Chapitre 6 - Différences alliées



C'était la fin de leur première semaine de cours, et visiblement James Potter n'arrivait pas à dormir. Il tira ses couvertures, sortit de son lit et s'assit sur le rebord d'une des fenêtres de son dortoir dans l'espoir de pouvoir contempler Poudlard et son parc, de nuit. Malheureusement pour lui, ce n'était pas un soir de pleine lune et il ne vit absolument rien.

Le regard perdu sur le Lac noir, il dressa le bilan de cette première semaine. Selon lui, ce n'était pas mal. Pas mal du tout, même. Les cours étaient très intéressants, il avait énormément de facilité, il s'était fait de nouveaux ennemis et surtout de nouveaux amis.

Il y avait tout de même une ombre au tableau et celle-ci portait un nom : Lily Evans. James avait tout fait pour oublier le petit incident du premier matin à Poudlard mais rien n'y faisait. Lily Evans l'avait giflé et c'était bien la première à s'y risquer. Il aurait pu digérer cet affront si elle était venue le trouver et se serait excusée. Mais la jeune fille n'avait rien fait...

James soupira et tenta d'oublier cette note négative pour se concentrer sur le positif : ses nouveaux amis. Il contempla son dortoir où Sirius, Remus et Peter, étaient endormis. Puis, il esquissa un franc sourire en se remémorant leur rencontre.


***

James avait quitté ses parents pour grimper à bord du Poudlard Express. Il chercha désespérément un compartiment de libre où poser ses valises. Il progressa à l'intérieur du train, le plus patiemment possible, jusqu'à ce qu'il voie au loin, un groupe de personnes bruyantes portant les insignes vert et argent magnifiées d'un serpent.

Des Serpentards, grommela-t-il.

Il n'était pas encore à Poudlard qu'il ne les supportait déjà pas. Les Potter étaient réputés pour appartenir aux Gryffondors de génération en génération et James espérait perpétrer encore cette tradition. Or, il était de notoriété publique que les maisons Gryffondor et Serpentard étaient ennemies depuis la fondation de l'école de sorcellerie.

Mais ce n'était pas une simple tradition séculaire qui poussait James à haïr ces langues de vipères. Ses parents étaient tous deux Aurors pour le compte du Ministère. De fait, ils traquaient sans relâche les mauvais sorciers et à chaque fois qu'ils en enfermaient un à Azkaban, ils notaient que dans la plupart des cas, ils avaient fréquenté la maison de Salazar durant leur scolarité.

C'est de la mauvaise graine ! avait affirmé son père un jour.

Et James y croyait dur comme fer.

Les Serpentards avançaient à contre-courant, dans sa direction, n'hésitant pas à bousculer toutes personnes n'appartenant pas à leur maison. James s'apprêta à leur faire remarquer leur manque profond de respect quand son attention fut attirée par une petite sphère translucide, contenant une sorte de liquide verdâtre. Elle était au-dessus de leurs têtes d'abrutis finis et les suivait à la trace. Soudain, elle éclata et le liquide se répandit aussitôt sur eux. Une odeur pestilentielle se dégagea alors des garçons qui s'empressèrent de sortir du wagon en direction des toilettes.

— Une bombabouse ! s'esclaffa James. C'est tout bonnement excellent !

— Merci. Le compliment me va droit au cœur, dit un garçon, brun aux yeux gris, qui était entre temps sorti de sa cachette.

— Je t'en prie, mon cher... ?

— Sirius. Sirius Black.

— Black ? s'étonna aussitôt James, les sourcils froncés. Avec un nom pareil et en t'en prenant à des Serpentards, je ne donne pas très cher de ta peau mon vieux !

— Je sais, je sais, c'est ce que mes chers parents n'arrêtent pas de me rabâcher à longueur de journée. Et toi, tu es ?

— Que suis-je bête, je ne me suis même pas présenté ! Je m'appelle James. James Potter.

— Potter ? Comme les célèbres Aurors de Grande Bretagne ? s'étonna-t-il en retour.

— Ceux-là même. Je suis leur fils.

— Hé bien enchanté, James Potter, fils des Aurors.

— De même, Sirius Black, fils... bientôt déshérité ? se hasarda James.

Cette dernière remarque – plutôt risquée, il fallait bien l'avouer – lui valut ses premiers rires avec Sirius et marqua le début d'une magnifique et longue amitié.

***

Les deux compères trouvèrent enfin refuge dans un compartiment disponible. Seule une jeune fille rousse l'occupait. Elle fixait la vitre, admirant sans doute le paysage. Quand ils ouvrirent la porte, elle détourna son regard dans leur direction.

