Chapitre 54
- C'est... Oh mon dieu.
Lydia n'avait pas les mots, Isaac non plus. Scott les regarda d'un air sombre après leur avoir expliqué tout ce qu'il s'était passé dans la journée – et ça faisait beaucoup.
- Où est Jackson... ? Demanda la banshee d'une voix peu assurée.
- Dans ma chambre. Il dort, répondit l'alpha.
Il faut dire que le kanima avait beaucoup donné de sa personne et avait longuement pris la douleur de Stiles avant que les renforts n'arrivent. En fait, il avait été d'une importance capitale dans la survie de l'hyperactif. Nul doute de le préciser à nouveau, Scott leur avait raconté tout ce qu'il savait de A à Z.
- Et la petite ? S'enquit Isaac.
- Ma mère l'occupe dans la cuisine. Elle se reposait avec Stiles mais elle a préféré le laisser seul avec Derek quand il a enfin accepté d'aller se coucher aussi.
- Comment elle va ? Demanda la banshee.
Comme tout le monde ici, elle aimait bien la petite Amelia et avait commencé à s'attacher sérieusement à elle. Savoir qu'elle avait perdu sa mère, s'était retrouvée dans le même appartement qu'un psychopathe, avait partiellement assisté au passage à tabac de Stiles, l'avait « sauvé » de son agresseur, avait attendu avec lui, à moitié mort, dans cette petite ruelle... Lydia n'imaginait pas les traumatismes qui chamboulaient déjà ses nuits. Si jeune et si forte à la fois... Elle n'avait qu'une envie : la prendre avec elle et lui faire tout oublier. Scott lui répondit alors que ça allait, elle tenait le coup. Son intelligence était remarquable et elle était, dans le fond, soulagée que Stiles puisse aller mieux.
- Au détriment de Derek, soupira toutefois Isaac.
Même plus ou moins indépendant, le louveteau était conscient de la chance qu'il avait eu d'avoir été sauvé puis recueilli par l'ancien alpha. Alors forcément, il s'inquiétait fort pour lui, peut-être encore plus que Scott ou Lydia.
Mais certainement moins que Stiles.
xxx
- Bon, ça m'a l'air habitable.
- Bien sûr que ça l'est.
La voix de Derek n'était pas aussi assurée qu'elle devrait l'être mais cela suffisait, du moins, il l'espérait. Deux jours plus tôt, lorsque tous deux s'étaient réveillés ensemble et plus ou moins en forme, Stiles avait passé un sacré savon à son loup. Oui, son action était honorable, oui, elle l'avait beaucoup aidé, oui, c'était grâce à lui qu'il souffrait moins et qu'il guérirait plus vite, tant ses blessures étaient peu nombreuses comparé à ce qu'elles étaient au départ. Oui, Derek l'avait en quelque sorte sauvé. Mais à quel prix ? Boitant un peu à cause de sa plaie à la cuisse, Stiles marchait à l'aide d'une béquille. Sa main libre saisit celle de Derek qui la serra fort. Il l'avait peut-être grondé, mais il était incapable de le bouder.
- Ouah ça a l'air super grand ici ! C'est vraiment à toi Tonton Derek ?
La petite voix fluette d'Amelia fit sortir Stiles de ses pensées et il tourna la tête, juste à temps pour voir son loup opiner du chef.
- Elle est trop belle ta maison ! Bon y a des trucs qui font vieux, mais vas-y c'est trop bien !
L'enthousiasme naturel de la petite fit sourire le couple ainsi qu'Isaac qui avançait derrière eux. Puisqu'il était complètement en forme, il portait une grosse partie de leurs sacs, remplis des affaires qu'il était allé leur chercher au loft. Stiles n'avait pas voulu y aller, les stigmates mentaux de son agression étant encore trop frais dans son esprit. Les trois jours passés chez Scott n'avaient pas suffi à lui faire oublier ce qu'il avait vécu. Il n'en parlait peut-être pas, mais les images se rappelaient très régulièrement à lui et il devait sans cesse faire quelque chose pour faire dériver ses pensées sur un autre sujet.
xxx
- C'est bon, j'ai fini de ranger nos affaires, fit Derek en entrant dans le salon.
