

- Cela veut dire, fit le docteur P, l'air malheureux, que Sook n'acceptera jamais de s'allier avec eux...

Hippolyte passa une main dans ses cheveux courts et raides.

- Cette Astrid...serait-elle la Cavaleri ?

- Tout à fait. Vous la connaissez ? lâcha Ernesto, suspicieux.

- Nous en avons entendu parler. Sook s'intéresse à toutes les femmes qui ont su se forger un nom dans ce monde phallocrate.

- Phallo...quoi ?

- Misogyne et sexiste, lui précisa Kate.

- Astrid Cavaleri est donc comme notre sœur. Elle est un peu une Amazone elle-aussi. Alors nous lui devons assistance. Et s'il faut, pour l'aider, s'associer aux Golems, nous le ferons.

Le docteur P, ravi, s'exclama :

- C'est formidable. Vous vous rendez compte, Astrid est une Amazone !

- Pas vraiment, le calma Hippolyte. C'est pour cela qu'il vous faudra quand même discuter avec Sook et la convaincre.

- Et où est-elle, cette Sook ?

- Donnez-moi de l'argent, et je réserverai les billets d'avion, assura Hippolyte.

- On peut tout de même savoir où vous allez nous trimbaler ! rugit Ernesto.

- En Corée du Sud, finit par avouer l'Amazone.

- C'est drôlement loin ! soupira le docteur P. Mais bon, si tout se passe bien, ce sera notre dernier voyage ! Allons prévenir Grace et faisons nos valises !

Mama eut beaucoup de mal à se lever, mais mentit en affirmant que c'était uniquement à cause d'un mal de dos dû au matelas trop fin. Tous se préparèrent pour un énième voyage. Hippolyte s'absenta et revint peu après, habillée simplement d'un jean et d'un tee-shirt, à la place de sa tenue habituelle.

Marie-Marcelline se contenta, en les voyant partir, de grommeler un « au revoir » inaudible et de menacer une dernière fois Ernesto et Hippolyte de terribles représailles s'ils lui causaient encore des ennuis.

Pas moins de vingt-quatre heures d'avion les attendaient. En faisant la queue à l'aéroport de Fort-de-France, le docteur P put lire par-dessus l'épaule d'Hippolyte le prénom inscrit sur son passeport :

- Elena ! Vous vous appelez Elena ! Comme c'est joli !

- Non, trancha l'Amazone. Je m'appelle Hippolyte.

- Bien sûr, Elena.

Elle leva les yeux au ciel, mais Kate y lut une lueur d'amusement. Durant les huit heures qui les séparaient de Paris, leur escale, ils dormirent. Mais entre Paris et Séoul, il fallut bien s'occuper. Ernesto s'était remis à ronfler, le docteur P et Hippolyte-Elena discutaient en roumain. Kate alla donc s'asseoir près de Mama, dont le regard vagabondait par-delà le hublot. L'Irlandaise réalisa qu'elle ne connaissait que peu cette femme sage et étrange, qui parfois, semblait avoir conscience que des forces supérieures dirigeaient le monde.

- À quoi pensez-vous ? lui demanda doucement Kate.

Mama se tourna vers elle, détailla ses yeux bruns et vifs derrière les lunettes violettes, les mèches rouges qui encadraient son visage volontaire et déterminé.

- Je pense à Astrid. Je m'inquiète pour elle.

Kate, de son côté, inspectait elle-aussi les cheveux blancs et touffus réunis en chignon et les rides, comme deux parenthèses, autour de la bouche.

- Vous n'avez jamais songé à avoir un enfant ?

- J'en ai eu un. Je l'ai perdu.

Elle posa une main sur son ventre.

- Un coup de feu, expliqua-t-elle, alors que je sortais de la banque de Kansas City.

- J'ai perdu le mien aussi. Dans une rue de Belfast. Il n'avait que douze ans...

La voix de Kate tremblait toujours quand elle parlait de son fils, Edward.

- C'est la chose la plus dure au monde, affirma doucement Mama. De perdre un enfant.

