Chapitre 6


Stiles entra dans le lycée, peu à l'aise. Il appréhendait. Après être venu certains jours et s'être absenté d'autres, il imaginait très bien que ses amis n'allaient pas se contenter de le saluer. On allait lui demander ce qu'il avait eu, pourquoi il n'était pas venu en cours quelques fois. Pour être honnête, Stiles ne savait pas ce qu'il leur répondrait. Il leur mentirait, c'était sûr, même s'il savait pertinemment qu'ils le sauraient, puisque la majorité de ses amis se trouvaient être des lycanthropes. Alors, peut-être qu'il ne dirait simplement rien, qu'il éluderait. C'était potentiellement la solution qui éviterait un gros malaise évident.

Stiles avançait la tête légèrement baissée, la boule au ventre. Il manquait clairement de courage. Courage qui était parti en même temps que Derek, la veille. Le bêta était resté avec lui jusqu'à dix-huit heures mais avait été obligé de s'en aller. Stiles avait eu très froid lorsque Hale avait fermé la porte derrière lui, comme si toute la chaleur de la chambre s'en était allée à son départ.

Stiles se perdit dans ses pensées tout en marchant dans les couloirs pour rejoindre la salle de son premier cours de la journée. Pour être honnête, il avait été très étonné que Derek lui fasse cette proposition. Il avait bêtement accepté, non sans avoir un minimum réfléchi avant. Cependant, comme toujours, il avait peur de regretter son choix. Faire confiance à Derek était diablement tentant, voire irrésistible. L'hyperactif en avait besoin. Besoin que quelqu'un l'écoute, le croie, ne lui jette pas la pierre car il avait beau vivre avec depuis des années, c'était loin d'être facile. Ce salaud avait brisé sa vie et lui avait créé des blocages. À part cette fois-là où Stiles était en grande partie contrôlé par le nogitsune, il n'avait jamais pu toucher qui que ce soit intimement ou supporté d'être touché. C'était impossible, impensable, ça lui rappelait trop de choses qu'il aimerait oublier pour toujours. Nul doute qu'il ne pourrait jamais se reconstruire complètement et qu'il aurait bien du mal à trouver quelqu'un qui l'accepterait malgré cette... Tare. Cette noirceur qui le faisait se sentir anormal. Même se faire plaisir lui-même, il n'y arrivait pas souvent. Il commençait à se toucher, puis tout lui revenait en tête et il se mettait instantanément à trembler et pleurer. Ça, son père n'en savait rien. Déjà sept ans que Stiles ne lui avait plus parlé de ça. Puisqu'il ne voulait pas entendre la vérité, ce n'était même pas la peine qu'il essaie de se confier sur ses petites difficultés. Sur le plan personnel, Noah Stilinski n'avait plus aucune confiance en son fils et c'était bien triste. Alors entrevoir l'espoir de pouvoir parler sans en être forcé et sans être jugé était une aubaine pour Stiles. Il savait que Scott ne l'aurait pas forcé non plus mais... Ce n'était pas pareil.

Stiles pourrait peut-être supporter de perdre Derek, mais pas de perdre Scott, son meilleur ami, son frère. Quoiqu'en y repensant, même perdre le Hale lui ferait un mal de chien. Combien de fois le loup avait été là pour lui ces derniers jours ? Combien de fois s'était-il montré tendre, compréhensif, patient ? Finalement, peut-être que Stiles pourrait ne pas s'en remettre non plus. Restait le fait que se confier à Scott ou à Derek, c'était différent. Cette proposition tombait à pic. Maintenant, restait à voir si le bêta allait réellement chercher et trouver ce qui lui était arrivé. Parce que Stiles était fatigué, épuisé par tout ça. Vivre était une chose bien difficile lorsqu'il fallait en permanence cacher ses blessures les plus profondes. Son cœur vaguement rabiboché menaçait de céder à chaque instant. La preuve en était que Stiles n'avait pas jeté le contenu restant de la bouteille dans les toilettes, comme il aurait dû le faire. Il était conscient d'avoir abusé la fois dernière mais se sentait incapable de promettre de ne pas réitérer l'expérience. Son secret le bouffait, le faisait se consumer de l'intérieur. En soi, Stiles n'était pas si loin de la dépression, à moins qu'il ait déjà franchi le pas sans s'en rendre compte.