Stiles releva les yeux de son téléphone. Il était assis sur le vieux canapé qui restait très confortable. Sa cuisse le tiraillait mais il ne disait rien. Cependant, il savait qu'il aurait été incapable d'aider son loup à mettre leurs quelques vêtements dans les armoires et ranger leurs sacs. Derek, qui avait accompagné Isaac au loft, avait pris une réserve de pulls, sachant parfaitement que Stiles adorait lui en piquer. La preuve en était qu'il en portait un à l'heure actuelle. Un faible sourire naquit sur les lèvres de l'adolescent.
- C'est super. Tu as laissé Isaac t'aider, j'espère ?
Derek hocha la tête et c'était sincère. Conscient de son état et des efforts qu'il demandait à son corps, il n'avait pu qu'accepter le soutien et l'aide du bouclé, qui s'était porté volontaire pour assurer leur protection les trois prochains jours. Ensuite, il y aurait un roulement, un autre loup viendrait et ainsi de suite.
Derek fronça légèrement les sourcils. Maintenant qu'il faisait attention à la position de Stiles... Ni une ni deux, il rapprocha la table basse du canapé, prit l'un des coussins les plus confortables qui se trouvait dessus et manipula doucement la jambe de Stiles qui se laissa faire et la tendit. Son pied et sa cheville reposaient sur le bel oreiller et le loup vit tout de suite ses traits se détendre. Il avait déjà entendu son humain dire que sa blessure le tirait lorsque sa jambe n'était pas tendue, qu'il se retrouvait assis tout à fait normalement sur un fauteuil ou une chaise. L'hyperactif lâcha un soupir d'aise et le remercia avant de l'inviter à s'installer près de lui, ce que le lycan fit sans se faire prier. L'adolescent se pressa contre lui et il l'entoura de ses bras, l'emprisonna ainsi et l'embrassa sur le front.
Même si le manoir n'était pas entièrement rénové, tout était fonctionnel et l'endroit était habitable. Derek était certain qu'ils allaient s'y plaire, le temps que toute cette histoire se termine. Cette fois, il ne lâcherait pas Stiles et resterait avec lui, qu'importe la situation. Cela s'appliquait aussi à Amelia. Elle était à l'étage, il entendait son petit cœur battre dans la chambre qui lui avait été attribuée – chambre qui, soit dit en passant, était collée à la leur. Il était hors de question qu'elle soit loin d'eux. Cette petite fleur avait besoin d'eux tout autant qu'ils avaient besoin d'elle. Amelia faisait partie de leur vie, maintenant, qu'ils le veuillent ou non. Les papiers, tout le côté administratif, ça viendrait et ce serait simple. L'on pouvait faire les choses simplement et remercier l'héritage familial des Hale. Bien évidemment, Derek n'en avait pas encore parlé à Stiles, pas tout de suite. Ce n'était, disons, pas le moment. Néanmoins, même si cela pouvait sembler prématuré d'y songer, le loup ne pouvait pas s'empêcher de le faire : cette petite était importante et il était hors de question que, orpheline, elle soit ballotée de foyer en foyer, ou bien dans des familles d'accueil. Non seulement ce n'était pas bon pour elle mais en plus, elle pouvait ne pas tomber que sur des gens bien. Et elle en avait assez bavé comme ça.
- Amy ? Appela-t-il d'une voix assez forte. Descends, s'il te plaît.
