Chapitre 33
Stiles était à la limite de se ronger les ongles lorsque Derek ouvrit la porte de la pièce-bibliothèque, le téléphone de l'hyperactif dans les mains. Lorsqu'il s'était enfermé là deux petites minutes plus tôt, le jeune homme avait péniblement articulé au loup de lui amener son téléphone qu'il avait oublié dans le salon.
- Qu'est-ce qui se passe, Stiles ? Demanda le loup, inquiet, en posant le cellulaire sur la petite table à côté du fauteuil de lecture.
Pour toute réponse, l'hyperactif se jeta dans les bras de son loup et posa son front contre son torse. Les bras qui l'encerclèrent lui firent du bien, mais pas assez pour qu'il se détende. Non, il était beaucoup trop préoccupé pour cela.
- Stiles, parle-moi.
La voix douce de Derek l'engloba et sembla lui faire plus d'effets que son étreinte.
- Mon père veut que je rentre, souffla-t-il, désespéré.
En même temps qu'il le disait à voix haute bien que basse, Stiles pensa à autre chose. Et si... Et si Derek en avait assez ? Et si la demande impérieuse de Noah Stilinski l'arrangeait ? La terreur s'empara de l'adolescent, si bien que ses doigts se crispèrent sur le haut de Derek. Sans même qu'il s'en soit rendu compte, le doute s'était déjà insinué en lui tel un serpent. Perfide et glacial. Un frisson désagréable parcourut sa colonne vertébrale. Si Derek en avait assez de l'avoir au loft, bien sûr qu'il s'en irait. Si le loup avait besoin d'air, pas de problème, il le lui accorderait. Parce que Stiles était capable de comprendre que sa présence pouvait parfois s'avérer... Pesante. En prenant en compte le fait que cela faisait déjà un sacré paquet de jours que Stiles vivait chez lui, à ses frais... Oui, définitivement, il comprenait si jamais l'ancien alpha voulait qu'il s'en aille quelques temps. Ça lui ferait mal, bien sûr, mais qu'importe.
- C'est vrai que quand on y pense, ça fait un moment que tu n'as pas été chez toi, fit Derek, pensif.
Le cœur de Stiles se brisa. Effectivement, ça faisait mal. Pourtant, il s'efforça de ne pas montrer son chagrin soudain et garda son front irrémédiablement collé contre le torse de Derek. Avec un peu de chance, il avait le nez bouché et ne sentirait pas son odeur. Quoiqu'il n'avait pas l'air de renifler à outrance. Et puis Stiles se rappela que les loups étaient dans l'incapacité de tomber malades. Alors, il pria simplement pour que Derek se concentre simplement sur son stress et ne remarque pas le reste. Il sentit toutefois la tristesse serrer sa gorge et faire grossir cette boule dans son ventre.
Et il appréhenda les prochains mots de Derek, comme un prisonnier attendait sa sentence. Il sentait presque les mots tomber sur lui et l'écraser de tout leur poids alors même que le bêta n'avait encore rien ajouté. Sous le coup de la panique, Stiles le devança :
- Si tu veux que je parte, je... Tu peux me le dire. Je peux comprendre et je me débrouillerai. Par contre, je ne peux pas retourner chez moi, c'est pas possible...
L'étreinte de Derek se raffermit sur lui.
- Ce n'est pas ce que j'ai voulu dire, rétorqua Derek. Stiles, mon ange, regarde-moi. Je préfère parler à un visage plutôt qu'à des cheveux.
Stiles hésita entre fondre quant au surnom employé par son loup ou bien rire de sa tentative d'humour. La peur et la tristesse le paralysèrent tellement qu'il ne fit ni l'un ni l'autre et se contenta de s'exécuter sans aucune envie. Parce qu'il savait que s'il ne le faisait pas, Derek insisterait encore et encore jusqu'à obtenir satisfaction. Et dieu sait à quel point Derek Hale pouvait se montrer têtu quand il le voulait. Dès que son regard croisa celui de son petit-ami, Stiles vit tout autant qu'il sentit sa grande main caleuse caresser sa joue avec douceur.