Le jeune homme s'arrêta devant ce qu'il pensait être sa salle. Au cas-où, il vérifia sur son emploi du temps qu'il avait pris en photo au début de l'année et constata que c'était la bonne. Il attendit quelques minutes et s'engouffra à l'intérieur dès que le professeur arriva et ouvrit la porte. S'il pouvait éviter Scott et les autres qui avaient commencé à arriver, il ne disait pas non.

La matinée se passa de cette manière : Scott, Lydia et Isaac essayaient d'intercepter Stiles à chaque changement de salle et de cours mais l'hyperactif leur passa à chaque fois sous le nez, rusé et rapide. Il les fuyait, très clairement et pourtant, il devait leur parler pour rattraper les cours qu'il avait manqués. L'adolescent repousserait autant que possible le moment. Il avait besoin de temps et d'un peu de solitude. Enfin non, il aurait bien aimé voir Derek, mais c'était impossible pour le moment. Le loup de naissance était la seule personne que Stiles pouvait tolérer ces temps-ci, sans qu'il ne sache pourquoi. Peut-être était-ce son calme, son côté taciturne qui le rassurait.

Le midi, Stiles décida d'aller manger à l'extérieur du lycée, pour éviter que ses amis ne viennent le voir et l'interrogent quant à sa fuite. Sur le chemin vers un petit restaurant peu cher qu'il connaissait bien, Stiles compta l'argent qu'il lui restait dans son portefeuille et alla sur l'application de sa banque. Quelques dollars en monnaie, pas beaucoup plus sur son compte bancaire. Il lui restait assez pour passer une nuit de plus à l'hôtel et commander un repas pas cher. Après, il retournerait en enfer. Stiles secoua la tête pour éviter d'y penser. Il trouverait une autre solution ; d'abord, il fallait qu'il mange. S'il commençait à se relâcher maintenant sur son hygiène de vie et sa santé, il n'allait pas tenir très longtemps. L'alcool ? C'était un détail.

Le repas qu'il commanda et mangea fut léger et pas vraiment copieux, mais c'était tout ce qu'il pouvait se payer, en espérant ça suffirait jusqu'au lendemain.

L'après-midi se passa à peu près de la même manière que la matinée sauf que cette fois, Scott avait bien failli réussir à attraper son meilleur ami. La sonnerie annonçant la reprise des cours l'avait sauvé de justesse. Il se souvenait encore du regard blessé de l'alpha. Stiles s'en voulait, bien sûr. Cependant, il ne pouvait pas, pas maintenant, pas à lui.

Évidemment, Stiles fut le premier à quitter le lycée à la fin des cours et à détaler avec sa Jeep, direction non pas l'hôtel, mais une petite superette ; il commençait déjà à avoir faim mais nul doute que son ventre crierait réellement famine le soir. Là-bas, il acheta ce qu'il trouva de moins cher, une petite boîte de biscuits au beurre. Pas très nourrissant, mais suffisant pour calmer son ventre lorsqu'il irait faire ses devoirs.

Stiles ne s'autorisa à souffler que lorsqu'il referma la porte de sa chambre d'hôtel derrière lui. Juste avant, il était allé à la réception prolonger son séjour d'une nuit. Au moins, il avait la certitude de pouvoir dormir au chaud ce soir-là encore. Après cela, que ferait-il ? Stiles ne voulait pas y penser pour le moment. Retourner chez lui était une option qu'il ne voulait vraiment pas envisager mais à force, son père allait commencer à se poser des questions sur sa longue absence. Le regard de Stiles se fit dur alors qu'il sortait ses affaires de son sac. Et alors ? Qu'importe s'il se posait des questions. Tout était partiellement de sa faute. L'hyperactif en voulait un peu à son père, même après toutes ces années, c'était un fait. S'il l'avait cru, ils n'en seraient pas là tous les deux, à vivre en décalé, en se cachant des choses. Normalement, père et fils devraient être soudés depuis le temps, mais cela ne s'était pas passé de cette façon après la mort de Claudia Stilinski. Noah aimait son fils, mais son aveuglement avait détruit la relation qu'ils commençaient à avoir. Stiles ne faisait plus assez confiance à son père pour se confier à lui, tandis que celui-ci avait cessé de le croire sur le plan personnel. C'était un homme qui avait besoin de preuves. Et à l'époque, tout était contre Stiles. Son déni avait beaucoup joué dans cette affaire et l'hyperactif ne savait pas s'il serait capable de lui pardonner un jour.

