3. L'accident

L'hiver de ses 12 ans, Olivier part avec ses parents adoptifs pour la maison de famille qu'ils ont au Cap d'Agde.

Il pleut des cordes, la visibilité sur l'autoroute est réduite alors chacun tâche de se tenir à distance du véhicule de devant, pour anticiper les distances de freinage augmentées et éviter le pire.

Olivier regarde par la fenêtre pour ne rien manquer du spectacle des gouttes d'eau parcourant la vitre embuée. On pourrait croire qu'elles bougent réellement par elles-même pour aller quelque part. Le fracas de la pluie est assourdissant dans la voiture, impossible d'écouter la radio. De toute façon, les parents d'Olivier l'ont coupée pour se concentrer sur la route. Ils roulent à vitesse modérée sans échanger un mot. Olivier pose son front contre la vitre froide. Ils ne sont pas près d'arriver...

Quand tout d'un coup, c'est le choc. Le temps s'étire, tout se déroule en quelques secondes à peine, pourtant cela semble durer plusieurs minutes. De longues minutes, où plus rien n'est clair dans la tête d'Olivier. Son père freine brusquement, mais avec la pluie, la chaussée glisse et l'adhérence est moindre. La voiture pile dans le poids lourd juste devant eux, en enfonçant et tordant l'avant de la voiture sous la violence de l'impact. Les membres de la famille sont projetés à l'avant, la collision les entraînant avec elle. Les pneus n'adhèrent plus à la chaussée, la voiture glisse, se décolle de l'arrière du camion pour continuer sa lancée, elle prend de la vitesse. La voiture est hors de contrôle. Panique générale.

Au même moment les pensées s'emballent dans la tête d'Olivier, rester dans la voiture ne semble plus être une bonne idée. L'instinct de survie prend le dessus sur la situation, tout en sachant que la voiture roule toujours, il ouvre la portière et se jette à l'extérieur. Avec l'élan et la vitesse, il se tape violemment la tête contre les barrières de sécurité de l'autoroute. Une énorme explosion retentit au même moment. Il reste sonné pendant quelques instants.

Quand il reprend ses esprits, il est entouré de gyrophares bleus, oranges, blancs qui se reflètent dans les gouttes d'eau et les flaques d'eau sur le goudron. Les pompiers s'affairent autour d'Olivier, les gendarmes ne peuvent que constater la brutalité de l'accident. La voiture ne ressemble plus à une voiture, et Olivier ne réalise pas encore ce qui s'est passé. On l'emmène à l'écart, il ne faut pas qu'il voie ça. Dans un état second, Olivier les suit. Comment annoncer à cet enfant qu'il est le seul de sa famille à être sorti vivant de la voiture ?

Quelques heures plus tard, tandis qu'un médecin de l'hôpital rafistole les quelques blessures superficielles d'Olivier, sa grande sœur Laurence arrive. Elle dit qu'elle est venue aussi vite qu'elle a pu, elle a les yeux rouges et la voix faible. Elle le serre dans ses bras. Il demande "Et papa et maman ?". Laurence peine à lui répondre. Mais elle lui assure qu'il va pouvoir venir vivre chez elle, qu'ils se serreront les coudes.

Et ils se sont serrés les coudes pendant de longues années. Laurence a élevé et pris soin de son petit frère jusqu'à ce qu'il ait vingt-et-un ans et même lorsqu'Olivier est parti vivre sa vie et elle la sienne, leurs liens sont restés très solides.

Aujourd'hui, Olivier s'en veut toujours de ne pas avoir pu faire quelque chose pour éviter ce drame. Dans les moments difficiles, les images de l'accident repassent en boucle dans sa tête.

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