Il ne devait pas parler trop fort, sa gorge le piquait, comme s'il était malade. Sa voix sortait pourtant normalement et les mots qu'il prononçait étaient tout à fait corrects, c'était à l'intérieur que ça allait moins. Sa gorge le brûlait. S'il parlait sans forcer, à un volume tout à fait convenable pour que Stiles l'entende, ça allait. C'était lorsqu'il fallait élever la voix qu'il déchantait. Pourtant, il garda une expression tout à fait normale pour ne pas éveiller les soupçons de son compagnon qui venait de relever la tête vers lui. Ses yeux ambrés étaient magnifiques, si bien qu'il aurait déjà pu se perdre dans leur contemplation s'il ne voyait pas l'inquiétude y régner en maître. Cela ne lui plaisait pas. Le fait que Stiles s'inquiète pour lui était adorable, mais il n'avait pas à être préoccupé par cela. Il avait bien assez de soucis comme ça, ce n'était pas la peine qu'il s'en rajoute. Derek prenait, par conséquent, grand nombre de précautions pour éviter de trop stresser son amour d'hyperactif. Mais ce dernier n'était pas dupe.
Stiles sentait des choses. C'était étrange, ténu, mais il lui arrivait de ressentir une étrange douleur. Elle parcourait son corps selon les moments, s'arrêtait à la jambe, reprenait au visage, puis au bout de ses doigts. C'était si léger qu'au fond, il n'avait pas réellement mal. Pour autant, son instinct lui soufflait que c'était bel et bien de la douleur qu'il ressentait, et pas autre chose. Pas bête pour un sou, il n'avait pas tardé à mettre les morceaux bout à bout jusqu'à comprendre ce qu'il se passait.
Le lien entre eux se renforçait, même s'il n'était pas complet, et ce n'était pas une bonne chose. Il aimait Derek, bordel, et il lui avait fait perdre assez de temps comme ça. Il voulait expérimenter de nouvelles choses, se remettre des anciennes, faire le deuil de son innocence perdue longtemps plus tôt, faire taire cette peur qui le tiraillait... Il fallait qu'ils le fassent.
L'arrivée impromptue de la fillette dans leur bras fit sourire Stiles, mais ne stoppa pas le fil de ses pensées.
- On va être bien ici, tous les trois, fit Derek d'un ton doux, sans vraiment remarquer le léger changement dans le regard de Stiles.
- On est un peu à quatre, non ? Va tout le temps y avoir quelqu'un d'autre, fit remarquer Amelia en se calant contre ses deux pères adoptifs et adoptés. Même si ça changera à chaque fois, y aura toujours quelqu'un en plus.
Derek rit légèrement en caressant les cheveux de la petite. Et Stiles le regarda, l'admira. Même le bleu de ses blessures qu'il lui avait volées n'entachait rien à sa beauté. Il était magnifique, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur. Une perle rare, un diamant brut. L'homme qui l'avait sauvé et le sauvait encore de son passé, ses démons, sa propre vie. Et rien que pour ça, son cœur se gonfla d'amour et d'envie. De lui, il voulait plus et ce, depuis un moment. Et puis, lorsqu'Amelia finit par repartir à l'étage après une longue séance câlin avec eux, Stiles prit réellement conscience qu'il avait failli et qu'il risquait toujours de le perdre. Ce fut comme un électrochoc. Il devait agir. Pour lui-même. Pour Derek. Pour leur couple. Pour Amelia. Pour cette petite famille qu'ils commençaient sérieusement à former. La perte de l'un d'entre eux leur serait fatale à tous.
L'idée naquit dans son esprit. Elle germa et ne le quitta plus. Il avait un plan. Un plan simple, mais efficace. Il allait fonctionner. Il le devait. Mais il fallait attendre. Sachant parfaitement que Derek ne serait pas d'accord s'il était au courant de ce qu'il comptait faire, Stiles rangea son idée et ses sentiments dans un tiroir au fond de son esprit et embrassa son petit-ami avec amour.
Si Derek ne serait effectivement pas d'accord avec son idée, il ne pourrait toutefois rien faire si Stiles choisissait de le mettre devant le fait accompli.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top