- Stiles, mon cœur, il est hors de question que tu partes. Je préfère te savoir ici, avec moi, plutôt que dans un hôtel où il pourrait t'arriver n'importe quoi. Et il est hors de question que tu rentres chez toi, surtout dans la situation actuelle. Alors tu vas te calmer, on va s'assoir et tranquillement réfléchir à ce qu'on pourrait dire à ton père.
- Tu ne veux vraiment pas que je parte ? Demanda fébrilement Stiles avec l'espoir dans le regard et des rougeurs sur ses joues. Tu peux être honnête, tu sais...
- Je le suis.
Derek se pencha et l'embrassa tendrement en faisant preuve de toute la douceur dont il était capable. Stiles était son petit-ami, son protégé, son humain à lui. Il ferait tout ce qui était en son pouvoir pour le protéger et le rendre heureux. Comment Stiles avait-il pu croire une seule seconde qu'il pourrait vouloir son départ ? Plus les jours passaient, plus Derek prenait conscience du fait que Stiles était en train de prendre une grande place dans sa vie. Il était même sans doute actuellement ce qu'il avait de plus cher au monde – sa petite sœur Cora mise à part. Mais Derek comprit bien vite les raisons de cette peur irraisonnée. Stiles était un jeune homme qui s'était construit tant bien que mal sur des fondations instables et chancelantes. Il avait grandi avec des insécurités telles que Derek était parfois étonné de constater sa force d'esprit. Et il pensa avec amertume au lycéen qu'aurait pu être Stiles, sans tout cela. Sans ces viols. Sans ces secrets qu'il avait dû garder durant sept longues années. Sans le déni de son père. Parce que c'était sans doute ça le pire dans cette histoire. Si Noah Stilinski avait cru son fils, nul doute qu'il s'en serait mieux sorti, qu'il ne serait pas là à nager pour tenter désespérément de garder la tête hors de l'eau. Dans une autre vie, il aurait été ce garçon solaire, toujours souriant, celui qui transmettait sa bonne humeur par tous les pores de sa peau. Il n'aurait pas eu trop de complexes et n'aurait pas passé sa vie à avoir peur. En soi, ce Stiles, l'hyperactif en avait donné un aperçu par sa comédie, son jeu d'acteur qui avait fini par devenir minable au fur et à mesure que ses vieux démons ressurgissaient. Derek évita de repenser à cette déchéance qui lui faisait mal.
- Je ne sais pas quoi faire, avoua honteusement Stiles. Mon père va me tuer, quoi que je réponde. J'ai beau être faible, je... Je ne peux pas me résoudre à lui dire que je pourrais rentrer, même si c'est un mensonge.
Sans répondre, Derek s'assit sur le fauteuil et fit venir Stiles sur ses genoux. Il entoura sa taille de ses bras et nicha son nez dans son cou. Juste avant, l'hyperactif avait eu le temps d'attraper son téléphone et il lui montra alors les deux messages pour qu'il puisse constater le caractère compliqué de la situation.
[De : Papa]
Stiles, j'en ai assez de ton absence alors tu vas rentrer à la maison sans délai. Jusque-là je n'ai rien dit parce que je pensais que tu reviendrais vite mais puisque je vois que ce n'est pas le cas, je te somme de rentrer tout de suite à la maison. Où es-tu ?
Et il va falloir que tu aies une discussion avec Emile. Il va rester ici un moment alors tu vas me faire le plaisir d'arrêter de faire le gamin et de te comporter en adulte.
En soi, les mots du shérif n'étaient pas aussi durs qu'ils ne le paraissaient. Simplement, c'était ce qui transparaissait derrière ces mots qui terrifiait Stiles. Il attendit patiemment le retour de Derek, qui avait lu par-dessus son épaule.