- Oui, répondit simplement l'Irlandaise. Sans le moindre doute.

- C'est pour cela que je remuerai ciel et terre pour sauver Astrid. Et que je prendrais l'avion encore dix fois s'il le faut !

Kate se tourna vers l'Amazone qui continuait à bavarder avec le docteur P. Le fait que ces deux-là viennent du même pays avait dû beaucoup aider les choses. Elle pensa à Abigail, avec qui elle parlait parfois gaélique, et à son petit-fils Tom. Kate sourit en se souvenant :

- Tom a adoré vos gâteaux de l'autre fois. Il me les réclame souvent.

- Mes muffins chocolat-noix de coco ? Je vous donnerai la recette. Astrid les fait à merveille...

Sa voix paraissait douloureuse. Kate posa sa main sur celle de Mama et affirma avec une ferveur nouvelle :

- Nous réussirons, et tout finira bien. J'en suis sûre.

                                                                                                  ***

Astrid aimait beaucoup regarder ses hommes dormir : elle les trouvait toujours très vulnérable et très mignon. Même Lars, qu'elle observait ce matin-là, appuyée sur son coude. Quand il commença à bouger, elle se pencha pour lui embrasser l'épaule.

- Bonjour, murmura-t-il, un sourire ensommeillé sur les lèvres.

Astrid répondit à son sourire et continua à l'embrasser un peu partout. Il se redressa et l'attira contre lui :

- Dis donc, mademoiselle Cavaleri...vous avez tout le temps envie...

Cette phrase, sans vraiment savoir pourquoi, Astrid la prit très mal. Elle s'écarta, mais Lars poursuivit sans réfléchir :

- Mais c'est tout à fait normal, tu sais...tu devais tellement t'ennuyer avec Tremblay et son missionnaire du samedi soir...

Cette fois, Astrid en resta bouché bée. C'était cruel. Mesquin. Elle se détourna.

- Hum...tu m'allumes et après tu me tournes le dos ? Tu sais que ce n'est pas une très bonne idée, ça...

La jeune femme rassembla ses jambes et se leva pour se diriger vers l'armoire, sous le regard toujours innocemment moqueur de Lars. Blessée mais incapable de l'exprimer, elle prit un soutien-gorge, sa robe rouge à motifs vichy et une culotte. Puis, elle eut une idée étrange, et jeta ses sous-vêtements sur le lit avant d'enfiler la robe...sans rien en dessous. Lars pencha la tête, intrigué, et pensa que c'était un jeu. Il attrapa la culotte et l'agita :

- Tu n'aurais pas oublié quelque chose ?

- Je ne vois pas de quoi tu parles.

Astrid se dirigea vers la porte de sa chambre, avec la délicieuse impression d'être la reine des manipulatrices.

- Reviens ici, fit Lars, qui commençait à changer de couleur. Tu ne vas pas sortir comme ça.

Elle fit comme si elle n'avait rien entendu et fit un pas de plus vers la sortie.

- Astrid...ne joue pas à ça avec moi.

La voix de Lars était devenue menaçante, presque effrayante. La jeune femme attrapa la poignée.

- Ne m'oblige pas à te la mettre de force...

- Comme j'ai « tout le temps envie », je me suis dit que c'était plus pratique, comme ça, non ?

- Ne fais pas ça...

Elle ouvrit grand la porte, sortit, particulièrement satisfaite, et s'empressa de dévaler les escaliers, non sans se tenir à la rampe pour soulager sa cheville. Dans le salon se trouvaient trois Golems, avachis devant la télévision, et McRaven qui s'empiffrait des pancakes d'Edna. Astrid se sentit tout de même un peu gênée, mais quand elle entendit Lars accourir derrière elle, la jeune femme releva la tête et s'approcha des trois Golems qui lui lancèrent un coup d'œil peu intéressé. Astrid se retourna, croisa le regard furieux de Lars, et remarqua qu'un journal traînait par terre. Elle esquissa le geste de se pencher, sans avoir évidemment l'intention d'aller jusqu'au bout. Mais Lars le crut et l'agrippa par la taille.

