Chapitre 12

Chapitre 12

Les avancées rocheuses s'achevaient comme des doigts tordus s'accrochant désespérément à la mer d'un bleu pur et uniforme. Les maisons blanches et carrées dévalaient la côte jusqu'au petit port de Zafeíri. L'hôtel de Georgios se trouvait en hauteur, dominant le village. C'est chez moi. C'est la Méditerranée. Astrid aimait escalader les rochers, sentir le granuleux et la dureté sous ses mains, quitte à se les écorcher. Aujourd'hui, elle avait plusieurs coupures. Daniel allait encore râler. Je suis en osmose avec l'île.

Mama et Ernesto rentraient dans deux jours à San Gennaro, et Xiu dans quatre. Ils étaient au courant de tout l'épisode Saccombes. Daniel et Astrid, eux, prolongeaient leur séjour en Grèce jusqu'à la semaine suivante. Salvatore appelait la jeune femme tous les jours, même plusieurs fois, la plupart du temps pour ne rien dire. Justement, son téléphone sonna sur la route.

- Oui, Salva.

- Tu es essoufflée, que se passe-t-il ?

- Je monte une pente, c'est tout.

- Alors Thessaris et Daniel te laissent vagabonder dans des endroits dangereux.

- Fiche-moi la paix, je fais ce que je veux. Bon, je dois...ah !

Elle sentit une pierre glisser sous sa semelle, trébucha, et s'effondra sur le ventre. Sa tête heurta douloureusement un rocher. Du sang coula sur sa tempe.

- Astrid ? Astrid ? Qu'est-ce que tu as ?

Son téléphone avait échoué un peu plus bas sur le chemin. Astrid se releva et le reprit d'une main tremblante.

- Je suis tombée, voilà ! Tu m'énerves !

Et elle raccrocha. Je saigne, je vais encore avoir une marque. Une vraie sauvage.

- Mon dieu, Astrid, tu t'es encore blessée ! s'exclama Daniel en la voyant arriver, couverte de la poussière du chemin et les nerfs à vif.

- C'est bon, ça va ! C'est à cause de Salvatore, il m'énervait, je n'ai pas fait attention et j'ai trébuché.

- Nous dînons au restaurant ce soir, tu n'as pas oublié ?

- On ne peut pas décaler ?

- J'ai demandé à Georgios un menu spécial.

- Pourquoi ?

Daniel soupira et se passa la main dans les cheveux.

- Eh bien, je voulais te faire une surprise.

- Ce n'est pas mon anniversaire, ni le tien.

- Je voulais te demander en mariage, Astrid.

- Oh !

Il s'approcha et écarta la mèche de cheveux qui tombait sur sa coupure.

- Le romantisme n'est plus vraiment de mise, maintenant...

- La réponse est oui, Daniel, évidemment !

Ils allèrent annoncer la bonne nouvelle à Georgios.

- Mes félicitations ! s'exclama-t-il. Vous êtes tellement beaux, tous les deux.

Il serra Astrid dans ses bras et prit la main de Daniel. Son nouveau grand-père était vraiment formidable, la jeune femme l'adorait, et c'était sans doute ce qui poussait Salvatore à appeler sans arrêt. Lui et son égoïsme ! Et il va falloir que je lui annonce mon mariage !

Georgios était très cultivé, calme, et attentif. Il avait amené Astrid voir des fouilles archéologiques, pour qu'elle n'oublie pas complétement qu'elle faisait des études d'histoire et qu'elle devait réussir son examen en fin d'année. Il lui avait beaucoup parlé de sa grand-mère, Carmen, et lui avait posé de nombreuses questions sur elle. Il avait vraiment envie de rattraper le temps perdu, et cela touchait beaucoup Astrid.

Un soir, il lui avait raconté sa propre histoire. Ce fut la première fois qu'Astrid découvrit la partie sombre de sa personnalité.

- Tu as déjà entendu parler de la Dictature des colonels, en Grèce ?

- Oui, de 1967 à 1974, c'est ça ?