- Tu vas être honnête, finit-il par dire au bout d'un moment.
Stiles tenta de se retourner vers son loup mais celui-ci l'en empêcha et le serra plus fermement contre lui.
- Quoi ? Mais t'es malade ! S'affola l'hyperactif.
- Stiles, tu as été absent trop longtemps pour qu'un énième mensonge passe. Il faut que tu sois honnête.
- Mais je ne peux pas ! Il va me défoncer !
xxx
Quelques minutes plus tard, Stiles regardait l'écran de son téléphone, sans savoir trop quoi penser. Bon, il avait peut-être cédé à Derek parce que celui-ci avait potentiellement su se montrer passablement convaincant, étalant les arguments les uns après les autres. Alors, Stiles avait fini par s'exécuter et avait attendu que les mots lui viennent. Parce que Derek n'avait pas voulu lui souffler de réponse toute faite, arguant que les mots devaient venir de lui et de lui seul.
[A : Papa]
Je ne rentrerai pas tant qu'il sera là. Je ne discuterai pas avec lui. Je ne veux pas le voir. Je sais ce que tu penses et ce que tu vas dire mais s'il te plaît, laisse-moi juste tranquille.
Bien sûr, la prochaine fois qu'il verrait son père, celui-ci risquait fortement de lui faire payer son audace. De toute manière, sa réponse – rapide – en disait long sur sa position dans cette affaire.
[De : Papa]
Stiles, j'espère que tu n'es pas en train de me dire que tu es encore sur cette histoire. Parce que si c'est le cas, je risque de ne pas être aussi gentil qu'il y a quelques années.
Il fit défiler la petite conversation qu'ils avaient eue et ne put s'empêcher de la relire avec amertume.
[A : Papa]
C'était il y a sept ans, papa. Sept ans. Et tu étais tout sauf gentil.
[De : Papa]
Stiles, ne me cherche pas ou tu risques de me trouver et ça va faire mal. J'ai honte de la manière dont tu te comportes avec Emile. A force, je ne sais même plus quoi lui dire pour te disculper.
[A : Papa]
Je n'ai rien à me reprocher, contrairement à lui.
[De : Papa]
En fait tu as raison, ne rentre pas. J'aurais trop honte de voir mon propre fils continuer de diffamer un honnête homme.
[A : Papa]
Tu ne sais même pas où je suis.
[De : Papa]
Et je ne veux plus le savoir.
[A : Papa]
Alors ne cherche plus à me contacter.
Stiles retint un soupir triste mais ne put empêcher ses yeux de briller de chagrin. Au moins, c'était clair. Noah Stilinski campait sur ses positions et ne semblait pas prêt d'en changer. Comme toujours, les paroles de son fils étaient mensongères à ses yeux, il préférait croire les saintes paroles de son meilleur ami. Et quel meilleur ami ! Un violeur pédophile doublé d'un meurtrier, un tueur en série. Si seulement il savait... S'il acceptait seulement d'ouvrir les yeux... Mais non, il acceptait de garder les œillères qui faussaient sa vision des choses.
Derek n'avait pas vu la suite des messages. En fait, il avait seulement été témoin de la première réponse de Stiles. Celui-ci avait ensuite dit qu'il allait prendre sa douche et Derek avait accepter d'aller s'occuper d'Amelia en attendant. Pour être honnête, Stiles ne l'avait pas encore prise et son loup avait sans doute dû s'en rendre compte. S'il n'était pas encore là, c'était sans doute parce qu'il avait eu la décence de lui laisser un petit moment d'intimité. Et sincèrement, Stiles l'en remerciait intérieurement. Parce que si c'était Derek qui lui avait donné le courage de répondre à son père de manière honnête, c'était ensuite la solitude qui l'avait poussé à continuer sur le chemin de l'audace. Ou du suicide. Clairement, son père était en colère contre lui. En fait, il lui en voulait carrément et ça le rendait triste.
