Chapitre 51


- Bordel, enfin ! S'écria Jackson, passablement agacé, alors que son interlocuteur décrochait après un dixième appel de sa part.

- Désolé, Jackson, je... C'était compliqué pour moi de répondre, soupira Scott.

Jackson faisait les cents pas dans la petite salle de bain attenante à la chambre de Stiles. Ses sens de loup et de lézard étaient étendus et surveillaient non seulement les battements de cœur de Stiles et Amelia, mais aussi de tous ceux passant dans le couloir devant la porte de la chambre. Le kanima faisait très attention et prenait à cœur cette mission qu'il s'était donnée : protéger l'hyperactif et la petite fille.

Stiles avait arrêté de pleurer quelques minutes plus tôt et c'était lui, Jackson Whittemore, qui avait essuyé ses larmes de jais qui avaient semblé lui piquer les yeux. Et le kanima comprenait : si ce qu'il pensait était juste, pleurer du sang ne faisait pas du bien, surtout si celui-ci était surnaturel. Il l'était, à n'en point douter. Mais pourquoi diable Stiles aurait-il un sang surnaturel ? Son odeur n'avait pourtant pas changé : elle était bel et bien humaine et formait un mélange presque parfait avec celle de Derek. Pour autant, Jackson en était certain : Stiles était toujours humain.

- McCall, j'espère que t'as une bonne excuse... Grogna presque le blond.

- Ouais, j'en ai une... Mais qu'est-ce qui se passe ?

La voix de Scott paraissait lasse, fatiguée. En fait, il avait l'air mal. Jackson sentait son mal-être à travers l'appel.

- Ton pote hyperactif est à l'hôpital et j'essaie de joindre la meute depuis des heures, laissa-t-il tomber, comme une bombe.

- Qu'est-ce qu'il s'est passé ? S'empressa de demander Scott.

Il commençait à paniquer, Jackson le sentait, mais il ne pouvait pas lui cacher la vérité, qu'il découvrirait sans doute très vite. Il savait que Stilinski et McCall étaient des amis de longue date, des amis que le destin ne semblait pas vouloir séparer malgré les épreuves.

- J'en sais rien, avoua-t-il. Tout ce que la petite a pu me dire, c'est que quelqu'un s'est introduit dans le loft et l'a attaqué.

- Amelia... A été témoin ? Fit l'alpha, l'air choqué.

- Ouais, autant te dire qu'elle est pas bien. Elle est avec ta mère, dans la chambre de Stiles.

- Et toi tu es où ?

- Juste à côté. Je veille sur eux.

Jackson entendit un soupir de soulagement.

- Et ton excuse ? Lui rappela-t-il, agacé d'avoir dû attendre et gérer cette situation seul alors qu'il fait partie d'une meute.

- Attends une seconde.

A travers le téléphone, Jackson entendit plusieurs bruits qu'il ne saurait pas identifier, ainsi que d'autres voix que celles de Scott. La liaison étant mauvaise, elles étaient étouffées, à tel point que le kanima fut incapable de les identifier. Il put toutefois percevoir :

- C'est pas prudent...

- De l'adrénaline. Il me faut de l'adrénaline !

Ce presque grognement était si étouffé que Jackson n'était pas sûr d'avoir bien entendu. Puis, Scott dut sans doute couper le son de son téléphone puisque le kanima n'entendit rien durant un petit moment. Puis, enfin, la voix de l'alpha se refit entendre, d'un coup :

- On arrive.

Sur ce, il raccrocha, sans laisser à Jackson le temps de répondre, d'insister pour connaître la raison de son absence, ainsi que celle de Derek. Pestant contre son alpha, le kanima décida de ne pas perdre de temps et de tenter de joindre ses amis pour la énième fois. Personne ne lui répondit, encore. Commençant à accepter le stress qui montait en lui, Jackson retourna dans la chambre et s'installa à nouveau au chevet de l'hyperactif qui, s'il ne pleurait plus, paraissait tout de même bien mal en point. En fait, Melissa avait changé la poche de sa perfusion mais l'antidouleur ne semblait pas suffisant pour apaiser l'hyperactif dont le visage bien bleui avait le don d'énerver Jackson. Toutefois, il ne regrettait pas de s'être occupé de lui plutôt que de poursuivre son agresseur. Néanmoins, il donnerait beaucoup de choses pour pouvoir s'occuper de son cas personnellement. Sans se soucier de l'image qu'il renvoyait auprès de Melissa et de Stiles, le sportif enroula ses doigts autour du poignet fin et également coloré de l'hyperactif. Il lui prit ainsi sa douleur d'un coup et entendit, comme la première fois, un léger soupir de soulagement passa faiblement la barrière des lèvres de Stiles.

