Chapitre 1 ~ souvenirs

C'est lors du Tournoi des Trois Sorciers que je l'ai vu pour la première fois. Elle est là, au milieu de la délégation de Beauxbâtons, et autant dire que je ne peux pas la manquer. Ce n'est pas juste à cause de sa stature – bien qu'elle dépasse la plupart des convives, y compris moi qui ne suis pas vraiment petit – mais il y a... autre chose. Une présence. Une lumière qui semble danser autour d'elle. Mon regard s'accroche à elle comme un papillon à une flamme, et je reste planté là, le souffle court, à essayer de ne pas avoir l'air trop ahuri. 

Spoiler : j'échoue lamentablement !

Oh, bien sûr, beaucoup diraient qu'elle n'a rien d'exceptionnel. « Trop grande », marmonneraient certains. « Un peu trop droite dans son port », chuchoteraient d'autres. Mais pour moi, elle est parfaite. C'est cette façon qu'elle a de relever le menton avec une grâce tranquille, ce petit nez retroussé qui donne à son visage un charme espiègle, et cette coupe au carré – Par Merlin, cette coupe ! – qui dégage son cou et trace une ligne si délicate, si élégante, que je ne peux m'empêcher de déglutir chaque fois que je la regarde. C'est ridicule, je le sais. Mais à mes yeux, elle est... incroyablement séduisante.
Pendant toute cette année, je me débats avec moi-même. Une année entière où je la croise à Poudlard, son rire clair résonnant parfois dans les couloirs ou sur le terrain pendant les épreuves. Une année où je trouve mille excuses pour traîner près des écuries des Sombrals où elle passe du temps, ou pour proposer mon aide quand elle semble en avoir besoin – même si, la plupart du temps, je fais plus de dégâts que de bien. Une année où chaque fois que je m'approche d'elle, mon cœur bat si fort que j'ai l'impression qu'il va exploser, et où mes mains, déjà pas très adroites, deviennent carrément inutiles.
Une fois, je renverse un seau entier d'avoine sur mes bottes en essayant de lui répondre. Une autre fois, je trébuche sur une racine en lui tenant une porte ouverte et manque de m'écraser face contre terre. Elle rit doucement, et moi... moi, je veux juste disparaître.
Et pourtant, malgré tout, je ne peux pas m'empêcher d'essayer. De trouver un moyen de lui dire ce que je ressens. Cela me prend un an ! Une longue, interminable année où je me réveille chaque matin en me promettant : « Aujourd'hui, Hagrid, tu vas lui dire. » Et chaque soir, je rentre dans ma cabane, honteux, en me demandant si je n'ai pas complètement perdu courage. Vous avez déjà vécu ça ? C'est un sentiment terrible... 

Le bal de Noël bat son plein. Les chandelles flottent au-dessus de la salle, projetant des éclats d'or et d'argent sur les murs. Les couples tourbillonnent au son d'une valse envoûtante, mais moi, je ne vois qu'elle. Olympe. Majestueuse, imposante, et pourtant d'une grâce qui me coupe le souffle. Ça fait des semaines que j'essaie de rassembler mon courage, et ce soir, je me suis juré de tout lui dire. Ou du moins... de commencer. Quand je l'invite à danser, ma main tremble légèrement, mais elle accepte avec un sourire. Ses doigts se posent doucement sur les miens, et je sens mon cœur tambouriner dans ma poitrine. Merlin, j'ai l'impression d'être un garçonnet de douze ans maladroit. Nous avançons sur la piste, et la musique nous enveloppe. Pourtant, danser ce n'est pas mon fort ! Mes pieds – trop grands, trop lourds – semblent décidés à se mettre en travers de mon chemin. À un moment, je fais un pas en arrière et marche sur l'ourlet de sa robe. Elle émet un petit hoquet surpris, mais se reprend vite.
— Douceument, Rubeus », dit-elle, son sourire légèrement crispé.
Je ris nerveusement, mon visage brûlant.
— Désolé... je suis pas exactement... adroit sur mes pieds.
Malgré ma maladresse, je trouve enfin le moment de parler. Je prends une grande inspiration.
— Écoutez, Olympe... y'a quelque chose que je veux vous dire. Quelque chose d'important...
Elle incline légèrement la tête, curieuse, ses cheveux soyeux encadrant son visage me coupe presque le souffle. Je me force à continuer.
— Je... je sais qu'on...
Mais la musique s'interrompt et des applaudissements retentissent. Les couples se sépare et à mon grand regret Olymple s'éloigne de moi.  

*** 

Ce soir, c'est "le grand soir". Assis sous la grande statue de renne, au clair de lune, je me tortille les mains nerveusement aux côtés de ma douce Olympe Maxime. Il faut que je me lance. Il faut que je prononce les premiers mots... après une grande respiration, ma voix résonne dans le clair obscur : 
— Dès que je vous ai vue, j'ai compris...
Je sens mes paumes devenir moites, mais je poursuis, ma voix un peu tremblante.
— Qu'eust-ce que vous aveuz compris, Agrid ? me susurre-t-elle, d'une voix qui semble ronronner.
Son petit accent français me provoque un petit frisson mais je me lance. Je prends le temps de prononcer les mots avec application, de lui expliquer d'où je viens... j'espère qu'elle sera autant sensible que moi à notre particularité mais... un silence pesant s'installe entre nous. Puis sa voix s'élève. Je me fige, le visage rouge écarlate -heureusement caché par la pénombre-.
Ses sourcils se froncent, et son visage, d'habitude si doux, se ferme comme une porte qui claque. Elle recule d'un pas, me foudroyant du regard.
— Je n'eu jameus euteu autant insulteu de ma vie ! Une demi-geuante ? Moi ? Sacheuz, monsieur, que j'eu simplement une forte ossature !
Son cri éclate dans la nuit. Je sursaute. Je ne m'attendais pas à une telle réaction. Mon cœur s'effondre dans ma poitrine. Avant que je ne puisse dire quoi que ce soit, elle s'éloigne à grands pas, me laissant seul assis sur mon banc. Mes épaules s'affaissent, et je fixe mes bottes, incapable de bouger. J'ai tout gâché. Complètement. Absolument.

Je reste là, figé, à écouter les bruits de la nuit et à me demander si j'aurai un jour l'occasion de réparer ce que je viens de briser... 

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