- Exactement. J'étais un opposant farouche, mais j'ai fini par me faire attraper, avec mon meilleur ami. On nous a déportés sur une île de l'Égée. Nous avons été torturés pendant trois jours. Mon ami Konstantinos est mort, pas moi.

- Oh, Georgios, je suis désolée.

- Quand le régime est tombé, j'ai retrouvé les hommes qui nous avaient torturés. Un par un. C'est Antonio qui m'a aidé à ce que justice soit faite.

Astrid avait fermé les yeux, des images de caves sombres et sales derrière les paupières, et des hurlements humains résonnant dans son crâne. Mon grand-père a vécu ça.

- J'ai vengé Konstantinos. Peu importe que j'ai du sang sur les mains. Mais j'espère que tu n'es pas déçue.

Elle lui avait pris la main, touchée.

- Je comprends. Je comprends plus que tu ne le penses.

***

Le moins qu'on puisse dire, c'est que ni Salvatore ni Lars, qui s'occupait à présent des affaires d'Antonio, ne prirent bien l'annonce du mariage. Quand Astrid et Daniel rentrèrent à la Villa, la première fut convoquée dans le bureau qu'occupait Lars, et qu'avaient occupé Antonio, Armand Saccombes et Tenoha Moarere avant lui.

- Assieds-toi, Astrid.

Salvatore se tenait à côté du bureau, debout, le visage fermé. La jeune femme plissa les yeux.

- Vous êtes copains, maintenant, tous les deux ?

- Pas copains, mais nous sommes d'accord sur un point, expliqua Lars d'une voix détachée.

- Lequel ?

Lars se pencha en avant et croisa le bout de ses doigts.

- Malgré les derniers évènements, tu persistes à te croire dans un conte de fée.

- Ça veut dire quoi, ça ?

- Un mariage, maintenant ? Tu ne crois pas que le moment est mal choisi ?

Astrid comprit tout de suite.

- Je vois. Tu es jaloux.

- Oh, chérie. Si je te voulais pour moi tout seul, j'aurais déjà tué Tremblay et toi, tu serais attachée au lit.

Salvatore se racla la gorge et fusilla Lars du regard. Celui-ci l'ignora.

- Avant d'épouser le premier chasseur de caribous venu, tu vas nous prouver que tu es capable de te débrouiller toute seule dans la vie. Tu vas me rapporter cent mille euros, que tu auras gagnés toi-même.

- Mais comment ça ?

- En travaillant, en volant, en faisant des efforts comme nous.

- Alors là, vous êtes en plein délire. Je n'irais pas m'engager comme serveuse ou comme caissière à un mois de mon mariage !

- Tu n'as pas le choix, chérie. Ne fais pas ta diva.

- Salvatore, enfin, dis quelque chose !

- Il a raison. Nous traversons une période difficile, et tout ce que tu trouves à faire, c'est te réfugier en Grèce avec un homme que tu ne connais même pas.

- Oh, toi aussi, tu es jaloux. J'aurais dû m'en douter. Mais vous vous rendez compte de votre égoïsme absurde ?

- Cent mille euros, Astrid. Tu as trois mois, trancha Lars. Personne ne t'appellera, tu seras seule.

La jeune femme se leva, furieuse.

- Daniel ne vous laissera pas faire, de toute façon !

- Je m'occupe de lui, ne t'en fais pas.

- Tu n'as pas le droit !

Lars contourna le bureau et attrapa Astrid par le bras.

- Prépare une valise. Dans une heure, tu quittes la Villa et tu vas vivre dans ton appartement de Naples. Tu vois, je t'offre déjà un toit.

- Espèce de fou furieux ! Lâche-moi ! Salvatore !

L'interpellé parut hésiter, puis secoua vigoureusement la tête.

- Fais ce qu'il te dit, Astrid. Je sais que tu vas réussir.

- Non ! Non !

