Chapitre 41
Nazir n'avait pas fermé l'œil de la nuit, trop occupé à observer la jeune femme endormie, épuisée et le visage comblé. La chaleur dans la tente paraissait moins étouffante mais il garderait sans doute le souvenir de son corps moite contre le sien. Sa peau satiné où les lumières tamisées avaient pris plaisir à se poser sur elle pour rendre son corps encore plus désirable. Absorbé par ce tableau, Nazir serra les mâchoires pour endiguer une nouvelle source de désirs mais cette fois-ci bien plus dangereuse. Son corps tendu ressentait encore les sensations divines qui l'avaient envahi. Jamais il n'avait ressenti autant de puissance dans cette spirale érotique. Kate lui avait donné tant qu'il ne se sentait pas méritant de l'avoir obtenu mais pourtant...
Une autre partie de lui et cette fois-ci bien plus dangereuse ne regrettait en rien d'avoir possédé son corps, d'avoir pris sa pureté dont il était désormais le seul gardien. Sa jeune épouse semblait épanouie et même endormie il avait l'impression que son visage exprimait le désir.
Nazir caressa sa joue jusqu'à ce que ses longs cils noirs veuillent bien se déployer.
- Bonjour, chuchota-t-il pour ne pas la brusquer.
Elle s'étira avec des petits tremblements adorables, le nez froncé. Le cheikh ne put s'empêcher d'effleurer son ventre nu tout en caressant ses hanches.
- Bonjour, murmura-t-elle en se frottant les yeux.
Nazir trouva ses lèvres, pressé d'y goûter. Il avait l'impression que le guerrier en sommeil émergeait lui aussi, mais était-ce bien raisonnable qu'il s'aventure à montrer ce côté sombre qu'il cherchait désespérément à dompter depuis la guerre ?
Parfois Nazir le voulait. Parce qu'il avait l'impression qu'une partie de lui-même manquait. L'homme sans pitié qu'il tentait en vain de réfréner commençait lentement à reprendre sa domination et cela avait un rapport avec Kate.
Seulement il craignait de lire pire que de la peur dans son regard.
- Comment tu te sens ? Est-ce que tu as mal quelque part ?
Ses yeux se mirent à voguer dans la tente puis accrocha les siens.
- Non, je ne me suis jamais sentie aussi bien.
Satisfait, il se pencha à nouveau pour capturer ses lèvres mais cette fois-ci avec plus d'ardeur et de possessivité. Elle répondit à son baiser avec toujours cette timidité qui la rendait si spécial.
- Tu as moins chaud ? Demanda-t-il contre sa bouche.
- Oui, répondit-elle la respiration erratique.
Un feu jaillit alors en lui et se diffusa dans ses veines. Nazir avait crains ce fruit défendu et il avait eu raison de le faire car maintenant son corps réclamait le sien comme s'il était assoiffé et en quête de pouvoir suprême.
- Est-ce...est-ce j'ai été...enfin je veux dire...
Il crocheta ses mâchoires et posa son pouce sur ses lèvres pour la réduire au silence.
- Je n'ai jamais été aussi comblé de toute ma vie, répondit-il d'une voix sombre et rauque en fixant ses yeux brillants. Tu n'imagines pas à quel point ce qu'il s'est passé hier a de fortes répercussions sur moi et elles n'ont jamais été aussi intenses.
Elle frissonna lorsqu'il passa son pouce sur ses lèvres.
- C'est vrai ? S'enquit-elle avec ce parfum d'innocence qu'il aimait tant observer.
- Tu n'as aucune idée Kate, seulement ma seule appréhension c'est que tu puisses me craindre si jamais...
Il s'interrompit incapable d'envisager de lui projeter le souvenir de cet homme qui sans pitié, l'avait jeté en prison.
- Ne te cache pas de moi, l'entendit-il murmurer. Je sais ce que tu crains mais moi je ne le crains pas.
Nazir cessa de respirer alors que ses doigts se détachaient lentement de ses mâchoires.
Kate plongea sans peur son regard dans celui du cheikh. Elle savait précisément où il voulait en venir parce que la veille, pendant qu'il lui faisait l'amour, quelque chose de féroce c'était brièvement manifesté. Son visage d'ordinaire énigmatique avait totalement disparu pendant qu'il avait possédé son corps, lui offrant une succession d'expressions plus captivantes les unes que les autres.
Son regard féroce était principalement ce qu'elle avait retenu car pendant quelques secondes elle avait eu la certitude que le guerrier impitoyable avait pris le pas sur l'homme patient qui l'aidait à se reconstruire.
