Chapitre 14

"Éclipse du week-end"
Quand mon réveil sonne, je me lève péniblement et je descends lentement dans la cuisine. J'attrape un bout de pain que je grignote comme un moineau sans prendre le temps de dire bonjour à ma sœur qui me menace toujours de ses regards perçants.
Quelques secondes plus tard, je remonte dans ma chambre pour m'habiller et me préparer comme chaque matin. J'enfile un jean tout simple gris clair avec un teeshirt bleu marine   col bateau avant de passer un sweat bordeaux et d'attraper mes Adidas.
Aujourd'hui, il fait froid et même ma doudoune ne me tient pas chaud. Les résidus de la neige de la semaine dernière sont tout glacés et je manque de tomber plusieurs fois. J'atteins au moment où le bus arrive. Je monte et j'attends l'arrêt d'Elise, la tête appuyée sur la fenêtre. Le paysage qui défile devant mes yeux est toujours le même depuis 12 ans mais je ne m'en lasse pas. Les grands sapins couverts de neige, les sommets enneigés pour certains toute l'année. Tout est magique... Un décors de conte de fée d'horreur.
Quand Elise monte dans le bus, elle me fait un grand sourire avant de ma claquer une bise sur chaque joue. Elle a toujours ce petit air rassurant, doux et mystérieux à la fois comme la première fois où je l'ai vue.
Elise : Ça va comment aujourd'hui Lay ?
Moi : Je vais plutôt bien et toi ?
Elise : Je pète la forme !
Oui, Elise m'appelle Lay parce que Lay/ L'ail et je vous avoue qu'elle trouve ça très drôle.

Nous sommes arrivés au collège où une cinquantaine de collégiens attendent devant les grilles de fer forgé car ils ont la flemme d'aller en cours. La cour elle aussi est pleine de collégiens qui papotent de tout et de rien sur les bancs. Je traverse toute cette marée humaine sans rien dire avant de pénétrer dans le hall. Je me dirige directement vers le casier de Thomas que j'ouvre, comme pour vérifier si il était toujours vide. Je tourne la poignée où plus aucun cadenas n'est attaché avant d'observer le métal blanc et froid qui tapissent le fond quelques instants. Tout doucement, je referme la porte qui appartient jusqu'à la fin de l'année au garçon qui est la cause de mon sourire qui n'apparaît plus. Une fois que j'ai tournée la poignée, je me dirige vers mon casier. Le métal bleu ciel est tout gondolé  car l'ancien propriétaire ne devait pas très bien le traiter. Je glisse ma clé dans la fente du cadenas pour le déverrouiller. Au fond, j'aperçois un petit bout de papier plié en quatre. Je le prend à deux doigts pour le sortir avant de le déplier doucement. A l'intérieur, il y a une écriture toute rabougri et sale.
" T'as presque tué ANDERSON et tu continues à venir comme si de rien n'était. T'es vraiment qu'une conasse !"
Je referme la porte de mon casier en la claquant de toutes mes forces avant de fourrer cette mini bombe dans ma poche et de me diriger vers mon prochain comme si de rien n'était. Plusieurs élèves et en majorité des quatrièmes étaient venus me voir depuis l'accident de Thomas en me traitant de je ne sais quel nom d'oiseaux et en ma disant que tout ça, c'était ma faute. Que je n'avais pas à courir après Thomas pour rien... Mais je ne les ai pas écoutés ou plutôt, j'ai enfoui leurs remarques qui se veulent blessantes dans un coin de ma tête où elles paraissent invisibles alors qu'elles me hantent la nuit. Parfois, je me dis que ce n'est qu'un mauvais rêve, que je vais me réveiller d'une minute à l'autre et que Thomas sera toujours là avec son éternel sourire que je déteste autant que j'aime. Mais au fond de moi, je sais très bien que ce que je vis en ce moment, c'est la triste réalité...
Le prof de maths arrive et nous ordonne sèchement de rentrer ce qui n'est pas dans ses habitudes. D'habitude il est plutôt cool. Je me surprend à penser que un de ses enfants est peut-être dans le coma comme Thomas ou pire, mort.
Ses affaires claquent sur son bureau avant qu'il ne nous fasse le signe de nous asseoir.
Je me laisse tomber sur ma chaise pendant qu'il commence à parler de je ne sais quoi. Discrètement, je sors le bout de papier, maintenant complètement froissé de ma poche et je lis et relis cette phrase écrite par une main inconnue. C'est la voix de monsieur MARQUET, furieuse, qui me sors de mes pensées.
Lui : Layla ? Ton cours ne m'intéresse pas ?
Moi : Si.
Lui : Alors explique moi  pourquoi ta table est vide ?
Moi : Parce que je n'ai pas sortie mes affaires.
Lui : Si il y a deux choses que je déteste, c'est qu'on me mente et qu'on me réponde mademoiselle alors vous allez me faire le plaisir de prendre la porte dans les deux minutes qui suivent !
Je baisse la tête et j'attrape mon sac de cours que je balance sur mon épaule avant de sortir de ma salle sans un regard pour les autres élèves et Mr MARQUET.
Dans les couloirs, il n'y a aucun bruit. Certaines salles sont ouvertes et les élèves qui s'y trouvent me toisent, l'air moqueur. Certains vont juste jusqu'à me pointer du doigt. Je les ignore du mieux que je peux et continue mon chemin et je tourne dans un coin plutôt sombre et reculé vu que j'ai décidé de passer par l'escalier de secours. L'air est chargé et plein de fumée. J'en comprend la cause quand je tombe sur quatre troisièmes qui ressemble à des armoires qui fument.
Troisième numéro 1 : Hey ! Mais qui voilà ? C'est pas la petite qui a envoyé l'autre à l'hôpital ?
Je m'apprête à continuer mon chemin comme si de rien n'était mais le deuxième garçon m'attrape le poignet et m'immobilise contre le mur.
Deuxième troisième : T'enfuie pas ma jolie ! Manquer de l'étude ne vas pas te tuer !
Les trois autres rient et je frissonne.
Troisième troisième : J'ai une idée. On a qu'à lui rendre un peu de ce qu'elle a fait à ANDERSON chaque jour !
Premier troisième : Super idée Bryan ! On a qu'à commencer maintenant !
Je regarde partout autour de moi en cherchant un échappatoire. Le quatrième garçon qui se trouve un peu en retrait des autres m'adresse un petit sourire désolé avant que la main du sois disant Bryan ne s'abatte fermement sur ma joue gauche. Je me débats et lui file quelques coups de pieds pour essayer de me dégager mais ça ne fait que faire rire ses deux acolytes. Le dernier, quand à lui, il reste légèrement en retrait sans rire ni faire de commentaires. Une deuxième main arrive sur ma tête ainsi qu'un pieds dans mon tibias mais je ne peux rien faire, je suis figée. Je suis comme spectateur de cette scène.
Les coups pleuvent, de plus en plus forts. Je ne sens plus rien, mon corps est comme impuissant.
DRIIIINNNNGGGG !!!
Les trois garçons me lâchent d'un coup avant de me tendre mon sac qu'ils avait jeté un peu plus loin.
Premier troisième : Bon maintenant dégage avant que des gens nous voir ensemble ici et qu'on te revois pas ici avant demain sauf si tu adores avoir des bleus sur tout le visage.
Deuxième troisième(Bryan) : Ouais et ne vas pas cafter sauf si tu veux avoir affaire à nous ! C'est clair ?
J'acquiesce en silence avant de leur tourner le dos et de partir en direction des escaliers, les larmes aux yeux. Ma vie est un éternel recommencement. Trois ans sans violence et voilà que ça recommence. En pire.

