Chapitre 9
« Va falloir que tu te décides. Soit c'est toi-moi, soit c'est pas toi-moi. »
« C'est trop compliqué, tu peux pas comprendre. »
« Tu es moi, donc si tu comprends, je peux aussi. »
« Je comprends parce que j'ai vu, c'est tout. Ensuite, c'est pas de ma faute si t'as oublié. »
« Répond seulement à cette question : est-ce que tu as tué ma-ta famille ? »
« Plus ou moins. »
« Je m'exaspère. »
« Je peux rien de plus pour toi. »
« Est-ce que tu as tué ma-ta famille de tes propres mains, ou était-ce les mains de quelqu'un d'autre ? »
« Un peu des deux. »
« Je soupire d'impuissance. Les mains de quelqu'un d'autre, elles appartenaient à qui ? »
« Je n'en sais rien. »
« Il ressemblait à quoi ? »
« Il portait une cagoule, des gants, je voyais rien du tout. La seule chose que je sais, c'est que c'était un homme adulte. »
« Et tu attends de moi que je retrouve cet homme ? »
« Oui. Et que tu le tues. Ou bien, rendu là, je le ferais moi-même. »
« Je ferais comment pour le retrouver ? »
« Aucune idée. Mais tu te débrouilles. »
« Je peux avoir de l'aide ? La police, ma cousine, n'importe qui ? »
« Dis un seul mot à qui que ce soit – même Grizzli le yorkshire – et j'éventre un petit chat et mets la vidéo sur YouTube. »
« T'es dégueulasse. »
Conversation étalée sur cinq longues journées, à souffrir de la salmonelle, généralement étendue dans mon lit. Aux cinquièmes jours, en aillant ma claque de n'avoir que moi comme seule compagnie, je décidai de me bouger les fesses et d'aller à l'école. J'allais beaucoup mieux qu'au jour un, mais je ne me sentais pas particulièrement au top. Pour sûr, je n'avais rien vomi depuis jours deux, ce qui était déjà bien, mais il m'arrivait encore d'avoir quelques... problèmes intestinaux.
J'avais à peine fait trois pas dans les corridors de l'école que je regrettais déjà mon choix. J'entendais les rumeurs dans mon dos, les gens qui m'appelaient « Jacob le schizo ». Certains se taisaient à mon passage, d'autres en profitaient pour parler plus fort. Maintenant, tout le monde était au courant que j'étais un cinglé. Et tout le monde savait que j'étais le Jacob Lane, le tout nouvel orphelin de Bathurst. Personne ne songea à démontrer un peu de compassion ; rire de moi était bien plus amusant.
Relaxe, pensais-je de toute mes forces. Ne tue personne, s'il te plait. Ce ne sont que des stupides moutons qui se prennent pour des grands méchants loups. Ils ne savent que parler. Suffit de ne pas les écouter.
Je sortis mon téléphone et mes écouteurs de ma poche et mis de la musique. C'était déjà mieux.
En arrivant à mon premier cours de la journée, math ce jour-là, je me laissai tomber sur la première chaise disponible, déjà épuisée de ma journée qui avait à peine commencé. Je retirai un écouteur et levai la tête pour regarder qui était déjà là ; en dehors du prof, les élèves arrivaient tranquillement, au compte goute. Sept élèves étaient arrivés avant moi, et parmi eux, je trouvai ma cousine Sabrine, les yeux dans ses devoirs qu'elle s'efforçait de terminer avant le début du cours, dans à peine deux minutes.
Je repris mes affaires et allais les porter au pupitre à côté d'elle. Sabrine leva les yeux vers moi et soupira quand elle se rendit compte de qui j'étais.
- Je pourrai pas finir mon devoir...
- Tu t'y prends un peu tard, de toute façon.
- Je croyais que tu étais encore malade.
