Chapitre 17
La journée fut douce, tranquille, agréable. Pour la première fois, Stiles vivait sans peur. Oh, bien sûr, elle finirait par ressurgir. En tous les cas, il profitait et s'amusait comme un petit fou à embêter Amelia qui le lui rendait bien. Le midi, il avait mangé avec elle, Derek et Peter et le repas se déroula dans la joie et la bonne humeur, retenue chez les loups. L'après-midi, il n'avait pas lâché la petite d'une semelle, apprenant à la connaître. Plusieurs fois, il se fit la remarque qu'elle ressemblait énormément à sa mère, tant au niveau du caractère que du physique et Stiles était bien placé pour savoir à quel point Meadow était gentille.
Autre fait inédit, Derek restait la plupart du temps à ses côtés et autant dire qu'il n'était pas avare en démonstrations affectives. Souvent, il lui effleurait le bras ou l'épaule, passait un bras autour de lui, ébouriffait ses cheveux. Un peu plus rarement mais assez régulièrement pour le souligner, il l'étreignait doucement et parfois, déposait un léger baiser sur sa tempe. Pas une fois il avait retenté de l'embrasser et pourtant, il ne semblait pas gêné de ce qu'il s'était passé outre mesure. Bien évidemment, Stiles était assez surpris par ce côté tendre qu'il ne pensait pas trouver chez Derek mais il aimait beaucoup ça. Ou plutôt... Il adorait. Il savourait chacun de ses gestes, chacune de ses attentions, allant même jusqu'à se lover de lui-même dans les bras du loup.
Et malgré sa grande gueule, Peter ne disait rien lorsqu'il les voyait. Pour autant, ses yeux parlaient pour lui. Il trouvait clairement ça niais au possible. Non, ce n'était même plus surprenant à ses yeux, tant les deux jeunes hommes passaient de temps ensemble en ce moment. C'était juste trop guimauve à ses yeux.
Cependant, Stiles remarqua un certain inconfort chez Derek. Il arriva à plusieurs moments de la journée que celui-ci se tende et que son regard se perde dans le vague quelques secondes. Il voulait lui dire quelque chose, c'était clair à ses yeux. Et pourtant, il semblait s'abstenir à chaque fois qu'il croisait le regard inquiet de Stiles. Comme si c'était lui, le frein de ses pensées. À cette idée, Stiles fit une moue boudeuse qui fit rire la petite Amelia et froncer les sourcils de Derek. Toutefois, il ne dit rien, encore une fois, perturbant d'autant plus l'hyperactif. Parole de Stilinski, il le ferait parler... Lorsqu'ils seraient seuls. Seuls. Ce soir. Dans la chambre de Derek, donc. Probablement dans son lit. Collés comme il le faisait toujours. Stiles se leva soudainement et indiqua au loup et à l'enfant qu'il revenait tout de suite. Il monta alors rapidement à l'étage et se jeta presque dans la salle de bain, qu'il ferma automatiquement derrière lui. Il fit couler l'eau dans le lavabo avant de s'asperger le visage avec.
