5. Les adieux

Le 8 octobre 2014, Olivier tombe en prison. Peu de temps après, la sentence est prononcée : 24 mois de détention. La famille encaisse la nouvelle difficile. Mais hors de question de perdre le lien avec sa femme et ses filles, il demande aussitôt un droit de visite régulier pour qu'elles puissent venir le voir au parloir. La vie en prison est loin d'être facile mais ils tiennent ainsi, séparés mais ensembles dans cette épreuve.

Le 15 août 2015, tout chavire. En route vers la prison, Patricia, Océane et la petite Salomé ont un accident de voiture mortel. L'histoire se répète pour Olivier.

Le lendemain de cette terrible annonce, Olivier peut sortir provisoirement. En marchant vers la sortie de la prison, il voit une dizaine de surveillants et la directrice près de la porte, qui le regardent avec froideur. On le sermonne, il est impératif qu'il revienne dès que tout est réglé pour sa famille. On lui accorde cinq jours de liberté, cinq jours pour incinérer et honorer la mémoire de sa femme et ses enfants. Cinq jours, c'est si peu pour quatre vies parties en morceaux. Olivier part sans même se retourner. Il ne veut plus rester, il veut partir, loin, à l'étranger s'il le faut. Disparaître, qu'on l'oublie, que la souffrance s'arrête.

Le jour de l'incinération, il ne peut s'empêcher de regarder les flammes, similaires en tout point à celles qui le rongent depuis le départ de celles qu'il aime. Face au brasier, Olivier est si seul... Une unique envie : les rejoindre, s'éparpiller lui aussi. Il était à deux doigts de le faire. Et pourtant... J'ai deux ailes pour voler, un cœur pour vous aimer et vous être fidèle toute ma vie. Olivier s'élèvera, il vivra pour quatre. Même si elles ne sont plus à ses côtés, Patricia, Océane et Salomé restent à jamais sa plus grande force. Sa famille, c'était tout pour lui, il devait continuer à vivre sans elles mais surtout pour elles. Il veut que de là-haut, elles soient fières de lui. Il a pris sa décision. Il les embrasse une dernière fois du regard, s'éloigne, marche longtemps et arrive sans s'en rendre compte devant la porte de la prison. Avec une heure d'avance.

Les jours, les semaines, les mois passent, et Olivier tient le coup. Le 1er février 2016, il sort de prison.

Les cendres de sa femme et ses filles reposent chez lui. Il les a gardés une semaine. Puis au bout du septième jour, il a craqué. Les savoir enfermées dans cette urne est trop douloureux. Il faut qu'elles voyagent, qu'elles fassent le tour du monde, qu'elles s'envolent dans le vent, qu'elles soient libres. Olivier a éparpillé leurs cendres, leurs derniers fragments d'existence pour que toutes ces choses deviennent possibles à ses yeux. Il les a regardé partir doucement, a esquissé un sourire avant de s'en aller dans la direction opposée. Les gens s'en vont mais les souvenirs restent. Gravés dans les esprits, dans les souvenirs d'antan. Il y aura toujours une part de Patricia, d'Océane et de Salomé gravée dans la mémoire d'Olivier et au plus profond de son être, il sait qu'elles sont partout et toujours à ses côtés.

Aujourd'hui, il reste encore un procès contre le chauffard responsable de l'accident. Olivier espère que la peine sera à la hauteur cette fois, il a fait appel.

Ces complications mises à part, Olivier vit un quotidien simple et tourné vers les autres. Il travaille dur, toujours en CDI. Il aime faire des mots croisés en écoutant la radio. Il est une figure incontournable de l'association Magdalena, qui distribue des repas aux plus démunis et leur offre un moment de convivialité un soir par semaine. Il a trouvé la foi, s'est fait baptiser, a communié et attend sa confirmation. Il écrit beaucoup, sur le monde, sur la religion, sur l'amour qu'il portera toujours à Patricia, Océane et Salomé. Il écrit son histoire aussi, dans une autobiographie intitulée La Traversée. Il témoigne beaucoup, partout où on accepte de l'écouter : dans les écoles, les associations, les églises. Il témoigne pour communiquer sa force et sa résilience, son optimisme malgré tout. Pour montrer que même lorsqu'on traverse les épreuves les plus terribles, quand la vie nous met à terre, que la seule chose que l'on ait envie de faire c'est de baisser les bras, il est possible de se relever et de continuer à avancer, parce que la vie est belle et qu'elle a plein de choses à nous offrir.

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