Chapitre 35


- Stilinski, vous êtes convoqué chez le directeur. Je vais vous y accompagner, fit le surveillant.

Stiles hocha la tête, peu à l'aise. L'homme qui venait de lui tendre le billet de convocation en guise de preuve avait mis le cours en suspens, si bien que tous les élèves présents regardaient l'hyperactif, surpris. Lydia, à côté de lui, le fixa avec un étonnement non-feint. Depuis qu'il était revenu, Stiles était sage comme une image. De quoi le directeur voulait-il lui parler ? Stiles n'avait-il pas réglé ses absences ? Il lui avait pourtant dit que oui.

- Allez-y, Stilinski, concéda le professeur d'histoire sans vraiment le regarder.

Stiles rangea alors ses affaires, les joues en feu. Il était actuellement le centre de l'attention et il n'aimait pas du tout ça, bien au contraire. Il jeta un dernier regard à Lydia et finit par sortir de la salle, à la suite du surveillant. C'était un jeune homme qui n'avait pas plus de vingt-cinq ans, il en était certain. Il ne l'avait jamais vu, mais ça ne l'inquiétait pas : les surveillants étaient nombreux au lycée de Beacon Hills. De plus, l'équipe changeait souvent et Stiles ne les connaissait jamais tous. Alors, ce fut simplement mal à l'aise qu'il emboîta le pas de cet homme. Cependant, au détour d'un couloir, l'inconnu le fit tourner à droite. Stiles fronça légèrement les sourcils.

- Euh monsieur, vous devez être nouveau parce que le bureau du directeur est dans le secteur administratif, à gauche, là vous allez...

Un éclat argenté l'obligea à se taire. Pourquoi tenait-il soudainement un couteau ? D'un geste rapide, il se plaça derrière lui et Stiles sentit la lame froide faire pression sur sa chemise, dans son dos. Son sang se glaça soudainement. Que...

- Avance.

La pression se fit alors plus forte. Stiles s'exécuta après avoir dégluti. Qu'est-ce que tout cela signifiait ? Pourquoi cet homme... Et puis, quand il vit la silhouette au fond du couloir, il comprit. Tout son être fut parcouru par un choc immensément grand et glacial. Ses pieds avançaient mais son esprit commença déjà à se barricader derrière des barrières qu'il ne pensait pas avoir à ériger à nouveau un jour. Et pourtant, le voilà. Finalement, il lui faisait face. Arrivé à sa hauteur, Stiles sentit la pression dans son dos s'amenuise et il retint un soupir de soulagement. Il avait tout de même des sueurs froides qui ne semblaient pas près de s'arrêter.

- Merci, Clyde. Tu peux y aller.

L'homme s'en alla et si Stiles aurait pu se réjouir de ne plus sentir le couteau suisse dans son dos, il ne le fit pas. Parce que la poigne nouvelle d'Emile sur son bras était sans doute plus terrifiante que la lame d'une arme blanche. L'hyperactif ferma les yeux un instant, tentant de ne pas sombrer tout de suite. Il y avait forcément une solution, quelque chose qui lui permettrait de s'enfuir. Emile n'allait pas l'emmener, comme ça, aussi simplement... Stiles tilta soudainement en rouvrant les yeux. S'il s'attaquait déjà à lui... Cela voulait-il dire qu'il avait tué les autres ? Pourquoi ne lui avait-on pas rapporté la découverte des corps ? Des milliers de questions se bousculaient dans son esprit torturé.

- Ah, mon petit Stiles, c'est si bon de te revoir.

La mâchoire de Stiles se crispa à l'entente de cette voix si détestable qui s'adressait à lui. Il regarda son bras, empoigné par la grande main de son tortionnaire. L'idée de se débattre et de fuir lui avait traversé l'esprit, cependant, il savait que s'en aller de cette manière ne servirait à rien. Sous son épaisse veste noire, Emile cachait un corps de policier bien entraîné. Autant dire que maîtriser l'adolescent s'il tentait quoi que ce soit serait un jeu d'enfant. Stiles réfléchissait à toute allure. Que pouvait-il faire ? Rien. Son corps était paralysé par la peur. Il savait ce qui allait lui arriver et il en tremblait d'avance.

- Je suis toutefois peiné de ne pas t'avoir vu plus tôt. Je constate que ta punition de la dernière fois ne t'a pas suffi. J'en déduis donc qu'il faut passer à l'étape supérieure.