C'était comme s'il se réveillait soudain et qu'il prenait conscience des choses. Oh. Mon. Dieu. En relevant la tête, Stiles vit son reflet dans le miroir et faillit s'étouffer en voyant qu'il était rouge comme une tomate. Il espéra soudainement de tout cœur que Derek n'avait pas vu la couleur de son visage sinon, ce serait la honte et surtout, il ne comprendrait pas. Ou peut-être que si. Et puis, il se rendit compte que ça s'était passé là, dans cette pièce. Aussitôt, le corps de Stiles fut envahi par une étrange chaleur. Non, il n'avait définitivement pas rêvé, ils s'étaient embrassés ici, quelques heures plus tôt. Et c'était putain de bon. Encore mieux, il avait agi par la suite comme si tout était normal et ce, parce que ça lui avait semblé complètement naturel. Mais peut-être Derek avait-il un autre avis sur la question ? Peut-être était-ce ça qu'il voulait lui dire depuis le début ? Stiles, après s'être essuyé le visage, mit une main sur sa bouche ouverte en un « o » parfait. Oh putain, c'est tellement gênant. Puis, il essaya de raisonner. Il fallait être deux pour s'embrasser et puis Derek n'avait pas semblé le repousser, encore moins lorsqu'ils s'étaient effleurés plusieurs fois avec une tendresse qui avait fait craquer Stiles. Et puis... Derek n'avait-il pas initié le deuxième « presque baiser » ? Stiles commençait à douter. Avait-il forcé le loup d'une quelconque manière ? Loup qui ne l'aurait pas repoussé... Par politesse, sans doute ? Ou bien à cause du choc. Tout était possible. Et le voilà, maintenant, perturbé au possible, à douter des intentions du loup.
Stiles savait pertinemment que Derek ne lui aurait pas fait de mal : s'il le lui avait dit, ce n'était pas pour rien. Il avait confiance en lui, là n'était pas le problème. Le souci était qu'il se sentait un peu trop bien avec Derek et que si ce n'était pas réciproque, eh bien... Ça serait probablement très gênant. Mais pourtant, le loup le couvrait d'attentions et n'était pas du genre à se forcer, donc techniquement, il était consentant. Derek ne serait pas aussi adorable avec lui s'il n'était pas consentant, non... ? Et puis au final, qu'est-ce qu'ils étaient l'un pour l'autre ?
Mais surtout... Quels étaient les sentiments de Stiles envers Derek ?
Très honnêtement, il ne saurait le dire. Jusqu'à maintenant, il ne s'était pas vraiment posé la question. À vrai dire, il n'en avait pas vraiment eu l'occasion. Ces dernières semaines, il avait plus passé son temps à avoir peur et à fuir sa maison qu'autre chose. Il avait passé également beaucoup de temps dans les bras de Derek. Un certain nombre de nuits. Et putain, qu'est-ce qu'il aimait ça... Oui, il aimait la présence de Derek, sa voix, son corps, ses yeux... Ne lui avait-il pas dit qu'il les trouvait magnifiques ? Oupsi. Même si son côté bavard s'était bien atténué à cause du retour de son démon en ville, sa bouche avait laissé échapper cette pensée fugitive. La honte le submergea alors qu'il prenait conscience de tout ça. De ses potentiels sentiments parce que non, ça ne pouvait pas être autre chose. Il ressentait quelque chose pour Derek, c'était évident et inutile de le nier intérieurement. Il aimait trop tout chez lui. Et ses lèvres, bon dieu...
Depuis combien de temps Stiles ne s'était-il pas laissé aller à penser à ce genre de choses ? Des sentiments, un potentiel crush, des sensations, questionnements suite à un baiser... Des étreintes... Des démonstrations d'affection... Il ne trouvait rien de mauvais à cela et n'était pas envahi par ses horribles souvenirs. Depuis quand n'avait-il pas pensé innocemment ? Tellement longtemps qu'il ne pouvait pas donner de date... Et que ça le perturbait au plus haut point.
Parce que putain, sa vie n'était pas simple et ne lui avait jamais vraiment laissé l'occasion de songer aux choses de manière innocente. Même lorsqu'il pensait à Lydia, il avait des réminiscences. C'était encore pire avec Malia puisqu'il avait couché avec elle, sous l'emprise du nogitsune. Durant longtemps, il avait revécu ce moment – pourtant agréable – sous forme de cauchemar, dans lequel les rôles étaient inversés et où Malia... N'était plus Malia. Alors penser innocemment à Derek et s'être senti bien lorsqu'ils s'étaient embrassés... C'était tout nouveau. Étrange. Magnifique. Parce qu'il avait aimé comme jamais, bordel. Derek l'avait littéralement apaisé. Et avait participé. Maintenant, Stiles en était sûr. Pourtant, il continua de douter du consentement et des intentions du plus vieux.
