Chapitre 49
La douleur irradiait et Stiles était tout sauf discret. Il savait qu'il devait se taire, pour éviter d'attirer Amelia. Il ne fallait pas qu'Emile sache qu'elle était ici, en haut, qu'elle l'attendait inlassablement pour regarder la suite d'un film. Et c'est ce fait qui le poussa à se battre. Non, jamais il ne se soumettrait à Emile de son plein gré, plutôt mourir que de le laisser le toucher encore une fois ! Et surtout, surtout... Il devait partir avec la petite, la mettre en sécurité le plus tôt possible. Elle ne devait pas vivre le même genre de vie que lui. C'était impensable.
Stiles releva péniblement la tête et vit la lame profondément plantée dans sa jambe. Haletant, il savait qu'il avait peu de temps. Heureusement qu'il n'avait pas saisi le plus gros couteau du bloc, autrement... Il ne voulait pas penser aux potentielles conséquences, sans doute pires que celles qui allaient avoir lieu. Et encore, celles-ci étaient déjà fort incertaines...
Puis, ses yeux se relevèrent et virent le diable en personne. Le regard sanguinaire, le sourire carnassier, cette expression de jouissance collée au visage. Pas de doute possible, Emile était un fervent adepte de la violence. Faire souffrir autrui physiquement le faisait jouir avec presque autant de puissance que du sexe. Une horreur. Cet homme, ou plutôt ce monstre, était une horreur absolue. Un puissant frisson de peur parcourut Stiles. Paradoxalement, cette terreur au fond de lui renforça ce besoin de mettre Amelia en lieu sûr. Même s'il ne l'avait pas vue, cela ne saurait tarder. Avec le hurlement qu'il venait de pousser et les râles de douleur qui s'échappaient de sa bouche contre son gré, la petite allait forcément vouloir descendre, pour voir ce qui était en train de se passer. Elle était très curieuse, comme Meadow, comme lui. Et Stiles réfléchit activement, malgré la douleur à un moyen de la faire sortir d'ici ou au moins, à l'empêcher de descendre. Cependant, dans sa position, il ne pouvait pas faire grand-chose. Sa cuisse poignardée le faisait souffrir à un point inimaginable.
- J'aime tes cris, lâcha Emile d'une voix rauque transpirante de plaisir. J'aime tes gémissements, tes plaintes. Lâche-toi, Stiles, j'adore ça !
Et rien que pour l'emmerder, Stiles retint comme il put ses bruits de souffrance puisqu'il ne pouvait rien faire d'autre. C'était extrêmement difficile et sa bouche ne lui obéissait qu'à moitié tant le déchirement du couteau dans sa jambe était intense. Il était paralysé, incapable de faire quoi que ce soit d'autre que limiter le plaisir de son agresseur. Emile se mit à califourchon sur lui en faisant attention à bien laisser la lame plantée dans sa cuisse. Stiles ne se rendit compte qu'à ce moment-là qu'il tremblait. Il était réellement terrifié.
- Tu sais, même si tu te retiens, j'ai de la ressource. Je sais comment te faire crier.
Sans que Stiles ne puisse rien faire, le policier se tourna à moitié et tourna d'un coup sec la lame. Cela ne manqua pas : l'hyperactif hurla de douleur, poussa ce cri déchirant qui aurait pu attirer n'importe quel loup présent dans le coin. Malheureusement pour lui, il n'y en avait aucun. Les larmes coulaient sur ses joues et il ne pouvait contenir toutes ces plaintes, ces sanglots qui semblaient avoir une volonté propre. Il respirait fort, haletait, pleurait sa douleur.
Emile se pencha sur lui, bloqua ses poignets au-dessus de sa tête et Stiles eut le temps de sentir son érection contre son bas-ventre avant que ses lèvres dégueulasses ne viennent happer les siennes dans un baiser forcé.
xxx
- Je pense que nous sommes d'accord, fit la voix graveleuse de la matriarche Calavera.