Mais Kate n'avait pas peur et posa sa main sur sa joue hâlée et ombragé par sa barbe.
Ce geste eut l'effet escompté car il encercla son poignet pour porter sa paume à ses lèvres.
- Est-ce tu as faim ? Demanda-t-il l'air soucieux.
- Oui, s'entendit-elle murmurer alors que son esprit apaisé lui chuchotait pour la première fois d'être confiante pour l'avenir.
Il se leva, déjà vêtu de son pantalon noir et quitta la chambre. Éprise encore de sensations, Kate se leva doucement et enfila sa chemise. Cependant un détail heurta son attention au moment de la passer. Les deux tissus qui reposaient sur la chaise.
- Cela t'intrigue n'est-ce pas ?
Elle sursauta en tourna la tête vers Nazir qui s'approchait avec une assiette remplie de pâtisseries et de fruits.
- Je dois dire que oui, mais je crois que j'ai une petite idée sur la question.
Elle prit l'assiette qu'il lui tendait et reprit avec plus d'appréhension.
- Est-ce que...enfin...si je n'avais pas été...
- N'ai pas peur de t'exprimer Kate, je crois que nous allons devoir travailler sur ce point dans les prochaines semaines.
Sa voix posée avait cependant souffert d'un bref mécontentement.
- J'ai encore du mal à...
- Je sais, mais je sais qu'au plus profond de toi se cache une force qui t'aidera à ne plus avoir peur.
Il caressa ses cheveux en bataille puis posa sa bouche sur son front.
- Pour répondre à ta questions si tu n'avais pas été vierge cela n'aurait aucunement affecté le jugement du peuple. De plus cela reste généralement privé. Mais oui, selon les traditions je devrais rapporter ces tissus et les montrer à Raya.
- Tu n'as pas l'intention de le faire ? S'étonna-t-elle.
- Non, car premièrement ce n'est pas nécessaire de prouver un fait que Raya elle-même à constater et deuxièmement, si j'ai procédé à la tradition c'est essentiellement pour moi.
Kate fronça des sourcils en essayant de s'abstenir de commenter, mais ses lèvres se mirent à brûler.
- Et qu'est-ce que cela t'apporte ?
- Beaucoup, tu n'as pas idée, mais je compte le garder secret si ça ne t'ennuie pas.
- Eh bien avant que tu m'informes que tu compte garder ça secret je n'étais pas ennuyer mais maintenant oui, répliqua Kate en lui montrant sa frustration.
Il ébaucha un sourire en coin mais ne semblait pas vouloir lui révéler quoi que ce soit.
Frustrée elle reporta son attention sur les fruits et en prit un pour le porter à ses lèvres.
- Kate, tu es sûre que c'est la vie que tu souhaites ?
Cette question l'empêcha presque de respirer. Son sang se glaça dans la chaleur alors qu'elle relevait timidement la tête vers lui.
Un profond sérieux régnait dans son regard et elle comprit qu'il ne voulait pas la pousser à reconsidérer ses dires mais une confirmation ferme de sa part.
- Oui, c'est ce que je veux, répondit-elle avec sincérité.
Une profonde anxiété couvrit les joues de la jeune femme. Nazir ne le voulait pas mais il voulait être certain qu'elle veuille vraiment être reine.
En avait-elle au moins conscience ?
Ses joues se gonflèrent légèrement et il la soupçonnait de serrer les dents.
- C'est tout ce que je voulais savoir, lui dit-il avec un sourire rassurant.
Il ne se souvenait plus depuis combien d'années il n'avait pas esquissé un sourire, mais Kate méritait cette part de lui que se manifestait rarement.
- C'est tout ? Tu es sûr ? Demanda-t-elle en se levant pour poser l'assiette sur la petite commode en bois.
- Oui, lui dit-il en se levant à son tour pour la dominer de sa hauteur. Penses-tu qu'il y a autre chose à ajouter ?
- Non mais toi en revanche, je ne sais pas, murmura-t-elle en tirant sur les manches de sa chemise.
- Je veux m'assurer que c'est bien ce que tu veux Kate car une fois que nous serons de retour au palais je n'ai pas l'intention de faire un retour en arrière.
Ses prunelles se mirent à briller.
- C'est la meilleure chose que j'ai pu entendre aujourd'hui, répondit la jeune femme en quittant la chambre pour rejoindre le salon. Je ne veux pas que tu fasses de retour en arrière.
- Tu deviendras ma reine et celle du peuple, ajouta Nazir sur un ton sérieux en guettant sa réaction.
Dos tourné vers la bassine en cuivre, elle suspendit son mouvement avant de plonger ses deux mains dans l'eau pour se rafraîchir le visage.
