Chapitre 53
- Mais t'es pas bien dans ta tête ! S'écria Scott. Je suis désolé mais t'as fait n'importe quoi !
Jackson, assis sur le canapé de fortune, soupira et tourna la tête vers Derek. Il est vrai que l'ancien alpha avait pris des risques inconsidérés. Certes, ça partait d'une bonne intention mais les effets étaient là, sous leurs yeux.
- J'aimerais te frapper, tu sais ? Oui, je meurs d'envie de te fracasser la tête contre un mur mais comme je suis pour la non-violence, je ne vais rien faire, fit Scott en marchant de long en large dans le salon, des volutes de fumée semblant sortir de ses oreilles. Et puis, Stiles m'en voudrait. Quoique, je pense qu'il aura le même genre d'envies de meurtre que moi lorsqu'il saura ce que tu as fait !
- Je m'en fiche, répondit laconiquement Derek Hale. Il va mieux et c'est tout ce qui m'importe.
- Donc ton propre état ne te fait rien ? Tu vas me faire croire que là, maintenant, tu n'as pas mal ?
Derek ne répondit pas et réprima même son envie de mordre sa lèvre inférieure. Bien sûr qu'il souffrait, c'était une évidence. Non, son propre état ne lui faisait pas rien, au contraire : il haïssait ce sentiment de faiblesse que lui rappelait la guérison presque inexistante de son corps. Derek détestait être faible. Il exécrait le fait d'être incapable de protéger correctement ceux qu'il aimait, se sentir dépendant de la défense des autres.
Alors, forcément, il n'aimait pas la situation dans laquelle il se trouvait, mais il ne regrettait rien. Il avait soulagé Stiles d'une grande partie de ses maux et ce fait importait sur tout le reste. A côté, la douleur qui le tiraillait était dérisoire. Honnêtement, il était étonné que sa manipulation ait si bien fonctionné, mais c'était tant mieux. Stiles, c'était son compagnon, une partie de son cœur. Lui prendre sa souffrance au sens propre allait de soi.
- Bon, les garçons, on arrête les disputes et on m'écoute, d'accord ?
Derek releva la tête vers Melissa qui, exceptionnellement, avait pu quitter son travail plus tôt que d'ordinaire. Vêtu d'un jean enfilé à la va-vite et d'un léger pull à col en V, elle semblait fatiguée et pas d'humeur diplomate. Elle aussi avait beaucoup donné. En fait, elle s'était démenée comme une lionne pour obtenir des tonnes d'autorisations ayant pour but de faire sortir Stiles de l'hôpital – ce qui avait été complexe mais au vu de la disparition de certaines de ses blessures, s'était avéré faisable. Le père de Liam l'avait également aidée dans ses démarches, qui avaient tout de même pris deux heures de son temps de travail. En fait, Derek ne voulait pas laisser Stiles dans cet hôpital pour différentes raisons. Scott et Jackson n'étaient pas très sereins non plus. Alors forcément, déménager le lieu de soin de Stiles dans la maison McCall était une évidence.
- Il va mieux, beaucoup mieux, c'est un fait. Pour autant, il faut le ménager alors je tiens à ce qu'il ne fasse aucun effort superflu. Il est épuisé. Ta manœuvre a eu beau marcher, elle l'a mis complètement out, dit l'infirmière en regardant Derek.
Elle ne lui en voulait pas, bien au contraire. Elle s'inquiétait même pour lui. Pour preuve, après s'être occupé de Stiles à l'hôpital puis en arrivant ici, Melissa l'avait examiné, lui, le loup censé guérir en quelques minutes. Elle lui avait mis quelques pansements, appliqué de la crème sur certains des bleus qui étaient désormais les siens.
- Je t'autorise à rester ici cette nuit, avec la petite, continua-t-elle. Vous pouvez même rester plusieurs jours, le temps de trouver une solution. Tu aurais un autre endroit que le loft pour vous loger ?
- Peut-être le manoir. Avec Peter, on l'a un peu rénové, mais il n'a pas d'alarme, réfléchit Derek.
- Celle du loft a été désactivée, rappela Jackson. Dans tous les cas, tu ne peux pas compter là-dessus.
Le pire était qu'il avait raison.
- A la limite, tu peux faire venir quelques loups au manoir quand vous y serez et ceux-ci feront des roulements. De cette manière, vous serez protégés, tous les trois, insista Melissa.