- Un peu, mais j'avais envie de bouger. Je me suis décidé à venir que tu étais déjà partie. (Je soupirai en levant les yeux vers les derniers élèves qui entraient dans la classe. La fille à qui j'avais volé la place me lança un regard noir avant d'aller s'assoir ailleurs.) Tu aurais pu m'avertir, terminai-je dans un murmure.
- Oh... je suis désolé, Jake, dit Sabrine, sincère. Je voulais pas être porteuse de mauvaise nouvelle. Mais tu sais, faut juste les ignorer. Ils finiront par se lasser.
- Quand ?
Sabrine haussa les épaules, baissa les yeux. Elle était incapable de répondre à cette question.
- Tu aurais quand même pu m'avertir.
Sabrine ne répondit rien, honteuse. Je sortis mon cahier et mon livre de math, mis mon devoir au coin de mon bureau, puis croisai les bras sur le pupitre et y posai la tête, essayant de relaxer au mieux. Ne tue personne, ne tue personne...
Le début du cours n'était pas encore annoncé, mais puisque tous les élèves étaient arrivés, le prof passait déjà pour ramasser les devoirs. Je tournai la tête pour regarder Sabrine, écrivant à toute vitesse, les cheveux devant les yeux. Le prof arriva à elle, retira le crayon de sa main pour le poser sur le pupitre et prit le devoir qu'il ajouta à la pile qu'il avait déjà dans les bras.
- Tu sais, Sabrine, il ne faut jamais remettre à demain ce qu'on peut faire aujourd'hui, dit le prof d'un air étrangement philosophe.
- C'est ce que j'ai fait ! répliqua Sabrine, les joues rouges de honte. Je les fais aujourd'hui.
- Je vous avais donné ce devoir lundi dernier.
Sabrine ne trouva rien à répliquer et le prof continua sa ronde, passant maintenant dans ma rangée. Mon devoir était fait et, à ce que j'en sais, j'en tirerais une bonne note. Le prof prit tout de même le temps de vérifier que chaque question avait été répondue avant de passer au suivant.
Une bouffée de colère me monta à la tête. Même le prof était convaincu que j'étais un bon à rien, alors que j'étais son élève depuis à peine un mois.
Même les profs avaient été mis au courant que j'étais le petit orphelin de Bathurst.
Ne tue personne, ou je te jure...
Les quatre cours de l'avant-midi passèrent avec une lenteur exaspérante. Partout où j'allais, j'entendais les rumeurs chuchotées dans mon dos et je voyais les regards en coin. Heureusement, personne ne chercha à me parler ou me provoquer directement, ils étaient conscients qu'il valait mieux ne pas me chercher. Cas sinon, ils allaient me trouver.
Enfin arrivé l'heure du déjeuné, j'allai m'assoir à un coin de table inoccupé. J'avais pris l'habitude de m'assoir avec les amis de Sabrine, mais j'avais cette impression que je n'y serais pas la bienvenue.
Je regardai mon plateau avec dégout : deux boules de patates, quelques légumes secs et une cuisse de poulet. Je repoussai le repas et sortis mon téléphone de ma poche.
« Tu étais obligé de choisir du poulet ? C'est tordu, comme torture. »
- Hé, Jake.
Je levai les yeux de mon téléphone pour croiser le regard bleu clair de ma cousine.
- Tu veux quoi ?
- Pas obligé de me répondre comme si j'étais de ceux qui se moquent de toi, s'offusqua-t-elle en levant les sourcils bien haut. Je suis juste venu te dire que t'as pas à t'assoir seul ici. Tu peux nous rejoindre, on te mordra pas.
- T'en es sure ?
Je lançai un regard en direction de la table abritée par les amis de Sabrine. Parmi les cinq ados, tous nous observaient attentivement.
- J'en ai pas l'impression.
- Je leur ai posé la question, et ils sont tous d'accord, insista Sabrine. Et ils t'aiment bien, en plus. Ils ne se forcent pas à t'endurer pour moi, tu sais ? (Sabrine se pencha au-dessus de la table, les yeux pétillants. Elle cacha sa bouche d'un côté pour chuchoter :) Je crois qu'Emma est amoureuse de toi.