Melissa décida de faire prendre un peu l'air à Amelia qui, si elle ne dit rien, n'en pensait pas moins. Jackson leur dit de faire attention et de ne pas s'éloigner, ce à quoi l'infirmière répondit que tout irait bien, elle resterait dans des endroits de l'hôpital où il y aurait du monde. Ainsi, le kanima se retrouva seul avec Stiles qui, malgré sa faiblesse et sa somnolence grâce à l'absence de douleur, restait éveillé comme il le pouvait. Il le fixait de ce regard ambré un peu éteint qui lui donnait la boule au ventre.

- Je... Qu'est-ce que je... Ici ?

C'était tout ce qui sortit de la bouche de l'hyperactif dont la difficulté à parler et sans doute, à réfléchir, était toujours aussi visible. Jackson se mordit la lèvre avant de lui expliquer doucement où il se trouvait, ce qu'il avait comme blessures tout en ajoutant qu'il était en sécurité. L'avantage, c'est que Stiles semblait comprendre ce qu'il lui disait. Cependant, le visage de l'adolescent restait tendu et il réussit à prononcer :

- ... Mel... ?

- Elle est avec la mère de Scott, fit Jackson, qui avait déjà entendu Stiles appeler Amelia de cette façon. Elle est allée lui faire prendre l'air et t'en fais pas, elles ne sont pas loin. J'entends leurs cœurs, je fais attention, je te le jure.

Et c'était vrai. Il les avait assez écoutés pour pouvoir les reconnaître parmi les autres cœurs palpitant dans l'hôpital. Cette fois, Stiles sembla se détendre un peu et soupira à nouveau de soulagement mais bien vite, la douleur crispa ses traits abîmés. Elle revenait en force, à croire que les manipulations de Jackson n'étaient pas assez efficaces. Pourtant, comprenant tout de suite la situation, le kanima garda ses doigts autour du poignet de son ami sans guillemets et lui prit à nouveau sa souffrance sans hésiter. Il se crispa mais ne dit rien. Ici, ce n'était pas lui qui devait se plaindre, mais bien Stiles. Cette fois, il continua plus longtemps, à tel point que ses veines restèrent noires de longues minutes, durant lesquelles l'hyperactif manqua de s'endormir à plusieurs reprises. Cependant, il luttait. Il devait rester éveillé, il avait trop de choses à dire, trop d'indications à donner et il devait faire abstraction de sa faiblesse. Néanmoins, dans son état, c'était atrocement compliqué de parler, d'articuler, de réfléchir. Il savait l'essentiel : l'axe était tracé et le flou dans son cerveau n'arrivait pas à cacher cette ligne directionnelle.

- D-Derek... Réussit-il à articuler.

Sa voix était si rauque que l'on entendait à peine l'intonation presque interrogative qu'il essayait de mettre en lumière. Parce qu'il voulait voir Derek, qu'il avait besoin de lui. Où était-il ? Où était son compagnon ? Il fallait qu'il le prévienne, que son loup mette Amelia en lieu sûr, que celle-ci soit protégée par plusieurs membres de la meute, que... Que quoi ? Ses pensées se mélangeaient, difficile de continuer de réfléchir correctement et ça en devenait frustrant, à tel point qu'une once de colère teinta son odeur avec un arôme piquant.

- J'imagine qu'il va bientôt arriver, tenta Jackson, peu sûr de lui.

