Chapitre 12
Stiles aida avec joie les deux Hale, toujours flanqués d'Isaac qui n'avait pas semblé vouloir s'en aller, à préparer la soirée-meute. Arranger le loft pour accueillir tout le monde et rendre le tout agréable lui changeait les idées. Et puis... Il aimait ça. Décorer, ranger, rendre ce loft un peu plus vivant, lui enlever de cette austérité qui lui faisait perdre son potentiel accueillant. Ce genre d'activité avait un autre effet sur lui, tout aussi positif : ça l'occupait. Lui qui était hyperactif pouvait ainsi utiliser son énergie à bon escient.
Tout ce remue-ménage dura l'entièreté de l'après-midi et Stiles fut content de voir que les trois loups présents aient mis la main à la pâte, chacun à leur manière. Peter s'était occupé de tout le côté nourriture, avait pris soin de préparer à l'avance chaque plat pour ne rien avoir à faire le soir. Derek avait fait le ménage de l'entièreté du loft tandis que Stiles et Isaac avaient rangé et décoré. Épuisé par tant de labeur accompli, l'hyperactif se laissa tomber à côté de Lahey sur le canapé. Il grimaça quelque peu en sentant la douleur revenir en force à cause de ce qu'il venait de faire. Quand il s'était affairé, il avait fait attention à ne pas faire trop d'efforts, à ne pas trop se pencher, à ne pas trop tirer sur ses bras ni son torse. Là, ça commençait à le tirailler sérieusement. Près d'Isaac, il choisit de ne rien montrer et d'endurer en silence, ignorant autant que possible la douleur. Au moins, elle n'était pas trop forte. Il n'était pas non plus question qu'il embête Derek, qui lui avait déjà pris de nombreuses fois sa douleur.
Parce qu'il avait transpiré et qu'il avait besoin d'être un peu seul, Stiles prévint les loups qu'il allait squatter la douche quelques minutes. Derek l'accompagna en haut pour amener son sac qu'ils étaient allés chercher le matin même.
- Si tu as besoin de quoi que ce soit, appelle-moi, d'accord ? Lui dit-il, l'air sérieux.
Mais Stiles surprit Derek en n'ayant pas la réaction qu'il attendait.
- Ça ira Sourwolf, je peux vivre sans toi deux minutes, rit Stiles, attendri.
Si on avait dit à Stiles, quelques mois plus tôt, que Derek se comporterait ainsi avec lui, il ne l'aurait pas cru. Pourtant, c'était bien réel. Le loup prenait soin de lui, c'était indéniable et sans mentir, ça lui faisait du bien. Scott aussi prenait généralement soin de lui, mais ce n'était pas la même chose. Scott était un peu... Comme un frère. Pas Derek. Comme quoi, l'habit ne faisait vraiment pas le moine. Hale junior était un ange derrière son absence quasi sempiternelle de sourire.
Le rire de Stiles était si rare ces derniers temps qu'entendre ce son cristallin ravit les oreilles du loup autant qu'il le surprit. C'était... Beau. Il fallait dire les choses honnêtement, même si Derek s'étonna de penser cela. Puis, il réfléchit et sa surprise quant à la direction de ses pensées s'effaça tandis que la tristesse se diffusa dans son cœur. Cela faisait-il tant de temps que ça que Stiles n'avait pas ri ? Tant de temps que ses yeux n'avaient pas exprimé autre chose que de la souffrance... Cela ne faisait que quelques jours, mais c'était déjà trop aux yeux du loup.
Stiles s'était arrêté de rire et regardait désormais le lycan, perplexe. Pourquoi ne disait-il rien ? Avait-il fait quelque chose qu'il ne fallait pas ? Aussitôt, il s'en inquiéta et leva une main pour la poser sur l'épaule de Derek, mais jamais sa paume ne l'atteignit. À la place, il se sentit doucement pousser vers l'avant, vers le Hale, jusqu'à se retrouver contre son torse. Il comprit alors que Derek avait passé un bras autour de sa taille pour le rapprocher de lui jusqu'à l'étreindre avec cette étrange douceur qui le caractérisait depuis un moment. Tandis que sa main gauche reposait dans le bas de son dos, l'autre avait déjà trouvé refuge dans ses cheveux. Stiles hoqueta de surprise, mais ne dit rien et passa ses bras autour de Derek en fermant les yeux. Jamais il ne dirait non à ses étreintes. Étrangement, sa douleur s'en alla. Peut-être Derek avait-il prit sa souffrance physique, peut-être s'en était-elle allée juste grâce au bien-être qui l'envahit. Là, tout de suite, il eut l'impression de s'envoler, de quitter ce monde qui ne voulait pas toujours de lui.
- Ça faisait longtemps que je ne t'avais pas vu rire.
