Chapitre 32
Chapitre 32
Un soleil de plomb faisait transpirer toute la Campanie. C'était le début de l'été, et Astrid et Madeleine faisaient les courses au supermarché Conad.
- Alors, comment ça se passe avec Björn ? demanda Madeleine en inspectant le rayon des produits de beauté.
- Il est merveilleux, drôle, toujours de bonne humeur. C'est tellement rafraîchissant !
- Dire que tu en aies déjà à ton troisième mec...
Quatre, si on compte Domenico, rectifia intérieurement Astrid.
- Salvatore le prend bien ? sourit Madeleine.
- Ça ne le concerne pas, de toute façon. Mais je crois qu'il n'aimait pas Lars, alors qu'il semble apprécier Björn. Ils font même leur jogging ensemble le matin, de temps en temps.
Astrid se pencha pour attraper un paquet de pâtes. Il n'en restait que cinq à la Villa.
- Et Solovine ?
- Pas de nouvelle, bonnes nouvelles.
La jeune femme prit la marque de café préférée de Salvatore et la crème hydratante de Mama.
- Et toi, Maddy, qu'est-ce que tu fais en ce moment ?
- Je cherche une maison, figure toi. Dans le coin, peut-être même à Naples, si je trouve.
- Super ! On pourra se voir plus souvent. Tu m'inviteras.
- Oui, ça m'évitera de devoir t'accompagner dans des supermarchés de banlieue.
- Ne fais pas ta snob. Passe-moi un paquet de papier toilette.
Les deux femmes se dirigèrent vers la caisse. Astrid tendit sa carte de crédit à la caissière.
- Votre carte passe pas, lâcha cette dernière en mâchant son chewing-gum.
- Ah bon ? Vous pouvez réessayer ?
La caissière s'exécuta.
- Ça passe pas, répéta-t-elle.
- Je vais payer, intervint Madeleine.
En sortant du magasin, Astrid eut un mauvais pressentiment. Elle regagna la Villa et y trouva Salvatore, très agité.
- On a un problème ! Tous nos comptes bancaires sont bloqués !
Astrid et Madeleine échangèrent un coup d'œil.
- Ma carte n'est pas passée au Conad...
- Je vais appeler Norbert Andriamanarivo.
Ce malgache était le banquier officiel de la Villa depuis vingt-cinq ans. Il n'avait jamais causé de problème. Quand Salvatore revint, il était furieux.
- Ce gros imbécile ne sait pas ce qui arrive ! Je lui ai dit de venir ici avec tous ses ordinateurs pour régler ça, et ainsi, je pourrais l'avoir à l'œil.
Ce problème empeste Solovine à plein nez. Il m'a laissée tranquille moins d'un mois, merde !
Norbert Andriamanarivo arriva dès le lendemain. Grassouillet, il portait des lunettes en écailles et avait constamment le front en sueur. Il installa son ordinateur sur la table de la cuisine et se mit à pianoter à toute vitesse.
- Apparemment, c'est un virus très puissant qui bloque l'accès à vos comptes.
- Un virus ? Vous pouvez savoir d'où il vient ? demanda Astrid.
Elle connaissait déjà la réponse. Norbert pianota encore un long moment.
- Ce n'est pas précis, mais de Russie. J'en suis sûr à quatre-vingt-dix-neuf pourcents.
Salvatore poussa un long soupir et Astrid se laissa tomber sur une chaise. Même Madeleine croisa les bras et afficha un air contrarié. Mama demanda :
- Cela signifie que nous ne pouvons plus retirer d'argent à un guichet ou payer par carte de crédit ?
- Oui. Pour l'instant, vous allez devoir vivre grâce à votre stock de liquidité. Je m'en excuse platement. Je vais faire de mon mieux pour régler cet ennui au plus vite.
- Vous avez intérêt ! râla Salvatore.
Dans la soirée, Astrid, Mama et ce dernier ouvrirent le coffre-fort du bureau d'Antonio pour voir son contenu.
