Chapitre 46


- Il est où tonton Derek ? Je l'ai pas beaucoup vu aujourd'hui, il me manque, avoua Amelia en sautant dans les bras de Stiles qui la rattrapa sans peine.

- Il est fatigué, il fait une petite sieste en haut, mon cœur.

- Mais il est tout le temps fatigué, se plaignit la petite en grimaçant.

Stiles se mordit la lèvre inférieure et un sentiment de culpabilité s'insinua en lui. Si la discussion qu'ils avaient eu quatre jours plus tôt et qui leur avait permis de se retrouver l'avait aidé à mieux appréhender la chose, il ne pouvait s'empêcher de se sentir coupable de ne pas avoir encore réussi à passer le pas. Bien sûr, ce n'étaient pas une pauvre discussion et des retrouvailles qui allaient le débloquer d'un coup. A vrai dire, ils n'avaient pas fait grand-chose, mais Derek avait tenu à l'habituer à être contre lui, en ne portant tous deux qu'un simple boxer parce que, oui, Stiles avait tendance à remettre un t-shirt au bout d'un moment. Avant d'arriver à faire quoi que ce soit, Stiles devait progressivement accepter la nudité. Il s'était déjà retrouvé contre Derek en simple sous-vêtement, mais c'était toujours rapide et court. Il l'entraînait à accepter les caresses petit à petit, pour que son corps ne se tende plus automatiquement à chaque fois qu'il passait près d'un endroit un peu sensible et intime. Le but de Derek, c'était d'abord de détendre le corps de son humain et l'habituer à lui en surface. Le reste viendrait plus tard et Stiles était d'accord avec cette manière de faire.

Ce qui l'embêtait, c'était surtout la faiblesse de plus en plus marquée de son loup, dont l'état du visage avait à peine changé. La progression de son mal avait beau être lente, elle continuait et commençait un peu à se voir. Le loup de Derek se laissait mourir, c'était réel et Stiles espérait être prêt à temps.

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- Touche-moi.

La voix de Derek était rauque, pleine de désir. Avec une lenteur calculée, il retira ses vêtements jusqu'à se retrouver en simple boxer devant son humain qui le regarda d'abord avec appréhension, puis avec un début de gourmandise. Le loup capta cet intérêt dans son regard, puis dans son odeur et rien que cela le grisa. Il avait des atouts physiques et en était conscient, mais sentir le désir de son partenaire était quelque chose de différent. C'était beaucoup plus flatteur, beaucoup plus agréable. Parce qu'il voulait plaire à Stiles, son Stiles.

L'hyperactif, une lueur dorée dans le regard, avança timidement sa main jusqu'à la poser sur le torse de Derek avec une timidité palpable. Il l'avait déjà touché, là n'était pas le problème. Disons simplement que l'intention était... Différente.

- Touche-moi où tu veux, précisa le loup d'un ton bas.

La main de Stiles sur ses pectoraux répandait une once de chaleur dans l'intégralité de son torse. Il la vit descendre, lentement, se balader sur ses abdominaux, remonter, puis sa jumelle la rejoignit et Derek constata de petites rougeurs sur les joues de son humain. De toute évidence, il appréciait ce qu'il voyait et ce qu'il touchait. Avec une pointe d'audace, Stiles s'aventura vers ses cuisses et remonta, jusqu'à un niveau presque indécent. Il essayait de ne pas scruter son loup qui le fixait, ne voulait pas avoir l'air ridicule. Toucher, il n'avait pas l'habitude. D'ordinaire, c'était lui qu'on touchait, qu'on... Son rythme cardiaque s'accélérant, Stiles se força à penser à autre chose et la main de Derek qui vint se caler sur sa joue le fit presque sursauter.

- Du calme, Stiles. Tu veux arrêter là ? S'enquit le loup, pas agacé pour un sou.

Il lui avait dit qu'ils iraient à son rythme et il continuerait de respecter ce fait. Stiles releva son regard ambré un peu assombri vers lui et Derek perçut l'étendue de sa douleur.

- Non, je.. J'ai pensé à des choses qui... Non, laisse, bredouilla l'adolescent.

- Stiles, parle-moi.

- Non mais je... C'est pas habituel, mais je vais y arriver. J'ai pas l'habitude de... De toucher, encore moins de mon plein gré, alors je... Il faut juste que je m'habitue. C'est pas compliqué, tenta-t-il de se convaincre.