L'aveu du loup lui porta un coup au cœur mais il ne le lâcha pas pour autant, resserrant ses bras fins autour de lui.
xxx
Se doucher ne fut pas une partie de plaisir pour l'adolescent qui grimaça un moment avant de s'habituer à l'écoulement de l'eau sur sa peau meurtrie. Derek lui avait bien proposé son aide mais Stiles avait longuement refusé, n'étant pas vraiment d'accord pour que le loup le voie à nouveau complètement nu, même si ça partait d'un bon sentiment. Stiles avait ses propres complexes et son corps restait un cauchemar vivant à ses yeux, pour des raisons qui lui étaient propres. Pour cette raison, il évita de se regarder alors même qu'il se lavait. Par chance, il avait pensé à prendre certaines affaires propres qui se trouvaient auparavant dans son sac d'affaire. Néanmoins, après s'être difficilement séché, Stiles se rendit compte qu'enfiler un t-shirt directement sur ses brûlures n'était pas forcément la meilleure idée qui soit. Les frottements étaient une horreur et l'irritaient au plus haut point. Il se remit alors torse nu et entreprit de chercher dans les placards de la salle de bain. Au bout de quelques minutes, il soupira et abandonna en s'asseyant sur le bord de la baignoire.
- Derek, viens s'il te plaît, dit-il simplement.
Le volume de sa voix était normal : ni trop fort, ni trop bas. Sachant que le plus jeune des Hale était un loup, nul doute qu'il l'entendrait. Au cas-où, Stiles réitéra sa demande et attendit. Hors de question de descendre et d'exposer son torse et ses bras aux yeux d'Isaac et Peter car, même si l'oncle de Derek était au courant, ce n'était pas pour autant qu'il avait envie de lui montrer l'étendue des dégâts. Stiles n'était pas non plus très chaud de montrer son état à Derek qui l'avait pourtant déjà vu, mais le moindre frottement sur ses plaies lui était réellement insupportable et peut-être qu'après réflexion, se doucher de cette manière avec ce genre de brûlures n'était pas forcément une bonne idée, si l'on prenait le simple fait qu'elles le tiraillaient alors qu'il n'y touchait même plus.
Enfin, Stiles entendit les pas de Derek se rapprocher et sa voix emplir le silence autrefois présent :
- Stiles, de quoi tu...
Le loup se stoppa en entrant dans la salle de bain et en voyant l'adolescent assis sur le rebord de la baignoire, adolescent dont seul le haut du corps était dénudé, exposant clairement les brûlures tâchant sa peau claire parsemée de grains de beauté. Gêné et honteux que le loup le voie ainsi mais sachant très bien qu'il n'avait pas vraiment le choix, Stiles détourna le regard.
- J'ai cherché des trucs pour « ça », fit-il timidement en désignant ses brûlures. Tu m'en voudras pas, j'ai fouillé ta salle de bain, mais j'ai rien trouvé.
- Fallait m'appeler plus tôt.
- Je voulais pas te déranger...
- Tu me déranges jamais.
Sur ces belles paroles, Derek sortit de la salle de bain et revint moins d'une minute plus tard, une boîte dans les mains. Il referma la porte de la salle de bain pour éviter qu'un curieux ne se risque à regarder, ouvrit la boîte et en sortit ce dont il avait besoin.
- D'abord, on va mettre ça, dit-il doucement.
Stiles, ahuri, ne dit rien et laissa faire le loup. Si on lui avait un jour dit que Derek Hale le soignerait de son plein gré et en plus, avec une telle douceur, jamais il ne l'aurait cru tant c'était incroyable ! Les doigts qui s'apposèrent sur sa peau sensible le firent frissonner au même rythme que la fraîcheur de la pommade pénétrait à l'intérieur de ses pores. C'était bon, agréable, si bien qu'il se retint de soupirer d'aise.
- Après, je t'ai pas appelé pour que ce soit toi qui... Je pouvais me le faire, tu sais ? Fit-il toutefois remarquer les joues légèrement rougies. En plus je savais pas qu'il y avait une pommade à mettre. Non, vraiment, tu n'es pas obligé...
- Hmm, répondit distraitement le loup, concentré sur sa tâche.
Derek étalait doucement le gel, avec cette délicatesse qui surprenait toujours autant l'adolescent. Tous les picotements et tiraillements qu'il ressentait jusque-là semblèrent disparaître au simple contact avec la peau des grandes mains du loup, comme si elles avaient un effet anesthésiant. Pourtant, le loup ne lui avait à aucun moment pris sa douleur, cette fois ; Stiles avait bien fait attention et n'avait pas manqué de surveiller les veines de son vis-à-vis.
- Je suis content que tu me fasses confiance.
Stiles sursauta presque : le silence durait depuis tellement de temps maintenant qu'entendre soudainement la voix de Derek le surprit tout autant que ses paroles lui firent du bien.