C'est complètement perturbé et à peine calmé qu'il redescendit retrouver Amelia... Et Derek. Dès qu'il eut le loup dans son champ de vision, Stiles frissonna. Le regard bleu-vert ne le quittait pas. Derek le fixait, un sourcil haussé. Si Stiles avait été plus stable émotionnellement, il aurait ri de retrouver le langage de sourcils de Derek, qu'il n'avait que peu utilisé récemment. Stiles se rassit à côté du Hale et recommença à jouer plus ou moins tranquillement avec la fillette, sous le regard lourd de Derek. À sa question muette, Stiles répondit tout naturellement qu'ils auraient à discuter, un peu plus tard. Sous-entendu, lorsqu'ils seraient tranquilles.
Derek était curieux. Ou plutôt... Inquiet. L'odeur de stress de Stiles était si puissante qu'il l'avait sentie même lorsqu'il s'était réfugié à l'étage, dans la salle de bain. Il avait longuement hésité à venir mais avait songé que, peut-être, l'hyperactif avait souhaité être seul. Et comme il ne désirait pas l'étouffer ni le faire se sentir en cage. Et puis... Le côté adorable d'Amelia le poussait à lui tenir compagnie.
Parce qu'il sentait que c'était ce qu'il fallait faire. De plus, la petite était... Spéciale. Elle n'avait pas peur de lui, ne le craignait pas le moins du monde. Et il fallait avouer que ne pas être craint était une sensation plaisante.
Au retour de Stiles, c'est cependant sur lui qu'il se concentra. Et lorsqu'il lui fit ce sous-entendu, Derek se débrouilla pour qu'ils se retrouvent vite seuls. Lorsque Peter fit son apparition, Derek se démerda pour qu'il prenne le relais, prétextant qu'ils étaient fatigués et avaient besoin de se reposer un peu à l'étage. L'oncle décela aisément le mensonge mais ne dit rien. Stiles, quant à lui, le regarda avec étonnement. Il consentit toutefois à le suivre, après avoir fait promettre à l'oncle de Derek de faire attention et de ne pas traumatiser Amelia.
Et puis il suivit Derek à l'étage avec appréhension. Elle fut d'autant plus forte lorsque le loup ferma la porte derrière lui. Par instinct, Stiles s'assit sur le lit et se protégea... À l'aide de sa seule arme : sa voix.
- Tu sais que, sans être un loup, je peux moi aussi déceler les mensonges, grimaça-t-il.
- Je sais, répondit simplement Derek en s'avançant vers lui.
Puis, il s'assit à ses côtés, à une distance raisonnable toutefois pour ne pas l'incommoder tant qu'il ne lui aurait rien dit.
- Et si tu me disais ce qui te tracasse ?
- C'est de la triche, bouda l'hyperactif en croisant les bras sur sa poitrine.
Sa moue adorable fit bien sûr littéralement fondre Derek dont le regard à cet instant-ci était empli de tendresse. Tendresse envers cet adolescent qu'il croyait haïr lorsqu'ils s'étaient rencontré deux ou trois ans auparavant. Qui aurait cru qu'il soit désormais assez yeux presque plus important que n'importe qui ? Il y avait un lien étrange entre eux qui ne cessait de s'étoffer de jour en jour. Était-ce parce qu'il était potentiellement en danger ou parce qu'il y avait autre chose de bien plus profond et spécial ? La raison du loup aurait bien penché pour la première option mais son cœur lui laissait plutôt penser qu'il s'agissait de la seconde. Il n'avait jamais ressenti quoi que ce soit de ce genre auparavant, pas même avec Paige.
C'était unique.
Derek rit doucement.
- Il nous faut bien quelque chose à nous les loups pour compenser ton incroyable sens de la déduction.