Derek caressa tendrement sa joue et lui assura qu'ils pouvaient arrêter sans problème et réessayer plus tard. Stiles secoua lentement la tête et posa sa main sur celle de son loup. Sa prévenance était un cadeau, tout autant que sa tendresse, mais il fallait qu'il avance.

- Non, je peux continuer. Je dois... Mettre mes souvenirs au placard et pour ça, il faut que j'en crée de nouveaux. Avec toi.

La main de Stiles remonta alors, passa du ventre au torse de Derek avant de se loger sur sa nuque. Son regard ambré, mélange de peur et de détermination, voulait tout dire.

- Embrasse-moi, souffla-t-il.

Derek ne se fit pas prier et leurs mains à tous deux se firent plus ou moins baladeuses sur le corps de l'autre.

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Un autre jour, l'on sonna à la porte du loft et Stiles partit ouvrir en faisant grincer la porte le moins possible. Lorsqu'il vit Lydia et Isaac sur le pas de la porte, l'hyperactif mit tout de suite un doigt sur ses lèvres pour leur faire signifier qu'ils devaient se taire pour l'instant. Une fois qu'ils furent à l'intérieur, l'adolescent ferma la porte le plus silencieusement qu'il le put et fit signe à ses amis de le suivre. Pour aller dans la cuisine, ils durent passer par le salon et c'est là qu'ils virent la raison de la discrétion de Stiles. Derek était allongé sur l'un des canapés, un plaid remonté jusqu'à ses épaules. Le loup semblait dormir d'un sommeil profond, à tel point que le grincement de la porte pourtant difficilement occultable ne l'avait pas réveillé pour un sou. Et la partie droite de son visage gardait ces couleurs funestes, du jaune à l'indigo, du bleu au pourpre foncé. Un arc-en-ciel empoisonné. Pour Lydia et Isaac qui ne l'avaient pas vu depuis quelques jours, c'était un choc. Ils voulaient bien comprendre qu'il mettait du temps à guérir, mais... A ce point ? On aurait carrément dit que la guérison s'était stoppée.

Lorsqu'ils furent finalement dans la cuisine, l'hyperactif retroussa ses manches et prit sur lui pour ne pas cacher son poignet toujours bandé, mais qui lui, guérissait. Il devait arrêter de se méfier de ses amis, surtout qu'ils avaient été là pour lui.

- Qu'est-ce que vous faites là ? Leur demanda-t-il.

- On est venus aider en avance pour la soirée meute de ce soir, répondit tout naturellement Isaac, tentant de se remettre de ce qu'il avait vu.

Stiles eut l'air surpris et murmura « quelle soirée meute ? ».

- On est samedi, Stiles, lui rappela doucement Lydia. On ne l'a pas faite la semaine dernière ni celle d'avant parce qu'il se passait beaucoup de choses, mais là, elle va avoir lieu. Ça fera du bien à tout le monde. On en a déjà parlé avec Peter, c'est même lui qui nous a encouragé à la faire, il me semble. Il en a aussi parlé à Derek, je crois.

- Sans doute, répondit Stiles, en tout cas, je ne savais pas...

- Ca t'embête ?

- Non, bien sûr que non, je suis juste surpris.

Et c'était sincère. Stiles savait que son amie avait raison et qu'une soirée meute détendrait celle-ci, simplement... Il appréhendait un peu. Malia et Kira seraient là et il se souvenait fort bien de leur scepticisme et de leur virulence à son encontre. Même mal en point, il en gardait des souvenirs clairs. Néanmoins, l'idée de cette soirée réchauffait un peu son cœur. Elle lui ferait penser à autre chose que cette épée de Damoclès au-dessus de Derek. Entre eux, les choses avançaient doucement, Stiles commençait à être un peu plus à l'aise mais il savait que ce qu'ils faisaient, ce n'était pas grand-chose. Si l'hyperactif avait réussi à poser sa main sur le paquet de Derek sans trop s'affoler, il savait cependant qu'il en serait totalement autrement lorsqu'il le verrait sans son boxer. Idem, Derek l'avait peu à peu habitué à sentir sa main aller s'aventurer entre ses jambes, sans jamais passer sous son vêtement. C'était encore trop tôt. Alors oui, peut-être qu'une soirée détente l'aiderait à faire le point et envisager le reste un peu plus sereinement.

- Isaac va commencer à préparer quelques trucs et pendant ce temps, je vais te montrer ce qu'on a fait cette semaine en cours, lui dit doucement Lydia.