- Cinquante mille euros, soupira Astrid.
- Il faut payer nos collaborateurs, et continuer à vivre. Nous n'irons pas loin avec ça, se lamenta Salvatore.
- Nous trouverons une solution.
La meilleure, et la seule, est d'éliminer définitivement Solovine. Mais c'est un des hommes les mieux surveillés du monde. Et nous, nous n'avons pas de gardes du corps.
***
Comme l'avait dit Salvatore, il leur fallait à la fois vivre et respecter leurs engagements envers leurs collaborateurs. La Villa tint bon deux semaines.
Salvatore eut beau hurler sur Norbert au téléphone, ce dernier répétait sans cesse qu'il faisait tout ce qu'il pouvait, mais sans succès. Bientôt, certains collaborateurs commencèrent à se plaindre de ne pas recevoir leurs versements. Parmi eux, il y avait Ricardo Saltini, un parrain calabrais, et Lars Wolfgang.
Ils débarquèrent tous les deux un après-midi où la température flirtait avec les trente degrés. Astrid savait que le cauchemar ne faisait que commencer.
Ricardo Saltini était le fils de Roberto Saltini, avec qui Antonio s'entendait très bien. Mais Ricardo n'était pas aussi amical que son père. Il était plutôt laid, et ses yeux noirs avaient quelque chose de malsain.
Quand à Lars, il était fidèle à lui-même, glacé et imperturbable. Il ne cilla qu'en apercevant Björn. Celui-ci se montra poli :
- Bonjour, Lars.
Le danois l'ignora et fixa Astrid.
- Je suis là parce que tu n'es même pas capable de respecter tes engagements financiers.
- Nous avons de gros problèmes en ce moment. Solovine...
- Je me fiche de Solovine. C'est ton problème, pas le mien. Je veux mon argent.
- C'est une manie chez toi, hein ? répliqua Astrid.
Ricardo Saltini intervint :
- Moi aussi. Je constate que depuis la mort d'Antonio, tout part à vau-l'eau. Umberto, ne me dîtes pas que vous laissez cette morveuse diriger ?
- Astrid est mille fois mieux capable de diriger que vous, Saltini.
- Une fille...et une allumeuse, si j'en crois les ragots, fit ce dernier en passant à l'anglais.
- Je suppose que vous parlez des mensonges de Lars, commenta Björn.
- La ferme, Olofsson. Je vois qu'elle t'a déjà transformé en carpette.
Astrid posa une main apaisante sur la poitrine du suédois.
- Nous avons en effet des problèmes d'argent, et je propose que vous soyez nos hôtes jusqu'à ce qu'ils soient réglés.
- Nos hôtes ? s'étrangla Salvatore. Mais...
- Je suis sûre qu'ils sauront se comporter en invités respectables. Serrons-nous la main.
Elle fit un pas vers Lars mais Björn la retint.
- Ne t'approche pas de lui. Je t'en prie.
La jeune femme l'ignora et tendit la main vers le danois, qui referma ses doigts dessus.
- Très bien, mademoiselle Cavaleri, souffla-t-il en plongeant ses yeux hivernaux dans les siens.
Elle prit ensuite la main de Ricardo Saltini, moite et poisseuse.
- Je veux bien rester, maugréa celui-ci. Mais pas non plus des mois.
- Bien évidemment.
Un peu plus tard, Astrid dut affronter Björn, qui, pour la première fois, lui cria dessus :
- Tu te rends compte que tu as invité Lars à dormir sous le même toit que nous ? Tu imagines ce qu'il pourrait te faire ?
- Rien du tout, Björn, parce que tu seras là et Salvatore aussi, ainsi que Mama.
- Tu aurais dû les renvoyer !
- Je ne pouvais pas. Ils ont raison de se plaindre.
- Si tu veux être leur chef, tu dois leur montrer qu'ils n'ont pas à t'imposer leurs exigences !