Je fis signe du doigt à Sabrine pour qu'elle s'approche un peu plus, puis cachai ma bouche à mon tour.
- Pas moi, chuchotai-je.
Sabrine se remit droite en faisant la moue.
- Même pas un petit peu ?
- Elle est pas mon genre. J'aime pas les blondes.
Sabrine fit une moue encore plus prononcée, ramenant ses cheveux blonds derrière son dos.
- Allez, viens nous rejoindre, soupira-t-elle. On va pas te manger.
- Sauf Emma.
- Des yeux, seulement.
- Je vais y réfléchir.
- Jake, si tu veux du respect, arrête de faire le con.
- Je vais y réfléchir.
Sabrine leva les yeux au ciel, puis tourna les talons pour rejoindre ses amis. Je me concentrai à nouveau sur mon plateau et son terrible morceau de poulet. Rageant, je pris finalement une bouchée de patates.
Je m'efforçai de réfléchir à la proposition de Sabrine. Pourquoi pas, après tout ? C'est vrai qu'ils ont toujours été gentils avec moi. Mais j'avais également cette impression qu'il vaudrait mieux, dans mon cas, rester seul. J'étais dangereux pour tout le monde autour de moi. Peut-être que je devrai m'exiler, vivre en ermite, loin du monde...
Avec courage, je déchirai la peau de mon poulet, laissant voir la viande blanche en dessous. Je détachai un morceau avec ma fourchette, lentement. C'était un terrible malheur d'avoir, comme moi, tout le temps faim.
- Hé, Jake !
- Quoi, encore ? m'énervai-je en levant les yeux vers ma cousine.
Je sentis tout le sang de mon visage quitter les lieux quand je me rendis compte que la fille, debout devant moi, n'était pas Sabrine, mais Élodie. La salope pom pom girl.
- Oh... désolé... salut, marmonnai-je honteusement.
- Ça va. Je te comprends d'être sur les nerfs, dit-elle dans un rire moqueur.
Elle posa son plateau sur la table en face de moi avant de s'y assoir. L'intelligente Élodie ne s'était pas pris de poulet, mais bien une salade.
- Où t'as trouvé la salade ? m'étonnai-je.
- À la cantine, dit-elle en pointant derrière elle avec sa fourchette.
Je me penchai légèrement pour regarder derrière elle et derrière les trois rangées de tables en plus. Là, comme elle avait dit, il y avait une autre cantine.
- Deux cantines, soufflai-je. Je m'en étais même pas rendu compte.
- Eh ouais. Deux cantines, dit Élodie en pouffant à nouveau de rire.
Elle retira le plastique qui recouvrait sa salade.
- Pourquoi tu t'assis avec moi ? Tu es masochiste ?
- Non. J'ai pas l'intention de rester, je voulais juste continuer le début de conversation qu'on avait eu, à la fête chez Justin. Tu t'en souviens ?
- Vaguement, avouai-je. J'étais soul.
- C'est pas grave. Je pourrai dire que je connais tes deux personnalités.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? m'écriai-je d'une voix étrangement aigüe.
- Bah... soul et pas soul.
- Oh... oui...
Élodie éclata à nouveau de rire pendant qu'elle mettait de la sauce césars dans sa salade. Son rire commençait presque à me taper sur les nerfs.
- Tu es beaucoup plus timide, dans ta version pas soul.
- Aujourd'hui est un jour particulier...
- Ouais, je te comprends. J'ai connu ça, quand les autres m'ont étiquetée « salope ».
- Ah, tu l'es pas ?
Je fermai les yeux en grimaçant, regrettant mes paroles.
- C'est pas ce que je voulais dire...
- Ça va, dit Élodie, qui ne riait plus du tout. Disons que j'ai fait quelque chose, l'an dernier, qui s'apparente assez bien à ce que ferait une salope. Et depuis, tout le monde me déteste.