- Ça reste de la triche parce que vous, vous savez directement. Foutu odorat de loup de mes deux.
Sa moue boudeuse continua de faire sourire le loup qui ne perdait toutefois pas le cap. Il voulait savoir ce qui stressait Stiles. Il voulait revoir ce sourire sur son visage.
Il y était déjà accro.
- Et donc ? Insista-t-il, l'air innocent.
- Et donc j'arrive pas à savoir si t'étais consentant ce matin, maugréa Stiles en détournant le regard.
Stiles se savait faible parce qu'il n'arrivait plus à dire non à Derek mais aussi parce qu'il n'en avait pas envie. Lorsqu'il était près de lui, Stiles ne voulait rien garder pour lui, c'est comme si parler était quelque chose de simple avec lui. Comme tout le reste.
- Je suis un peu perdu... D'un côté je me dis que oui parce que bah pour s'embrasser, faut être deux et tu t'es rapproché toi aussi. T'as genre frôlé mes lèvres comme j'ai frôlé les tiennes donc, techniquement, on peut dire que tu as accepté le bail. Le truc c'est que je sais pas si tu le voulais vraiment. T'aurais pu, genre... Avoir pitié ou je sais pas moi, peut-être que tu voulais juste pas me blesser. Et tu vois, ça je comprends mais du coup ce que je comprends moins c'est pourquoi tu continuerais à agir en mode doudou câlin si tu te forçais et je te vois pas te forcer et...
Deux lèvres pleines doucement posées sur les siennes stoppèrent sa litanie qui commençait à sentir la panique tant Stiles faisait peu de pauses dans son monologue. L'hyperactif ferma aussitôt les yeux tandis qu'une douce chaleur parcourait l'intégralité de son corps... Devenant brûlante au milieu de son dos et derrière sa tête, là où Derek venait de poser ses mains. Cette fois, c'était un vrai baiser. Pas un effleurement. Ce qui fit littéralement chavirer Stiles fut l'absence totale d'hésitation dans le geste de Derek. Il le voulait. Stiles répondit à son tour sans hésiter au baiser et leurs lèvres se fondirent longuement l'une contre l'autre, comme si elles n'avaient attendu que ça. Timidement toutefois, Stiles passa ses bras autour du cou du loup et se colla à lui sans aucune arrière-pensée. Il voulait juste... Être contre Derek et sa chaleur rassurante. Mais Derek s'éloigna un peu, décollant leurs lèvres silencieusement. Stiles faillit grogner de frustration. Le regard si tendre du loup fit rater un battement à son cœur.
- Tu as ta réponse, susurra Hale.
- Mhmm... Elle n'est pas complète, dit Stiles en faisant la moue. Peut-être que si tu continuais...
L'hyperactif laissa volontairement sa phrase en suspens, un petit sourire mutin étirant doucement ses lèvres... Que Derek captura à nouveau dans un grognement de satisfaction. Sans même s'en être rendu compte, Stiles était désormais allongé sur le lit, le loup au-dessus de lui. Et il continuait de l'embrasser, ne s'arrêtant que lorsqu'il n'avait plus d'air pour mieux reprendre en suite.
Étonnamment, Derek se fit très chaste, ses mains se firent peu baladeuse. Il avait conscience que ce moment était privilégié et précieux. Il ne devait pas le gâcher avec de potentielles envies naissantes. Et Derek aimait sans doute assez Stiles pour contrôler son loup et réfréner certains besoins. Soudainement, il bascula de telle sorte à ce que l'adolescent se retrouve au-dessus de lui. L'avoir étalé de tout son long sur son corps ne le gênait pas le moins du monde, bien au contraire : en plus d'être aussi léger qu'une plume à ses yeux, sa chaleur corporelle était très agréable à percevoir à travers ses vêtements. Sous son air délicieusement surpris, Derek sourit et ce fut au tour de Stiles de fondre sur ses lèvres avec un plaisir non dissimulé tandis que sa main droite partait en exploration dans la chevelure brune de son vis-à-vis. Celles de Derek se posèrent au creux de ses reins, faisant attention à ne pas aller plus bas. Pas tout de suite.