Mon propre père ne me croit même pas.
Au moins, il avait Derek. Il n'avait pas douté de sa parole une seconde. De ce qu'il savait, Jordan et Scott savaient également, et ne semblaient pas réfuter sa version. Le policier avait l'air de lui faire confiance et Scott... Scott avait eu sa manière à lui de le croire. En fait, c'était tel qu'il s'était énervé en sentant l'odeur de Derek sur lui.
Las et triste, Stiles lâcha son téléphone, se déshabilla et entra dans la cabine de douche. Il actionna l'eau et se crispa légèrement en sentant les gouttes chaudes tomber, couler sur ce qui commençait à être des cicatrices. Malgré le fait qu'il commençait doucement à accepter leur présence, Stiles évita soigneusement de les regarder. La honte était toujours là et sans Derek à côté de lui, elle revenait au galop. Devant lui, c'était comme si plus rien n'assombrissait sa peau. Les doigts de Derek le caressaient généralement d'une manière qui lui faisait oublier qu'elle n'était pas si lisse partout. Parce que le loup se foutait royalement du fait qu'il puisse avoir des cicatrices. Ses sentiments dépassaient largement cela.
En faisant mousser le shampooing dans ses cheveux légèrement gras, Stiles se rendit alors compte que c'était proprement surréaliste. Cette situation, sa relation avec Derek, les... Les sentiments de Derek. Ils ne jouaient pas dans la même catégorie et pourtant, le loup faisait preuve d'une patience et d'une tendresse infinie avec lui. Le pire était que malgré toutes ses vieilles blessures, Stiles aimait ça. Les étreintes du loup, ses baisers, ce feu qui animait son regard. Jusqu'à lui, l'hyperactif n'aurait jamais cru apprécier le fait de se sentir aimé, voire... Désiré. C'était peut-être ça le plus surprenant.
Stiles avait beau être un peu bête de temps à autres, il n'était pas aveugle pour autant. Derek avait déjà eu l'air d'avoir envie de lui, il le savait. Si son attitude avait été exemplaire, c'étaient ses yeux qui l'avaient trahi. Cette sombre lueur de désir l'avait éclairé quelques secondes à peine, mais Stiles l'avait vue. Et il n'avait pas eu peur. Il aurait pu, bien sûr, mais la retenue du loup l'avait touché. En fait, elle avait permis à Stiles de se dire que le désir n'était pas forcément mauvais. Par deux fois, il avait vu cette petite flamme dans ses yeux. La seconde, dans l'après-midi, il avait même réussi un coup de maître : ne rien montrer alors qu'il avait très clairement senti le début d'érection du loup. Mais le moment qu'ils partageaient était si tendre et complice que la peur ne lui avait même pas effleuré l'esprit. Ça lui avait un peu fait étrange, sur le coup, mais ça allait.
De par la retenue et le silence de Derek sur le sujet, Stiles ne pouvait que constater ses efforts pour faire marcher leur relation malgré les tares de l'hyperactif.
- Il m'aime vraiment... Souffla-t-il après s'être distraitement rincé les cheveux.
Le bruit de l'eau couvrit sa voix avec brio, si bien qu'il n'y eut aucune chance que le loup à l'étage du dessous ait entendu sa réflexion silencieuse.
Stiles soupira de bien-être. Penser à Derek, c'était éloigner le malheur de sa vie. Emile. Son père. Son vécu. Oui, songer à son loup lui faisait tout le bien du monde. Il était si présent dans sa vie qu'il peuplait complètement ses pensées. Alors savoir qu'il l'avait déjà désiré ne lui faisait pas peur. Si Derek avait déjà eu l'intention de le prendre, il l'aurait déjà fait. Les fois où il aurait pu profiter de lui étaient nombreuses et Stiles n'aurait rien pu faire pour l'en empêcher. De toute manière, Derek n'était pas comme ça et l'hyperactif le savait. La preuve en était que malgré toutes les occasions qui s'étaient présentées à lui, l'ancien alpha avait privilégié le bien-être de Stiles au sien. Ces deux fois où Stiles avait secrètement constaté son désir ne faisaient qu'étayer le portrait généreux de Derek. C'était quelqu'un de fondamentalement bon et Stiles se dit en fermant les yeux qu'il était vraiment chanceux. Avoir Derek dans sa vie était sans doute son plus beau cadeau.