Une heure plus tard, elle se retrouvait plantée devant le portail de la Villa, une valise à la main. Daniel avait disparu. Elle avait envie de pleurer. Jamais elle ne s'était attendue à une fourberie pareille. C'est l'année des coups de couteaux dans le dos, ou quoi ? De plus, Lars lui avait confisqué son téléphone, pour lui en donner un autre complètement vierge. Elle n'avait donc plus le numéro de personne ; elle ne pouvait plus appeler à l'aide. Astrid alla dans l'appartement dans lequel elle était censée vivre tranquillement avec son futur mari, pleura un bon moment, puis alla errer comme une âme en peine dans les rues de la ville. Elle remarqua une affiche indiquant qu'un concert gratuit se déroulerait à dix-neuf heures. Elle s'y dirigea sans conviction. Une fois assise sur une chaise, au troisième rang, elle s'intéressa au nom du chanteur : un certain Domenico Sorabella.

Un ringard, songea-t-elle. Elle alla tout de même (avec son nouveau téléphone) sur Internet, sur sa page Wikipédia. Au moins, il en a une. Elle apprit qu'il avait eu du succès il y a une quinzaine d'années, et que sa chanson la plus connue se nommait Non Lasciarmi. Cela lui disait vaguement quelque chose, en effet. Apparemment, il avait une femme, Francesca, et deux fils. Elle parcourait la liste de ses autres chansons quand il apparut sur scène.

Il n'était pas très beau, mais il ne manquait pas de charme. Il avait les cheveux très noirs, probablement teints, et un nez un peu fort. En revanche, sa tenue laissait franchement à désirer : pantalon et pull noirs sous une horrible veste jaune. Il avait une bague pratiquement à chaque doigt. Le mauvais goût par excellence. Il chantait bien, avec une voix rauque et onctueuse, plutôt banale. Elle s'efforça d'écouter. La chanson parlait d'une certaine Giulietta. Il doit avoir pas mal d'argent, remarqua Astrid en parcourant encore la liste de ses chansons.

Non, Astrid, n'y pense même pas.

Pourquoi ne pas tenter le coup ? Le public autour d'elle devait avoir une moyenne d'âge de cinquante ans minimum.

Ne tombe pas aussi bas.

Elle trouva une photo de sa femme sur Google. La fameuse Francesca était maigre comme un clou et avait visiblement abusé de la chirurgie esthétique.

Je peux le faire. Mais ce serait tellement nul. Et puis, si ça se trouve, il va me trouver moche.

Tu as trois mois, siffla la voix de Lars dans sa tête. Et si je ne suis pas dans les délais, que va-t-il faire ? Oh mon dieu. Il va s'en prendre à Daniel, j'en suis sûre. La panique la prit à la gorge.

À la fin du concert, elle était déterminée à essayer de le séduire. Elle lissa ses cheveux, vérifia qu'elle n'avait pas de tâche sur ses vêtements ou de boutons disgracieux sur le visage, puis se dirigea vers les loges, qui consistaient en trois grandes tentes blanches. Finalement, elle fut arrêtée par un type en tee-shirt marron :

- Vous cherchez quelque chose ?

- J'aimerais beaucoup rencontrer monsieur Sorabella.

L'homme sembla hésiter.

- Vous êtes une fan ?

- Oh, oui ! mentit-elle.

- Je vais aller lui demander.

Il revint deux minutes plus tard, et lui fit signe d'entrer dans l'une des tentes. Domenico Sorabella était assis sur une chaise pliante et criait après un ingénieur du son :

- C'était mauvais, je suis sûr que le rang du fond n'a entendu que les cris de ces petits imbéciles qui lançaient des pétards ! Oui, d'ailleurs, comment ça se fait qu'il n'y ait pas de sécurité ?

- Euh, excusez-moi...

Astrid resta devant l'entrée. Domenico la regarda un moment, puis lui fit signe de s'asseoir en face de lui.

- Vous avez des questions à me poser ?

- Je voulais juste vous rencontrer.

Elle avait pris une voix timide, mais elle n'était pas impressionnée. Elle improvisa :

- Mon père vous adore, il écoutait tout le temps vos chansons. Je les connais par cœur.

- Votre père...oui, je me disais que vous étiez un peu trop jeune... Quelle est votre chanson préférée ?

- Non lasciarmi, répondit-elle spontanément.

Il sembla déçu. Celle-ci est trop connue et trop commerciale, selon lui.

- J'aime aussi beaucoup Fiore di Napoli.