Et Stiles l'embarqua dans le plus beau baiser de sa vie.
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Vingt et une heure trente, après plusieurs heures de jeu et un bon repas, Amelia était couchée et dormait déjà profondément grâce à l'histoire lue par Stiles qui revint en souriant dans la chambre de Derek. Le loup l'attendait, assis sur le lit, une télécommande à la main. Sans un mot, il tapota la place à côté de lui et Stiles choisit de ne pas s'assoir sagement à côté de lui. Il décida plutôt de se coller contre Derek et de se lover contre lui. Bien que cela sembla surprendre le loup, il lança le film qu'ils avaient choisi au préalable et entoura l'adolescent de ses bras avant de lui faire un léger bisou sur le front.
Et pendant que Spiderman affrontait un vilain personnage, Derek et Stiles échangeaient parfois quelques baisers, sans se poser de question.
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- Faudrait peut-être que je songe à retourner en cours, émit Stiles durant le petit-déjeuner du lendemain. Parce qu'on est déjà mardi et... Ah oui j'ai potentiellement loupé hier.
Ils étaient seuls, Peter était parti faire ils ne savaient quoi tandis qu'Amelia n'était pas encore levée. En même temps, à part Stiles et Derek, qui aurait l'audace de se lever à huit heures ? Qui déjeunerait à cette heure-là au lieu de faire la grasse matinée ?
Derek haussa une épaule.
- Si tu te le sens, vas-y.
- Mais après je me dis qu'il y a Amelia et...
- On est là, nous, le coupa doucement Derek. Il ne faut pas que tu plombes ta scolarité parce qu'une amie à toi t'a confié sa fille.
- Certes. Mais tu vois, la laisser seule... Enfin avec toi ça va, mais avec Peter... Mouais bof, grimaça Stiles.
Derek souffla du nez. Il était vrai que même s'il se débrouillait pas trop mal, Peter n'était pas non plus celui à qui il laisserait en premier un enfant.
Stiles eut soudain l'air pensif et tourna sa cuillère dans son bol sans rien faire de plus. Son odeur changea.
- J'espère que... Mon père n'a pas été prévenu de mon absence d'hier.
Derek passa une main dans son dos, qu'il caressa doucement.
- Si jamais, on pourra toujours te couvrir, dit-il pour le rassurer.
- Non mais ça encore ça va, j'ai surtout peur qu'il... Que ça lui donne un motif de plus pour me faire revenir à la maison. Il a déjà dû commencer à se poser des questions.
Derek se mordit la lèvre. Le moment de parler était-il arrivé ? Stiles continua, l'air soudainement fragile :
- Et moi, ben... Je veux pas, je peux pas rentrer.
- Tu resteras ici autant de temps que tu le voudras, le rassura Derek.
- Et si mon père vient me chercher ? Demanda Stiles en tournant la tête vers le loup.
Sa fragilité palpable toucha le loup qui se leva et l'enlaça par-derrière, collant son torse contre le dos de l'adolescent. Il était prêt à tout pour faire disparaître la fragrance de l'angoisse de son odeur. Derek devenait-il un canard ? Probablement, mais ça ne le dérangeait étonnamment pas le moins du monde.
- Eh bien on lui fera gentiment comprendre qu'il n'a pas le droit de te forcer, lui dit doucement le loup en fourrant son nez dans sa chevelure en bataille.
- Il est shérif, chouina Stiles comme si c'était une fatalité.
- Et moi je suis un loup, rétorqua Derek.
- Tu vas pas l'étriper quand même ?
Stiles paraissait outré mais Derek le sentait se détendre.
