Adèle et Nicholas marchaient côte à côte, un vent frais faisant s'agiter leurs cheveux et rosissant leurs joues. La jeune fille remonta le col de son écharpe pour se protéger du vent tandis que l'adolescent ne semblait pas être dérangé par la température actuelle.

Ils finirent par arriver devant le magasin de Scribenpenne, un magasin de plumes et d'encres en tout genre avec un coin consacré aux parchemins. Le Serpentard accéléra légèrement afin de pouvoir ouvrir la porte et de la tenir ouverte pour la rose. Cette dernière esquissa un sourire en le voyant faire.

— Après toi, dit-il.

— Merci, répondit la Poufsouffle en entrant dans la boutique.

Il entra derrière elle et laissa la porte se refermer en faisant tinter la cloche destinée à avertir l'arrivée de clients. Les deux adolescents se dirigèrent vers les rayons de plumes, regardant toutes celles que l'on pouvait y trouver : plume d'oie, plume de chouette, plume de hibou, plume de paon, plume de canard, plume de cygne, plume de faucon... Chacune avait un résultat différent sur le papier : toute en rondeur pour la plume d'oie ou de cygne ; en style gothique pour la plume de faucon ; fine pour la plume de paon. Ce n'était là que de nombreux exemples, car après tout, cela pouvait varier en fonction de comment l'utilisateur parvenait à tailler la pointe de sa plume et à en prendre soin pour la faire durer dans le temps.

— Je ne comprends toujours pas comment tu as fait pour casser ta plume ! se moqua Adèle en regardant le jeune homme sélectionner une plume d'oie pour remplacer celle qu'il avait cassée en cours de Défense contre les Forces du Mal avec le professeur Adowan.

— Jackson n'a aucun sens de l'espace personnel... grogna Nicholas.

— Je veux bien te croire. Ça doit être encore pire pour toi vu que vous êtes dans la même maison, dans la même année et dans la même équipe de Quidditch.

— Sérieusement, comment fais-tu pour la supporter depuis la première année ?

La jeune fille lui lança un regard étrange, l'air de dire "Tu me poses vraiment la question ?", lui faisant lever les yeux au ciel dans un soupir. Ils s'apprêtèrent ensuite à se diriger vers les flacons d'encre quand le regard d'Adèle se posa sur une plume d'Oiseau-Tonnerre au motif de soleil. Elle soupira en voyant le prix de cette merveille : cinq Gallions et dix Mornilles. Le Serpentard, ayant suivi son regard, la regarda ensuite.

— Tu la veux ? demanda-t-il.

— T'es fou ? T'as vu le prix ? lâcha la Poufsouffle.

— Je ne te parle pas du prix, je te demande si tu la veux.

— Je ne vais pas dépenser mon argent pour-

— Adèle, l'interrompit Nicholas. Est-ce que tu la veux oui ou non ?

Elle se figea en l'entendant l'appeler par son prénom. Il ne l'appelait jamais par son prénom. La plupart du temps, il se contentait de l'appeler par son nom de famille, quelques fois par son surnom lorsqu'il comprenait qu'elle le lui permettait. Ce petit manège durait depuis la quatrième année, depuis le bal de Noël plus précisément, lorsqu'il lui avait demandé une danse après qu'elle ait passé sa soirée avec Ted, Victoire, William, Maxime et Gabrielle.

— ... Oui, finit par répondre la rose en voyant qu'il attendait patiemment sa réponse.

Le Serpentard fit un petit sourire et tendit la main pour prendre la plume d'Oiseau-Tonnerre sous le regard surpris de la Poufsouffle. Cette dernière fronça les sourcils en comprenant ce qu'il comptait faire et ouvrit la bouche, prête à protester.

— Pas le droit de dire non, lâcha Nicholas en partant vers la caisse du magasin, ne laissant pas le temps à sa camarade de prononcer le moindre mot.

Vaincue, Adèle le suivit en silence, boudant un peu malgré le petit sourire qui commençait à illuminer son visage. Elle garda cet air-là pendant que le jeune homme payait ses achats, faisant sonner les Gallions, Mornilles et Noises nécessaires au paiement. Il prit les sacs contenant les plumes et l'encre, puis les deux sortirent du magasin.

— Tu l'auras en cadeau de Noël, fit l'adolescent en sortant en premier de Scribenpenne.

— Pourquoi ? Tu espères que j'oublie l'existence de cette plume d'ici à ce qu'on soit en décembre ? s'amusa la jeune fille en le regardant, son écharpe jaune et noir remontée sur son nez pour affronter la brise.

— Peut-être bien. Qui sait ?

Nicholas lui lança un regard moqueur, la faisant sourire tandis qu'ils marchaient tous les deux pour remonter la rue jusqu'au pub des Trois Balais où Ted, Maxime, William, Gabrielle et Dominique les attendaient probablement déjà. Pendant que la rose admirait les feuilles mortes et l'ambiance automnale de Pré-au-Lard qui annonçait l'arrivée d'Halloween fin du mois, le jeune homme la contemplait en silence, un petit sourire aux lèvres. Il la trouvait adorable avec ses joues rosies par le vent, son regard pétillant de vie et ses courts cheveux roses. Adorable, mais aussi incroyablement forte. Comme beaucoup de Poufsouffle, elle se donnait à fond dans ses études, même si c'était difficile d'y croire vu le nombre de fois où il lui arrivait de faire des conneries.

Doucement, il fit frôler leurs mains et entremêla leurs auriculaires. Adèle ne se déroba pas, au contraire, elle lui prit la main et entremêla leurs doigts en douceur. Les deux adolescents se regardèrent en silence, bien conscients que tous ces petits gestes, toutes ces petites attentions depuis la quatrième année, depuis Noël, signifiaient quelque chose.

— Addyyy ! s'écria Gabrielle en leur faisant signe depuis l'entrée des Trois Balais.

Nicholas n'essaya même pas de retenir la Poufsouffle lorsque celle-ci lui lâcha la main pour courir vers sa meilleure amie, sourire aux lèvres. Il se contenta de regarder bêtement son dos, avec ses cheveux roses qui tressautaient sur son dos en même temps que son écharpe jaune et noir.

— Bouge ton cul, Sullivan ! Il fait froid et je me les gèle ! reprit la Serpentard qui l'attendait pour entrer dans le pub.

— J'arrive, capitaine, répondit Nicholas en sortant de sa transe pour rejoindre le groupe, serrant dans son poing le sac en papier qui contenait la plume de l'Oiseau-Tonnerre.