- Oh, d'accord, mais avant... Je vais faire monter Derek.

- Il a l'air de dormir bien profondément, fit remarquer Isaac en regardant le loup depuis l'ouverture de la cuisine, un air inquiet sur le visage.

- C'est le cas, soupira Stiles avant de les laisser là.

Si Isaac devait commencer à ranger et à agencer le salon de sorte à le préparer pour la soirée meute, Stiles ne voulait pas que Derek soit dérangé. Alors oui, il allait devoir le réveiller, mais c'était pour la bonne cause. Pour qu'il puisse se reposer ensuite dans son lit, dans leur chambre, sans entendre de bruits parasites. Doucement et sans remarquer les regards de Lydia et Isaac sur lui, Stiles s'accroupit à côté du canapé et passa un doigt sur la joue tuméfiée de son loup. Il haussa un sourcil. D'ordinaire, ce genre de contact léger suffisait à le réveiller, mais là... Stiles décida de lui parler doucement, près de son oreille. Pas besoin de crier, son ouïe lupine se chargeait du reste. Et cette fois, Derek ouvrit les yeux. Enfin... Il essaya et ce fut si difficile qu'il dut s'y reprendre plusieurs fois avant d'enfin réussir à lever son regard empli de fatigue vers son humain qui le regardait sans cacher son inquiétude. Et pourtant, Derek lui sourit doucement.

- Quel agréable réveil, articula-t-il.

Se retrouver face à son Stiles était toujours agréable, si agréable qu'il porta péniblement sa main à sa joue pour la lui caresser. Stiles se détendit un peu et posa sa main sur celle de son loup, avant de lui dire.

- Je suis désolé Sourwolf, je ne voulais pas te réveiller mais il vaut mieux que tu dormes en haut. Isaac et Lydia sont là, Isaac va commencer les préparatifs pour la soirée meute de ce soir.

- Mhmm, oui, la soirée meute, répéta Derek, pensif.

- Oui, alors je me suis dit que, pour que tu dormes tranquille, ce serait mieux de monter.

- T'as raison mon cœur.

Sa voix était pâteuse, un peu étouffée. Derek avait encore besoin de dormir, de se reposer. D'après ses dires lorsqu'il s'était levé ce matin un peu après Stiles, sa nuit avait été peu agréable, ponctuée par des réveils intempestifs et des sueurs froides. Stiles avait également eu une nuit morcelée et avait passé quelques minutes à éponger le front de son loup, mais ne ressentait pas autant la fatigue que lui. La sienne restait plus mentale que physique alors celle-ci passait un peu à la trappe, pour lui.

- Aide-moi un peu, s'il te plaît.

Stiles réprima les questions qui lui vinrent d'un coup et se força à ne pas lui faire part de son inquiétude montante. Derek, qu'importe sa fatigue, ne lui demandait jamais de l'aider, parce que ça allait. Enfin, c'était censé aller... Stiles prit sur lui et passa un bras autour de son loup qui s'était péniblement redressé et l'aida à se lever, puis à marcher. Derek faisait son poids : il fallait dire que des muscles, il en avait. De plus, il était un peu plus grand que Stiles de quelques centimètres.

- Tu veux que je t'aide ? Proposa Isaac en arrivant.

- Non, t'inquiète, je gère, lui assura l'hyperactif en esquissant un faible sourire.

Il se tenait debout, Derek s'appuyant clairement sur lui et Stiles fit des efforts, banda ses muscles. Son regard miel tomba sur les escaliers. Ça n'allait pas être facile. Finalement, il tourna la tête vers Isaac et revint sur son refus.

Une fois Derek en haut, bien allongé dans le grand lit, Stiles et Isaac redescendirent et rejoignirent Lydia qui avait assisté à la scène. On demanda à l'hyperactif des explications, qu'il ne donna qu'à moitié. Sans révéler le caractère sexuel de la solution pour le guérir, il évoqua toutefois qu'effectivement, Derek faiblissait mais que Deaton savait comment faire pour l'aider, que ça irait mieux bientôt, sans pour autant leur donner de date. Il tenta alors de les rassurer comme il pouvait et réussit à faire dériver le sujet jusqu'à ce qu'il se retrouve sur le canapé avec Lydia qui lui montrait ses cours et Isaac, qui commençait à agencer certains meubles en prévision de la soirée meute. Si Stiles essayait de comprendre le programme de la semaine et que les explications de Lydia étaient claires, le cœur n'y était pas. L'adolescent pensait à Derek et uniquement à lui. Pourtant, il fallait qu'il continue de suivre, autrement, jamais il n'aurait ses examens de fin d'année et autant dire que Stiles avait bien envie d'avoir un avenir, malgré la menace qui pesait toujours sur lui. C'était d'ailleurs pour sa sécurité qu'il n'allait plus en cours et si le lycée devait sans doute harceler son père, Stiles n'en avait rien à faire. Pour être honnête, il lui en voulait toujours, même si c'était dans une moindre mesure. Il espéra tout de même au fond de lui que Noah s'inquiète un peu pour lui de temps à autres. Disons que ça lui réchaufferait un peu le cœur.