- Ça se discute, fit semblant d'hésiter le brun.
En un quart de seconde, Stiles s'était levé et tortillé pour se retourner dans les bras de Derek, de manière à se retrouver face à lui. Son faux air offusqué et ses joues légèrement rougies renforçaient ce côté adorable que Stiles possédait mais qu'il ne montrait pas souvent. Enfin ces temps-ci, il en faisait régulièrement la démonstration et le pire était qu'il ne semblait pas le faire exprès. C'était comme s'il se laissait aller à son rythme, se donnait le droit d'être lui-même sans faire cas de ce qui le faisait souffrir.
Devant le visage adorable et les lèvres qui semblaient offertes, Derek n'hésita qu'une seconde avant de se pencher et de les cueillir pour un baiser aussi doux que chaste. Délicieux. Ce contact tout simple le fit frissonner et resserrer son étreinte sur le plus jeune qui s'accrocha à lui. Avec une timidité toutefois étonnamment présente, Stiles y répondit et comme les fois précédentes, une explosion de sensations secoua les... Les quoi, en fait ? Amants ? Amoureux ? Non, pour être amants, faudrait-ils qu'ils fassent des choses intimes et... Stiles se recula doucement, l'air songeur en détournant le regard pour le fixer dans le vide. Derek le regarda, surpris et quelque peu déçu. Les lèvres de l'hyperactif lui manquaient déjà. Néanmoins, il resta de marbre et attendit que Stiles se décide à parler parce que c'était clairement ce qu'il voulait : il ouvrait la bouche puis la refermait. Il réussit à trouver ses mots après quelques secondes.
- Derek... Qu'est-ce qu'on est ? Demanda-t-il.
Puis, il tourna la tête vers lui et le regarda dans les yeux tout en s'accrochant toujours à lui. Ses mains, dans le dos du loup, serraient le t-shirt de celui-ci. La question avait beau paraître anodine, Derek sentait qu'il y avait plus qu'une simple interrogation derrière ces mots. Il y avait ce regard miel, partagé entre la peur et le bonheur, ces mains fines qui s'accrochaient fébrilement à son haut, ce corps pas si frêle que ça pressé contre le sien, cette attente qui tordait sans doute le ventre du plus jeune. Il la sentait, cette petite angoisse qui ressemblait un peu à celle de la veille.
- On dort tout le temps ensemble depuis quelques temps, on ne se quitte pas, on se fait des câlins... Et puis on s'embrasse. C'est pas anodin... Et c'est seulement maintenant que je me fais la réflexion, soupira Stiles en fermant les yeux un instant seulement.
Honnêtement, Derek ne saurait pas clairement définir leur relation actuelle. Disons que jusqu'à maintenant, il n'y avait pas vraiment réfléchi. Pas qu'il n'en avait pas eu l'occasion, simplement... Ça ne lui était pas venu à l'esprit parce qu'il laissait les choses se faire, au rythme de Stiles.
- On est ce que tu veux, dit-il simplement en replaçant une mèche de cheveux châtain récalcitrante derrière l'oreille droite de Stiles.
- Ça veut dire qu'on est un peu comme... Ensemble ? Questionna le plus jeune en se crispant.
Interprétant mal sa tension, Derek s'empressa de le rassurer :
- Seulement si tu le veux.
Stiles se mordit la lèvre inférieure.
- Bien sûr que je le veux, c'est... C'est juste que ça peut être mauvais pour toi.
Derek haussa un sourcil, lâcha son étreinte sur l'adolescent et lui prit la main. Un peu surpris, Stiles le suivit tout de même en rougissant. Il faillit avoir un petit rire en constatant que sa main était littéralement engloutie par celle de son aîné... Qui le conduisit dans sa chambre. Stiles comprit le message. Une fois que la porte fut fermée, Stiles s'installa en tailleur en plein milieu du lit. Il frémit, sentant qu'il n'allait peut-être pas apprécier le tournant que prenait leur discussion mais il sentait qu'il n'avait pas le choix, ne pouvait pas l'éviter. Parce que si Derek l'avait emmené dans sa chambre, c'était pour éviter qu'une oreille indiscrète ne les écoute : soit Peter quand il rentrerait, soit Amelia en se réveillant et en débarquant au rez-de-chaussée. La conversation promettait d'être... Sérieuse.