Toutefois, il ne lâcha plus le poignet de Stiles, prenant sa souffrance avant même son apparition. Si son visage se crispa un peu plus que de raison, il ne dit rien et espéra intérieurement que les membres de la meute le rejoindraient bientôt. Il voulait bien prendre la douleur de l'hyperactif, mais il allait très vite se fatiguer. Il faudrait bientôt que quelqu'un prenne le relais.

xxx

Jackson avait envie de dormir, sincèrement. Il s'épuisait à la tâche au sens littéral du terme. Déjà une bonne heure qu'il prenait la souffrance de Stiles presque en continu et c'était sacrément énergivore, d'autant plus qu'il n'avait pas l'habitude de faire cela. L'hyperactif, quant à lui, s'était endormi à deux reprises avant de se réveiller en de légers sursauts, comme s'il n'était pas censé sombrer dans le monde des rêves. Comme s'il se l'empêchait. Amelia, elle, dormait à poing fermé contre Stiles. Son épuisement mental était tel qu'elle n'avait pas pu résister. Puisqu'elle devait retourner travailler, Melissa avait dû les laisser mais avait toutefois promis qu'elle repasserait régulièrement.

Derrière Jackson, la porte fit du bruit. Pensant qu'il s'agissait de l'infirmière qui revenait déjà, il ne se retourna pas, mais les exclamations de surprises toutes masculines l'obligèrent à tourner la tête. Le soulagement l'envahit instantanément alors que Scott le poussait et prenait sa place. Ses veines devinrent noires alors que son regard ébène fixait son meilleur ami avec une horreur non-dissimulée. Derek, quant à lui, fit le tour du lit et en rapprocha au maximum une autre chaise. Il semblait... Faible, détruit. Le visage complètement défait et les yeux extrêmement cernés, il faisait peine à voir.

- Enfin, maugréa Jackson d'un ton bas.

Puisque Stiles s'était rendormi, épuisé, il préférait ne pas hausser le ton. Amelia aussi avait besoin de repos, elle avait malheureusement été témoin de choses qu'elle ne devrait pas connaître à son âge. Quelques minutes plus tard, Derek prit le relais pour la douleur de Stiles et Scott prit Jackson à part. Il le fit sortir de la chambre et l'emmena dans les jardins de l'hôpital, quasiment vides à cette heure-ci, loin des oreilles indiscrètes. Lorsqu'ils se furent posés dans un endroit tranquille, le soupir de Scott fut le commencement de la conversation.

- Qu'est-ce qu'il y a ? S'enquit Jackson d'un ton un peu plus sec qu'il ne l'aurait voulu.

Ces longues heures à attendre, seul, à veiller Stiles et Amelia, avec parfois l'aide de Melissa l'avaient passablement fatigué et rendu un peu plus à fleur de peau. De plus, le kanima n'avait toujours aucune nouvelle de ses amis : son téléphone restait on ne peut plus silencieux. Il regarda l'heure et vit que la fin des cours était imminente. Peut-être aurait-il enfin un appel, un message ? Ce qui était surprenant, c'était qu'il n'avait toujours rien. Personne ne s'était inquiété de son absence ? Il n'imaginait pas Lydia rester de marbre alors qu'il était, à la base, simplement censé aller aux toilettes. Même Danny était du genre curieux. Et Ethan, c'était encore pire.

- La journée a été éprouvante... Soupira Scott.

- La mienne n'a pas été bien meilleure, râla Jackson.

Le latino tourna la tête vers lui et le kanima put lire dans son regard de la reconnaissance pure et dure. A ce moment-là seulement, il se permit de se détendre et ses muscles se relâchèrent un peu. Être en présence de son alpha le rassurait, même inconsciemment.

- Merci d'avoir sauvé Stiles, dit-il sincèrement.

- Je l'ai pas sauvé, c'est la petite qu'il l'a fait, c'est elle qui a appelé.

Jackson lui expliqua donc les choses de son point de vue et lui relata le trajet jusqu'à l'hôpital, puis l'attente, et le reste. Enfin, il mit l'accent sur l'élément le plus étrange et improbable : les larmes noires de Stiles. Si la chose choqua effectivement Scott, celui-ci sembla avoir, pour la première fois de sa vie, un vif éclair d'intelligence. Cela fit « tilt » dans son cerveau, sans qu'aucune latence ne vienne ralentir sa réflexion intérieure aussi soudaine que révélatrice.