Cette fois, Domenico Sorabella sourit. Il se pencha en avant et quand il détailla Astrid d'un air appréciateur, la jeune femme ressentit une étrange excitation.

- Vous avez aimé le concert ?

- Énormément. Vous étiez formidable.

Il sentait un peu trop le parfum, mais quand il sourit de nouveau, un vrai sourire de contentement, Astrid fut touchée. Cible facile. Trop facile...

- Au fait, je ne sais même pas votre prénom.

- Je m'appelle Astrid...Popa.

- Astrid. C'est très joli.

- Merci.

- Domenico ! appela une voix inconnue. Tu peux venir deux minutes ?

- Excusez-moi, je reviens vite, promit Domenico.

Astrid se leva précipitamment et piocha un crayon et un bout de papier. Elle griffonna le numéro de son nouveau téléphone portable. Quand Domenico revint, elle se leva.

- Je vais devoir partir, monsieur Sorabella. J'aurais voulu rester plus longtemps. Prenez-ça, s'il vous plaît.

Elle lui glissa le papier dans la main et tourna les talons avant qu'il ne la retienne. Il appellera.

Et je deviendrais une horrible manipulatrice.

***

L'argent que je pourrais gagner grâce à Domenico ne suffira pas. Il faut que je trouve un travail.

Astrid y songeait en déballant les derniers cartons qui se trouvaient dans le salon. Tout au fond de l'un d'entre eux, elle y trouva un petit carnet brun. Antonio avait possédé des tas de petits carnets bruns, où il notait les numéros de ses contacts. Un don du ciel !

Elle le feuilleta et tomba sur un certain Giovanni Arculeo, qui vivait à Naples. Il y avait son adresse et une seule indication : « livreur ». Il livre quoi ? Des pizzas ? Appelons-le.

L'homme avait une voix jeune et un accent traînant. Il lui donna rendez-vous le soir même chez lui. Astrid s'y rendit avec un peu d'appréhension. Quelque chose me dit qu'il ne sera pas question de pizzas. Je suis en train de passer du côté obscur.

- On livre toutes sortes de choses, jamais au-delà des limites de Naples, de vingt-trois heures à deux heures du matin environ. Tu auras droit à une Vespa et à un casque, que tu garderas tout le temps, ok ?

Giovanni était petit et maigre, brun, avec un piercing au sourcil. Quand il avait entendu le nom « Cavaleri », il n'avait pas discuté et avait immédiatement accepté de prendre Astrid à l'essai pour la nuit.

- Discrétion, surtout. Toujours, précisa-t-il en lui tendant un paquet et une adresse dans les quartiers espagnols.

La Vespa était antique et rouillée, mais étrangement silencieuse. Astrid enfila son casque et se rendit à l'adresse indiquée. La petite maison était étroite et pelée, et quand la jeune femme frappa à la porte, le cœur battant, celle-ci s'ouvrit sans laisser apparaître personne.

- Il y a quelqu'un ? Je suis la livreuse.

Un couloir minuscule, avec du papier peint vert foncé et un parquet grinçant, donnait sur plusieurs portes. Sur une commode recouverte de poussière, une collection de poupées aux yeux creux, avec des anglaises, dévisagèrent Astrid. Un tableau représentant un chien de chasse pendait au mur. On dirait un film d'horreur. Une femme cadavérique surgit d'une pièce adjacente et se précipita vers le paquet que tenait Astrid. Sans dire un mot, elle sortit de sa robe une liasse de billet, et la lui donna. Puis, la porte se referma sur Astrid. Une junkie.

Secouée, la jeune femme rangea les billets et remonta sur sa Vespa. Elle avait l'impression d'avoir pénétré dans un autre monde, où tout était malsain, pourri, corrompu. Y compris elle-même. Domenico Sorabella avait appelé deux fois. Il l'invitait à dîner le lendemain soir.

La nuit s'était refermée sur Naples depuis longtemps quand Astrid rentra chez elle.

Bravo, Lars. Grâce à toi, je ne vis plus dans un conte de fée.