- Ne pas te faire confiance serait débile, après tout ce que t'as fait et que tu continues de faire, répondit-il logiquement.
- C'est vrai, acquiesça Derek en s'essuyant les mains. Et je veux que tu saches que j'ai tout autant confiance en toi.
Ainsi, Derek attrapa un rouleau blanchâtre et entreprit de bander en premier lieu le bras droit de Stiles, suivi du gauche. Pour ce qui était de son torse, il en recouvrit une partie à l'aide de pansements, ce qui était largement suffisant. Stiles sourit mais ne dit rien. Son cœur et son odeur parlaient pour lui ; les paroles et actes du loup le rendaient un peu plus léger. Sous les yeux du loup, Stiles enfila un t-shirt et une veste. Cette fois-ci, tout était à sa taille. D'un air entendu, ils descendirent rejoindre les deux autres loups... Qui n'étaient plus deux, mais quatre. Entre temps, Liam et Théo étaient arrivés ; ils étaient de ceux qui aimaient arriver en avance et nul doute que le reste de la meute suivrait bientôt.
C'es effectivement ce qu'il se passa. Aux alentours de dix-huit heures, tout le monde était là, même Parrish. Après tout, ses liens avec la meute étaient assez étroits, pour ne pas dire qu'il en faisait partie. Lorsqu'il le vit arriver, Derek lui lança un regard interrogateur, auquel Jordan répondit par un hochement de tête. Le policier s'approcha de lui et lui chuchota à l'oreille de trouver un moment dans la soirée durant lequel il pourrait leur parler, à lui et Scott.
- J'ai trouvé quelque chose, ajouta-t-il doucement.
- Et c'est mauvais ? Demanda Derek, légèrement anxieux.
- Ça ne va pas vous plaire, ça c'est sûr, répondit Parrish d'un air préoccupé. Préviens Scott.
Sur ces belles paroles, Jordan s'éclipsa et reprit un air guilleret lorsqu'il se dirigea vers un petit groupe qui papotait joyeusement. Il se plaça auprès de Lydia qui lui fit tout de suite intégrer la conversation. De ses yeux si clairs, Derek vit que Stiles se trouvait dans ce groupe, composé désormais de lui-même, Jordan, Lydia, Malia, Liam et Mason. Les jeunes gens mis au courant par Scott du comportement étrange qu'avait eu Stiles ne dirent rien car celui-ci avait l'air tout à fait normal et repartait avec son hyperactivité, allant de longues diatribes en litanies, de monologues en élucubrations en tout genre. Si on le voyait maintenant sans prendre en compte ses attitudes et les évènements de ces derniers jours, impossible de deviner qu'il vivait un cauchemar vivant. Derek se fit la malheureuse réflexion que Stiles était très doué, peut-être un peu trop pour son bien. Jordan Parrish devait l'avoir compris aussi puisque son regard se posait régulièrement sur le jeune homme, comme s'il le surveillait. Vint un moment où Scott vint prendre Stiles à part pour s'assurer qu'il allait bien et l'hyperactif dut se montrer particulièrement convaincant puisque l'alpha eut l'air rassuré et lui fit un câlin.
La meute se mit à table relativement tôt, de manière à être tranquille et à pouvoir faire tout un tas d'activité sans être coupée durant le reste de la soirée. Derek s'installa d'autorité à gauche de Stiles, celle de droite fut prise par Lydia. Scott se mordit la lèvre inférieure. Il avait envie de se mettre à côté de son meilleur ami mais il fallait croire qu'il avait raté cette occasion. Tant pis, il gratterait une place à un autre moment. Les discussions allèrent bon train et furent variées. Stiles se fit néanmoins un peu plus discret que d'ordinaire, comme si quelque chose gâchait sa soirée. Scott, en face de lui finalement, remarqua ce détail mais lorsqu'il l'interpela, Stiles eut l'air tout à fait innocent, donnant l'impression qu'il était simplement pensif. Le regard un peu anxieux de Derek sur l'hyperactif ne trompa pas l'alpha. Derek savait que Stiles n'était pas à cent pour cent honnête.