Sur ces paroles empreintes de menaces, Emile tira Stiles dans une petite pièce vide à cette heure-ci, pièce dont il prit soin de fermer la porte. Et si, jusque-là, l'hyperactif avait réussi à ne pas trop paniquer, ses premières défenses commencèrent à céder.

C'était une petite salle qui comprenait uniquement un bureau, deux chaises et du matériel informatique. Il s'agissait en fait du bureau d'un surveillant, chacun en possédait un dans l'établissement. Emile avait vraisemblablement bien préparé son coup. Un peu trop. Ce fut au moment où il fut plaqué contre le mur que Stiles commença à réellement paniquer. Cependant, la paralysie était toujours là, bien présente et l'empêchait de ne serait-ce que tenter de prendre ses jambes à son cou. Stiles releva les yeux et le regretta amèrement. Le sourire d'Emile était carnassier, car il savait à l'avance qu'il avait gagné. Il avait brisé Stiles une fois, alors il ne suffisait pas de grand-chose pour détruire sa volonté bancale une deuxième fois. Emile posa sa main sur la joue du jeune homme qui frissonna aussitôt de dégoût et tenta de se reculer. Manque de chance, sa tête tapa contre le mur et le policier se délecta du regard terrifié de l'hyperactif.

- Ne t'en fais pas mon mignon, je suis tout à toi.

Nouveau frisson de peur et de dégoût.

- Tu... Les autres... Ne put que bégayer Stiles.

- Je ne les ai pas encore touchés, l'informa Emile. Toutefois, j'ai fait mes repérages. Je sais où attaquer et quand.

Ainsi, il pressa son corps contre celui de Stiles qui avait commencé à trembler sans qu'il ne s'en rende compte. Les yeux du jeune homme s'écarquillèrent d'horreur, mais pas pour cette raison. Ce qu'il sentait, était-ce bien... Est-ce que... Oui, c'était une bosse. L'érection du policier, pressée contre son bas-ventre. Les boucliers internes de Stiles s'effritèrent déjà alors que ses tremblements augmentaient. Il pesta intérieurement contre lui-même de réagir de la sorte. Était-il aussi faible ? Oui, sans aucun doute. Les réminiscences de traumatismes jamais réellement soignés.

- Mais toi, je voulais te voir avant eux. Parce que de tous, tu es le plus difficile à attraper. Ma proie favorite, sourit le policier.

Sa main droite se posa sur la hanche de Stiles qui tressaillit et ne put que le regarder, terrorisé. Il n'y avait que lui pour lui faire cet effet-là, le rendre si faible. Son cauchemar. Il sentit avec dégoût les doigts passer sous le tissu de sa chemise puis de son t-shirt. Une boule se forma dans son ventre et il avait des nausées folles. Il se revoyait, sept ans plus tôt, encore innocent face à cet homme.

- C'est dommage, tu avais l'air heureux pourtant. Avec ce type qui te colle au cul. Je le comprends, ton corps est un délice à regarder. Je pensais être déçu de savoir qu'il ne serait plus le même parce que tu grandirais mais il faut croire que tu es le seul qui arrive encore à me surprendre. Les autres étaient... Si fades. Avec eux, ce n'était plus pareil.

Stiles avalait ses paroles sans même le vouloir et les comprenait beaucoup mieux qu'il ne le voudrait de prime abord. Parce que, sans le faire exprès, Emile lui avait donné la confirmation de ce qu'il savait déjà : les trois premières victimes avaient subi un dernier viol avant de mourir. Et voilà que son tour arrivait, en avance... Stiles couina lorsque le policier se mit à lécher la peau pâle de son cou, constellée de grains de beauté. Il se crispa comme jamais et serra les poings. Il voulait réagir. Il le voulait, vraiment. Mais son corps semblait se rappeler du passé, encore plus que son esprit. Ou alors... Était-ce son esprit qui paralysait son corps ? Son rythme cardiaque accéléra soudainement. Alors c'était comme ça que ça allait se passer ? Emile allait abuser de Stiles ici, au lycée, avant de le tuer ? C'était comme ça que la vie de Stiles allait se terminer ?

- Délicieux... Souffla le policier contre l'oreille du jeune homme.

Frissons. Dégoût. Terreur. Stiles ferma les yeux avec force. Il ne le savait pas, mais sa respiration était bruyante, hachée.

