Lily avait découvert sa chambre la veille alors qu'elle était exténuée de cette première journée riche en émotions et en rebondissements. Si elle avait d'abord déploré sa séparation avec Severus, elle fut toute fois ravie des personnes qui l'accompagneraient pour ces nouveaux jours à Poudlard et pour le restant de sa scolarité.

Son dortoir était situé dans une des tours du château. Circulaire et aménagé de cinq lits à baldaquins revêtant les couleurs de sa nouvelle maison, elle le partageait avec quatre autre jeunes filles de première année. Parmi elle, elle retrouva Mary qu'elle n'avait pas quitté depuis. D'apparence discrète et timide, elle s'avérait beaucoup plus loquace une fois que la glace était brisée. Il y avait ensuite deux jeunes filles dont Lily n'avait pas encore retenu les prénoms. En revanche, elle avait cru comprendre qu'elles étaient amies de longue date. L'une était blonde avec un petit air malicieux, et l'autre brune, d'origine asiatique. La quatrième était une petite blonde à lunettes et aux cheveux courts et bouclés. Elle n'avait pas prononcé le moindre mot de la soirée et était restée dans son coin, observatrice.

Lorsque son réveil sonna le lendemain, Lily eut du mal à comprendre où elle était. Elle se serait attendue à entendre les cris de sa mère, la priant de prendre le petit déjeuner mais rien ne vint. Ce ne fut que lorsque Mary tira sur ses rideaux qu'elle se rappela qu'elle était à présent dans une école de magie. Trépignant d'impatience, elle sortit hors du lit et fila se préparer dans la salle de bain où finissait de s'apprêter la plus discrète des premières années.

Une fois prête, elle décida d'attendre Mary en bas. Après avoir inspecté un peu plus en détail sa salle commune, elle s'installa dans un fauteuil, près de la cheminée. Elle ouvrit ensuite le premier livre qu'elle avait à portée de main. Il concernait les Potions, la matière qu'elle avait le plus envie de découvrir en étant ici, dans une école de magie.

Elle se perdit au milieu des pages et buta sur la définition de Bézoard quand soudain un groupe d'élèves – particulièrement bruyants – rentra à son tour dans la Salle Commune. Ces derniers se chamaillaient... encore. Et Lily leva les yeux au ciel... encore. Il ne pouvait s'agir que d'eux. Ces deux crétins étaient de nouveau accompagnés de leur nouvel acolyte quant à lui toujours aussi discret. Elle témoigna peut-être un peu trop fort de son exaspération dans un long et profond soupire car l'un d'eux – celui qui répondait au nom de James – le remarqua.

— Hé mais on dirait notre chère camarade du train ! lança-t-il en prenant place face à elle. On n'a pas eu le temps de nous présenter la dernière fois. Je te présente Sirius, Remus et moi c'est James. Tu t'appelles Lily, c'est ça ?

— C'est bien, je vois que tu as au moins écouté à la Cérémonie de la Répartition. Ce qui prouve qu'à défaut de ton cerveau, ton ouïe, elle, fonctionne correctement, répondit-elle acerbe tandis qu'elle continuait de lire son livre, sans un regard pour lui.

Le dénommé Sirius s'esclaffa de rire, tandis que le discret Rémus étouffa un ricanement. James lui, ne savait que dire, ne s'étant pas attendu à une telle réaction de sa part. Au moins, il en était sûr à présent, cette fille-là avait du répondant. Néanmoins, il en resta vexé, ce qui le poussa à lui arracher subitement son livre des mains.

— Voyons un peu ce que lit Lily-Jolie...

— Hé ! Potter, rends-moi mon livre !

— Potion... continua le garçon tout en ignorant la jeune fille qui lui courait après. Pas la meilleure des matières mais c'est un choix intéressant. Très révélateur.

— Rends-le-moi ! ordonna-t-elle, la mâchoire serrée.

— Très bien. Pas la peine de t'énerver comme ça, sur un ton qui se voulait charmeur.

James céda à sa demande tandis que la rouquine lui arracha violemment son manuel des mains. Elle était dans tous ces états. Sa respiration, saccadée, s'était accélérée tandis qu'elle pouvait sentir la chaleur irradiant ses joues. Mais ce n'était en rien de la gêne. Seulement une colère, profonde et sournoise qui s'insinuait en elle et qui était tout droit dirigée contre James Potter.