Derek était pour Stiles un espoir à lui tout seul. L'espoir d'un avenir meilleur. L'espoir d'une guérison presque complète. L'espoir d'une résurgence qu'il aurait auparavant pensée impossible.
Un instant, l'esprit de Stiles se laissa aller à vagabonder en terrain miné. Malgré tout ce qu'il avait dit à Derek, leur relation finirait immanquablement par aller plus loin, c'était certain. Son corps se crispa légèrement. Où Derek poserait-il ses mains en premier ? Serait-il doux ? Comment s'y prendrait-il ? L'hyperactif imagina alors le loup le plaquant contre un mur en l'embrassant, caressant sa peau pâle et les descendant progressivement vers son pantalon. Stiles se mordit la lèvre inférieure en y pensant. L'idée lui plaisait, beaucoup et une chaleur nouvelle se diffusa dans son bas-ventre. Dans sa vision imaginaire, Derek le détaillait de son regard particulier si intense, si brûlant. Le loup déboutonna le pantalon avec une lenteur arrogante. Derek était aguicheur.
Un mouvement sec de Derek changea tout. La ceinture finit au sol, le jean termina au niveau de ses chevilles. Le bruit imaginaire de la boucle métallique qui heurtait le parquet fit cependant sursauter l'hyperactif qui rouvrit brutalement les yeux et reprit son souffle, qu'il n'était même pas conscient d'avoir retenu. Ce bruit si significatif, il l'avait entendu tant de fois... Péniblement, l'adolescent prit appui sur l'une des parois de la douche pour ne pas tomber et se laissa lentement glisser contre, jusqu'à finir assis sur le sol. Légèrement fébrile, il mit sa main sur sa poitrine, au niveau de son cœur qui battait la chamade tandis que l'eau continuait de couler. Le retour à la réalité était dur, brutal. Ok, il n'était peut-être pas encore prêt à s'imaginer aller plus loin. Et pourtant, Derek le méritait, comme il méritait tout le bonheur du monde. Alors Stiles se promit de faire des efforts, de tout faire pour arriver à se donner au loup. Il le fallait, c'était nécessaire. Juste... Pas tout de suite. Il avait besoin de temps. Il ne pensait peut-être pas dans le bon sens, certes, mais ça partait d'un bon sentiment.
Trouvant sa position actuelle un peu nulle, Stiles se décida à s'activer un peu. Il termina de se rincer et coupa rapidement l'eau qui, l'air de rien, ne se payait pas toute seule. Il se sécha rapidement à l'aide de l'énorme serviette bleu ciel que Derek lui avait mis à disposition cette semaine. Il avait ses règles à lui, ses habitudes et Stiles n'avait pas de mal à s'y plier. Une serviette, une semaine, et ça tournait. Celle-ci était d'ailleurs sa préférée parce qu'elle était immense et enveloppait facilement son corps. Stiles adorait s'enrouler dedans, comme dans une couette. C'était son petit moment de plaisir un peu ridicule et inavouable dont Derek n'était pas au courant. Officiellement.