- Tu sais ce que je vais te faire, Stiles ? Continua Emile, la bouche effleurant toujours l'oreille de sa victime. Je vais t'enlever. Je vais te baiser, et je vais en profiter. Ça va durer des heures et tu vas hurler. Tu vas hurler parce que tu vas aimer ça. On sera dans la cabane, là où je serai le seul à t'entendre. Je vais te baiser dans toutes les positions, profiter de toi jusqu'à la dernière seconde. Mais avant ça, tu vas ce qu'il va se passer ? Je vais te punir, Stiles. Je vais te punir pour m'avoir désobéi et n'être pas rentré chez toi.

Et Stiles ne sut pas trop comment, mais son nez finit en sang. La main serrant l'arrière du col de sa chemise, Emile lui avait fracassé la tête contre le bureau. Mais Stiles ne ressentait pas la douleur. La terreur réduisait au silence son système nerveux. En fait, la sensation était étrange. Il était là, physiquement, mais son esprit semblait avoir fait ses valises. Il entendait, sans comprendre. Il voyait, sans regarder. Il sentait, sans ressentir. Tout ce qu'il arrivait à se dire, c'était qu'Emile avait décidé de prendre de l'avance sur son programme. Qu'il allait profiter de lui avant de le tuer. L'arrière de la tête de Stiles claqua à nouveau contre le mur et les mains sales passèrent sous son t-shirt. La langue de l'homme passait sur sa peau, le mordait par endroit. Et Stiles ne réagissait pas. Il était parti, plus ou moins. Ses yeux étaient vides de toute lumière et il avait renoncé à l'idée de fuir, comme s'il n'avait aucune raison de se battre. C'était le cas il y a sept ans, mais maintenant... Dans son esprit, le lien doré apparut et Stiles sembla reprendre vie. Malgré le sang qui coulait de son nez, sa peur, son souffle erratique, malgré la présence de son pire cauchemar si proche de lui.

Des raisons de se battre, il en avait deux. Amelia et Derek. La première avait perdu sa mère et le second l'avait accepté malgré ses bagages sordides. Ces deux raisons plus que valables se rappelèrent à lui et la lumière revint, la paralysie diminua en intensité. Il ressentit alors la douleur, les attouchements. L'hyperactif se rendit alors compte que l'une des mains étaient passée sous son pantalon, recouvrait son membre par-dessus son boxer. Il tressaillit brusquement et trouva la force de repousser violemment son agresseur, qui manqua de tomber mais se rattrapa au bureau avant de relever son regard courroucé vers lui. Emile se jeta sur Stiles avant même qu'il puisse s'enfuir et lui donna un coup de poing dans le ventre qui lui coupa la respiration un instant. Il le redressa en enroulant ses doigts autour de son cou et il serra, assez pour l'empêcher de reprendre confortablement son souffle. Et il rit, d'un rire gras et grossier. D'un rire qui promettait mille souffrances.

- C'est pour qui que tu te bats, comme ça ? Pour ce type qui passe son temps avec toi ? Oh mais tu sais Stiles, tu n'es rien pour lui, tu sais ? Vous ne jouez pas dans la même cour, j'espère que tu l'as remarqué. Tu as vu à quoi tu ressembles ? Tu es laid, tout juste bon à servir de vide-couilles. Rappelle-toi de la manière dont tu as été souillé. Tu ne vaux plus rien Stiles. A part lui offrir ton cul, qu'est-ce que tu as à donner ? Rien. Parce que tu n'es rien. Il a simplement pitié de toi. Mais ta résistance me plaît, elle me prouve que tu es différent des autres. Avec toi, je vais beaucoup m'amuser...

Stiles commençait sérieusement à avoir du mal à respirer et ses mains essayaient de déloger celle de son agresseur. Et même s'il ne voulait pas l'écouter, ses mots entraient en lui, prêts à briser le reste de ses barrières. Mais il savait comment il fonctionnait, était conscient qu'il cherchait à le briser, encore. Malgré l'étouffement, Stiles essaya de le frapper encore et encore... En vain. C'était impossible dans son état. Il se faisait lentement étrangler.

- Mais tu penses à lui, n'est-ce pas ? Dis-moi Stiles, combien de fois tu l'as laissé te sauter ? Combien de fois il t'a baisé ? Son sperme, tu l'as bouffé combien de fois ? Tu sais, personne n'a le droit de te sauter à part moi. Je suis celui qui t'ai fait découvrir le sexe et c'est avec moi que tu mourras. Parce que sans moi, tu ne vaux rien. Sans moi, tu n'es qu'une chienne rampante incapable de faire quoi que ce soit. Tout ce que tu sais, c'est moi qui te l'ai appris. Tu es à moi.

