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La soirée avait bien avancé, et le groupe d'amis sortait maintenant du restaurant pour regagner la plage qui n'était qu'à quelques minutes de marches. La nourriture avait été fortement apprécié par ces jeunes gens qui n'avaient d'autre mots à la bouche que « délicieux » et « succulent ». 

Il devait être aux alentours de vingt-trois heures et le feu d'artifices n'était annoncé qu'aux environs de minuit. Ils avaient encore une heure devant eux pour profiter du beau monde qui trainait là près de ce petit bar sur la plage. 

Alors que Louise et Étienne préféraient se trouver un coin sympa au bord de l'eau sur le sable pour, comme dirait Gabriel, « se galocher tranquille au risque de laisser leurs potes mourir d'ennui ».

Ne restait qu'Emma, Jules et nos fausses jumelles autour d'un pauvre table.

— J'ai vraiment du mal à croire que ce soit toi sous ce costume ridicule, commença Emma en faisant tourner entre ses doigts un parasol à cocktail.

— Et pourtant... Avouez que le défi est largement relevé ! s'exclama Gabriel en portant son verre à sa bouche.

— Absolument ! Je suis vraiment surpris, la ressemblance avec Alice est frappante, on dirait vraiment une fille. Même, je vais vous faire une confidence, si je savais pas que t'étais un mec je serais carrément venu te draguer ! assura Jules avec un clin d'œil charmeur envers Gabriel. 

— Oh, oh, oh calme tes ardeurs ! 

— Ah ah, alors ça fait quoi de se faire draguer par son meilleur pote Gab ? se moqua Alice, en rajoutant une couche.

— Il n'y a qu'un truc qui dénote un peu, tu as pas une voix assez douce, je pari que tu serais capable de faire fuir n'importe quel gars normalement constitué avec un seul mot, renchérie Jules.

Gabriel vexé par la remarque lâcha un « Mais je vous emmerde » bien placé qui fit plus rire les trois autres qu'autre chose. 

— Ah bon ? Moi je pensais plutôt à « Je vous encule » ma jolie, ricana Jules tout seul.

— Vous me faites chier, s'emporta Gabriel en se levant. 

— Tu vas où ?

— Je ne sais pas, mais loin de vous.

Jules rigola à nouveau en le saluant d'un « À bientôt ma belle Gabrielle ». Le jeune homme exprima son mécontentement par un revers de la main en s'éloignant des regards de cette bande d'idiots. 

Gabriel s'était assis sur le sable, face à la mer, là où il restait hors du champ de vision des autres. Il regarda l'heure sur son téléphone, pas loin de vingt-trois heures trente. Mais qu'est-ce qu'ils avaient tous à la fin ? Il avait relevé ce putain de défi, pas besoin d'en faire tout un fromage. Il allait finir chèvre avec ces imbéciles ! 

Il était en train de s'énerver sur le tissu de la sa robe quand il entendit des pas se rapprocher. Persuadé qu'il s'agissait de sa sœur ou de Jules il ne se retourna pas pour vérifier qui venait de poser son popotin à ses côtés.

Ce n'est que lorsqu'il entendit la voix de son interlocuteur qu'il fut surpris et comprit qu'il s'était trompé sur la personne.

— Alors on profite pas de la soirée ? fit une voix grave et masculine. 

Il tourna alors la tête, étonné, vers ce gars qui venait de parler. Seuls sur la plage, « merde » pensa-t-il, il allait se faire draguer c'était certain. Se faire draguer par un putain d'inconnu qui avait sans doute autant de verres que lui, quelle poisse !

C'est alors que les paroles de Jules lui revinrent en tête. Il allait voir ce connard s'il était pas capable de charmer n'importe qui, même un mec. Ils allaient tous voir s'il n'était pas un bon comédien ! 

Alors qu'il restait là à penser tout seul se faisant un monologue dans sa tête, le gars à côté de lui se racla la gorge.

— Je m'appelle Dorian, et toi ? continua donc ce mec qui devait se situer dans la même tranche d'âge que lui. 

Gabrielle, répondit-il d'un voix étonnamment féminine, légèrement étouffée certes mais c'était le mieux qu'il pouvait faire pour paraître à peu près crédible. Et puis, ça passerait pour de la timidité ou pour un verre de trop. Plus fastoche, s'il avait l'air bourré, ce « Dorian » allait encore plus tomber sous le charme. 

— Joli prénom. 

Ce à quoi naturellement Gabriel répondit un « un merci » en battant des cils. 

— Ça te dit d'aller boire un truc au bar ? Parce que là on est pas trop dans l'ambiance de la fête, avança donc Dorian en se levant avant d'aider Gabriel à se relever. Il se sentait un peu con mais ça le faisait marrer intérieurement, ce gars était carrément tombé dans le panneau. 

