Chapitre 23


Stiles préparait à manger, mais ses gestes étaient trop mécaniques, secs, brefs. Il était ailleurs, en mode automatique et Derek le savait.

Isaac était reparti en cours plusieurs heures plus tôt, encouragé par Derek et Peter. Amelia, elle, se trouvait chez Lydia. Stiles était contre l'idée, mais Derek avait été inflexible : il avait besoin de repos, aussi bien physique que mental.

- Lydia saura très bien se débrouiller, avait argumenté le loup. Cas de force majeur ou non. Tu la connaît, elle sait se défendre.

Et même si c'était un argument valable, Stiles n'avait pas été convaincu. Néanmoins, il avait laissé le loup faire. Il fallait avouer que l'adolescent n'avait aucune envie de se battre, il était... Ailleurs. Peter, de son côté, avait également quitté les lieux, arguant qu'il avait des choses à faire. Pour un chômeur tel que lui, l'idée était surprenante, mais loin de déplaire à Derek. Passer un peu de temps seul avec son humain ne pourrait pas leur faire de mal, bien au contraire. Stiles avait besoin d'une pause, d'un peu de répit dans sa vie et Derek comptait bien l'aider.

Pour cette raison, il prit les commandes et envoya Stiles au salon pour qu'il se pose sur le canapé et regarde la télévision. Derek n'était pas le meilleur cuisinier mais franchement, ça allait. Il ne se débrouillait pas si mal. Cependant, il comptait bien faire de son mieux pour que ça soit mangeable. Même si le repas fut plus que comestible et même bon, Stiles mangea sans aucun appétit. Il était ailleurs, complètement apathique. Pour autant, Derek n'avait pas dit son dernier mot. D'accord, remonter le moral de Stiles ne se ferait pas en quelques minutes. Cependant, le loup-garou ferait tout ce qui était en son pouvoir pour aider son humain, peu importe le temps que ça prendrait.

Sans prendre la peine de ranger la cuisine, Derek emmena son homme au salon, déplia le canapé et mit quelques plaids à disposition. Il lança un Marvel et s'installa, Stiles dans ses bras, son corps fin emmailloté dans un doux plaid gris souris. Contrairement à son habitude, l'adolescent ne dit pas un mot de tout le film, garda le silence comme jamais. Il ne bougea pas non plus, gardant la même position jusqu'à ce que la pellicule ne se termine. Le seul point positif était qu'il restait contre Derek, il ne cherchait pas à s'en éloigner. Enfin, c'était tout de même à se demander s'il restait là par envie ou s'il se sentait si mal qu'il n'avait aucune envie de bouger. Alors, lorsque la fin du film arriva, Derek retint un soupir de désespoir et poussa l'adolescent à contrecœur.

- Je vais débarrasser la table, dit-il avant de se lever.

N'entendant aucune opposition de la part de l'adolescent, le loup continua son chemin jusqu'à la cuisine, sans se retourner. Peut-être qu'il aurait dû faire cette tâche avant de lancer le film. Néanmoins, il n'y avait pas pensé, la priorité selon lui étant de changer les idées de son humain. Seul, il s'autorisa enfin un soupir. Bien sûr qu'il savait que ça ne marchait pas comme ça, mais il n'avait pas beaucoup d'idées. Derek n'avait jamais eu à affronter ce genre de situation auparavant, et surtout pas dans ce rôle-là. Être aux petits soins de quelqu'un, il n'avait pas l'habitude et avec Stiles, c'était monnaie courante en ce moment. Cependant, d'ordinaire, ça allait. Tout s'était plus ou moins compliqué depuis qu'il savait pour son passé. Il avait peur. Oui, peur que Stiles interprète mal l'un de ses gestes. Peur de lui faire peur. Du mal, il savait qu'il ne lui en ferait pas : Derek n'était pas un détraqué sexuel, il savait contrôler ses envies et ses pulsions. Depuis qu'il avait commencé à se rapprocher de Stiles, elles semblaient s'être mises en hibernation et ça lui allait. Et puis l'avantage était que l'adolescent lui disait, quand ça n'allait pas. En fait, Derek lui laissait le loisir de mener la danse, de lui montrer ce qu'il voulait. C'était Stiles qui définissait librement ce qu'ils pouvaient faire, les limites de leur relation. Derek s'adaptait et il était même d'ailleurs étonné de sa propre patience. Avec Stiles, il savait attendre alors que ce n'était pourtant pas son genre. Lui qui, autrefois, frappait dès qu'on l'emmerdait, prenait bien soin de l'hyperactif. Il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour l'aider.