Stiles s'assit sur la chaise du bureau et prit le nécessaire pour faire ses devoirs. Alors qu'il allait commencer à se pencher dessus, il avisa la bouteille, à l'autre bout du bureau. Si loin et en même temps, si proche... Non, Stiles, arrête. Le jeune homme ferma les yeux un instant avant de les rouvrir et de se forcer à se concentrer sur ses devoirs qui n'allaient pas se faire tous seuls.

Les vibrations de son téléphone portable ne l'aidèrent pas à fixer son attention sur ses mathématiques puisque presque aussitôt, l'adolescent prit son cellulaire en main et découvrit le message qu'il venait de recevoir.

« Toujours à l'hôtel ? »

Stiles eut un demi-sourire. Derek était toujours aussi taciturne, que ce soit à l'oral ou à l'écrit.

« Toujours. »

Stiles n'avait pas envie de s'épancher, même malgré son hyperactivité, bien calmée par son malheur.

« Tu vas bien ? »

L'adolescent perdit aussitôt son demi-sourire qui aurait pu s'élargir s'il avait fait attention à la promptitude de la réponse sous forme de question de Derek. S'il allait bien ? Évidemment que non et ce n'était pas près de changer.

« Oui, pourquoi ? »

« Stiles, arrête de mentir. Tu étais d'accord pour être honnête. »

L'adolescent fronça légèrement les sourcils.

« Je mens pas. Et puis d'abord, comment tu pourrais le savoir ? »

« Parce que je suis derrière la porte et que j'entends les battements de ton cœur péter un câble, idiot. »

Stiles releva aussitôt les yeux de son téléphone et tourna la tête vers la porte, l'air incrédule. Derek ne pouvait pas être là... Si ? Non, il bluffait, assurément. Pourquoi serait-il là, de toute façon ? Contrairement à la fois dernière, Stiles avait répondu à son message. Par conséquent, l'ancien alpha n'avait aucune raison d'être là. Et pourtant, l'adolescent douta. Ce fut le dernier message du Hale qui le fit se décider.

« Tu me laisses entrer ou tu me laisses poireauter comme un con devant ta porte ? »

Stiles se leva et alla déverrouiller puis abaisser la poignée de la porte. Il sembla surpris de voir que Derek se trouvait bel et bien là, face à lui, vêtu d'un simple jean, un léger pull à col en « v » et de son éternelle veste en cuir. Sans faire plus de façons, l'ancien alpha poussa le plus jeune et entra dans la chambre. Son regard bleu-vert se posa tout de suite sur la bouteille, toujours présente sur le bureau du jeune homme pendant que celui-ci fermait la porte et la verrouillait. Le lycan entendit parfaitement le verrou s'enclencher, un autre indice qu'il nota dans sa tête. Stiles ne cherchait pas à l'enfermer ou le piéger, il le savait ; il avait peur, ça se sentait dans son odeur. Pas de Derek, bien sûr, auquel cas il ne l'aurait même pas laissé rentrer. Peut-être de cet homme qui avait cherché à l'agresser quelques jours plus tôt ? Derek garda une nouvelle fois ses questions pour lui, ce n'était pas encore le moment. Au vu de la tension qu'il sentait chez l'adolescent, l'interroger tout de suite serait contreproductif et pourtant, ce n'était pas l'envie qui lui manquait. Chaque chose en son temps, se disait-il souvent. Son attention revint sur la bouteille. Il soupira doucement de soulagement en constatant que le volume d'alcool n'avait pas diminué depuis la veille. Stiles n'avait pas bu, c'était une bonne chose. Cependant, l'ancien alpha n'était pas d'accord quant au fait qu'il l'ait gardée et non jetée. Prévoyait-il une autre soirée alcool en solitaire ? Au moins, il n'en restait plus beaucoup, mais sans doute assez pour le rendre ivre une nouvelle fois. S'il s'écoutait, Derek aurait d'ores et déjà vidé son contenu dans les toilettes.