Derek hocha la tête. Déjà une bonne heure qu'il ressentait cette fatigue lancinante, couplée à quelque chose d'étrange. Un petit il ne savait quoi qui le rendait anxieux. Dieu sait à quel point il avait envie de rentrer et de retrouver ce qu'il considérait un peu comme sa petite famille. Stiles avait su voler son cœur et Amelia s'y était fait une place conséquente également. Pour être honnête, ce rendez-vous était barbant mais important. Des mois que la meute essayait d'avoir une entrevue avec cette puissante famille de chasseur qui en avait régulièrement après lui. Alors forcément, après avoir étudié le pour et le contre et s'être assuré que leur sécurité n'était pas compromise, Scott et Derek avaient sauté sur l'occasion.
Son téléphone vibra mais il ne le regarda pas tout de suite. Il pouvait paraître impoli de couper Araya Calavera alors que celle-ci était encore en train de parler, d'exposer certains rapports. Pour le moment, l'entrevue se déroulait bien puisqu'ils avaient signé un contrat disant que les deux parties étaient d'accord pour être alliées à partir de la ratification de cette feuille dont les closes avaient été murement discutées. Cependant, les vibrations s'enchaînèrent alors il dut s'excuser platement à la matriarche, arguant que c'était sans doute important.
- Ne vous en faites pas monsieur Hale, nous avons tout notre temps.
Mais avant même qu'il saisisse son téléphone, ses yeux devinrent brutalement dorés. Autour d'Araya Calavera, on se tendit et dégaina les armes. La matriarche, quant à elle, se leva.
- Hale, vous choisissez très mal votre moment pour vous montrer menaçant.
Mais Derek n'en avait pourtant pas l'attitude. Pour cause, il se mit même à trembler alors qu'une peur immense le submergeait. Scott comprit étonnamment rapidement une partie de la situation :
- Madame, Derek n'est pas en train de se transformer, la prévint-il.
Parce qu'il avait déjà vu cette lueur dorée le soir où Malia s'était pris la tête avec Stiles. Sans se soucier de la tension autour de lui, Derek alluma maladroitement son téléphone et les messages qui apparurent sous ses yeux lui firent rater plusieurs battements de cœur alors que le loup en lui semblait se réveiller.
[De : Stiles]
Tonton Derek
Tu dois rentrer
Reviens s'il te plaît
Y a un méchant à la maison
J'ai peur
Tonton Derek ?
Tonton Stiles crie...
Reviens
Derek ne se demanda pas comment une petite fille de sept ans et demi pouvait écrire aussi bien et sans faute. Stiles. Il ne se demanda pas non plus pourquoi elle avait le téléphone de Stiles en sa possession. Stiles. Ses mots lui suffisaient à comprendre qu'il y avait urgence et qu'il n'avait pas une minute à perdre.
Stiles.
- Monsieur Hale ?
- Derek ?
« Faut que je rentre » fut la seule chose qu'il réussit à murmurer avant de se lever brusquement, plus angoissé qu'il ne l'avait jamais été et de courir non pas pour sa vie, mais pour celle des deux êtres les plus chers à son cœur actuellement.
Parce que l'état de panique qui l'habitait n'était pas entièrement sien.
Derek sortit rapidement du bâtiment, les yeux toujours dorés et s'élança dans sa Camaro. Même si c'était fortement déconseillé, il répondit à la petite Amelia au volant et failli causer un accident.
[A : Stiles]
Je rentre tout de suite.
Parce qu'il n'était pas bête, il avait compris à la seconde où il avait lu les messages envoyés par sa petite protégée. Il était là... Mais comment était-il entré ? Comment pouvait-il se trouver dans le loft ? Pourquoi diable Peter n'était-il pas disponible aujourd'hui ? Instantanément, Derek regretta d'avoir accepté de participer à l'entrevue avec les Calavera. Même si sa présence était obligatoire, pour lui, leur sécurité aurait dû passer avant. En soi, ils étaient en sécurité au loft, il y avait une alarme qui se déclenchait à la moindre intrusion suspecte... Pourquoi ne s'était-elle pas déclenchée, bon sang ? Si cela avait été le cas, Stiles et Amelia auraient pu fuir n'importe où. Après tout, sa Jeep était dans le garage et Derek lui avait fait le plein d'essence.
Son téléphone vibra à nouveau. Sans se soucier du danger public qu'il était actuellement, Derek le consulta et y répondit.
[De : Stiles]
Je fais quoi, tonton ? Je suis dans ma chambre, tonton Stiles est en bas...
