Chapitre 42

Alors qu'elle marche dans Sleeping Willows Street en direction de Bluewaffle House, Théodora ne peut contenir sa joie plus longtemps. La nuit avait été martyr tellement elle avait hâte d'être au lendemain. Les évènements de la veille ne l'avait pas aidé non plus à trouver un sommeil calme. Elle venait de découvrir un nouveau monde, qu'elle ne tarderait pas à explorer avec Oda et Danielle. Après leur discussion au sujet de Théodore, la jeune femme avait l'impression qu'on venait de lui enlever un poids sur ses épaules. Danielle les a rejoint peu de temps après pour les emmener vers un stand de friandises plus étranges les unes que les autres. La petite avait choisi un papillon au chocolat blanc sur un bâton, un Sparkle Butterfly, comme il s'appelait. Elle en avait également pris un et en plus de la confiture de cerise au cœur du papillon, elle a sentit sa langue pétiller comme s'il y avait des minuscules bombes dessus, mais cela ne faisait pas mal. Le féetaud, entièrement habillé d'une tenue de bouffon médiévale verte avec des ailes de la même couleur a rit devant sa surprise et lui a expliqué que les humains sont toujours étonnés en mangeant la nourriture féerique pour la première fois. Ce qu'elle a sentit dans sa bouche est ce qu'il appelle du Sucre Pétillant et elle a doit avouer qu'elle a trouvé cela amusant, bien que déconcertant.

Le reste de la journée a été comme un rêve. Elles ont continué à montrer à Théodora les merveilles du Londres Féerique et elles sont trop nombreuses pour que l'esprit de la jeune femme les remémore tous à la fois. Chacun de ses souvenirs doivent être chéris à leur juste valeur. Le soir où elle les ont raccompagnés à Bluewaffle House, Oda lui a demandé si cela plairait un jour à Elizabeth, Anne et Victoria de s'y rendre à leurs tours. Sur le coup, la jeune femme était tentée de dire oui mais la raison l'a rappelée. Elle a décidé de ne pas révélé tout ce qu'elle a appris aujourd'hui non par par honte, mais pour déjà avoir le temps elle-même d'intégrer ces informations. Ainsi, lorsqu'elle le dira aux filles, elle n'aura pas autant l'air d'une aliénée. Oda et Danielle n'ont pas plus insister mais leurs regards peinés n'a pas échapper à Théodora et cela l'a taraudée durant le trajet du retour à Penniless Street. Mais ses inquiétudes se sont apaisés lorsque Danielle a surgit derrière elle, un panier de nourriture à ras bord pour elle et sa famille. Elle lui a également dit qu'elle et Oda lui en veulent pas et qu'elle la comprenne. Elles espèrent juste un jour, avoir l'occasion de les rencontrer en personne.

Son grand sourire enfantin envoie balayer les dernières craintes de la jeune femme qui la salue et reprend son chemin, l'esprit serein. Une fois rentrée dans leur pension, Anne et Victoria se sont précipités par vers elle et surtout, le panier de nourriture qu'Oda a désormais l'habitude de lui donner chaque soir après sa journée de travail. A l'intérieur, une énorme tarte aux pommes à la parisienne encore chaude, trois pots de confiture à l'abricot et un autre pot chaud qui contient des poires avec du fromage dessus, qu'elles ont dévorés à trois. Elle n'a rien dit à ses filles mais elle se doute qu'avec sa bonne humeur et son sourire peu habituel, Elizabeth doit soupçonner quelque chose. Mais en attendant, après avoir troqué ses habits misérables pour sa tenue de travail, Théodora s'empare de son balais pour balayer le rez-de-chaussée alors que Danielle est dans sa chambre au premier étage. Oda est partit ce matin au même moment pour le Londres des Leprechauns afin de racheter de la bière pour Irish. Quand la jeune femme est arrivée au même moment où sa patronne quittait le manoir, elle l'a prévenu que la petite dormait encore et elle lui a demandé d'aller voir Théodore quand elle aura fini de laver le sol. C'est alors le cœur chantant que Théodora s'affaire durement à sa tâche.

Alors que le parquet du rez-de-chaussée est à nouveau propre, la jeune femme entend l'étrange horloge en forme de hibou à deux cadrans sonner dix heures. Dans la seconde qui suit, un autre bruit se fait entendre, de la même provenance mais ce n'est pas un son d'horlogerie. C'est le cri du hibou qui alerte dans le deuxième cadran qu'il reste sept heures avant le coucher du soleil.

« Je me demande pourquoi Oda a besoin d'une horloge pour alerter la venue de la nuit ? La craignerait-elle ? Peut-être que les sorcières ont un rapport particulier avec celle-ci. Il faudrait que je lui demande à l'occasion, espérons juste que ce ne sois pas une question indiscrète.»

Elle hausse les épaules et se dirige vers le placard près de l'entrée, où sont posés tous les balais. Elle se surprends d'ailleurs à imaginer Oda et Danielle sur leurs balais, transcendant le ciel nocturne riant à pleine gorge avec comme arrière-plan, la pleine lune qui semble les observer d'un air moqueur. Mais c'est elle-même qui est prise d'un rire incontrôlable à la suite de cette pensée.

« Nom d'un cheminot! Voilà que je me met à imaginer ma patronne sur un balais volant! Je suis ridicule! »

Soudain, les bibelots au-dessus de la porte s'agitent, faisant entendre leur son magnifique. Quelqu'un est à la porte mais après avoir pensé que sa patronne était de retour, le sourire de Théodora s'efface et elle ne se sent pas à l'aise.

« Pourquoi Oda sonnerait-elle à sa propre porte ? Cela n'a aucun sens. »

Elle entend alors derrière d'autres petits bruits, cette fois-ci venant du sol. Elle se penche pour voir Irish et Ash, se tenant chacun à un de ses mollets. Les deux semblaient grogner en direction de la porte mais au vu de leur âge, ce n'était intimidant en rien. En revanche, Un autre son provenant de derrière la porte parvient aux oreilles de la jeune femme. Un léger qui frappe au sol, et l'autre métallique et raillant. Puis plus rien pendant quelques secondes avant qu'un dernier fasse trembler Théodora. Des pas qui s'éloignent.

« Il y avait bel et bien quelqu'un mais pourquoi n'a-t-il pas sonné à nouveau, ne serait-ce que pour voir s'il y a vraiment personne ?»

Elle se penche à nouveau vers Irish et Ash. Les deux animaux se sont calmés mais restent néanmoins à ses cotés. Elle redirige son regard vers la porte, inerte mais ce n'est pas le cas de son esprit. Tout ses sens étaient ébranlés, son instinct au garde à vous et elle le laisse la mener jusqu'à la poignée de la porte. La jeune mère sent le léger effleurement des poils de l'écureuil et de la lapine près de ses jambes. Après une profonde inspiration, elle expire en saisissant et tournant la poignée.

Le cliquetis du verrou émet comme un son de clocher d'église à son tympan, tant son rythme cardiaque résonne dans tout son corps. La porte s'ouvre.

Théodora retient soudainement sa respiration, à ce qui se tient devant elle.

Elle manque de vomir à ses pieds. Quelque chose est suspendu à l'entrée.


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