Elle a des yeux magnifiques, releva James en premier.

Puis, il lui demanda s'ils pouvaient s'installer sur la banquette libre. Elle acquiesça, sans un mot, avant de rediriger son regard et ses pensées vers ce qui défilait à l'extérieur.

Elle est triste. On dirait même qu'elle a pleuré.

Assis en face d'elle, James hésita à briser la glace tandis que Sirius se glissa à sa gauche. Mais le temps lui manqua car la porte du compartiment s'ouvrit à nouveau pour laisser apparaître un garçon aux cheveux noirs et gras qui connaissait la jeune inconnue.

Ainsi James rencontra ses premiers ennemis à Poudlard : Severus Rogue et Lily Evans.

***

Après que Servilus et la rouquine aient fui leur compartiment, James et Sirius entamèrent une petite partie de bataille explosive. Chacun d'eux était mauvais joueur et la partie s'enflamma, au propre comme au figuré. Ils s'accusaient mutuellement de tricheurs quand soudain, la porte du compartiment s'ouvrit encore.

Par Merlin, c'est un véritable moulin ici !

Un jeune garçon au teint pâle voire maladif se trouvait sur le seuil. Ses vêtements étaient loin d'être à la dernière des modes et surtout, il flottait à l'intérieur. Ses yeux couleur noisette dévisageaient lentement les deux garçons qui deux secondes auparavant étaient sur le point de s'étriper.

— Tu entres ou tu comptes rester là pour le reste du trajet ? demanda Sirius.

Il hésita. Peut-être lui avaient-ils fait peur ? James proposa :

— Allez viens, ne t'inquiètes pas. Je sais que ça n'en a pas l'air mais on ne mord pas, tu sais ?

— Mais peut-être que moi, si... répondit le garçon dans un murmure à peine audible.

— Tu t'appelles comment ?

— Remus. Remus Lupin.

— Viens t'assoir avec nous Remus. Moi c'est James Potter et le tricheur assis en face de moi, c'est Sirius Black.

— Tricheur, moi ? Comment oses-tu ? s'indigna Sirius. C'est plutôt toi, le tricheur ! Depuis quand une dame remporte un roi, hein ?

— Cela n'a jamais été le cas. Mais je te signale que c'était MON roi et TA reine, Black !

De nouveau debout, se renvoyant la faute, ils en auraient presque oublié leur invité si ce dernier ne s'était pas mis à rire de bon cœur. Leur chamaillerie s'interrompit aussitôt. D'abord, James et Sirius échangèrent un regard incrédule avant de comprendre à leur tour le ridicule de toute cette situation. Et sans qu'ils ne sachent pourquoi, un fou rire général éclata dans le compartiment. Quand ils reprirent enfin leur souffle, Remus s'installa volontiers à côté de James.

— Écoutez, vous n'avez qu'à recommencer une nouvelle partie et oublier celle-là. Si vous voulez, je peux vous arbitrer ? Ainsi, il n'y aura plus de soucis de tricherie.

— Ça marche pour moi, affirma James.

— Pour moi aussi.

Et ils continuèrent à jouer ainsi, dans le calme et la bonne humeur, jusqu'à leur arrivée en gare de Poudlard.

Répartis dans la même maison, ils partageaient leur chambre avec un autre garçon de première année. Il avait des cheveux châtain clair, quelque peu grassouillet et étaient beaucoup plus petit qu'eux, même pour leur âge. Il se prénommait Peter Pettigrow mais ne s'intégra pas à leur trio. Peut-être à cause de la timidité maladive et le peu de confiance en lui dont le garçon semblait atteint.

Les trois premiers jours d'école se déroulèrent à merveille, si l'on mettait de côté la majestueuse claque de Lily Evans. James et Sirius se révélèrent très doués dans la plupart des matières. Leur seul point faible- si l'on pouvait appeler cela un point faible - semblait être les cours de Potion. Remus, quant à lui, ne montrait ni de difficultés, ni de facilité particulière en cours. Cependant, il était très assidu et très concentré en classe, ce qui n'était pas le cas de ses deux camarades. Au lieu d'écouter, ces derniers préféraient s'amuser à concocter une multitude de plans qui avaient pour seul but de viser les Serpentards.

— Vous savez, vous devriez peut-être être plus assidus dans vos prises de notes. C'est un désastre, s'amusa Rémus

— Oui, on sait bien. Mais on a plus urgent sur le feu. Tu as vu ce que les Serpentards ont osé faire à Marissa Clarks de deuxième année ? C'est tout simplement inadmissible ! s'indigna Sirius.