[A : Stiles]
Ne bouge pas Amy, ne sors pas de ta chambre. Je me dépêche, je te le promets.
Derek appuya sur le champignon et ignora les appels manqués de Scott. A la place, et toujours en conduisant, Derek tenta d'appeler Lydia, Liam, Isaac, même Théo... Sans succès, ils étaient tous en cours. Il avait une bonne quarantaine de minutes de route devant lui, trente seulement s'il allait assez vite... Il avait besoin d'aide.
xxx
Stiles ne sut pas d'où lui vint la force, mais il réussit à repousser Emile et même à le faire tomber. Sans hésiter une seule seconde et faisant fi de la douleur qui le faisait presque voir double, l'hyperactif retira la lame de sa cuisse d'un mouvement sec en hurlant à nouveau et la planta avec une rapidité folle dans celle de son agresseur. Celui-ci désarçonné par l'attaque surprise et l'étonnante résistance de l'adolescent, ne put empêcher le couteau de perforer sa chair. A son tour, il cria et se tint la jambe en insultant Stiles de tous les noms d'oiseau qu'il connaissait. L'hyperactif, de son côté, se releva comme il put en pleurant à chaudes larmes à cause de la souffrance qui lui envoyait des centaines de décharges électriques dans tout le corps alors que seule sa jambe était mal en point. Poser le pied sur le sol lui fit un mal de chien mais il n'avait le choix, il devait s'en aller d'ici et vite. Mais avant ça, il devait s'assurer que son agresseur ne pourrait pas le rattraper et c'était risqué, parce que cela voulait dire s'approcher de lui et risquer de s'en prendre une. Conscient des risques mais encore plus conscient du fait qu'il se devait de sortir sa petite Amelia d'ici, Stiles prit vite sa décision. Attrapant un autre couteau du bloc non loin de lui, il le planta sans hésiter dans l'épaule du policier qui, tout en hurlant, l'attrapa et le plaqua violemment contre le sol. L'arrière de la tête de l'adolescent tapa durement contre le carrelage et le fit voir flou.
A ce moment-là, Stiles entendit des bruits, comme des pas, provenant des escaliers, mais il ne fit pas le lien tout de suite. Aveuglé par la douleur et l'étourdissement qui le prenait, il ne sentit pas le prochain coup venir. Sa tête tourna violemment vers la gauche, mais sa jambe le faisait tant souffrir qu'il ne ressentit même pas l'impact du poing fort du policier sur sa joue. Il y en eut alors un autre, un autre et encore un autre mais ceux-là non plus, il ne les sentit pas vraiment. Il y voyait flou, vraiment flou... Puis, d'un coup, tout s'arrêta, laissant à Stiles quelques secondes pour refaire surface et comprendre tout ce qui était en train de se passer.
- Mais qu'est-ce que...
Emile était là, au-dessus de lui mais pas à califourchon, un air étrange sur le visage, comme un mélange entre la douleur et... La surprise ? Non, c'était plus fort que ça... Le choc ? Stiles était trop à l'ouest pour le savoir. Ni même pour sentir cette chaleur au niveau de ses yeux.
Ils étaient devenus dorés.
- Qu'est-ce que... Qu'est-ce que c'est que cette merde... ?
Puis, d'un coup, Stiles redevint lucide et même si sa vue était toujours floue, il trouva la force de flanquer un énorme coup de poing à Emile qui, une nouvelle fois, ne s'y attendait pas. Stiles était trop imprévisible et ses sursauts de lucidité l'étaient encore plus. Même si perdre son sang le rendait plus faible, il était encore assez intelligent pour savoir quand saisir les opportunités qui se présentaient à lui. Et celle-ci en était une. Mais s'il réussit à repousser Emile, ce n'était que provisoire. Au sol également, serrant sa jambe d'une main, le policier vit rouge et après quelques secondes seulement, il réussit à se redresser à moitié. Avec un grognement de douleur, il s'arracha le couteau de l'épaule et regarda Stiles avec un mélange d'excitation et de haine malsaine, la lame pointée dans sa direction.
- Je ne sais pas ce que tu es, Stiles, mais je me ferai un plaisir de te tuer...