Et pour ne pas sombrer, pour essayer de ne pas croire ce qu'il disait, Stiles pensait à Derek, se raccrochait à l'image du loup tendre qui aimait prendre soin de lui, de cet homme patient qui le calmait lorsque ses cauchemars le réveillaient. Il s'accrochait à ce lycan qui était resté avec lui lorsqu'il l'avait trouvé ivre à l'hôtel, qui avait soigné ses brûlures avec une patience infinie, qui restait avec lui malgré tout. Ce lien doré qu'il voyait de temps à autres ne pouvait pas être feint. Néanmoins, Emile avait raison sur plusieurs points. Non, ne l'écoute pas, se dit le jeune homme en essayant de se rappeler du but premier du policier. A nouveau, l'homme se pressa contre lui sans le lâcher et Stiles sentit encore la bosse s'écraser contre son bas-ventre. Elle avait doublé de volume. Il bandait comme un porc. Parce que Stiles l'excitait.

- Je vais te punir, Stiles. Te punir pour ta résistance et après, on va s'en aller.

Sa bouche grasse fondit sur celle de Stiles et il lui mordit férocement la lèvre tandis que l'hyperactif peinait de plus en plus à respirer. Dans ces conditions, impossible de ne serait-ce que tenter de se défendre. De la main qui n'enserrait pas son cou, Emile descendit vers sa propre ceinture.

Stiles entendit très distinctement la boucle métallique tomber sur le sol.

xxx

Si Scott avait décidé de sécher le cours d'histoire, c'était à cause de sa culpabilité. Des jours qu'elle était là, des jours qu'elle le rongeait. Il avait vu Stiles de loin toute la semaine et il n'avait pas trouvé une fois le courage d'aller le voir. Quel piètre alpha il faisait. Scott était capable de se battre contre des chasseurs pour protéger les siens, mais paniquait quand il s'agissait d'aller présenter des excuses à son meilleur ami. Assis sur un banc dans la large cour du lycée, il surfait sur son téléphone. Il n'avait pas eu le courage de voir Stiles rire à côté de Lydia. Parce que c'était avec lui qu'il devait cacher ses fous-rires en cours. Bien sûr qu'il avait le droit de faire cela aussi avec la banshee mais... Bordel, il lui manquait. Et dieu sait à quel point il s'en voulait, parce qu'il avait tout gâché. Il s'était promis de laisser à Stiles le temps d'aller mieux avant de lui demander pardon, puisqu'il savait qu'il devait être ménagé ces temps-ci. Scott regarda l'heure sur son téléphone. Le cours d'histoire était presque terminé et il irait présenter ses excuses au professeur pour son absence, évitant ainsi que sa mère soit au courant qu'il avait séché. En plus, il devait manger avec elle ce midi et il était hors de question que leur repas soit perturbé par des remontrances ou une dispute.

Une odeur âcre parvint aux narines du jeune homme qui fronça les sourcils et releva les yeux, l'air de rien. Du lycée sortaient deux personnes : un grand homme blond âgé d'une quarantaine d'années environ et... Stiles ? Son loup intérieur se réveilla soudainement. Scott sut alors tout de suite que quelque chose n'allait pas. Parce que du sang coulait de sa narine gauche et que ses yeux... Les avait-il déjà vus aussi vides ? Ce qui le choquait le plus, c'était son odeur, celle qui l'avait poussé à arrêter de regarder son téléphone comme un idiot. De la terreur et de la douleur. Il remarqua alors autre chose et son loup hurla dans son crâne. Il n'aimait pas la façon dont cet homme tenait le bras de Stiles, ni la manière que son ami avait d'être aussi... Docile.

Et lorsqu'il croisa les orbes noisettes de Stiles, Scott sut qu'il devait agir. Ses yeux n'étaient pas si vides que ça, ils étaient emplis d'une peur indicible, un appel à l'aide à peine voilé. Il y avait quelque chose de cassé dans ce manque de nuances apparent qui fit frissonner le loup d'horreur. Aussitôt, l'hyperactif détourna le regard et baissa la tête, comme vaincu et horriblement fatigué. Le désespoir naquit dans son odeur, cohabitant avec la douleur. Scott se leva instantanément de son banc et se rapprocha du duo.

- Hey, Stiles !

Les deux tournèrent clairement la tête vers lui. Il était assez proche d'eux, maintenant. Il leur barrait même carrément la route. Les orbes noisettes de Stiles retrouvèrent un semblant d'éclat. Il espérait. Et cet espoir donna des ailes à Scott qui comprit instantanément ce qu'il devait faire. Se défiler n'était pas une option.