Je hochai la tête, ne sachant plus tellement quoi dire. J'étais curieux de savoir ce que c'était, mais je savais qu'il valait mieux ne pas poser de questions. Comme moi, qui n'avais aucune envie de subir les questions.
- Après la fête, j'avais cru que tu te souviendrais de moi. Que tu reviendrais me parler. J'avais un peu perdu espoir... mais avec ce qui s'était passé avec Philippe, et ensuite que tu as été malade toute la semaine, j'avais supposé que, quand bien même tu aurais envie de me parler, tu n'en aurais surement pas le courage. Alors, comme tu peux le voir, je tente ma chance.
- Pourquoi ?
- Bah... je sais pas, peut-être parce que j'en ai marre d'être toujours seule ?
- T'as pas d'amis ?
- J'en ai une, mais elle... Elle n'est pas très présente, dit Élodie dans un haussement d'épaules. Elle me prend pour une salope, elle aussi.
- Je vois. En gros, tu vois la vie du côté négatif.
- La plupart du temps, soupira-t-elle en croquant dans un morceau de laitue.
- Et tu es venu à moi parce que je suis dans la même situation.
Élodie haussa les épaules d'un air un peu trop évident. Je me permis de sourire pour la première fois de la journée.
- Deux négatifs font un positif.
- À ce qu'il parait, dit Élodie en souriant timidement.
- Je peux savoir ce qui t'est arrivé pour te récolter ce surnom ? Seulement si tu veux.
- Ouais... disons que... l'an dernier, à une fête de Justin – tout se passe toujours à l'une de ses fêtes – j'étais venu avec mon petit ami. Nous étions chacun de notre côté, moi avec mes amies, lui avec les siens. Après un moment, j'en ai eu marre et je voulais rentrer à la maison – c'était le moment de la fête où presque tout le monde était soul mort dans le plancher – et je me suis mis à le chercher. Et je l'ai trouvé au lit avec une autre fille. C'était Sabrine.
Élodie fit une pause, perdue dans ses pensées. Je risquai un regard vers la table voisine, où Sabrine et ses amis nous observaient à la dérober. Sabrine regardait Élodie avec un regard noir, l'air de vouloir faire un meurtre.
- J'ai voulu me venger, continua Élodie. En revenant sur mes pas, je suis tombé face à face avec Shawn. (Elle pointa du doigt un gars aux cheveux aussi blonds que Drago Malfoy, une table plus loin.) Et j'ai couché avec lui. Mais Justin, qui passait par là, est un bon ami de Max – mon ex – et, sans savoir que lui-même était justement en train de me tromper, il a décidé de prendre nos ébats en photo et de les envoyer à tout le monde. Personne ne m'a cru quand j'ai dit que Max me trompait ; ils n'ont vu que le contraire.
Il y eut un long silence, alors que je cherchai quelque chose de réconfortant à dire. Mais j'avais l'esprit complètement vite.
- Je suis désolé, dis-je enfin.
- Merci, dit-elle dans un soupir.
Nouveau silence. Nous continuâmes de manger notre repas. En fin de compte, Élodie semblait bien être là pour rester.
J'étais incapable, à l'occasion, de m'empêcher de lancer des regards en direction de la table de Sabrine. J'avais bien fait de ne pas la rejoindre.
- C'est ta cousine, hein ? dit Élodie en devinant mon regard, alors que nous avions presque terminé nos repas. Sabrine.
- Ouais, avouai-je timidement. Mais j'ignorais tout de cette histoire.
- Ça va. T'es pas ici depuis longtemps, après tout, je peux te croire.
- La seule chose qu'elle m'ait dite à propos de toi, c'est... que t'es une salope pom pom girl, dis-je en rougissant.
- On n'a même pas d'équipe de pom pom girl, dit Élodie en fronçant les sourcils. Je faisais un peu de gymnastique quand j'étais plus jeune, mais j'ai arrêté.