La fin du repas arriva une bonne heure plus tard et ce fut ce moment-là que choisit Parrish pour s'éclipser sur le balcon en faisant un léger signe de tête à Derek. Celui-ci comprit immédiatement et se mit à chercher Scott parmi la meute. Le loft était grand, mais pas assez immense pour ne pas le trouver rapidement. Il se lavait les mains, seul, dans la cuisine. Derek lui indiqua que dès qu'il aurait fini, il devrait venir les rejoindre sur le balcon, lui et Jordan. Le bêta soupira intérieurement : il aurait bien voulu avoir cette discussion le lendemain mais le destin en avait décidé autrement. Les sourcils froncés, Scott hocha néanmoins la tête et suivit le loup qui s'en était déjà allé rejoindre l'adjoint du shérif. En passant, il jeta un coup d'œil à Stiles qui nettoyait la grande table et tout le coin ayant servi pour le repas, en compagnie de Lydia, Mason et Liam. Il souriait mais malheureusement, Scott était incapable de voir si ce sourire allait jusqu'à ses yeux ou non. Pourquoi ? Parce que Stiles était perturbant et jouait de mieux en mieux la comédie. Lorsqu'il l'avait rassuré un peu plus tôt dans la soirée, Scott avait vraiment été tenté de le croire tant il avait été convaincant. Pendant un temps, il avait d'ailleurs cédé et été convaincu par les explications de l'hyperactif, jusqu'au repas, où il avait vu cette ombre dans son regard.
Scott ferma la porte derrière lui lorsqu'il arriva sur le balcon, où l'attendaient Derek et Jordan. Et McCall vit très clairement le regard de Derek s'attarder sur un point fixe à l'intérieur, que l'on voyait depuis les grands carreaux de la vitre. Il regardait Stiles, Scott en était certain puisqu'en suivant son regard, il tomba sur son meilleur ami qui discutait toujours avec son petit groupe. Il le vit distraitement tirer sur ses manches comme pour cacher quelque chose.
- Je ne vais pas y aller par quatre chemins, vous savez tous les deux pourquoi je vous ai demandé qu'on s'isole.
- Tu as trouvé quelque chose ? S'empressa de demander Scott en reportant son attention sur lui.
- Apparemment ça va pas nous plaire, le prévint Derek.
- Comment ça ? S'enquit l'alpha, perdu et anxieux à la fois.
- Ne parlons pas trop fort, si vous le voulez bien. Je doute que Stiles veuille que toute la meute soit au courant.
Derek et Scott hochèrent la tête et Jordan soupira. D'une voix fatiguée, il expliqua aux deux loups sa difficulté à trouver quelque chose mais ne leur parla pas tout de suite de son hypothèse qui, à ses yeux, était plus que probable. Il leur relata sa démarche, sa méthode et leur apprit qu'il n'avait fait une découverte qu'en cherchant dans de vieux dossiers papiers.
- J'ai fini par trouver un dossier concernant Stiles, qui datait de sept ans.
Derek fronça les sourcils. Stiles ne lui avait-il pas dit qu'il gardait le silence depuis sept années concernant ce qui le faisait souffrir ? Oui, il s'en souvenait clairement. Comment oublier ?
- Il a essayé de porter plainte, à onze ans, leur apprit-il.
- Porter plainte à onze ans ? Mais pourquoi ? S'étonna Scott, qui commençait à stresser un peu.
Une histoire de ce type, ce n'était jamais anodin et à ce jour, jamais il n'avait entendu parler de ça. À aucun moment de sa vie Stiles ne lui avait fait part de ce fait. Derek, lui, écoutait attentivement et n'était pas tranquille : en témoignait les plis sur son front dus à son important froncement de sourcils.
- Et c'est là que ça ne va pas vous plaire, soupira Jordan, à qui cela ne plaisait d'ailleurs pas non plus.
D'un regard commun, Derek et Scott l'encouragèrent à continuer. En se rappelant sa lecture du fin dossier, Jordan en eut des frissons et espéra pour la première fois de tout cœur que c'était faux : pourtant, au fond de lui, il savait. Cela ne pouvait en être autrement. À son tour, il tourna la tête vers la vitre et observa Stiles. À la vue du garçon à l'air joyeux teinté d'une amertume certaine, le policier se voûta légèrement, comme si le poids de ce qu'il s'apprêtait à révéler était trop lourd pour lui. Tout aurait dû se passer autrement. Si les choses avaient été un poil différentes, si Noah Stilinski avait eu le moindre doute... Les yeux de Stiles seraient peut-être un peu plus pétillants aujourd'hui. Avec une lenteur démesurée, Jordan Parrish sortit son téléphone de sa poche puis l'alluma. Il farfouilla un peu parmi ses dossiers puis son regard tomba sur les photos qu'il avait prises récemment. Les mots agressèrent ses yeux, encore plus fortement que la première fois qu'il les avait lus. Il se mordit la lèvre et finit par tourner le téléphone vers les deux loups, leur laissant voir la page sur laquelle figuraient le motif de la tentative de plainte.
Derek se tendit tout autant que Scott. Il imagina des tas de scénarios, mais aucun ne fut à la hauteur de ce qu'il lut. Aucun ne lui procura autant de frissons d'horreur. Aucun ne lui serra autant le cœur.
Aucun ne lui fit l'effet qu'avaient ces mots.
« Viols » et « Abus sexuels ».
Ça y est, la bombe était lâchée.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top