Par la suite, il se vêtit avec des vêtements propres fraîchement sortis du sèche-linge. Merci Derek pour avoir pensé à tout laver. S'il enfila son boxer rouge et son pantalon de jogging gris souris assez peu large avec plaisir, il laissa son t-shirt noir de côté. Il le plia et sortit de la salle de bain, torse nu, direction la chambre de Derek. Il déposa son vêtement au bord du lit et farfouilla dans l'armoire avant de s'emparer de ce qu'il cherchait. Derek avait un pull en laine couleur crème qu'il aimait bien. Sans une hésitation, il l'enfila. S'armant de son portable ainsi que de son courage, Stiles étendit la serviette dans la salle de bain et descendit retrouver Derek et Amelia. Avec plaisir, il s'installa à côté de son loup et installa la petite sur les genoux. Elle ne broncha pas, se calant simplement bien confortablement contre lui en continuant son livre. Avait-il déjà dit qu'elle était sage comme une image ? Si Derek le regarda, Stiles ne le sut pas ou plutôt, ne voulut pas le savoir. Gardant les yeux détournés, il lui tendit distraitement son téléphone qu'il avait au préalable déverrouillé et fixa l'écran allumé de la télévision. Passait actuellement une série B qui servirait de distraction parfaite à l'hyperactif pour lui éviter de penser à son père, ses mots durs et la réaction de Derek, qu'il craignait un peu. S'il n'allait sans doute pas le mettre dehors, sans doute allait-il s'énerver un peu du fait que Stiles ne l'ait pas attendu pour répondre. Peut-être serait-il déçu par sa faiblesse transparaissant dans ses messages. Il avait beau savoir que Derek était de son côté, l'hyperactif ne pouvait s'empêcher de douter de certaines de ses réactions. Il s'habituait tout doucement au fait que quelqu'un connaisse la quasi-intégralité de son histoire et ce n'était pas facile. Les certitudes de Stiles étaient fébriles.
Luttant contre son envie de connaître le ressenti de Derek, l'adolescent garda son regard mordoré fixé sur la jeune femme qui rattrapait son bien-aimé de manière désespérée et bien clichée. La situation avec son père l'accablait, bien sûr, mais il se forçait à ne pas y penser et ce n'était pas bien difficile. Il avait tellement à penser que c'était presque le cadet de ses soucis. De toute manière, la position de son père n'était pas nouvelle : cela faisait sept ans qu'elle était identique. Il avait eu le temps de s'y faire et ne pas disposer de soutien paternel faisait partie de ses habitudes. Alors que sa main droite caressait distraitement les cheveux châtain d'Amelia, l'autre reposa sur le canapé, près de son corps. Il manqua de sursauter en sentant des doigts s'entrelacer aux siens. Il arrêta alors de se forcer et tourna la tête vers Derek, qui hocha la tête et ça voulait tout dire. La fierté dans son regard n'était pas feinte. Il approuvait ses réponses, était heureux qu'il ait osé répondre avec honnêteté et force. Stiles qui avait peur d'avoir été faible se ragaillardit, un peu rassuré. Un léger sourire naquit dans ses lèvres. Pas besoin de parler, le regard de Derek lui suffisait. L'union de leurs mains le réchauffa et il se détendit progressivement alors qu'une impression tenace grandissait en lui.
Avec le loup à ses côtés, il avait une chance de s'en sortir.
Amelia se leva en disant qu'elle avait faim et qu'elle allait se faire une tartine de Nutella. Stiles se redressa et lui proposa de la lui faire, mais la fillette déclina.
- Je suis grande, argua-t-elle dans une vaine tentative de bomber le torse.
Stiles esquissa un sourire et la laissa s'en aller vers la cuisine. Presque aussitôt, il se sentit attiré contre le corps de Derek. Celui-ci avait passé un bras autour de sa taille et rapproché jusqu'à pouvoir le prendre dans ses bras. Avec un plaisir non-dissimulé, Stiles se blottit contre lui et ferma les yeux. La chaleur doucereuse l'envahit et la sensation délicieuse qui naquit de cette étreinte se répandit dans tout son corps. Il était bien, contre son loup. Son amour qui prenait si bien soin de lui.
- Je t'aime, murmura-t-il, apaisé dans les bras forts de Derek.
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