- Si t'en veux, sers-toi, proposa Stiles.

Derek déclina poliment et retira sa veste, qu'il posa sur la chaise du bureau.

- Pourquoi t'es là ? Demanda le jeune homme, l'air neutre.

- Pour prendre de tes nouvelles.

- T'avais les messages pour ça, lui fit remarquer l'adolescent.

- Oui mais par message, tu me mens, rétorqua tout naturellement Derek. En plus Stiles, tu avais été d'accord pour être honnête, quand je t'ai fait ma proposition.

- Désolé, j'ai pas l'habitude.

Lorsqu'il vit le regard confus du plus vieux, Stiles se sentit obligé de préciser :

- D'être honnête.

Stiles s'assit sur le lit sans faire attention à l'air perdu de Derek et baissa la tête. Ses mains se rencontrèrent et ses doigts se mirent à maltraiter leurs semblables.

- J'ai plus l'habitude.

Derek s'installa bien vite à ses côtés, sentant une nouvelle brèche dans ses défenses. Si Stiles ne souhaitait réellement pas lui parler, jamais il ne lui laisserait entendre tout ça. Et là, il ne lui mentait pas.

- Quand tu t'habitues à mentir, c'est plus difficile de reprendre le chemin de l'honnêteté.

- Ça fait longtemps que tu mens ? Lui demanda Derek.

- Pour toi, sept ans, c'est longtemps ?

Stiles lui avait retourné sa question sans le regarder et pourtant, elle lui était bel et bien destinée. Le pire était qu'il se posait réellement la question ; cela faisait-il tant de temps que cela qu'il avait menti sur son état mental ? Sept ans, était-ce beaucoup, dans une vie ?

- Assez, oui, répondit l'ancien alpha, stupéfait.

- Dans ce cas, ça fait longtemps, dit Stiles, le regard dans le vide. Des fois j'oublie, mais ça revient vite. Ça me suit, tout le temps. Généralement, vous m'aidez à m'évader de ma vie. Avec toi et les autres, je... Je suis un Stiles un peu plus vivant. Avec vous, j'ai l'impression que je peux avancer, passer outre et pourtant... Pourtant j'en suis toujours au même point.

Les confidences de l'hyperactif touchaient Derek, vraiment, à tel point qu'il se retenait de l'enlacer. En aucun cas il ne devait stopper Stiles, dont les révélations lui faisaient mal. Oui, c'était ça ; elles causaient en son cœur une douleur inconnue mais puissante. Qu'avait donc pu vivre l'adolescent pour en arriver là ? Surtout que Derek savait que cette fois, Stiles était honnête ; les battements de son cœur avaient beau être irréguliers, ils n'avaient eu à déplorer aucun raté. Ce manque de stabilité était dû au stress. Stiles n'était clairement pas à son aise, il était anxieux.

- Tu en as parlé à ton père ? Se risqua à demander Derek.

Depuis le début de cette histoire, il avait cette impression étrange qui le poussait à vouloir creuser de ce côté-là. Quelque chose n'allait pas entre le père et le fils, il le sentait. De l'extérieur, ils semblaient complices et complémentaires, mais l'on ressentait parfois une espèce de malaise en les regardant, une sorte de décalage, comme s'ils étaient loin d'être sur la même longueur d'onde. Ils tenaient l'un à l'autre, c'était indéniable, mais il y avait un problème entre eux, c'était certain.

Stiles hocha négativement la tête, l'air sombre, toujours sans regarder son interlocuteur. L'odorat aigu de Derek discerna de la pure tristesse dans l'odeur de l'humain, avec une pointe de colère, comme s'il en voulait à quelqu'un.

- Entre lui et moi, c'est le sujet à ne pas aborder.

Stiles regardait toujours dans le vide. Ses doigts se cherchaient, se trouvaient, se trituraient dans tous les sens.

- Et sinon, pourquoi ça te préoccupe ?