Mais c'était difficile. A vrai dire, Derek commençait à se demander s'il était la bonne personne, celle qui pourrait sortir Stiles de cet état qui l'emprisonnait.

En y repensant, il était évident que le Stiles qui se trouvait dans son salon n'était pas le même Stiles qui s'amusait à l'emmerder au possible quelques mois, quelques semaines plus tôt. L'hyperactif sans cesse souriant était en réalité un jeune homme brisé, bien plus que tout le monde ne le pensait. Avant de tomber dans cette histoire, Derek n'aurait jamais cru qu'une telle pile électrique cachait une aussi grande part d'ombre. Parce que le Stiles Stilinski que tout le monde connaissait n'était qu'une façade, un personnage, une manière pour lui de se protéger, d'essayer d'avancer. C'était en étant celui qu'il aurait voulu être qu'il pensait à autre chose, mettait son passé de côté. Passer outre, il en avait été incapable pendant des années, parce qu'il était resté muré dans le silence. Maintenant, il n'était plus seul et Derek espérait arriver à l'aider. C'était son plus grand désir : que Stiles avance, arrive à surmonter cette épreuve qui se dressait sur son chemin depuis sept longues années.

Alors que Derek continuait de ranger la cuisine, il sentit d'un coup deux bras venir encercler sa taille par derrière. La douce odeur de Stiles emplit ses narines tandis qu'il se collait contre son dos musclé. Il sentait son front se coller à la naissance de sa nuque, ses cheveux châtains chatouillant sa peau plus sensible qu'elle n'y paraissait. Les battements irréguliers mais calmes de l'hyperactif le rassurèrent, il allait bien et cette pulsation, ce rythme le rassura. Un soupir de soulagement discret passa la barrière de ses lèvres. Instinctivement, Derek posa sa main sur celles, liées sur son ventre, de Stiles. Sans vraiment s'en rendre compte, le loup avait besoin de ce contact. C'était une preuve de la présence de son humain avec lui, en sécurité. La preuve qu'il était . La vague de plénitude qui l'envahit alors balaya tout le reste.

Sans préambule, Derek se retourna, obligeant l'adolescent à le lâcher. Il vit alors son regard perdu et rougi. Il n'avait pas pleuré, mais retenait ses larmes. Et ça, c'était une chose que le lycanthrope ne pouvait pas supporter. Sa main droite se posa délicatement sur la joue constellée de grains de beauté et ce simple contact sembla faire un bien fou à Stiles qui ferma les yeux. Il le vite alors se pousser contre sa main, en apposant en plus la sienne. C'est alors que Derek l'attira à lui et l'embrassa avec une douceur extrême, presque surnaturelle. Sa retenue ne passa pas inaperçu aux yeux de l'adolescent contre lui, qui sentit une vague de bien-être l'envahir. Sa tristesse et sa peur passèrent soudainement au second plan, comme si plus rien n'avait d'importance, excepté ce contact intime. Ces lèvres contre les siennes. Cette main sur sa joue, l'autre au creux de ses reins. Ce corps collé au sien, comme s'il n'y avait rien de plus naturel que ça. Cette douceur l'enivrait, lui faisait tout oublier. Mais Stiles en voulait plus. Avec une timidité que Derek ne lui connaissait pas, l'adolescent passa une main sous son marcel. Le toucher était chaste, pas lubrique. Et le loup comprit tout de suite ce que désirait l'adolescent. C'était limpide, comme s'il lisait dans ses pensées à cet instant précis, comme s'ils étaient connectés. A regret, il quitta les lèvres douces et se recula légèrement. Pourtant, il ne s'exécuta pas tout de suite. Son front se colla à celui de Stiles durant quelques secondes alors qu'il reprenait son souffle avec ce tendre baiser qu'ils avaient fait durer. Et il le regarda. Ce qu'il vit alors dans les prunelles de son humain réveilla définitivement quelque chose en lui, quelque chose resté longtemps enfoui. Ce fut le signal. Il n'attendit plus. D'un coup d'un seul, il passa un bras dans le dos de l'hyperactif et un autre derrière ses genoux avant de le soulever comme s'il ne pesait rien.

Ils se retrouvèrent dans la chambre en un rien de temps et Derek déposa son délicieux fardeau sur le lit avant de retirer son marcel avec une rapidité stupéfiante. Il finit à terre, vite suivi par son pantalon. Il vit Stiles retirer sa veste, puis son bas de jogging, ne gardant que son t-shirt. Mais alors, il sembla soudain perdu, presque apeuré. Le regret commença à mettre un peu de piquant dans son odeur.