Stiles, de nouveau faible, sentit sa joue le piquer mais ne bougea pas. Emile faisait lentement passer la lame sanguinolente sur sa peau qui commençait déjà à changer de couleur. Il haletait et semblait clairement souffrir mais à cet instant, faire souffrir Stiles semblait être son unique objectif. L'hyperactif, de son côté, commençait un peu à désespérer. Saisir les occasions de se révolter était une chose, s'enfuir en était une autre. Fugace, la pensée que tout était fini et qu'il ne s'en sortirait pas lui traversa l'esprit. Mais deux noms et deux visages s'imposèrent dans sa tête. Il ne pouvait pas renoncer au premier qui lui avait fait entrevoir le goût qu'avait le bonheur, tout comme il ne pouvait pas laisser tomber la deuxième qui avait besoin d'amour et d'affection et surtout... Qu'il devait faire sortir d'ici.
- Monstre... Tu es un monstre... Chuchota Emile sur un ton malsain.
La respiration rapide et quelque peu saccadée, Stiles le regarda non plus avec peur, mais haine. Le monstre, ici, ce n'était pas lui et il en était pleinement conscient.
- Si j'en étais un... Tu ferais quoi ? Osa-t-il demander, par défi.
C'était peut-être du suicide mais puisqu'il avait entendu des petits bruits de pas dans les escaliers un peu plus tôt, il gagnait un peu plus de temps. Amelia était très intelligente pour son âge et avait sans doute compris qu'elle devait s'enfuir. Il le fallait. Elle le devait. C'était pour elle qu'il gagnait du temps. Le reste n'était que du bonus. S'il s'en sortait...
- Je te torturerais jusqu'à ce que tu rendes l'âme, répondit froidement le policier.
La lame quitta la peau de Stiles puis finit au sol d'un mouvement du poignet d'Emile qui, tout de suite, empoigna la gorge du jeune homme affaibli et la serra. De son autre main, il déchira son haut sans vergogne. L'hyperactif commençait déjà à pâlir mais il luttait. A nouveau, il tenta des attaques surprises, sans succès. L'air le quittait peu à peu et plus le temps passait, plus il perdait du sang.
- Je te baiserais, continua-t-il en montrant un visage des plus dégoûtants.
Stiles gigota encore un peu et ferma les yeux tandis que ses ongles se plantaient dans la peau de cet être répugnant.
- Puis je te tuerais et personne n'en saurait rien.
Si Stiles avait un peu plus d'air, il lui aurait bien rétorqué que c'était faux, qu'un bon nombre de gens connaissaient son identité et avaient été mis au courant de ses agissements ainsi que de ses plans. Mais il avait bien du mal. Toutefois, la prise du policier se desserra. Stiles ne fut pas surpris : Emile aimait faire traîner les choses et il ne le tuerait pas avant de lui avoir fait tout ce qu'il voulait. Cependant, trop faible pour tenter quoi que ce soit de plus, Stiles ne sut plus vraiment quoi faire. Ses mains tombèrent mollement sur le carrelage froid tandis que, par précaution, le policier le souleva avant de claquer sa tête contre le sol avec une fluidité qui ne laisserait pas deviner qu'on l'avait poignardé à la cuisse et à l'épaule quelques minutes plus tôt. Stiles sentit son monde s'écrouler alors qu'il savait qu'il ne pouvait pas faire grand-chose. Sa tête tournait, sa vision restait floue et surtout, chaque contact violent de sa tête contre le sol empirait la situation. Emile était grand, de bonne stature, fort, avec un entraînement d'élite et une résistance folle. Stiles n'était qu'un adolescent fluet abîmé par la vie et à la force toute relative que chaque essai infructueux affaiblissait.
Et puis, Stiles réalisa une chose. Il aurait beau se battre, il n'allait pas y arriver. Parce que même s'il savait qu'Emile ne comptait pas le tuer maintenant, il pouvait très bien le faire par accident. Le frapper un peu trop fort, serrer démesurément sa gorge... Et puis, la blessure à sa jambe était importante : le policier avait remué le couteau dans la plaie au sens propre du terme, ce qui signifiait que Stiles pouvait fort bien mourir là, à se vider de son sang. Et il ne pourrait pas l'en empêcher. Parce qu'il était trop faible.