- Je ne suis pas leur chef.
- Si ! Bon sang, Astrid !
Il se passa la main dans les cheveux et expira longuement.
- Comment allons-nous faire si Norbert ne trouve pas de solutions ?
- Il y en a forcément une.
Il se laissa tomber sur le lit. Astrid s'agenouilla face à lui.
- Je t'en prie, ne me déteste pas.
- Je ne déteste pas, mon cœur. J'ai peur pour toi. Pour beaucoup de gens, tu es l'espoir d'un avenir meilleur. Je ne crois pas que tu t'en rendes compte.
Tuer l'espoir. La voix de Lars résonna dans sa tête, lugubre.
- Est-ce que tu fais partie de ces gens ? chuchota-t-elle.
- Évidemment. C'est toi mon avenir maintenant.
Le mien, c'est encore Simon Solovine, songea Astrid en ravalant un sanglot.
***
La jeune femme ne réussit pas à dormir : elle avait trop chaud. Aux alentours de quatre heures du matin, elle enfila la chemise de Björn et descendit les escaliers, avec l'intention de prendre un peu l'air dans le jardin. Là, Ricardo Saltini lui tomba dessus. Il la plaqua au sol avec une force de taureau en charge.
- Écoute-moi bien, petite putain, si je n'ai pas mon argent dans une semaine, je te fais la peau, c'est compris ?
La respiration coupée, Astrid ne pouvait même pas bouger. Du coin de l'œil, elle aperçut Lars qui se dirigeait vers eux. Pendant une fraction de seconde, elle pensa qu'il allait l'aider.
- Allons, Saltini, ce n'est pas correct d'attaquer une pauvre jeune femme à moitié nue.
Son sourire était incontestablement ironique. Saltini ricana.
- Je peux la tenir, et après, on échange.
Lars considéra Astrid, qui se tortillait vainement. Une lueur passa dans ses yeux, mais qui n'avait bizarrement rien de cruel. Il écarta le calabrais et se pencha vers elle.
- Nous allons nous limiter aux menaces pour l'instant. Mais, comme l'a dit Saltini, si tu ne trouves pas une solution dans une semaine, nous nous occuperons de toi.
Astrid réunit le peu de salive qui lui restait et lui cracha au visage.
- Qu'est-ce qui te prend de te comporter comme ça avec moi ? rugit-elle.
- Oh, le chaton a des griffes ! gloussa Saltini.
Lars la gifla à toute volée. Son regard était glacial, mais elle l'avait déjà affronté :
- Tu crois que tu me fais peur ? cria encore la jeune femme, la joue brûlante.
Il y eut un infime tressaillement au coin de sa bouche, puis il repartit avec Saltini, l'abandonnant sur la pelouse. Astrid se redressa. Son cœur battait à toute vitesse. Elle éclata en gros sanglots hystériques. Évidemment, qu'il te fait peur, espèce d'andouille !
Tôt le matin, Björn la retrouva en train de fouiller fébrilement le bureau d'Antonio. Elle était visiblement dans un état d'agitation extrême.
- Mon cœur, que fais-tu ?
- Antonio avait forcément un plan de repli...Antonio prévoyait tout, haleta-t-elle en soulevant une pile de dossiers.
Björn tenta de lui prendre la main mais elle plongea sous le siège pour ramasser une feuille échappée. Il fronça les sourcils et l'emprisonna dans ses bras pour qu'elle ne se dérobe plus.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? Qu'est-ce que tu as ?
- Rien, je cherche juste...Antonio a gardé de l'argent ailleurs que dans son coffre, j'en suis sûre, dans une cachette, et il a dû laisser un indice pour...quelque chose qui...
Elle ne pouvait même plus finir ses phrases. Björn la serra contre lui et caressa ses cheveux.
- Calme-toi...que s'est-il passé ? Est-ce que c'est Lars ?