Lorsque Gabriel réapparu avec Dorian à ses côtés, forcément les trois autres restés autour de leur pauvre table en bambou firent une tête à se rouler par terre tant c'était drôle à voir. 

Sa sœur était figée, décomposée, on aurait dit que ses yeux allaient sortir de leurs orbites et rouler sur le sol en même temps que sa mâchoire allait se décrocher. Gabriel étouffa son rire en toussant, il ne fallait pas éveiller les soupçons sinon c'était mort.

 ⁂

La soirée se déroula sans encombres, Gabriel faisait la belle et les yeux doux auprès de Dorian qui semblait carrément tombé sous le charme. Gabriel espérait qu'il n'allait pas avoir un coup de foudre sinon c'était mal barré. Il voulait bien jouer la comédie pour ce soir mais c'était tout.

Ils avaient enchainés les verres d'alcool et commençaient sérieusement à être bien amochés, si bien que le jeune homme n'avait même pas fait cas du fait que Dorian avait posé ses mains autour de ses hanches quand ils sont allés admirer le feu d'artifices à minuit pile. Ce n'est que lorsque la dernière fusée éclata que Gabriel se rendit compte à quel point la situation était gênante. Il se détacha des bras de ce Don Juan pour retourner au bar.

La fête était loin d'être finie, une piste de danse avait été installée spécialement pour l'occasion et la musique battait son plein sous cette nuit d'étoile. Tous ces corps qui se déhanchaient au rythme effréné des boums-boums semblaient avoir donné des idées à l'autre grand blond de Dorian. 

Alors que ce dernier entraînait Gabriel pour danser, notre comédien commençait à se demander ce qui lui était passé par la tête. Et ce encore plus l'autre abruti commença a danser collé-serré contre lui. Une chose était sûre, jamais il ne serait gay. Rien que d'avoir l'autre trou de cul à le coller ça lui donnait la nausée, alors le reste...

C'est alors qu'il vit le regard de sa sœur au loin, un regard noir, noir comme jamais et plein de reproches. Gabriel se demandait bien ce qu'elle avait. Après tout à part se faire draguer par un type il ne faisait rien de mal. Elle était jalouse ou quoi ? 

— Mmmh tu sens bon et ta peau est douce chérie... susurra l'autre grand blond au creux de son oreille. 

Gabriel leva les yeux au ciel en pensant qu'il était vraiment dans de beaux draps. Voilà qu'il était en train de le sniffer et de l'appeler « ma chérie » maintenant. Alors ça c'était vraiment la goutte de trop, il avait pris sa décision, le petit jeu s'arrêtait là. Il allait lui dire salut, retrouver les autres et puis rentrer au camping.

Mais alors qu'il se retournait pour faire face à Dorian, celui ci le pris fortement dans ses bras, au milieu de la piste, et se pencha rapidement pour embrasser la jolie jeune femme qu'il croyait avoir entre ses bras. C'était un baiser dur qui avait plus de goût de « j'ai envie de te sauter » que de « je suis tombé sous ton charme ». 

Gabriel s'écarta brusquement, s'excusa auprès de Dorian qui était trop saoul pour comprendre quoi que ce soit, et partit le plus rapidement possible. Quel putain de malaise ! Il se sentait maintenant affreusement con, et en même temps il n'avait qu'une envie : exploser de rire. Et ce encore plus lorsqu'il finit par mettre la main sur la bande de cons aux têtes ahuries qui le fixaient. 

— Bah quoi ? fit-il absolument saoul en s'asseyant dans le première chaise qu'il trouva. 

— Mec t'as pas vraiment fait ça ? s'étouffa Jules en regardant son ami. 

— Je t'ai prouvé que t'avais tort c'est tout, se défendit Gabriel le regard dans le vide.

Alors que Jules rigolait, suivi de Louise, Étienne et Emma, Alice, elle, semblait carrément en colère. D'ailleurs elle s'approcha de son frère les mains sur les hanches.

— T'es content ? 

— Wouow calme toi, c'était pour déconner... 

À ces mots Alice n'attendit pas pour mettre une baffe à son frère et pour partir d'ici sans demander son reste.

— Mais qu'est-ce qui lui prend ? questionna Gabriel étonné en frottant sa joue.

— Tu viens de séduire le mec qu'elle a dans la tête depuis le début des vacances idiot, répondit Emma. 

— Oh merde... fit le jeune homme se rendant enfin compte de sa bêtise. Voilà qui expliquait le regard noir de sa sœur tout à l'heure. Mais évidemment qu'elle était jalouse, il avait passé toute la soirée à faire les beaux yeux au mec qu'elle avait dans le viseur. Décidément cette soirée tenait vraiment ses promesses, niveau surprises ça ils étaient gâtés...

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