Alors, les yeux dans le vague et à moitié fermés, Stiles espéra simplement qu'Amelia était sortie sans encombre et sans avoir été remarquée par cette ordure au-dessus de lui. Il pria pour qu'elle retrouve Derek, s'en remette vite et vive une vie simple, hors de toute horreur. Parce qu'elle le méritait, bordel.
D'un œil, il vit le poing de son agresseur s'élever au-dessus de son visage et il attendit le prochain coup. Le sentirait-il ? Ressentirait-il une quelconque douleur ? Difficile de faire pire que celle qui le déchirait au niveau de la cuisse. L'arrière de son crâne n'était pas en très bon état non plus et le tiraillait. Se concentrer devenait vraiment difficile et il se demandait s'il n'était pas déjà en train de partir.
Mais le coup ne vint jamais. A vrai dire, il sentit vaguement Emile tomber près de lui. Ses yeux entrouverts fixaient désormais le plafond alors qu'un peu de sang entourait son crâne. Il respirait mal, c'était un fait, mais il avait l'air de ne pas en avoir grand-chose à faire, comme s'il était effectivement en train de partir loin d'ici, de la cuisine, du loft, d'Amelia et Derek, de sa vie.
- ... Les...
Une petite silhouette apparut dans son champ de vision. Mais elle était floue, cette silhouette. Il l'entendait à peine, pouvait-elle parler plus fort ?
- ... Ton Stiles...
Encore un peu plus fort, ce n'était pas assez... La voix était aigue mais pas assez forte, peut-être qu'en articulant un peu... Peut-être que...
- ... Tonton Stiles !
Et puis là, comme un flash, Stiles revint complètement à lui. D'un seul coup, l'air se mit à nouveau à remplir plus ou moins correctement ses poumons et toutes les sensations, outre celle concernant sa cuisse, lui vinrent d'un coup. Et s'il se sentit comme écrasé par un camion, il ne le dit pas : son visage exprimait sans doute très bien sa douleur actuelle. Cependant, il ouvrit la bouche et ses quelques mots furent les suivants :
- Que... Mel, pars...
S'il ne voyait pas clairement l'expression du visage de la petite, il savait enfin que c'était elle qui était penchée sur lui. Et elle ne devait pas le regarder, pas voir autant de sang ni de violence. Pourtant, il savait que les images étaient déjà gravées dans sa mémoire juvénile pour ne jamais en partir.
- Nan, j'ai pas cassé un des vases préférés de tonton Derek sur la tête du méchant pour partir toute seule ! Hurla-t-elle.
Cette fois, il l'entendait très bien, comme il percevait fort bien la douleur dans sa voix. Alors, avec peine, il se redressa jusqu'à être quasiment assis et tourna la tête. Emile gisait près de lui, l'air inconscient et du sang s'écoulait de son crâne alors que le vase était effectivement là, brisé, tout autour de la tête de son agresseur. Stiles comprit alors que du haut de son très jeune âge, Amelia venait très probablement de lui sauver la vie. S'il mourait, ce ne serait pas des coups du policier.
- Faut partir, tonton Stiles... Faut partir tous les deux !
Elle avait les larmes aux yeux et se retenait comme une dingue de ne pas foncer sur Stiles pour lui faire un câlin. Parce qu'il faisait peur, son tonton Stiles. Il savait de partout et son pantalon était très rouge. Il était là mais semblait ailleurs et tout ce sang... Amelia n'était pas bête, bien sûr qu'elle savait ce que c'était, tout ce rouge, tout comme elle savait qu'elle aurait pu s'en aller toute seule. Mais elle l'aimait, son tonton Stiles. Elle ne pouvait pas quitter le loft sans lui, elle n'y arriverait pas, elle aurait trop peur. Et puis, ensemble, tout irait bien, non ?
- Tu... T'as toujours mon téléphone ? Demanda faiblement l'hyperactif d'un souffle irrégulier, en fermant un instant les yeux.
Pour toute réponse, elle lui tendit. Il hocha négativement la tête avec une lenteur folle et lui expliqua qu'elle allait devoir appeler quelqu'un de la meute, n'importe qui. Il utilisait peu de mots, mais c'était suffisant pour qu'elle comprenne. A son tour, Amelia lui apprit rapidement qu'elle avait contacté Derek et que celui-ci arrivait.