Elle imaginait sans mal ce que pensait Derek et comprenait parfaitement qu'il prenait sur lui pour accepter cette aide dont il avait besoin lui aussi malgré tout. C'était un homme solide, un ancien alpha puissant. Oui, mais il avait perdu de sa superbe et surtout, il ne guérissait plus vraiment alors forcément, se retrouver avec un tel lot de blessures qui n'étaient pas les siennes au départ n'aidait pas. Derek hocha la tête assez vite. S'il n'avait pas de mal à parler, réfléchir s'avérait un peu plus compliqué.
- Oh ça oui, on va vous protéger mais Derek, s'il te plaît, fais plus jamais ça, l'implora Scott.
Le loup hocha une nouvelle fois la tête. De toute manière, même s'il le voulait, il ne pourrait pas recommencer. Du moins, pas tout de suite. Sa faiblesse était actuellement si grande que simplement prendre la douleur de quelqu'un suffirait à l'épuiser. Il était déjà lui-même dans un état de fatigue tel que garder les yeux ouverts s'avérait actuellement compliqué. L'infirmière s'approcha, posa sa main sur son épaule et lui indiqua que Jackson l'avait aidée à installer Stiles dans la chambre d'amis, avec Amelia.
- Va les rejoindre, tu dois te reposer aussi.
Elle se retint d'ajouter que Stiles serait heureux de le voir à son réveil et puis qu'ensuite seulement, il lui hurlerait dessus de savoir qu'il s'était en quelque sorte sacrifié pour lui, puisque c'était bien de ça qu'il s'agissait. Sans discuter, Derek se leva et marcha à son rythme, boitillant légèrement, sous les yeux inquiets de Melissa, son fils et Jackson.
Arrivé à l'étage, Derek ne mit pas longtemps à trouver la chambre indiquée par Melissa et ouvrit doucement la porte.
La pièce était plongée dans une douce pénombre dans laquelle n'importe quel humain pouvait se repérer facilement. Stiles était là, confortablement allongé dans ce grand lit deux places si peu utilisé. Il portait des vêtements trop grands pour lui et qui devaient sans doute appartenir à Scott. Derek aurait pu râler, sachant fort bien que le fait que l'hyperactif puisse porter les vêtements de son ami déposerait son odeur sur lui, mais pour l'heure, ce n'était pas important. Le loup se rapprocha et se déchaussa sous les yeux entrouverts de la petite Amelia qui le regardait, terrifiée. Elle n'avait pas peur de lui, bien au contraire. Simplement, voir le visage de son deuxième presque père dans cet état était horrible.
Lorsqu'il l'avait autorisée à revenir dans la chambre, à l'hôpital, elle avait pleuré. Derek avait eu beau essayé de la rassurer comme il pouvait, voir son « Tonton Stiles » en meilleur état lui avait fait plaisir, mais elle avait compris que ce n'était pas sans conséquences. C'était ça de grandir trop vite, d'acquérir trop jeune une maturité qui devait tarder à arriver. Son innocence n'était plus que partielle, mais si elle avait bien pris conscience d'une chose, c'était bien celle-ci : parfois, il faut souffrir pour sauver ceux que l'on aime.
Pour ne pas la terrifier davantage, Derek ne se déshabilla pas comme il en avait l'habitude. Autrement, elle verrait bien plus que son visage tuméfié – et Stiles aussi s'il se réveillait. Conscient du malaise de la petite, il lui proposa toutefois de descendre voir les autres, lui promettant que Lydia allait bientôt arriver. Et c'était vrai. Jackson avait enfin réussi à la joindre. Elle était en route pour la maison McCall. Amelia acquiesça doucement et se leva. Avant de partir, elle fit toutefois un rapide câlin à Derek, pour lui montrer qu'elle l'aimait malgré son apparence quelque peu différente. Elle ajouta à son oreille, lorsqu'il se pencha pour l'écouter, que ça lui ferait plaisir qu'ils se retrouvent, Stiles et lui. Le loup sourit faiblement sans réellement chercher à comprendre et enfin, elle partit.
Derek se glissa enfin dans le lit, aux côtés de l'hyperactif qui dormait à poings fermés. L'état de son visage s'était grandement amélioré grâce à l'intervention de Derek. Cette fois, seule la joue droite de Stiles et une petite partie de son front étaient colorés. Et encore, l'indigo commençait déjà à tirer sur le jaune. Le loup se dit que ces bleus-là auraient pu continuer de disparaître, s'il avait eu la force de continuer sa petite manipulation plus longtemps... C'était fait, il était trop tard pour regretter sa faiblesse. Il se consolait toutefois en se disant qu'il lui avait retiré le plus important. Stiles guérirait vite, seule sa blessure à la cuisse resterait gênante quelques jours – il n'avait pas pu la diminuer plus que ce qu'il avait déjà fait.