- Et si tu me définissais ce que tu entends par « mauvais » ? Commença directement Derek, debout au milieu de la pièce, les bras croisés.
Stiles en eut le souffle coupé durant une seconde. Il se reprit toutefois bien vite :
- Toi, t'es normal.
Derek haussa un sourcil devant ces quelques mots... Pas vraiment parlant. Stiles détourna le regard et tenta de reprendre contenance, d'ignorer sa gorge soudainement sèche et la boule naissante dans son ventre.
- Je suis pas débile, je sais qu'une relation ou même quelque chose d'autre s'y apparentant... Ça implique des trucs. Et je sais pas si... Enfin tu vois. Il y a un truc entre nous, c'est impossible de le nier, sinon... On ne s'embrasserait pas toute la journée, rit-il nerveusement.
Derek s'approcha et décida carrément de s'installer près de lui, au milieu du lit. Stiles avait besoin de sa présence et il le sentait s'ouvrir. Peut-être... Qu'il n'aurait pas lui-même besoin de débuter la conversation puisque Stiles semblait décidé à aller de ce côté-là. Il n'était pas bête et commençait déjà à voir où il voulait en venir.
- Donc, en soi, on a une relation mais... Généralement... Ça s'arrête pas aux bisous-câlins. Et... 'Fin, t'es normalement constitué et t'es pas neuneu. Du coup, le fait d'être ensemble c'est bien mais... Je pourrai pas forcément te donner tout ce que tu pourrais vouloir. Enfin après, peut-être que je me trompe et qu'on ne parle pas de la même chose, mais...
- Stiles, calme-toi, lui intima Derek en posant sa grande main sur celle, légèrement tremblante, de l'adolescent.
- Non mais Derek, je... Je suis cassé.
Un brusque rappel de la réalité. Derek resserra ses doigts sur la main de Stiles, dont la respiration se faisait hachée tout autant que son regard se faisait fuyant. Le loup se rapprocha encore. Il ne s'était pas trompé, son petit hyperactif s'ouvrait et il fallait qu'il soit là pour le soutenir même si ses paroles lui feraient un mal de chien. Même si ce qu'il savait déjà le tuait de l'intérieur et qu'il essayait de l'oublier.
- Je me voyais pas parler de ça aujourd'hui mais... Le sujet s'y prête, haha... Alors si... Si on a un semblant de relation, il faut que tu saches que... Que je...
Une goutte de sueur perla sur la tempe de l'adolescent qui ferma les yeux fortement en serrant la main de Derek comme s'il était sa bouée de sauvetage. Son ancrage. Stiles rouvrit soudainement les yeux en sentant les deux bras du loup l'entourer. Il s'était placé derrière lui de manière à former une espèce de cocon protecteur, à lui apporter toute la chaleur dont il avait besoin. Derek fourra, comme un peu plus tôt dans la journée, son nez dans la crinière de Stiles et le serra avec douceur.
Les yeux de Stiles se mirent à rougir sous l'émotion, avant de finalement laisser échapper une larme.
- Ne t'occupe pas de ça, Stiles.
La voix de Derek était si douce qu'elle semblait vouloir le bercer.
- Mais je... Commença-t-il.
- On en est pas encore là, le coupa doucement le bêta en caressant son ventre par-dessus le tissu fin du t-shirt. Ne va pas trop vite.
Et même si le loup de Derek avait envie de sortir de ses gonds pour aller s'occuper de l'enfoiré qui avait brisé son hyperactif, il gardait son calme, en apparence. Il se devait de garder la face, de tenir, pour Stiles.