Devant la salle d'histoire-géo, tous les élèves me dévisagent comme si j'étais une martienne. Je leur lance un regard agressif avant de me mettre tout au fond du rang. Dans la salle, nous avons la chance de choisir nos places. Je me met donc tout au fond avant de sortir plutôt violemment mes affaire sur ma table et d'écouter d'une oreille le cours.
Quand la sonnerie retentit enfin, je m'apprête à sortir rapidement de la salle pour aller me réfugier dans les toilettes pendant la récréation mais la prof me retiens. Elle attends que tous les élèves sortent de la salle avant de fermer la porte de sa salle à clé. Je suis en train de me demander si elle a décidé de me manger ou de me taper elle aussi quand son visage se referme et prends un air grave.
Elle : Layla... Depuis l'accident, tu paraît moins attentive en cours et mon collègue de maths viens de m'apprendre qu'il avait du t'exclure tout à l'heure. Et là, tu te pointes dans mon cours avec des marques sur le visage comme si tu t'étais battue. Que t'arrive-t-il ?
Moi : Rien madame, en tout  cas, rien de grave.
Elle : S'il se passait quelque chose, tu me le dirais ?
Moi : Oui, sûrement.
Elle : Ok. Je vais venir avec toi voir Mme LISER, l'infirmière puis je reviendrais ici pour mon prochain cours. En tout cas, si tu as quelque chose à me
dire, n'hésite pas à venir me voir quand tu veux.
Elle déverrouille la porte de la salle avant de passer devant moi et de m'escorter à l'infirmerie devant le regard interrogateur de tous les élèves présents dans le hall. Un cours instant, j'hésite à tout lui raconter depuis l'accident jusqu'à la rencontre avec les troisièmes dans le couloir après mon exclusion mais je me ravise. Après tout, ce n'est rien. J'ai juste quelques bleus et égratignures que l'infirmière vas me nettoyer et dans une semaine, tout sera oublié...
Mme LARY toque à la porte de l'infirmerie et la petite bonne femme brune qui nous ouvre met sa main devant sa bouche en signe d'épouvante au moment même où elle m'aperçoit.
Mme LISER : Seigneur Mme LARY, qu'est-il arrivé à cette pauvre fille ?
Mme LARY : Elle me dis que ce n'est rien de grave mais je préfère quand même que vous vérifiez qu'elle n'a rien.
Mme LISER : D'accord. Je vais l'ausculter et peut être la garder un peu. Vous pouvez retourner dans votre salle, la sonnerie de la fin de la récréation vient de retentir.
Mme LARY : Oui, je vais y aller. A demain, Layla.
Moi : A demain madame.
Je la regarde s'éloigner le long du couloir sans rien dire puis je suis l'infirmière dans son antre qui à l'indien du cabinet du docteur. Elle me conduit jusque dans une sorte de chambre où trône deux lits. Elle me fait signe de m'allonger sur l'un d'eux avant de commencer à inspecter ma tête.
Mme LISER : Alors dis moi. Que t'es-t-il arrivée ?

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Petit chapitre de 1810 mots avant un bon bout de temps car j'ai beaucoup de choses à faire avec la rentrée qui arrive à grand pas.
Bisous et a bientôt !
Xila73

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