- Scott... Souffla l'hyperactif.

- Bonjour, le salua le blond. Tu nous excuseras, je dois ramener ce jeune homme chez son père. Je suis un ami de la famille. Stiles a fait une mauvaise chute et doit se reposer, ordre de son paternel.

Scott entendit clairement l'irrégularité dans le rythme cardiaque de l'homme. Même sans ça, il voyait très clairement qu'il mentait. Alors, le latino reporta son attention sur l'hyperactif on ne peut plus silencieux. L'espoir. Il voyait de l'espoir dans ses yeux rougis tout autant qu'il sentait sa peur. Avait-il pleuré ? Et ses vêtements froissés, dérangés... Était-ce une tache, sur sa chemise ? Scott fit tout pour se contrôler et contenir le loup à l'intérieur de lui. C'est ainsi qu'il sortit une histoire inventée de toute pièce :

- Stiles, je t'attends depuis vingt minutes tu sais, tu ne peux pas partir maintenant, ton père peut attendre. Quoi, t'avais oublié ? On doit aller voir le prof de chimie, tu ne te souviens pas ? La dernière fois, il a accepté de nous donner une deuxième chance pour notre projet sur le nitrate de sodium, tu sais, celui qu'on n'a pas encore rendu... Le prof nous attend et s'il voit qu'on ne vient pas, il appellera nos parents. Alors on y va et après tu te reposeras, d'accord ?

Stiles le regarda, bouche bée. Et même s'il ne voyait absolument pas quoi il voulait parler, il hocha la tête d'abord faiblement, puis vigoureusement. La stratégie de Scott n'était pas la meilleure, mais c'était amplement suffisant. Il l'aidait et c'était... C'était tout ce dont il avait besoin.

- Pardon, c'est vrai, je... Tu peux me lâcher, ça ira, dit-il en tournant la tête vers le policier. Scott me ramènera.

Sa voix était fébrile mais, par il ne savait quel miracle, il arrivait à la contrôler un minimum et était rentré dans le jeu de Scott. Et il pria intérieurement pour qu'Emile le lâche. Pour que Scott n'ait pas à user de violence parce que si tel était le cas, son secret serait révélé et ça serait très mauvais. S'il apprenait que Scott était un loup-garou, il ferait de sa vie un enfer, Stiles en était certain. Les yeux de l'homme les toisèrent chacun leur tour et il se mordit la lèvre inférieure. Puis, il vit les étudiants qui sortaient peu à peu de l'enceinte du lycée, la cour qui se remplissait. S'il emmenait le jeune homme maintenant, l'on pourrait trop facilement remonter jusqu'à lui. Alors, il pesa le pour et le contre puis abandonna très vite. Intérieurement, il pesta et lâcha le bras de l'hyperactif. De toute manière, ce n'était que partie remise et puis, il savait que Stiles ne dirait rien. C'était sa chienne après tout. Une chienne soumise à souhait. Il avait très bien vu comment ça s'était passé la première fois qu'il avait osé l'ouvrir pour le dénoncer. Alors il se tairait, Emile en était persuadé. De toute manière, il avait Stilinski senior dans la poche. Ses arrières étaient assurées.

- Très bien, fais attention à lui. A plus tard les garçons, dit-il en esquissant un sourire forcé.

Et il s'en alla, l'esprit à peu près tranquille. Lorsqu'il fut monté dans sa voiture, Stiles abandonna son semblant de masque et son corps entier se mit à trembler tandis que son visage se crispa horriblement tant il se sentait mal. Inquiet, Scott se rapprocha et posa sa main sur l'épaule de Stiles, qu'il sentit tressaillir. Qu'est-ce que... Il lui faisait peur ? Mais, finalement, l'hyperactif se rapprocha fébrilement de lui et posa sa tête sur son épaule. Scott sentit très vite les larmes mouiller son t-shirt et il prit les devants malgré l'angoisse qui l'assaillait. Heureusement que sa mère lui avait prêté sa voiture.

- Je te ramène au loft, lui dit-il doucement en passant un bras autour de lui pour le soutenir.

Stiles releva alors ses yeux larmoyants vers l'alpha et s'accrocha à son t-shirt avec un désespoir évident. Tout ce que Scott vit, ce fut un Stiles brisé, tremblant au possible et dont le regard n'était pas fixe, comme s'il était à deux doigts de tourner de l'œil. En soi, il n'était pas si loin de la réalité.

- Non, supplia-t-il d'une voix brisée. Pas au loft... Où tu veux mais pas au loft...

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