- Mais pourtant, ce... Ça en fait partie... Et je sais que... Que les loups adorent ça, que c'est presque vital, qu'ils en ont besoin... Alors forcément, je peux pas m'empêcher d'y penser et en même temps je me dis... Comment toi, le mec le plus sexy de Beacon Hills, pourrait vouloir faire des trucs avec un pauvre mec comme moi ? J'ai rien pour plaire et puis je suis abîmé et...
- Stiles, ne t'occupe pas de ça, lui répéta Derek un peu plus fermement.
Les mots de Stiles lui faisaient tellement mal qu'il n'avait même pas remarqué le compliment à son encontre. Il fallait dire qu'il luttait pour ne pas se transformer sous la colère.
- Ok ok, mais alors... Peut-être qu'il va falloir qu'on... Qu'on ait pas vraiment de relation, tu vois ? Vraiment Derek, tu mérites mieux que... « Ça », fit Stiles en se désignant lui-même, des trémolos dans la voix.
Il tremblait complètement, cette fois et se ratatinait dans les bras de Derek. Ce dernier dut presque faire des exercices de respiration pour rester plus ou moins calme alors qu'il sentait l'odeur piquante des larmes de Stiles qui roulaient sur ses joues, de plus en plus nombreuses. Il serra d'autant plus fort l'hyperactif contre lui. Qu'est-ce qu'il détestait quand il se dénigrait comme ça...
- T'es plus que « ça », grogna Derek en collant complètement l'adolescent contre son corps après l'avoir retourné pour qu'il se retrouve face à lui.
La vue du visage détruit par la tristesse lui remua le cœur, si bien que ses yeux prirent une teinte plus grise que bleu-vert.
- Non, j'suis pas plus que « ça », non ! S'emporta Stiles malgré les tremblements dans sa voix. J'suis qu'une pauvre merde qui... Qui a pas su se défendre quand il le fallait...
Et l'hyperactif s'effondra dans les bras de Derek qui ne sut clairement pas quoi faire tant il était déchiré par les mots du plus jeune. Pour la première fois depuis longtemps, les yeux du loup brillaient... Ni de colère, ni de joie. Ils brillaient parce que les larmes montaient et pouvaient presque menacer de s'échapper. Il était complètement retourné par l'aveu sous-jacent de Stiles, qui l'avait sans doute lâché sans le vouloir. Savoir que cela faisait clairement écho avec ce qu'il savait lui nouait les tripes, à tel point... Qu'il rapprocha brusquement Stiles de lui et cacha sa tête dans le cou de l'adolescent. Il ne voulait pas que l'hyperactif voie dans quel état il le mettait.
- Derek... Souffla Stiles en passant ses bras autour de lui, pleurant sans discontinuer, mouillant sans vergogne l'épaule solide du loup.
- Parle-moi Stiles...
C'était une supplique. Derek le suppliait.
L'adolescent frémit et écarquilla ses yeux larmoyants, en reniflant pitoyablement. La voix de Derek chevrotait, elle trahissait à sa manière sa douleur. Et Stiles n'avait pas besoin de voir son visage pour se douter qu'il n'était pas en meilleure forme que lui. Et c'était sans doute la première fois qu'il l'entendait ainsi. Bien sûr, sa voix lui tordit les tripes, mais il était dans un état mental trop déplorable pour penser à aider le loup-garou, encore moins pour songer au fait qu'il était le premier témoin de ce genre de choses chez lui.
Là, c'était surtout Stiles qui avait besoin d'être aidé. Il serra Derek de toutes ses forces contre lui et tenta de reprendre son souffle et une respiration décente. Les mains de Derek s'appliquèrent presque timidement à effectuer de douces caresses dans son dos.
Et les dernières barrières de Stiles cédèrent.
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