- Ah bon... dis-je lentement.
- Assez parlé de moi. C'est ton tour.
- J'ai rien à dire, dis-je en baissant les yeux vers mon assiette. Tout le monde est déjà au courant.
- Je t'accorde que je suis déjà au courant pour ça. Mais c'est pas ça qui m'intéresse, c'est toi.
Je levais des yeux étonnés vers Élodie, alors qu'elle baissait les yeux à son tour en rougissant.
- C'est pas exactement ce que je voulais dire, se reprit-elle. Je veux connaitre qui tu es. Je ne suis pas « intéressé » par toi, dit-elle en pouffant d'un rire nerveux et imitant les guillemets.
- OK, dis-je en riant à mon tour. Heum...
Je fixai mon assiette à la recherche de quelque chose à dire sur moi. Les informations basiques sur ma personne que j'avais l'habitude de dire pour me présenter simplement et rapidement n'étaient plus tellement à jour. « J'habite à Bathurst, j'ai deux petites sœurs grâce à qui je connais les paroles entières de toutes les chansons de Shawn Mendez, j'ai un danois qui s'appelle Rodéo... »
- J'aime le cinéma, dis-je enfin. Et il est qu'à dix minutes à pied de chez moi.
Je grimaçai en baissant les yeux sur mon assiette. Depuis le temps, « chez moi » ne me venait toujours pas très naturellement.
- OK, tu aimes le cinéma, dit Élodie en pouffant. Tu ne peux pas trouver mieux ?
- Sur le coup, non...
- Bah, ça fera l'affaire, dit Élodie en haussant les épaules. Et du coup, j'ai une idée. On pourrait dire un truc sur nous par jour, pas plus.
- C'est plus simple comme ça, dis-je en riant. Du coup, on est amis ?
- Mouais, dit Élodie en mordant dans sa laitue. Pour commencer.
- Pour commencer quoi ?
Élodie leva vers moi un regard qui voulait clairement dire « sérieux... ? »
- Oh... euh... laisse tomber, dis-je en rougissant.
- Tu es gay ?
- Non.
- Bah voilà.
- Pour commencer.
- Pour commencer, tu es pas gay ? Ensuite, tu le seras ?
- Non, arrête, tu déformes ce que je dis.
- Je suis pas homophobe.
- Et je suis pas gay, m'énervai-je.
- Tant mieux pour moi, alors, dit Élodie en me faisant un grand sourire.
- T'es direct en affaire.
- Non, c'est toi qui l'es. Quand t'es soul.
- Et je ne le suis pas.
- Pour l'instant...
- Tu me préfères soul, ou quoi ?
- T'es moins timide quand t'es soul.
- Tien, j'ai une question, dis-je en me redressant, heureux de changer de sujet. Avec ce qui t'es arrivé l'an dernier, comment ça se fait que t'as été invité à la dernière fête de Justin ?
- Je me suis infiltré, dit-elle en pouffant. Et en dehors de Justin lui-même, personne n'aurait essayé de me virer.
- Ah ouais, vu comme ça...
Élodie me fit un sourire fier, avant de terminer ce qu'il restait de sa salade et de s'attaquer à son dessert ; un pouding au caramel.
- Tu seras encore là demain ? demanda-t-elle.
- Le monde est plein de mystère, mais je suppose que oui.
- Alors, dans le meilleur des cas, à demain, dit Élodie avec un clin d'œil.
Élodie termina son pouding et se leva de table, emportant son plateau avec elle. Je la regardai s'éloigner, jusqu'à ce qu'elle disparaisse derrière la porte des toilettes pour filles.
Cette fille était vraiment une solitaire... Elle allait seule aux toilettes.
Je sortis mon téléphone de ma poche, les doigts tremblants, et écrivis une seconde question en dessous de celle sur le poulet. « Est-ce que je peux tout dire à Élodie ? Hein, avoue qu'elle est cool. »
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