- Mais faut partir avant, insista-t-elle, les yeux prêts à pleurer.
- C'est... C'est ce qu'on va faire.
Et Stiles rassembla toutes ses forces.
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Stiles se laissa durement tomber sur l'asphalte de la ruelle, en gémissant lamentablement. Il ne pouvait pas faire plus, il avait tout donner. Marcher, chose qui était censée être quasiment impossible, s'était avéré extrêmement compliqué. A vrai dire, Stiles n'avait pas pu faire plus que s'éloigner du loft de quelques mètres. Prendre sa Jeep et conduire ? Impossible dans son état. Il avait fait un garrot au niveau de sa cuisse avec le gilet violet d'Amelia mais il avait perdu tant de sang qu'il était beaucoup trop faible. Sa tête tournait toujours et sa vue restait atrocement floue. Il allait s'évanouir d'une minute à l'autre.
- Tonton Stiles ! S'écria Amelia avec horreur.
L'hyperactif se redressa comme il put et s'appuya contre le mur d'un bâtiment. La petite et lui n'avaient pas beaucoup de temps, ils le savaient. Si Amelia avait effectivement fracassé un vase sur la tête du policier qui l'avait agressé, elle l'avait fait avec sa force. C'était suffisant pour le garder inconscient quelques temps, mais pas si longtemps que cela. Au moins, ils étaient sortis du bâtiment et vu l'état dans lequel était Stiles, qu'ils soient arrivés là, dans cette espèce de ruelle étroite entre deux bâtiments, relevait presque du miracle. Appuyer sur sa cuisse pour marcher lui avait fait un mal de chien, ce qui faisait qu'il était à deux doigts de perdre connaissance. La petite fille s'accroupit entre ses jambes étendues et lui tapota les joues, tentant comme elle pouvait de le faire rester avec elle. Malgré son jeune âge, elle comprenait déjà beaucoup de choses et nul doute qu'elle en ferait des cauchemars.
Elle avait bien tenté d'appeler des membres de la meute sur le chemin vers cette ruelle que Stiles avait choisie un peu au hasard, mais aucun n'avait répondu. Et elle angoissait, la petite. Parce qu'elle avait l'impression que son presque père était en train de partir. Sa maman faisait déjà partie des étoiles, et même si une étoile, c'était beau, elle ne voulait pas voir son parent par procuration rejoindre le ciel. Il l'aimait, il la faisait rire et même s'il était parfois maladroit, il était profondément gentil. C'était un peu le papa qu'elle n'avait jamais eu. Il ne pouvait pas s'en aller aussi. Et puis purée, ce rouge partout, ça... Ca lui faisait peur. Alors, même si elle l'entendit à peine murmurer « ça va aller », elle n'abandonna pas et ralluma le téléphone dont elle connaissait effectivement le code par cœur depuis un moment. Elle rappela un premier membre. Puis un autre, le suivant, suivi d'un autre, encore et encore jusqu'à ce qu'enfin, on décroche. Cédant cette fois-ci complètement à la panique alors qu'elle avait jusqu'ici étonnamment gardé son sang-froid pour une petite fille de son âge, Amelia se mit à expliquer la situation de manière confuse à son interlocuteur, avec ses mots à elle, des mots simples. Choquée et traumatisée, elle peinait à parler tout en pleurant toutes les larmes de son corps.
Stiles avait finalement perdu connaissance, mais lui aussi il pleurait. Cependant, ses larmes n'étaient pas aussi transparentes que celles d'Amelia. Non, c'était même tout le contraire.
Les gouttes salées qui ruisselaient sur ses joues à la fois trop pâles et trop rouges étaient d'un noir profond, abyssal.
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Alors ce chapitre est pas forcément fifou et pas forcément bien fait, mais j'ai adoré l'écrire, je sais pas pourquoi xD. J'ai pas eu une panne aujourd'hui. Pour écrire presque 4000 mots en une journée c'est que je me suis éclatée. J'espère qu'il vous a un peu plu :)!
A la prochaine si vous voulez toujours de moi et de cette histoire un peu tordue haha
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