- Mais qu'est-ce qui te prends ? siffla-t-il.

- Lâche-moi.

- Non. Tu vas remonter avec moi et m'expliquer.

- Sinon ?

Ils s'affrontèrent du regard, jusqu'à ce que McRaven s'arrête de mâcher :

- Eh, vous deux ! Il y a de l'eau dans le gaz, ou quoi ?

Lars, sans faire attention à lui, empoigna Astrid par le bras et lui fit remonter de force les escaliers. Elle manqua de trébucher à cause de sa cheville mais il la tenait fermement. Arrivés dans la chambre, il la plaqua contre le mur.

- Ne refais plus jamais cela, menaça-t-il en détachant chaque mot. Si l'un d'entre eux t'avait vue...ou touchée...je l'aurais tué, Astrid, tu comprends ça ? Je l'aurais vraiment tué. Et tu sais comment cela ce serait fini ? McRaven nous aurait flingués tous les deux.

La jeune femme ne répondit pas, trop occupée à contenir ses larmes.

- Qu'est-ce que tu cherchais, Astrid ? À me mettre en colère ? À te venger ? Pour ce que je t'ai dit tout à l'heure, c'est ça ? Mais enfin, tu aurais dû m'en parler !

- Je...je me suis sentie très mal.

Il soupira et son visage se détendit.

- Pourquoi ? Parce que j'ai parlé de Daniel ?

- Non, non...parce que...j'ai eu l'impression d'être une nymphomane. Je ne suis pas comme ça, si j'ai envie, c'est parce que c'est toi...parce que je t'aime.

Lars eut l'impression de recevoir une gifle. Il se sentit tellement idiot qu'il eut envie de pleurer lui-aussi.

- Oh, chérie...pardonne-moi. Je suis stupide, vraiment stupide. Je ne voulais pas te blesser. Tu sais que parfois, je parle, je parle...et je dis des conneries sans m'en rendre compte.

Elle eut un petit reniflement et un sourire.

- C'est ma faute. Je ne sais pas ce qui m'a pris.

- Viens là.

Il l'attira contre sa poitrine, bouleversé, et l'embrassa tendrement.

- Maintenant...vous voulez bien mettre votre culotte, mademoiselle Cavaleri ?

- Pourquoi ? Tu crois que je vais vraiment en avoir besoin, dans l'heure qui suit ?

Lars éclata de rire et la souleva dans ses bras. Bientôt, la robe alla rejoindre les sous-vêtements sur le bord du lit. Et quelques temps après, le couple profitait d'une délicieuse torpeur.

- Lars...j'ai une question à te poser.

- Dis-moi.

- Cela n'a strictement rien de sexy, au contraire...comment as-tu rencontré McRaven ?

- C'est lui qui est venu me voir...il m'a annoncé qu'il comptait marcher sur la Villa avec les Golems, et m'a proposé de les accompagner. Je voulais tellement te revoir, mais après ce que tu m'avais dit...je savais que je n'avais pas d'autre choix que d'arriver en force...

- Mais pourquoi McRaven t'a proposé cela ?

Lars eut un geste d'impuissance.

- Je n'en ai strictement aucune idée...il m'a juste dit que je connaissais bien la Villa et que je pourrais lui être utile. Je n'ai pas réfléchi, Astrid. Je pensais simplement que j'allais enfin pouvoir te revoir...avant ton mariage.

La jeune femme rougit et reprit appui sur son coude. Lars rangea la mèche de cheveux qui pendait sur son visage derrière son oreille.

- D'autres questions ?

- Oh, oui. Tu sais tout de mon passé amoureux. Mais moi...à part Alina...

- Ne parle pas de cette garce !

- Je ne sais rien de toi. Combien as-tu eu de femmes avant moi ?

Il ne répondit pas, l'air absorbé.

- Alors ? Combien ?

- Attends...je compte.

- Salaud ! s'esclaffa-t-elle. Tant que ça ?

- Bon...commençons par ma première...Mimi des Docks.

- Mimi des quoi ?

