J'ouvris lentement les yeux, saisi d'une impression de déjà vue. Ma vision était floue, mais plus le temps passait, plus j'arrivais à distinguer le décor autour de moi. Les murs blancs, la télévision montrant les actualités locales en anglais, le volume à peine assez fort pour me permettre de les comprendre. Anglais : pas Tracadie. J'étais toujours à Bathurst. À l'hôpital, plus précisément.

Les souvenirs des derniers évènements me revinrent peu à peu ; le pont, l'accident, le psy. Ce que j'y ai appris. Et enfin, la réalité me rattrapa ; j'avais fait une tentative de suicide. Et pire encore ; j'y avais survécu.

J'essayai de me lever, dans une soudaine envie de partir loin, mais je ne réussis qu'à remuer et grogner de douleur. Je remarquai alors que ma jambe gauche était encore dans le plâtre.

Pas mort, mais pas fort, comme on dit. Vraiment pas fort.

En peu de temps, ma tante entra dans la pièce, portant à deux mains un gobelet dégageant un petit filet de vapeur. Ces yeux cernés se posèrent sur moi et s'écarquillèrent quand elle vit que j'étais réveillé. Elle posa son café sur la table de chevet et s'assit dans le fauteuil près de moi. Elle me prit doucement la main droite, qu'elle se mit à flatter de ces pouces.

- Jake ! dit-elle en souriant de toutes ces dents. Je suis tellement soulagé de te voir éveillé.

- Je suis désolé, dis-je la voix un peu rauque.

- Non, allons, rien n'est ta faute. C'est l'autre qui a grillé le feu rouge.

- Quoi ?

Je m'en souvenais bien, j'étais au milieu d'un pont. Il n'y avait aucun feu de circulation.

- Tu ne t'en souviens pas ?

Je secouai la tête. Je n'avais aucune idée de quoi elle parlait.

- Tu avais pris la voiture, dit-elle lentement. Et quelqu'un a grillé un feu rouge en même temps que tu passais.

- Ça ne s'est pas passé comme ça.

- Tu as eu un coup sur la tête, c'est normal que tu sois un peu perdu. Bon, je vais aller chercher ta mère, elle ne doit plus être trop loin.

Ma tante quitta la pièce en sortant son téléphone de sa poche, oubliant son café. Je restai dans mon lit, complètement perdu. C'était tout un coup que je m'étais pris sur la tête.

Ma mère. Elle a bien dit ma mère. Comme quoi elle était toujours vivante. Ça n'avait aucun sens. Ou peut-être avait-elle dit sa mère ? Donc, elle parlait de ma grand-mère ?

Je me redressai tant bien que mal dans mon lit, regardant l'actualité sur la télé. Le présentateur parlait de chose sans importance, mais ce qui m'intéressait, c'était la date, au coin de l'écran.

Nous étions le 20 avril.

Sois je n'étais toujours pas réveillé, sois les cinq dernières semaines n'avait jamais existé.

Fin

Mais quel fin de meeerde !!! Mais c'est pas grave, je vous aime inconditionnellement. Renvoyez la politesse, s'il vous plait ✌

Que serait une histoire confuse sans une fin tout aussi confuse ?

Ah, vous êtes encore là ? OK. Donc, dites-moi ce que vous en avez pensé 😉
Ps : j'accepte les menaces de mort, toute façon vous savez pas où j'habite.