- Derek allait mal tout à l'heure, dit-il soudainement en fronçant les sourcils. Très mal.

- C'est-à-dire ? S'enquit Jackson, qui sut qu'il allait enfin avoir le fin mot de l'histoire.

- On était avec les Calavera, les négociations avançaient bien, commença Scott. A un moment, Derek a regardé quelque chose sur son téléphone et ça l'a affolé. Il a dit qu'il devait rentrer et il est parti d'un coup.

Scott omit de préciser qu'il a eu les yeux dorés, il y viendrait plus tard. Jackson se cala confortablement sur le banc et continua de l'écouter.

- Je me suis rapidement débrouillé pour que les Calavera acceptent de reporter et je l'ai suivi. Il a dû s'arrêter en plein milieu de la route parce que ça n'allait pas. Ensuite, je... Je sais pas comment c'est arrivé. Il a fait un arrêt cardiaque. Je ne savais même pas qu'un loup-garou pouvait faire un arrêt cardiaque !

L'air à la fois fatigué et toujours mal, Scott raconta son angoisse et tout ce qu'il avait fait pour le réanimer. Cela avait été difficile mais ça avait eu le mérite de faire remarcher son cœur. Ensuite, Scott avait eu le privilège de conduire la Camaro, laissant son scooter au bord de la route. L'alpha avait conduit mal, perturbé par l'état du bêta à l'arrière qui, malgré sa réanimation, paraissait mal en point. Pour tout dire, il avait craché du sang noir à plusieurs reprises et c'était très mauvais signe. Scott avait grillé des feux rouges et rejoint le cabinet de Deaton en toute hâte. Le vétérinaire s'était débrouillé pour chasser le peu de « clients » de son cabinet et avait ausculté Derek... Qui avait perdu connaissance. Et refait un arrêt cardiaque, accessoirement. Après l'avoir une nouvelle fois réanimé, le vétérinaire lui avait fait passer toute une batterie d'examens pour êtres surnaturels malgré son épuisement physique et sa faiblesse apparente. Pas d'aconit, pas d'empoisonnement quelconque, pas de blessure interne ou externe, rien. Ce que Jackson avait entendu durant l'appel, c'était un bout de conversation entre Derek et Deaton. Le premier, affolé par la nouvelle de Stiles à l'hôpital avait voulu de l'adrénaline pour courir jusqu'à lui et le deuxième avait trouvé ça peu prudent. Suicidaire, même. Mais Derek, même diminué, était inarrêtable. Et angoissé. C'était de son compagnon dont on parlait.

Toutes ces informations prirent sens pour le sportif, qui comprit alors avec angoisse, comme Scott, que les deux jeunes hommes étaient encore plus liés qu'ils ne le pensaient, si bien que l'état de l'un influait sur l'autre.

Derek avait manqué de mourir par deux fois et Stiles avait pleuré des larmes noires en conséquence, traduisant le lien immatériel mis à mal à travers ses gouttes salées de jais. Son étonnement passé, ce fut au tour de Jackson de parler à Scott de cette bizarrerie concernant les appels et les messages. L'alpha fronça fortement les sourcils. Tout ça ne lui disait rien qui vaille. En fait, l'agression de Stiles était étrangement bien coordonnée et le silence des téléphones de leurs amis n'était pas anodin. Et même s'il était diablement inquiet pour son meilleur ami très mal en point, Scott se força à réfléchir objectivement et avec froideur sans se douter une seule seconde de ce qui se passait actuellement dans la chambre de Stiles.

....................................................................................

Ouais je sais c'est très moyen comme chapitre, j'ai été pas mal perturbée ces derniers temps mais ça va mieux. Le prochain chapitre sera mieux puisqu'il sera mieux écrit et qu'on se centrera à nouveau sur Derek ! Et non, je ne l'ai pas oublié. Je distille des infos mais je finis (presque) toujours par les développer !

A la prochaine <3

Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top