— Oui, la pauvre. D'après Lily, elle a passé l'après-midi enfermée dans les toilettes à pleurer.

— Tu parles à Evans ? s'étonna James, les sourcils froncés.

— Je ne vois pas pourquoi cela t'étonnes, mais oui. J'étais à côté d'elle en Histoire de la Magie cet après-midi. Elle est plutôt gentille, lui répondit Rémus avec un léger sourire au coin des lèvres.

— Si tu le dis, rétorqua James l'air renfrogné.

— On s'en fout d'Evans, répliqua Sirius. Il faut qu'on fasse quelque chose contre eux !

— Oui, je suis d'accord avec toi Sirius. Fini les plans. Maintenant on passe à l'action ! dit bravement James.

— Et vous comptez faire quoi exactement ? Les poursuivre avec des bombabouse à chaque intercours ? Leur faire boire une potion pour changer la couleur de leurs cheveux à leur insu ? Ou encore leur faire manger des dragées surprises qui n'en seraient pas vraiment ? se moqua Remus.

— Exactement mon cher Rémus ! Et plus encore... Beaucoup plus, rétorqua James, le menton haut, et la main portée à son cœur.

Les trois garçons s'esclaffèrent tandis que Peter Pettigrow venait de regagner leur dortoir. Ils éteignirent la lumière peu après. Le lendemain, une grosse journée les attendaient.

Leur première leçon de vol eut lieu tout juste après leur petit déjeuner. James qui adorait voler, ne tenait plus en place. Son rêve le plus fou et inavoué jusqu'ici, était de pouvoir intégrer l'équipe de Quidditch de Gryffondor en tant que Poursuiveur. Seulement pour ça, il devait attendre une année supplémentaire car les premières années n'y étaient pas autorisées.

Pendant le déjeuner, les trois compères continuaient de mettre au point leur première blague concrète à l'encontre des Serpentards. Enfin, deux pour être exact, car Remus ne voyait pas en quoi de simples blagues – offensantes pour la plupart - pouvaient réellement aider ceux qui étaient harcelés par ces vils serpents.

À la fin des cours, Remus voulut se rendre à la Bibliothèque. James et Sirius considérant cette dernière comme ne faisant pas partie de leur vocabulaire, décidèrent de rejoindre leur Salle Commune. Sur son trajet, Remus remarqua un jeune garçon, suspendu dans les airs, la tête à l'envers. Il avait été accroché à une armure qui ornait le couloir. Remus s'approcha prudemment.

Ceux qui ont fait ça pourraient être toujours là...

Une fois proche du malchanceux, Remus réalisa qu'il ne s'agissait ni plus ni moins de leur camarade de dortoir : Peter Pettigrow. Aussi, il n'hésita pas un instant à venir l'aider à regagner la terre ferme.

— Merci, souffla le garçon peu sûr de lui. Ça fait au moins une demi-heure que je suis là et je ne sais pas combien de temps j'y serais resté si tu ne m'avais pas trouvé.

— Qui t'a fait ça ?

— Les mêmes qu'hier et qu'avant-hier...

— Ça ne me dit pas vraiment qui sont les responsables, lui sourit Remus.

— Oui, je sais.

— Pourquoi ne veux-tu rien me dire ? Tu as peur des représailles ?

Peter ne répondit pas. À la place, il baissa la tête et fixa ses pieds. Il semblait effrayé, et surtout très seul. Remus savait ce que cela faisait de se sentir seul. Il l'avait été les six dernières années de sa vie, et ne souhaitait à personne cette condition. Alors, il prit en compassion ce garçon, faible, opprimé, désemparé, et décida de faire quelque chose pour l'aider.

— Tu n'es pas seul, tu sais ?

— Ah oui ? Ce n'est pas l'impression que j'ai pourtant...

— Moi, je pourrais être ton ami, répondit Remus, toujours avec un sourire au coin des lèvres avant d'ajouter : Tu vois qui sont James Potter et Sirius Black ?

— Bien sûr.

— Hé bien, ce sont mes amis et je suis sûr qu'ils pourraient aussi être les tiens. Sans parler du fait qu'ils ont un plan pour faire payer ceux qui t'ont fait ça.

— Comment tu pourrais savoir qui m'a suspendu ici ?

— Voyons c'est évident, non ? Des mesquineries faites à l'encontre d'un Gryffondor de Premier Année... Qui d'autres que les Serpentards pourraient faire ça ?

À la simple évocation des Verts-et-Argent, Pettigrow tressaillit ce qui confirma aussitôt les soupçons de Remus.