— Hé du calme, Lily-Jolie. Si tu continues comme ça, tu vas finir par te métamorphoser en dragon, se moqua le jeune Potter en la voyant rouge de la tête aux pieds.

Sans trop savoir pourquoi, prise par une rage pernicieuse, et disproportionnée, Lily le gifla. James recula sous l'effet de la surprise. Abasourdi, il ne dit rien et se contenta de la fixer avec de gros yeux ronds.

— Et ne m'appelle plus Lily-Jolie, Potter ! s'écria-t-elle avant de tourner des talons pour se diriger vers la Grande Salle.

Elle laissa derrière elle les trois garçons et Mary qui avait assisté à la scène, tous trois ébahis.

— Vois le bon côté des choses, James. Tu t'es déjà fait une ennemie... Malheureusement pour toi, dans ta propre maison. Pourtant on s'était mis d'accord hier soir, non ? On ne s'en fait que chez les Serpentard ! s'esclaffa Sirius.

James en revanche, n'avait pas envie de rire. Sans un mot, il entreprit à son tour de rejoindre la Grande Salle, ses nouveaux amis sur les talons. C'était la première fois de sa vie que l'on s'opposait à lui et qu'on osait le remettre à sa place. La première fois aussi qu'on le giflait même s'il ne pouvait pas cacher qu'il l'avait peut-être un peu mérité. Combien de fois sa mère lui avait répété que ses railleries pourraient un jour se retourner contre lui ? Jusqu'ici, il ne l'aurait pas cru.

Pourtant, il ne pouvait s'empêcher de trouver la réaction de cette fille disproportionnée. Ce n'était qu'un livre et un surnom. Il n'y avait pas de quoi casser quatre pattes à un niffleur... Son égo parla ensuite et décida. Jamais il ne pourrait laisser passer ça et il y avait fort à parier qu'à présent, Lily Evans et lui resteraient engager dans un conflit permanent, jusqu'à la fin de leur scolarité. Du moins, il ferait tout pour faire de sa vie un véritable enfer.

Après le petit déjeuner, ils reçurent tous leur emploi du temps à l'année. Pour cette première journée, ils découvriraient quatre nouvelles matières : les Potions, la Défense contre les Forces du Mal, l'Histoire de la Magie et la Métamorphose. Lily s'efforçait d'oublier l'incident matinal dans la salle commune mais sa culpabilité était tenace.

Quelle mouche m'a piquée ?

Elle ne comprenait toujours pas ce qui lui avait pris de le gifler ainsi. Elle n'était pas violente mais ce garçon – Potter – suscitait de vives émotions chez elle et elle détestait ça.

Aussi, elle comptait sur ses premiers cours pour enterrer une bonne fois pour toute cette histoire. Elle s'imagina tout ce qu'elle allait bien pouvoir apprendre. Et quand elle comprit que les cours de Potions et de Métamorphose étaient en commun avec les Serpentards, Lily esquissa son première vrai sourire de la journée. Elle pourrait revoir Severus.

Leur premier cours fut celui de Défense contre les Forces du Mal qu'ils avaient en commun avec les Poufsouffles. Lily, accompagnée de Mary s'installa au premier rang. Elles furent très vite rejointes par la petite blonde à lunettes de leur dortoir qui se présenta à elles en tant que Christie Fawley. Derrière elles, des rires éclatèrent en provenance de trois garçons.

La bande à Potter, bien sûr, soupira aussitôt Lily.

Elle n'avait pas tort et bien évidemment comme elle s'en doutait, ils s'étaient tous trois installés au fond de la classe. Le ton était donné. Lily connaissait ce genre de personnages. Ils seraient les cancres de cette classe pour ces nouveaux jours et pour le restant de sa scolarité.

D'ailleurs, elle remarqua qu'ils n'étaient déjà plus seuls. Les deux amies d'enfances inséparables de son dortoir discutaient déjà avec eux. Lily les entendit se présenter à eux : Ashley Green, la blonde et Vera Seyfried la brune. Mais elle n'eut guère le temps de s'en soucier davantage car le cours commença et qu'une fois de plus, Lily s'émerveilla.

À la fin de cette première semaine de cours, l'heure était au bilan dans le dortoir des filles de première année.

— J'ai adoré le cours de Défense contre les Forces du Mal. Je trouve le professeur Estienne assez dynamique et le programme à l'air intéressant, avoua Christie qui préférait qu'on la surnomme Chris.