La jeune femme se dégagea presque brutalement et son regard tomba sur une vieille carte postale de Manaus, au Brésil. Au dos, se trouvait une série de chiffres et de lettres, ponctuée d'apostrophes et de symboles de degré.
- Ce sont des coordonnées géographiques...latitude et longitude !
- Et alors ? fit Björn.
- Je vais appeler Norbert !
Elle bondit comme un lapin affolé et s'empara du téléphone.
- Oui, Norbert, c'est Astrid Cavaleri...j'ai trouvé quelque chose...sur une carte postale du Brésil...
Elle lui dicta les coordonnées géographiques deux fois, puis mit le haut-parleur.
- Apparemment, c'est un endroit dans la forêt amazonienne. Monsieur Cavaleri avait en effet le projet de cacher une partie de ses richesses dans une tribu indienne...il ne voulait pas que j'en parle à monsieur Umberto ni à qui que ce soit...mais maintenant que vous avez découvert cette carte postale, et si on prend en compte la situation dans laquelle nous sommes...
- Des richesses ? Quel genre de richesses ?
- De l'or pur, des diamants et des saphirs. Une fortune estimée à plusieurs millions d'euros.
- Dans une tribu d'Amazonie ?
- Oui, monsieur Cavaleri a passé un mois au Brésil, il y a vingt ans.
- Tout seul ?
- Apparemment...monsieur Umberto était sûrement resté avec vous à Naples. Vous étiez toute petite.
- Je vais lui en parler. Merci beaucoup Norbert !
Astrid courut dans la cuisine, Björn toujours sur les talons, et agrippa Salvatore qui préparait son café.
- Est-ce que tu te souviens du voyage qu'Antonio a fait au Brésil, il y a vingt ans ?
- Oui, répondit prudemment Salvatore. Il avait toujours rêvé de voir la forêt amazonienne. Pourquoi me demandes-tu ça ?
- Selon Norbert, il aurait caché un trésor dans une tribu indienne !
- Astrid...qu'est-ce que tu racontes ?
- Regarde !
Elle lui montra la carte postale.
- Mon amour, c'est juste un souvenir.
- Il t'a parlé d'une tribu indienne ? continua Astrid sans se démonter.
- Oui, mais jamais d'un...trésor, comme tu dis.
- Astrid, mon cœur, nous ne sommes pas dans Indiana Jones, fit Björn.
- Je suis sûr que c'est vrai ! Il faut que j'aille au Brésil !
- Et comment ? Nous n'avons pas d'argent pour payer l'avion, ni l'hôtel.
- J'ai un expert en logistique. Mikhaïl. Il a un petit avion et il a dit qu'il pouvait me conduire où je voulais si je lui demandais.
- C'est tout à fait normal, puisque c'est nous qui avons payé la moitié de la somme pour cet avion, remarqua Salvatore. C'était il y a un mois, je crois.
- Quand nous sommes revenus de Mongolie, précisa Björn.
- Je vais l'appeler !
- Astrid...
- Et Madeleine me prêtera de l'argent pour la chambre d'hôtel et tout le reste. Il faut tenter le coup !
- Même si c'était vrai...c'était il y a vingt ans. Cette tribu a peut-être disparu, où alors le trésor a été découvert et volé...
- Il faut tenter le coup ! répéta-t-elle. Restez ici si vous voulez, moi je pars !
Björn et Salvatore échangèrent un regard résigné.
- Je viens avec toi, mon cœur, évidemment, soupira le premier.
- Et moi je vais rester ici pour surveiller Wolfgang et Saltini, dit le second.
- On doit partir dès demain ! J'appelle Mikhaïl et Madeleine.
Je compte sur toi, Antonio. Je sais que tu as tout prévu.