Derek ne s'attendait pas à voir ce regard whiskey s'ancrer aussi abruptement dans le sien. L'air perdu de ses prunelles contrastait avec celui, inquisiteur, de son propre visage. Stiles était un paradoxe à lui tout seul.

- Pourquoi tu t'intéresses soudainement à moi, à ce qui a pu m'arriver ?

La question était sortie toute seule, l'adolescent n'avait pas pu s'en empêcher. Il espérait simplement que son audace ne ferait pas fuir l'ancien alpha. À force de le sentir près de lui, les battements de son cœur se calmaient et le froid qu'il ressentait s'en allait doucement.

Derek fut très surpris du revirement de situation, mais ne trouva pas cela désagréable et décida de jouer la carte de l'honnêteté. Il voulait instaurer une réelle relation de confiance avec le plus jeune et ça commençait par ça ; la sincérité.

- Parce que tu m'inquiètes. Tu nous as fait peur à Scott et moi, l'autre jour. Tu peux peut-être lui mentir et arrondir les angles pour le rassurer, parce que tu le connais bien et tu sais trouver les mots pour le tromper. Il n'imagine même pas une seconde que tu pourrais lui mentir. Mais sur moi, tes petites techniques ne marchent plus.

- Je sais et tu vois, c'est ça qui me fait peur.

Derek haussa un sourcil. Stiles le regardait dans les yeux, mais finit par fixer ses yeux sur ses mains, qui reposaient sagement sur ses genoux.

- J'ai peur qu'on découvre, j'ai peur qu'on sache. La seule fois où on a su, on m'a traité de menteur et humilié. Je ne veux plus revivre ça. Alors maintenant, dès qu'on me demande si je vais bien, je... J'ose plus dire quand ça va pas, même quand ça concerne autre chose que ce sujet.

- Il le faut, pourtant, lui dit le lycan. Tu peux nous parler quand ça ne va pas.

Tout doucement, il passa sa main dans son dos, avec la même douceur que la première fois, douceur qui bouleversa Stiles. Derek vit le changement d'émotion dans ses yeux et n'en fut que plus troublé. C'était encore pire que ce qu'il pensait. Les yeux de l'adolescent rencontrèrent à nouveau ceux du loup et ce fut un choc pour ce dernier. Ils commençaient à briller des larmes qui semblaient vouloir s'échapper par milliers de ces orbes vides de tout.

- Derek, je vais jamais bien, lui avoua-t-il brusquement d'une voix soudainement enrouée par l'émotion qui le prenait. Si je vous parlais dès que je me sentais mal, je serais pire que ce que je vous montre avec mon hyperactivité. Vous avez déjà tous du mal à me supporter comme je suis ; insupportable, trop bavard, trop énergique, trop fouineur, trop Stiles, trop... Tout !

Ça y est, l'émotion est là, elle casse les barrières, déborde, emporte tout sur son passage. Les larmes coulent, nombreuses, la rage s'entend dans la voix brisée de l'adolescent. Il veut se lever, partir, tout casser. Briser ce miroir dans lequel il n'arrive plus à se regarder, complètement dégoûté de lui-même. Briser ce père qui a balayé sa souffrance d'un revers de main. Briser cet homme qui s'était amusé à le détruire. Briser Derek, pour qu'il arrête de s'intéresser à lui alors qu'il le laissera lorsqu'il saura. À ses yeux, Stiles ne deviendra qu'une pauvre petite merde, un menteur qui n'a pas su se défendre lorsqu'il le fallait.

Se défendre, Stiles l'aurait bien voulu, à l'époque. La terreur, l'horreur, la perte de lui-même l'avaient paralysé, tout comme sa faiblesse physique. Stiles n'était qu'un enfant chétif à ce moment-là. Que pouvait faire un enfant contre un adulte aussi imposant que ne l'était l'homme qui avait décidé de faire exploser sa vie ? C'était injuste, trop injuste.

« Ce sera notre petit secret. »

Sourire carnassier, grandes mains, regard noir de cruauté.

Douleur, terreur, perdition.

Les pensées les plus noires se mélangeaient violemment, s'entremêlaient avec les souvenirs les plus douloureux. Stiles perdit pied, avant de se déconnecter complètement de la réalité.

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