- C'était une prostituée. J'étais jeune, et les Jensen, ce fameux clan que j'avais rejoint, voulait faire de moi un homme. Ils ont réussi...

- Tu avais quel âge ?

- Dix-neuf ans. Mimi devait bien en avoir dix de plus...mais elle était douée. La plus douée de tout Copenhague !

- Beurk. À quoi ressemblait-elle ?

- Grande, blonde...de très gros seins...

- C'est charmant, grimaça Astrid. Passons à la seconde, tu veux ?

Lars rit à nouveau. La jeune femme se rendit compte qu'elle ne l'avait jamais vu rire aussi légèrement, sans sarcasme, simplement par joie et par bonheur.

- C'était une Française...Stéphanie. Une jolie fille, hein...mais complètement folle. Jalouse comme j'en ai rarement vu. Elle me suivait partout ! Quand je l'ai quittée, elle a campé une semaine sous ma fenêtre.

- Mon dieu ! Tu n'as pas appelé la police ?

- Chérie...Lars Wolfgang n'appelle jamais la police. C'est contre ses valeurs. Le jour où j'en ai eu marre, je lui ai balancé un seau d'eau sur la tête. Elle a fini par partir. Bon, d'accord...ce n'était pas de l'eau...

- C'est répugnant ! pouffa Astrid. Je ne te pensais pas capable de ça !

- Il y a eu Lisa, qui étudiait la peinture...elle voulait que je pose nu. Moi, des heures tout nu sans bouger ? Alors là !

Nouveaux éclats de rire. Lars continua :

- Sophie, qui voulait que tout soit impeccablement rangé...et Marlene, qui chantait affreusement faux sous la douche...et toujours du Mozart !

- Quelle horreur ! « L'Air de la Reine de la nuit », je suppose ?

- Exactement. Mes oreilles ont souffert.

Il était hilare. Astrid récapitula à haute voix :

- Mimi, Stéphanie, Lisa, Sophie, Marlene...ça fait déjà cinq...

- Il n'en reste que trois...

Lars déplia son pouce, son index et son majeur :

- Celle avec qui j'étais la première fois que je t'ai vue. Svetlana. Une Ukrainienne. Un sosie de Scarlett Johansson...mais j'ai rencontré une petite Espagnole élevée à Naples...

- Qui était le sosie de Penelope Cruz ? suggéra Astrid.

Il fronça les sourcils :

- Qui a dit que tu ressemblais à Penelope Cruz ?

- Personne, avoua-t-elle. J'avais espoir que tu dises oui.

- Tu es bien plus jolie.

Astrid eut un sourire satisfait et le remercia d'un baiser.

- Voilà. Svetlana...Alina...et toi. Je précise que tu seras la dernière.

La jeune femme soupira de bonheur. Elle s'était rarement sentie aussi bien, aussi détendue, et pour cause : Lars avait enfin ri et plaisanté tout à fait naturellement.

- Et toi ? chuchota-t-il.

- Tu les connais déjà...

- Tremblay était ton premier ?

- Oui. Puis toi. Et Björn.

- Et...le chanteur. Sorabella.

- Ce n'était pas une histoire d'amour, avec Domenico...tu sais comment ça s'est passé, non ?

- Je sais que c'est ma faute.

- Non, c'est la mienne. Je voulais me sentir séduisante et désirable. J'avais envie de me prouver à moi-même que j'étais capable...d'avoir du pouvoir sur quelqu'un. Oh, c'est monstrueux de dire ça...

- Mais non. C'est humain. On t'a tellement fait croire que tu étais en sucre...je dis « on », mais tu sais de qui je parle...que tu avais besoin de faire quelque chose d'un peu dangereux, d'un peu...méchant ?

- C'est exactement cela...je ne te savais pas si fin psychologue...

- J'ai énormément de talents cachés. Par exemple, je suis capable de préparer de grosse surprise pour celle que j'aime...

- Une surprise ? C'est vrai ? Pour moi ?

- Tu devras attendre ce soir...sourit Lars en lui déposant un petit baiser sur le nez.


Merci <3


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