- Regarde-moi, ordonna-t-il en faisant quelques pas dans sa direction.
Elle se retourna, lui exposant un regard timide et un visage pigmenté de rougeurs.
- Tu as entendu ce que je viens de te dire Kate ?
- Mmm...oui j'ai entendu et je suis certaine que ce n'est pas si difficile d'être reine qu'est-ce que je dois faire ?
Sa réponse serra son cœur ô combien sombre mais qui avec elle, le frappait de quelques battements.
Il la dévisagea avec un regard quasiment animal. Elle était adorable mais surtout elle n'essayait pas de lui cacher le désespoir qui stagnait en surface dans ses yeux. Elle ne voulait pas le quitter, et s'accrochait à n'importe quoi pour rester avec lui. La peur d'être abandonnée surplombait son regard et ses épaules fragiles se mirent à trembler.
- Dis-moi ce que je dois faire et je te promets que je le ferais, ajouta-t-elle des trémolos dans la voix.
Achevé et coupable, Nazir se maudissait de la laisser dans cette position de détresse alors que cette femme était totalement et irrémédiablement amoureuse de lui et terrifié à l'idée qu'il l'abandonne.
Il n'était pas un spécialiste de l'amour et encore moins de la douceur mais les yeux de la jeune femme traduisaient tout ce qu'il devait savoir.
- Te tenir à côté de moi et supporter mes humeurs, ma possessivité, mes côtés les plus sombres, mon implacable façon de travailler et par-dessus tout, partager mon lit pour les cinquante prochaines années.
- Ça me va, répondit-elle aussitôt en fixant sa main qu'il tendait vers elle.
Elle s'avança pour la saisir et il s'empressa de l'attirer vers lui pour la prendre dans ses bras.
- Jamais je ne pourrais t'abandonner, articula-t-il en glissant une main sous son menton pour qu'elle relève la tête.
Il captura ses lèvres pour sceller sa promesse à jamais.
De l'autre côté du globe terrestre, un homme se tenait derrière son bureau les mains crispées sur les rebords. La rage hystérique de ce dernier commençait à tendre son associé ainsi que sa femme.
- Qu'est-ce que la police t'a dit exactement ?
- Qu'ils nous soupçonnaient d'avoir un lien avec les hommes qui ont attaqué la réception de notre mariage.
La femme vêtue d'un tailleur et toujours bien coiffé avait perdu de sa superbe car les choses étaient en train de mal tourner.
- Tout ça c'est de ta faute pauvre crétin ! Cracha Paolo en direction de Dixon.
- De ma faute ? Répéta-t-il choqué.
- Oui ! Gronda-t-il en frappant sur son bureau. Si tu ne l'avais pas emmené là-bas nous n'en serions pas ici ! Je t'avais dit de ne pas la trimballer aussi loin avec toi !
- Et comment j'aurai pu deviner qu'elle allait être enlevée par cet homme ? Tu m'as menti, tu m'avais dit que cet homme était un vieux cheikh perdu dans le désert et qu'il serait facilement manipulable. Je me suis retrouvé devant une armoire à glace qui a tué mes hommes !
- Écoutez je pense que nous devrions abandonner l'idée que...
- C'est hors de question, coupa Paolo en les regardant tour à tour.
- Ta femme a raison Paolo, il faut arrêter le massacre. Ta sœur est retenue là-bas et je ne vois pas en quoi cela te dérange. Ce n'est pas ce que tu voulais ? Qu'elle agonise dans la torture ? Crois-moi après avoir vu cet homme je pense que c'est exactement ce qui est en train se passer.
- As-tu écouté les informations pauvre crétin ! Elle est mariée à lui !
- Peut-être de force, conclut Dixon en haussant des épaules. Peut-être qu'elle est son esclave, ce mariage lui a sans doute était imposé.
- Peu m'importe ! Il me la faut ici ! Elle est à moi, c'est moi qui décide de son sort et personne d'autre.
La folie de Paolo fit reculer Dixon.
- Tu es en colère parce qu'il y a de forte chance qu'il se l'ait tapé avant toi n'est-ce pas ? Ricana Dixon. Ta pauvre petite sœur a qui tu voues une obsession incestueuse a été chevauchée par un autre que toi et tu ne supporte pas l'idée que tu n'aies pas eu sa virginité qui t'excitait tant hein ? Je me trompe.
Un silence glacial parcourut la pièce avant qu'un coup de feu retentisse faisant hurler sa femme. Dixon tomba à ses pieds, une balle en pleine tête.
- Non, tu ne te trompe pas, répondit Paolo en abaissant son arme.
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