- Derek, tu sais que... Commença-t-il d'une petite voix.

Derek faillit rire. Bien sûr qu'il savait. Il entendait presque les pensées de Stiles comme s'il s'agissait des siennes. Et ça ne le dérangeait pas du tout, bien au contraire. Ce qu'il voulait, c'était simplement passer un moment avec lui, un moment à la fois intime et chaste.

- Oui, je sais, lui dit-il d'un ton doux.

C'était étrange de sentir ça, sentir son cœur se gonfler de joie, alors qu'il ne s'agissait en réalité pas du sien. Le regret disparut totalement de l'odeur de Stiles, remplacé par autre chose. Et c'était tout sauf négatif.

Le soleil était encore haut dans le ciel mais les deux jeunes hommes se glissèrent tout de même dans le lit. En caleçon tous les deux, plus le t-shirt, pour Stiles. Derek fronça légèrement les sourcils.

- Tu peux l'enlever tu sais, l'informa-t-il.

Aussitôt, l'hyperactif détourna le regard et resserra ses mains sur les bandages de ses bras.

- Ce qu'il y a en-dessous, c'est pas beau, maugréa-t-il.

- Stiles.

Le susnommé ancra à nouveau son regard dans celui du lycanthrope. Il n'y vit rien, à part un calme intersidéral et une pointe d'un petit quelque chose qu'il ne saurait définir mais qui le rassura instantanément.

- Tu es beau, commença sérieusement Derek.

Sa main se posa sur sa joue si douce, qu'il caressa quelques secondes avant de reprendre :

- Ton corps est beau.

Ses doigts descendirent alors jusqu'au creux de ses reins.

- Tes blessures sont belles.

C'est alors qu'il passa sa grande main sous le t-shirt de l'hyperactif, qui frémit, non pas de peur, mais d'appréhension. Il sentit les doigts passer par-dessus chacun de ses pansements. Encore une fois, une espèce de bien-être prit le dessus sur lui, l'incitant à le laisser faire lorsqu'il empoigna la bordure du tissu bordeaux. Une dizaine de minutes plus tard, le t-shirt finit par terre, avec ses congénères. Bandages et pansements devenus inutiles étaient clairement visibles et Derek entreprit, avec une lenteur folle, de les retirer un par un. Il y alla doucement, prit son temps. Il n'était pas pressé, pas le moins du monde, mais il s'affairait avec une adorable concentration qui fit rater un battement au cœur du plus jeune. Ce dernier le regardait avec, sans le savoir, des yeux emplis d'amour. Il n'essaya pas de l'arrêter, pas même alors que les premières traces de brûlure apparaissaient au grand jour. Pas même alors que le contraste entre les ronds brûlés et la pâleur de sa peau était saisissant, encore maintenant. Plus tard, elles disparaîtraient, ne se verraient qu'en relief. Ou peut-être même qu'elles ne se verraient plus. Seul le temps le lui dirait.

- Tes blessures font partie de toi, elles sont les témoins de ce que tu as vécu, continua doucement l'homme aux yeux clairs.

Chacun des pansements et bandages finit au sol sans regret. Derek jetterait tout plus tard. Pour l'instant, seul comptait Stiles. Ses yeux noisette continuaient de fixer les mains du loup qui s'affairaient à tout retirer. Il n'avait pas peur, pas le moins du monde. Parce que c'était Derek. Il acceptait de mettre ses plaies à nu devant lui, d'une part parce qu'elles ne lui faisaient plus mal, mais également parce qu'il sentait que ça allait.

- Elles retracent ton parcours, elles montrent que tu as survécu à chaque obstacle qui s'est présenté à toi.

Stiles buvait les paroles de Derek et ne réagissait qu'à peine à ses doigts qui allaient et venaient sur ses futures cicatrices. Il ne frissonnait pas, ne ressentait pas l'envie de repousser ces mains qui touchaient ses horribles blessures. Il devrait éprouver du dégoût, Derek aussi. Mais tout ce qu'il voyait dans les yeux de son loup, c'était de la tendresse et toujours ce petit quelque chose qu'il ne saurait définir. Rien que ça, ça l'apaisait. Parce qu'aux yeux de Derek, il avait l'impression d'être plus que ce qu'il était en réalité. Et ce regard si doux lui donnait envie d'être contre lui, de le toucher encore et encore. Là tout de suite, il avait oublié qu'il était juste en caleçon, son torse et ses bras dévoilés. C'était comme si la situation actuelle était normale. Et les paroles de Derek adoucissaient son cœur meurtri, pansaient ses blessures intérieures. Ainsi, il n'eut pas honte de se montrer presque nu. Ses mots lui faisaient du bien, si bien que tous ses problèmes étaient en hibernation, pour le moment. Il n'y pensait plus. A cet instant précis, seul comptait Derek.

