Chapitre 38.2

Avant de partir pour Grenade, Astrid passa récupérer la boîte à musique de Xiu à la Villa. Ni Salvatore, ni Mama, ni Ernesto ne savaient où sa mamie chinoise se l'était procurée.

Et malheureusement, Xiu n'est plus là pour me l'expliquer elle-même. À cause de Solovine.

En effet, la jeune femme découvrit un petit tiroir qui contenait des bouts du Pacte. Elle n'arrivait pas à y croire. Mais ce qui serait encore plus fou...c'est que Bianca Manfredi soit mon arrière-grand-mère.

C'est pour confirmer cette hypothèse insensée qu'Astrid décida d'aller en Andalousie, dans l'appartement de ses parents, à Grenade. Ma mère a dû garder quelques affaires de Carmen...un indice, quelque chose...

Elle ne parla de cette hypothèse à personne, et prétendit qu'elle retournait voir Charles à Malte. La jeune femme subtilisa la clé de l'appartement d'Alvaro et d'Esperanza dans le bureau d'Antonio et prit l'avion très tôt le matin.

Elle était déjà allée voir l'appartement de ses parents, une fois, quand elle avait seize ans. Mais elle s'était contentée d'y jeter un bref coup d'œil, jouant les adolescentes insensibles. Rien n'avait bougé depuis la mort de ses parents : Antonio avait simplement engagé une femme de ménage qui passait tous les mois, pour dépoussiérer. Il lui avait interdit de déplacer quoique ce soit.

Ses parents avaient acheté une petite maison blanche, avec des fenêtres ornées de fer forgé formant des arabesques, une lourde porte aux poignées sculptées, et nichée dans une de ces rues étroites où l'on imaginait aisément un gitan vêtu de noir chanter sous le balcon débordant de fleurs rouges d'une belle andalouse aux yeux de braise, au clair de Lune.

Elle était située non loin de l'Alhambra, cette majestueuse forteresse jaune, issue de l'art hispano-mauresque. C'est ici que j'aurais dû vivre, songea Astrid.

Elle glissa la clé dans la serrure et entra. La jeune femme monta un escalier et déboucha dans un salon chaleureux et douillet, avec un canapé marocain brodé d'or. Astrid prit une profonde inspiration et se rendit dans la chambre de ses parents.

En voyant le lit, elle eut envie de pleurer. Elle imagina sa mère se lever, ensommeillée, pour aller lui donner le biberon en pleine nuit. Puis son père.

Astrid secoua la tête pour chasser les fantômes et se mit à fouiller les tables de nuit, la commode et l'armoire. Elle jeta même un coup d'œil sous le lit.

Dans le petit couloir attenant, elle découvrit un cagibi qui contenait des balais et des produits ménagers, mais aussi plusieurs cartons. Sur l'un d'eux, il y avait marqué : « Carmen ».

À l'intérieur, Astrid trouva un enchevêtrement de foulards, d'étoles et de vêtements en soie. Apparemment, sa grand-mère avait été très coquette. Elle n'avait que trente-sept ans quand elle est morte, se souvint Astrid. La jeune femme souleva les tissus, et, tout au fond, découvrit une boîte à musique.

Argentée, elle n'avait pas de motif, à part la triskèle à tête de Gorgone du drapeau sicilien, gravée sur le couvercle. Astrid la mit en route : elle jouait La Lettre à Élise de Beethoven. La jeune femme, d'abord accroupie, se laissa tomber sur les fesses.

Fébrilement, le cœur plus tonitruant que jamais, elle appela Charles.

- Je l'ai trouvée ! lâcha-t-elle. Celle de Bianca !

- Il y a des morceaux du Pacte à l'intérieur ?

Astrid dénicha finalement le petit tiroir secret et l'ouvrit.

- Oui !

- Et moi, je crois avoir trouvé celle de Miguel. Je suis allé sur l'Internet, figurez-vous ! Sotheby's organise une vente aux enchères à New York demain...je suis presque sûr d'avoir reconnu la boîte à musique.

Astrid en trépignait d'excitation. Sûr qu'à ce rythme-là, je vais faire un infarctus dans les prochaines heures ! Mais elle se calma bientôt :

- Vous avez dit demain ?

- Oui...c'est trop tard, n'est-ce pas ?

- Je vais m'arranger !

- Elle est jaune et violette. Elle joue un air de Mozart. Bonne chance.

Qui pourrait être à New York dans moins de douze heures ? Edna, peut-être ? Ou Gangsta Johnson ? Mais ils vivent tous les deux de l'autre côté du pays...Voyons, dans mes connaissances, qui habite le plus près de New York ?

Ça commence par « d » et ça finit par « l », lui souffla une petite voix moqueuse.

Sans prendre le temps de réfléchir, car cela la ferait hésiter, elle téléphona à Daniel.

- Daniel ! s'écria-t-elle sans respirer non plus, j'ai besoin de ton aide !

- Astrid ? C'est toi ?

- Pourrais-tu être à New York demain ? Il faut absolument que tu participes à une vente aux enchères chez Sotheby's, et que tu m'achètes un objet...

- Quel objet ?

- Une boîte à musique jaune et violette, qui joue du Mozart...

- Pourquoi est-elle si importante ? Tu...

- Daniel, je t'expliquerai tout, je te le promets. Dis-moi d'abord si tu peux y aller.

- Oui, je peux, répondit-il simplement.

- Oh, merci ! Merci ! Enchéris autant qu'il le faudra, je te rembourserai.

- Très bien. Je prends le premier avion.

- Au revoir. Je ne sais pas comment te remercier.

- À plus tard, Astrid. Je te recontacte quand je l'ai.

La jeune femme, euphorique, resta allongée dans le couloir, le temps de se calmer. C'est-à-dire pendant au moins deux heures. Puis une chose qu'elle avait complétement oubliée lui revint doucement en mémoire : si la boîte à musique de Bianca était dans les affaires de Carmen, alors ça veut dire qu'elle en a héritée...que nous sommes bien du même sang.

Je suis l'arrière-petite-fille de Bianca Manfredi.


Alors ? Qui l'avait deviné ?

Ok, tout le monde, je sais...

Merci <3


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