Dans cette situation, Derek était heureux de savoir qu'il était son compagnon. Pourquoi ? Tout simplement parce que dans le cas contraire, faire ce qu'il avait fait se serait révélé impossible. Lorsqu'il était jeune, sa mère lui avait appris tout ce qu'il y avait à savoir sur les compagnons et ce qu'ils pouvaient faire l'un pour l'autre – même si la mixité loup-humain n'avait pas été évoquée. La prise de blessures en faisait partie. C'était un fait rare que l'on pouvait faire si l'on en avait la réelle envie et si la situation l'exigeait. Si le compagnon possédait le réel désir de souffrir pour apaiser sa moitié, la manipulation marchait. S'il avait le moindre doute ou la moindre peur en lui, l'opération se révèlerait totalement inefficace. Derek, lui, était sûr de lui, même après avoir réfléchi – ce qui n'avait pas duré longtemps tant il était certain de ce qu'il avait l'intention de faire. Il voulait aider Stiles, c'était chose faite.
Maintenant, il devait se reposer un peu tout en essayant d'oublier la douleur de son corps qui lui donnait l'impression d'être passé sous un camion. Sa constitution de loup-garou l'aidait à résister ainsi qu'à supporter ces blessures mais cela aurait été encore mieux s'il pouvait guérir un minimum. D'un geste automatique, il passa un bras autour du corps de son humain en ignorant son mal et s'endormit comme une masse contre lui, sa respiration se calant automatiquement sur celle de son compagnon.
xxx
Le réveil de Derek fut lourd et lent. A vrai dire, il était encore épuisé et pas seulement physiquement même si son corps lui pesait atrocement. Pourtant, un peu de douceur l'aidait à appréhender sa sortie des bras de Morphée qu'il savait éphémère tant il avait besoin de repos. Le corps chaud de Stiles était toujours là, contre lui et il le sentait. Plus qu'agréable, c'était rassurant d'avoir son homme à ses côtés, pas aux prises avec un psychopathe. Même s'il était affaibli, Derek préférait être là, prêt à intervenir malgré ce qu'il avait fait. L'odeur caramélisée de Stiles envahissait ses narines, autant dire que ce n'était pas pour lui déplaire. Ce qui lui plaisait par-dessus tout, c'était ce contact chaleureux sur sa joue, ce contact qui allait et venait à un rythme lent. Doux, si léger que c'en était presque irréel. Comme une caresse provenant d'une autre dimension. Encore dans les vapes et s'apprêtant à se rendormir, il resserra doucement son étreinte autour de Stiles sans rouvrir les yeux. Enfin, il se prépara involontairement à replonger dans les abysses du sommeil, si bien qu'il n'entendit à peine le murmure près de son visage tuméfié :
- Mais qu'est-ce que t'as fait... ? Stupide loup-garou... Espèce d'idiot... Bordel...
Derek n'esquissa aucun mouvement et la petite voix fatiguée de Stiles eut pour seul effet de le bercer alors que la main fine caressait toujours sa joue avec la peur évidente de lui faire mal.
- T'inquiète... Souffla-t-il.
Derek ne savait pas s'il rêvait ou si la voix tant aimée était réelle, mais il n'avait pas la force de vérifier. Prononcer un simple mot était assez compliqué comme ça et sans doute avait-il essayé de parler pour rien. Il avait toutefois écouté la partie semi-éveillée de sa conscience qui l'avait poussé à faire cet effort.
- Rendors-toi avant que je te frappe, stupide Sourwolf...
Derek ne comprenait plus très bien ce que disait la voix légèrement tremblante de son humain mais elle le berçait tant qu'il accéda à sa requête sans même le vouloir. Il se rendormit ainsi, sans autre forme de procès, sous le regard embué de l'hyperactif allongé contre lui.
..........................
J'prépare un truc pour dans plusieurs chapitres, vous allez aimer je pense xD Hâte d'y être ! J'espère que ça vous a plu même si c'est mou et légèrement plus court que d'habitude (en ce moment j'ai l'impression d'avoir du mal à faire des chapitres longs)
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top