Au bout d'une demi-heure, Lydia lâcha l'affaire : Stiles avait du mal à se concentrer et pourtant, il continuait de prendre son Adderall correctement. La jeune femme, pas bête, connaissait fort bien ses priorités et les comprenait. Alors, ils se mirent tous deux à aider Isaac à préparer le salon. Aux alentours de dix-huit heures, Scott et Peter s'ajoutèrent à leur petit groupe, ce qui permit à Stiles de s'éclipser un peu, sous le regard compréhensif de cet homme qui servait d'oncle à son compagnon.

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- On se fait Free Guy ? Proposa Isaac. Il est marrant.

Tout le monde était confortablement installé sur les canapés et il était assis à côté de son loup, parfaitement éveillé cette fois-ci. Liam, qui était le seul debout, attendit l'approbation de ses amis pour télécharger le film et le lancer. Il avait ses petites adresses personnelles qui, heureusement, ne refileraient pas de virus à l'ordinateur de Derek. Bien que Malia émit rapidement une certaine désapprobation, la majorité écrasante de bras levés pour regarder ce film la fit se taire. Stiles se retint de rire. L'air de rien, la coyote semblait toujours un peu hostile à son égard alors autant ne pas prendre de risque. Lorsque Liam lança le film, Stiles vit tout autant qu'il sentit Derek poser sans aucune honte sa main sur sa cuisse, à un niveau décent mais qui ne laissait toutefois pas place au doute. Ils étaient ensemble et Derek ne comptait pas le cacher, même s'il savait que leur proximité des fois précédentes avait été remarquée. Là, c'était différent. Il le montrait, sans le dire. Comprenant parfaitement ses intentions de manière instinctive, Stiles combattit sa timidité et osa passer un bras autour de son loup, qu'il sentit se détendre à son contact.

Il fallait être honnête, Stiles avait appréhendé cette soirée meute durant tout l'après-midi qu'il avait passé à aider Lydia et Isaac, puis Scott et Peter. Kira et Malia étaient là mais si l'asiatique semblait ne pas lui prêter une quelconque attention, la coyote avait l'air de garder une certaine rancœur à son égard alors il se faisait discret. Lui, oui. Mais pas ses marques d'affection envers Derek. En fait, ses élans de tendresses devenaient vraiment difficiles à réprimer. C'était instinctif. Il avait besoin de lui caresser les cheveux de temps à autre, de poser sa main sur celle, toujours sur sa cuisse, de Derek. Il avait aussi cette sensation de manque chaque fois qu'il ne lui faisait rien durant un trop long moment, soit quelques minutes. Sans doute ce besoin de contact était-il exacerbé par l'état de Derek. S'il semblait parfaitement réveillé, il fallait toutefois préciser que cela ne faisait pas si longtemps qu'il était debout. En fait, Stiles l'avait sorti du lit un peu avant le repas de vingt heures et il avait dû le lever à coup de bisous et de menaces de suppression de tout contact physique, qu'il aurait bien évidemment été incapable de respecter, ni même de supporter. On parlait tout de même de Stiles. Son amour pour Derek et toutes ses attentions était tel qu'il était incapable de s'en passer.

Durant une bonne heure, tout se passa relativement bien. La meute riait souvent et profitait de l'humour décalé de Ryan Reynolds. Cependant, vingt bonnes minutes plus tard, Stiles sentit une tête se poser lourdement sur son épaule. Il mordit sa lèvre inférieure en constatant que son loup s'était endormi et serra fortement sa main tout en se lovant sans honte contre lui, l'inquiétude le gagnant à nouveau. Ses yeux se fixèrent sur leurs doigts entremêlés jusqu'à la fin du film alors qu'une faible lueur dorée gagnait ses iris ambrés.

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