— Allez, viens. On retourne à la Salle Commune. Je suis sûr que les plans de James et Sirius te plairont.

Puis, sans attendre, il l'entraina dans les couloirs les ramenant au Grand Escalier. Alors qu'ils furent près du but, les deux garçons se retrouvèrent nez à nez avec un groupe de Serpentards. Ils semblaient âgés, peut-être en Sixième ou Septième année. À leur vue, Peter se figea sur place, et Remus comprit.

C'était eux, ses bourreaux.

Remus s'empara de sa baguette magique, conscient qu'il n'aurait jamais sa chance face à des élèves plus expérimentés. Mais au moins, il tenterait. Il était hors de question qu'il se laisse faire.

Expelliarmus, lança trop vite un grand blond aux cheveux longs.

La baguette de Remus lui échappa des mains et atterrit aux pieds du Serpentard. Celui-ci était accompagné d'une jeune fille, blonde également, ainsi que deux autres garçons aux airs de grands benêts.

— Hé bien, Pettigrow, il semblerait que tu te sois trouver un nouvel ami... C'est lui qui t'a fait descendre de ton perchoir ? Je t'avais pourtant expliqué que tu devais m'attendre bien sagement comme le petit chienchien que tu es. Maintenant que tu m'as désobéi, je suis obligé de t'infliger une punition...

Aussitôt dit, le Septième Année fit un rapide mouvement de poignet et sans prononcer le moindre mot, Peter se retrouva de nouveau dans les airs, la tête à l'envers.

Un Sortilège Informulé...

— Fais le descendre, toute de suite ! ordonna Remus.

— Oh voyons, ne sois pas jaloux. Ne t'inquiète pas, toi aussi tu y auras droit, ricana le blond, soutenu par les rires de ses compagnons.

Remus s'apprêta à bondir sur sa baguette, prêt à agir quand soudain, il vit des dizaines de sphères multicolores flotter au-dessus de la tête des Serpentards. Il s'arrêta net dans son élan, recula même d'un pas avant de sourire.

Que le spectacle commence...

— Hé bien Lucius, regarde comment il sourit celui-là ! lança la fille à ses côtés.

— Il faut croire qu'il est vraiment impatient que ça soit son t...

Ce dernier n'eut pas le temps de finir sa phrase qu'une des sphères explosa pile au-dessus de sa tête.

— Qu'est-ce que...

Son corps se métamorphosait sous ses yeux médusés. Ses cheveux longs prirent une teinte rosée qui évolua jusqu'à devenir rose fuchsia. Ses ongles poussèrent à une allure phénoménale et son nez devint de plus en plus crochu. Puis d'autres sphères éclatèrent et ses compagnons commencèrent à subir le même sort. Interdits, ils prirent leurs jambes à leur coup quand ils ne réalisèrent qu'aucun des contre-sorts qu'ils connaissaient ne fonctionnaient. Ce n'est que le dos tourné que Rémus vit l'inscription marquée sur leurs robes de sorciers.

« Leçon n°1 : s'en prendre aux Gryffondor n'est pas sans conséquences ».

— Allez les gars, c'est bon. Ils sont partis. Vous pouvez sortir de votre cachette maintenant !

Peter ne semblait pas comprendre un traitre mot à toute cette histoire. Il balaya du regard le couloir désert à la recherche d'une explication jusqu'à ce que les deux autres garçons de son dortoir ne sortent de derrière une large statue de pierre.

— Je crois qu'on est arrivé juste à temps, n'est-ce-pas Rémus ? lança James.

— Oui, vous n'auriez pas pu tomber mieux !

— Et c'est qui ton ami ? demanda Sirius.

— C'est Peter Pettigrow. Vous savez, il partage notre dortoir.

— Ah oui, c'est vrai, rétorqua Sirius qui ne se soucia pas davantage du garçon.

— J'aimerais qu'il reste avec nous à partir de maintenant. Enfin, si vous n'y voyez pas d'inconvénients bien sûr... Et toi non plus, Peter.

— Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas ! répondit James, plein d'entrain. Allez, viens Peter, c'est l'heure du souper. Je pense que cela risque d'être fort intéressant ce soir !

— Combien de temps votre sort est-il censé duré ? s'enquit Remus.

— Suffisamment longtemps pour avoir un repas des plus distrayants, rétorqua Sirius le sourire aux lèvres.

***

James soupira d'aise, repu de ses souvenirs de ces premières rencontres avec ses amis. Il sourit au quartier de lune avant de retourner dormir.

Ces prochaines années promettaient d'être bien merveilleuses.


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