prologue -
Il est paisible. Ses paupières sont closes. Margot devine qu'il écoute de la musique car les seuls membres de son corps qui bougent sont ses doigts. Ils tapotent en rythme la couverture blanche qui recouvre ses jambes. Cette sérénité désarçonne Margot. Le souvenir du jeune homme qu'elle aime -a aimé- reprend ses droits sur l'image de celui, plus récent, qui a osé l'abandonner. Elle replace une mèche auburn derrière son oreille. L'unique signe distinctif de sa nervosité dont elle n'est pas parvenue à se débarrasser. Elle se demande ce qu'elle fait là, dans le couloir de cet hôpital. Nathaniel l'attend surement déjà sur le parking. Mais elle est paralysée devant la porte de la chambre. L'homme dans le lit lui inspire une peur silencieuse vicieusement mêlée à de la compassion.
Margot tente vainement de repousser ces émotions. Elle les empile dans un coin sombre de ses pensées en ce concentrant sur le présent. Mais elles sont là, vives et douloureuses. Elles se répandent dans sa poitrine et s'insinuent dans sa gorge. La jeune femme a rapidement trop chaud. Elle a l'impression de suffoquer dans son cardigan. Elle l'enlève en deux mouvements brusques et se répète que le cauchemar est passé. Une année s'est écoulée. Elle peut continuer d'avancer sans craindre de se retrouver à nouveau piégée dans les mêmes marécages.
Une infirmière vient frapper à la porte devant laquelle elle est postée. La quarantenaire en blouse blanche lui glisse un regard en coin suspicieux. Rares sont les personnes qui viennent encore rendre visite à Nico. Néanmoins, l'infirmière pénètre dans la pièce sans piper mot. Margot en profite pour jeter un rapide coup d'œil dans la chambre. Ses cheveux ont poussé. Ils encadrent son visage et soulignent les cernes qui bordent ses yeux clairs. Quand l'infirmière vérifie le dossier au pied de son lit, il ouvre un œil pour le refermer aussitôt.
Les larmes montent aux yeux de Margot. Le jeune homme qu'elle a rencontré un après-midi de printemps n'est plus que l'ombre de lui-même. Elle peut le voir mais il reste insaisissable.
- Vous voulez rentrer ?
A peine l'infirmière a-t-elle prononcé sa question que Margot s'éloigne à grands pas. La jeune femme essuie ses paupières humides et se récite inlassablement la même phrase. Le passé c'est le passé, laisse-le derrière toi.
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