En fait, il n'y avait qu'eux, dans cette bulle que leur sérénité formait.

Bien sûr, Stiles n'oubliait rien au sens propre. Il savait qu'un taré en avait après lui, que son père n'avait aucune confiance en lui, que son amie d'enfance était morte, laissant derrière elle une enfant innocente. Non, Stiles n'oubliait rien. Il mettait juste ça de côté un instant, parce qu'il en avait besoin. Du répit, il lui en fallait d'urgence et ça, Derek l'avait bien compris alors qu'il ne lui en avait même pas parlé, comme s'il savait tout à l'avance.

- Tu es incroyable, ne put s'empêcher de lâcher le jeune homme, ébahi.

Derek ne répondit pas, mais fit une chose qui fit réagir Stiles. Il sourit. Ce n'était pas un grand sourire, ses lèvres restaient closes, mais c'était suffisant pour illuminer son visage. Son regard n'était que douceur et tendresse. Le cœur de Stiles rata plusieurs battements et une étrange sensation prit place dans son ventre. D'un coup d'un seul, il se rapprocha de Derek et prit ses lèvres en otage. Il sentit tout de suite les bras puissants du loup l'encercler et le coller à lui.

Ce contact entre la peau nue de leur corps respectif combla instantanément Stiles. C'était ça qu'il voulait. Un peau contre peau. Dans la cuisine, il avait ressenti le besoin de tester ça, de voir s'il en était capable ou non. Le verdict était simple : il adorait ça. Son corps fut parcouru par de légères décharges électriques qui ne firent pas souffrir le moins du monde. Non, c'était tout l'inverse. Il frissonna. C'était agréable. Instinctivement, il s'avança encore, au point d'entremêler leurs jambes et d'être entièrement l'un contre l'autre, Derek entourant Stiles dans un cocon protecteur.

Les baisers s'enchaînèrent, sans faire basculer l'ambiance entre les deux hommes. La tension ne monta pas, aucune fragrance sexuelle n'emplit la pièce. A cet instant, ce n'était pas ce qu'il fallait et aucun des deux n'avait cette envie. Le peau contre peau leur suffisait amplement, pour l'instant.

Derek caressait Stiles en y allant doucement, par étapes. Au début, il commença par les hanches, le dos puis il passa la barrière de l'élastique de son boxer, par-dessus le tissu. L'hyperactif se tendit un peu, avant de se décrisper petit à petit, comprenant que Derek cherchait juste à connaître ses limites. C'était tacite, mais c'était là. Bien vite, il put poser clairement ladite main sur l'une de ses fesses sans que son humain ne se raidisse. Et il n'alla pas plus loin, se contentant de flatter doucement son postérieur tout en continuant de l'embrasser. D'un regard, il l'encouragea ensuite à faire de même. Stiles devait savoir qu'il pouvait le toucher à sa convenance, ça n'allait pas que dans un sens. Et l'hyperactif comprit, mais il y alla à petits pas, s'aventurant timidement sur ce torse qu'il n'osait pas toucher de prime abord.

Ainsi, ils se découvrirent en douceur sans jamais dépasser les limites tacites de Stiles. Il n'y eut aucun geste déplacé et le plus intime fut de timides caresses allant jusqu'aux fesses de l'autre. Les baisers furent nombreux et doux, et ce fut la tendresse sans fin de Derek qui parvint à décrisper totalement Stiles. Il apprit alors doucement à ne plus tressaillir lorsqu'il posait sa grande main sur ses fesses. Il apprit également à toucher ce corps qui s'offrait à lui, sans jamais s'approcher de son boxer. Il apprit enfin qu'avoir un moment intime ne signifiait pas forcément pratiquer un acte sexuel.

Le temps de cet après-midi-là, Stiles put mettre ses problèmes de côté pour se reposer réellement l'esprit. Pas une fois il ne quitta les bras de Derek qui, entre deux baisers langoureux, le couvait d'un regard empli d'amour.

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