Domenico était mieux habillé qu'au concert, avec une chemise blanche et une veste noire. Astrid avait misé sur la simplicité, car elle n'avait pas vraiment la tête à la séduction. Pourtant, il le fallait. Elle posa son menton dans sa main et écouta Domenico parler de sa carrière, de ses chansons, de ses concerts et même de ses fils. En revanche, il ne parla pas de sa femme. Astrid le relançait de temps en temps en battant des cils. Elle avait un mal fou à se concentrer.

Ses pensées étaient peuplées par des poupées horribles, et par un Daniel enfermé dans un endroit sombre, criant son nom.

- L'addition, je vous prie, demanda Domenico.

- Oh, non, je vais payer.

- Vous plaisantez, Astrid.

- Permettez-moi alors de vous offrir un dernier verre chez moi.

Le chanteur hésita, se mordit la lèvre puis passa sa main dans ses cheveux trop noirs.

- Avec plaisir, sourit-il finalement.

Dans l'appartement, elle chercha pendant près de dix minutes une quelconque bouteille de vin, et ne trouva qu'une brique de jus de fruit. Mince, je ne vais pas lui servir ça. Elle jeta un coup d'œil dans le salon : il était assis sur le canapé, les mains sur les cuisses. Bon, tant pis.

- Je suis vraiment désolée, je n'ai pas d'alcool. Que du jus multivitaminé.

- Eh bien, va pour le jus.

Astrid lui servit un verre, et s'assit à côté de lui.

- Où est votre femme ? demanda-t-elle, mine de rien.

- Oh, elle est chez ses parents, à Milan. Sa mère est malade.

- Et vos fils ?

- Ils ont leur propre appartement, Giulio à Naples et Alessandro à Rome.

- Alors, quand vous partez en concert, vous vivez seul.

- Oui. Même quand je suis entouré, je me sens seul, à vrai dire. Il faut l'avouer, je n'excite plus les foules. Je ne suis qu'un ringard de plus.

- Ne dîtes pas ça ! Des tas de gens vous adorent !

- J'ai du mal à croire que vous faîtes partie de ces gens.

- Pourquoi ?

- Ah, Astrid. Vous êtes jeune, belle et tellement désirable. Le monde ne doit être pour vous qu'un immense terrain de jeu.

- Pas vraiment, non. Moi aussi, je me sens seule.

Il fait dans le lyrique, ce soir.

- Vous n'avez pas de petit ami ?

J'ai même un futur mari, mais mon ex-amant l'a capturé et va probablement lui faire du mal. Je dois l'échanger contre une rançon que je ne pourrais obtenir qu'en livrant de la drogue ou en arnaquant un pauvre naïf comme toi. Je vis dans un cauchemar depuis presque trois jours.

- Non. J'ai rencontré des hommes, mais aucun ne m'a intéressée jusqu'à maintenant.

- Jusqu'à maintenant ?

Le poisson a mordu à l'hameçon. Je peux décider de le sortir de l'eau ou pas.

- Maintenant je vous connais.

- Astrid...je pourrais être votre père. Et je suis marié.

Tu es surtout malheureux.

- Vous aimez encore Francesca ?

Il la regarda un moment et elle lut la réponse dans ses yeux. Alors, elle se pencha vers lui et l'embrassa ; un petit baiser, mais sur les lèvres. Il bondit du canapé comme s'il l'avait brûlé.

- Non. Non, je suis marié, oui, marié, je ne dois pas faire ça.

- Si vous en avez envie, Domenico...

- Évidemment que j'en ai envie, regardez-vous, regardez-moi, regardez la vie pitoyable que je mène, avec une femme que je n'ai pas touchée depuis dix ans !

Oh, mon dieu, il me fait vraiment de la peine. Mais je fais ça pour Daniel, et tant pis si ce pauvre Domenico fait partie des dommages collatéraux.

Elle détacha le premier bouton de sa chemise et se leva pour lui faire face. Il marcha à grand pas vers la porte, puis s'arrêta brusquement et fit demi-tour.

- Astrid, vous êtes sûre ?

- Oui, souffla-t-elle.

Il baissa les yeux sur le bouton défait.

- Montrez-moi.

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