***
Manaus était une cicatrice humaine dans une étendue verte et touffue, comme un clou planté dans une pelouse. C'était une mosaïque de couleurs, de richesses et de misère, située au confluent du Rio Negro sombre et de l'Amazone boueux. En ce mois de juillet, il y régnait une chaleur épouvantable, poisseuse et collante comme si on vous versait constamment dessus du miel brûlant. Björn et Astrid passèrent leur première journée dans la baignoire de leur hôtel, à profiter de l'eau fraîche. Ils cherchèrent tout de même un guide pour les emmener au cœur de la jungle, et en trouvèrent un prêt à partir dès le lendemain. Il ne parlait en revanche que portugais, mais Astrid, notamment grâce à l'espagnol, arrivait à le comprendre.
Elle s'était enduite de crème solaire, avait préparé son sac à dos et s'était préparée mentalement à passer deux jours et une nuit dans la forêt amazonienne. Le guide lui avait expliqué que la tribu indienne qu'ils cherchaient était une des plus isolées.
Ils voyagèrent d'abord en 4X4, puis en pirogue. Plus ils s'enfonçaient profondément dans la jungle et plus Astrid se sentait oppressée, comme si les deux rives du fleuve étaient une bouche géante et verte prête à se refermer sur elle. C'est toi qui aies voulu venir, se raisonna-t-elle. C'est toi qui dois te montrer enthousiaste et optimiste. C'était pourtant Björn qui poussait des cris exaltés toutes les cinq minutes :
- Regarde comme c'est beau ! Oh, tu as vu l'oiseau ? Il avait une couleur extraordinaire !
Le guide, lui, restait impassible, comme blasé par le spectacle. Il s'arrêta un moment sur le bord du fleuve et se glissa derrière un arbre pour, visiblement, aller uriner.
- Là ! souffla Björn en indiquant une grosse branche à Astrid. La peluche de ta chambre !
Un paresseux les observait, avec sa tête plate et ses yeux brillants.
- Oui, c'est Gonzalo qui me l'a offerte. Il est adorable.
Björn lui donna un coup de coude joueur :
- On va peut-être voir le Marsupilami !
- Ou alors une grosse mygale velue, répliqua-t-elle.
Björn avait horreur des araignées. Il fit la grimace. Le guide revint et ils reprirent la route.
Si on tendait l'oreille, on pouvait entendre une cacophonie de cris d'animaux, d'oiseaux ou de singes. Astrid regarda l'eau boueuse et épaisse en se demandant s'il y avait des caïmans ou des piranhas. Elle imagina leurs petites dents pointues.
Plus le temps passait, et plus elle se sentait froussarde. En début d'après-midi, ils abandonnèrent la pirogue et s'enfoncèrent dans la forêt. Ils marchèrent longtemps, jusqu'à la tombée de la nuit. Le guide s'arrêta alors et entreprit d'installer son hamac. Il avait dit à Astrid de ne pas prendre de tente, car dormir sur le sol pouvait s'avérer risqué.
- Serpentes, formigas e escorpiões, avait-il expliqué.
Astrid avait pensé qu'il y avait peut-être des animaux bien pires dans les frondaisons, mais après tout, c'était lui le spécialiste.
Ils dînèrent de sandwichs, de biscuits et de fruits, puis Astrid et Björn allèrent se glisser dans leur hamac. Björn ajusta la moustiquaire au-dessus d'eux.
- C'est vraiment superbe, ici, souffla-t-il.
Le haut des arbres était tellement dense qu'on n'apercevait à peine le ciel. Astrid dissimula sa peur et se blottit contre Björn, qui la serra contre lui malgré la chaleur toujours aussi étouffante.
- Ça change d'Omsk ou de Novossibirsk, remarqua-t-il en souriant.
- C'est le moins qu'on puisse dire.
- Maintenant, on devra nous appeler : « Astrid et Björn les aventuriers » !
La jeune femme rit doucement, et, finalement, sombra facilement dans le sommeil.
Le lendemain matin, le guide avait disparu.
Encore un long chapitre...mais j'ai la flemme de le couper...:D Love et zoubi !
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