— Personnellement, ce sont les Potions que j'ai adorées ! lança Lily avec des étoiles dans les yeux. Non seulement le professeur Slughorn est super mais un plus c'est un cours en commun avec les Serpentards.

Sous-entendu qu'elle pouvait passer un peu de temps avec son ami de Cokeworth.

— Bon... Je ne veux pas m'avancer trop vite les filles, mais je pense que vous serez d'accord avec moi si je vous dis que les cours d'Histoire de la Magie sont tous sauf... passionnants... ? affirma Mary.

— Hé bien je dirais même plus qu'ils sont extrêmement calmes, monotones et...

— Mortels, conclut Lily dans un soupir.

— Mortel ? répéta Mary. Tu n'as pas honte Lily Evans ?! Pauvre professeur Binns... Quoique... Si j'étais un fantôme comme lui, j'essayerais un peu de rendre le cours un peu plus... vivants ?

— Et après on parle de moi miss McDonald ? s'insurgea faussement Lily qui lui lança son oreiller à la figure.

— Exactement Miss Evans ! rétorqua la jeune femme qui répondit à son attaque.

S'en suivit une bataille d'oreillers entre elles et dans laquelle Chris avait hésité à se mêler, sans succès. Même si la jeune fille s'était un peu déridée depuis, elle restait sur ses réserves. Puis, quand l'euphorie redescendit, la plus introvertie de leur bande d'amies demanda :

— Et la Métamorphose ? Vous en pensez quoi ?

— Moi je trouve ça intéressant... vraiment, répondit Mary. Cependant, je pense que c'est l'une des matières les plus difficiles qu'on ait à étudier à Poudlard. On a passé deux heures à essayer de changer un fil en aiguille, et personne n'a réussi à avoir le moindre résultat...

— Personne à part James Potter, releva Chris.

— Oui, c'est vrai que son fil a obtenu une couleur et un aspect métallique... concéda Mary qui se retourna ensuite vers la rouquine qui s'était renfrognée à la simple évocation du jeune homme à lunettes. D'ailleurs, en parlant de James Potter... Lily, tu peux nous dire pourquoi tu l'as giflé en début de semaine ?

Lily vira aussitôt au cramoisi mais elle arbora un air profondément dédaigneux pour lui répondre :

— Euh... Il m'a arraché mon livre des mains ? Puis il ne voulait pas me le rendre ? Sans parler du fait qu'il s'est moqué de moi...

— Je ne te connais pas très bien encore mais je n'ai pas l'impression que tu sois le genre de fille à gifler les autres à tout va.

— Oui je sais ! souffla-t-elle, honteuse en cachant son visage entre ses mains. Je ne comprends toujours pas ce qu'il m'a pris. Il me narguait avec ce sobriquet stupide qui ne fait rire que lui et j'ai vu rouge. Pourtant tu as raison Mary, ça ne me ressemble pas. C'est Tunie la plus impulsive de la famille.

— Tunie ?

Lily déglutit. Elle avait l'avait évoquée si spontanément, sans même s'en rendre compte et à présent, son cœur saignait.

— Pétunia. Ma sœur, expliqua-t-elle rapidement avant de changer de sujet pour ne plus penser à cette douleur lancinante dans sa poitrine à chaque fois qu'elle revoyait son ainée lui cracher tout son venin en pleine figure. Quant à Potter, c'est simple, ça ne fait qu'une semaine qu'on est là, et il m'énerve profondément.

— Oui, je vois ce que tu veux dire, lui répondit Mary. Lui et Black n'ont pas arrêté de faire les idiots au fond de la classe. Ils sont insupportables.

— C'est vrai qu'ils sont assez agaçants. Mais je ne pense pas qu'ils soient bien méchants, ajouta Chris. Et puis, le troisième, Remus... Il est différent, lui. Il est beaucoup plus réservé et à l'air plus mûr que les deux autres....

— Crétins, conclut Lily en relevant ses deux sourcils, ce qui eut pour mérite de les faire rire toutes les trois.

— Oh et puis vous avez vu, apparemment Peter Pettigrow reste avec eux maintenant, leur annonça Mary. C'est bizarre. Tout comme Remus, je ne vois pas trop pourquoi il reste avec Potter et Black...

Les premières années de Gryffondor continuèrent à parler ainsi jusqu'à ce qu'elles finissent par se coucher. Mais une fois la lumière éteinte, Lily ne pouvait que se demander comment James Potter, Sirius Black, Rémus Lupin et Peter Pettigrow, pourtant si différents, étaient devenus amis.