Chapitre 25
Bonsoir,
J'espère que vous allez bien.
Je viens vers vous pour vous informer que l'histoire en cours sera bien évidemment plus longue que les autres à cause du contexte. Kate sort à peine de l'enfer et je ne peux pas créer le couple Nazir & Kate sans prendre en conséquence l'énorme traumatisme de la jeune femme. J'espère que vous aimez l'histoire autant que j'aime l'écrire.
Je vous embrasse fort, prenez soins de vous.
La main du lion était si ferme qu'elle n'avait plus aucun moyen de lui échapper. La panique la submergea alors qu'elle était forcée de le suivre parmi ces villageois pressés de lui serrer la main et de le saluer. L'accent redoutable du cheikh s'élevait dans la foule avec une force qu'elle ne sut interpréter. Les yeux baissés, elle glissa quelques regards inquiets sur la poigne féroce du cheikh qui enveloppait sa main. Elle avait l'impression d'être prisonnière et pouvait sentir les regards sur elle s'intensifier.
La gorge nouée, elle le suivit pendant toute la traversé du village jusqu'aux récentes installations en cours d'être terminées. Pas un seul instant il lâcha sa main, l'entraînant dans chaque recoins du village, l'obligeant par moment à s'investir dans cette visite en échangeant avec elle.
Timide et effrayée, Kate se laissa conduire pendant plus d'une heure. Elle ne connaissait pas l'arabe, mettant à mal son interprétation des échanges entre le roi et les habitants. En revanche ce qu'elle sut interpréter furent les regardes de plus insistant de la foule et ce jusqu'à ce qu'ils prennent congés.
Il ouvrit la portière, et ce fut seulement là qu'elle osa lever le regard sur cette paire d'yeux et ce visage entièrement masqué.
Elle monta dans le véhicule et ce fut à ce moment-là qu'il libéra sa main.
Kate exhala un soupir tremblant en écartant sa paume de main douloureuse tant la force du lion avait été ferme.
Instinctivement elle porta cette main moite à l'autre pour les joindre sur ses cuisses.
- Vous avez survécu, ce n'était pas si terriblement que ça, lui fit-il remarquer en démarrant la Jeep pour regagner la sortie du village.
- Je...n'ai pas eu le choix.
- En effet, affirma l'homme au volant avec sa voix rocailleuse. Je ne vous ai pas laissé le choix parce que vous en étiez capable. Vous avez dépassé votre peur parce que je vous y ait forcé.
- J'ai eu l'impression d'être un phénomène de foire.
- Je suis navré si c'est ce que vous avez ressentie, les regards portés sur vous étaient plutôt de la curiosité. N'oubliez pas que pour l'heure vous êtes ma prisonnière au regard de mon pays.
- Alors ils auraient dû trouver ça étrange de me voir avec vous.
- Pas si c'est moi qui en aie décidé ainsi, répliqua-t-il en reprenant la route du désert. Si je décide de vous emmener avec moi selon ma volonté alors vous n'avez pas le choix et ils le savent parfaitement. Croyez-moi il vaut mieux pour vous qu'ils vous pense être ma captive que ma favorite.
Kate réprima un frémissement incontrôlable en tournant la tête vers lui. Cette dernière phrase était tout aussi énigmatique que sa paire d'yeux aiguisée.
- Favorite ? Répéta-t-elle bêtement.
- Il est de coutume que lorsque le souverain se présente avec une femme et lui tient la main devant la foule, celle-ci est alors perçu comme la favorite du roi. Autrement dit celle qui a gagné la faveur du roi, et qui est alors susceptible de devenir prochainement sa femme.
Il avait parlé sur un ton assez ferme et détaché comme s'il voulait l'écarter de cette réalité qui n'avait aucun sens pour elle. Comme s'il ne voulait pas l'alerter.
- J'ai précisé à l'élu du village que vous étiez ma captive pour dissiper tout malentendu. La dernière chose que je souhaite c'est que vous preniez peur avec une coutume qui ne vous regarde en rien.
- Je comprends, s'entendit-elle murmurer sans ressentir le moindre soulagement.
- De toute façon, ce village ne me trahira jamais et ne parle jamais à la presse. Notre histoire par le passé a trop de valeur à leur yeux pour nourrir la presse de rumeurs.
- Suis-je vraiment une captive à vos yeux ? Osa-t-elle demander.
- Oui et non, admit-il sans quitter des yeux la route qui acheminait vers les grandes dunes de sable. Être me captive me garanti que jamais vous tenterez de me fuir au point de risquer votre vie. Cela me conforte aussi dans l'idée que vous n'appartenez plus à personne d'autre qu'à moi. Cela paraît monstrueux mais c'est ainsi que je vois la situation. Mais vous constaterez que votre prison s'étend au-delà des frontières de mon royaume si ce n'était pas le cas, vous ne seriez pas dans cette voiture.
La bouche sèche, Kate baissa les yeux alors que son corps subissait une vague de frissons jamais ressenti jusqu'à présent.
- Je ne suis pas un homme comme les autres, je suis né sous des siècles de traditions qui coulent dans mes veines.
- Ce que j'essaye de comprendre c'est...
Kate s'interrompit par crainte d'aller trop loin et le silence qui lui répondit était suffisant pour comprendre que c'était le cas.
Elle risquait d'aller trop loin.
- Accrochez-vous, la descente va être raide, la prévint-il en empruntant un chemin différent.
Kate se retint à sa portière, le cœur martelant sa poitrine déjà si douloureuse.
Pendant toute la traversé inverse, le cheikh était resté silencieux. Ce fut seulement lorsqu'ils arrivèrent dans la grande cours du palais que sa voix s'éleva en direction de son personnel.
Kate regrettait amèrement d'avoir entamé cette conversation qui ressemblait fortement à toutes les précédentes versions au sujet de sa captivité. Le problème, c'est qu'elle se posait des questions qui à ses yeux étaient légitimes.
L'enfer qu'elle vivait depuis des années semblait loin d'elle, mais elle ignorait ce qu'elle adviendrait dans le futur. Combien de temps le cheikh avait prévu de la maintenir captive ?
Après cette visite dans ce village, Kate avait réalisé à travers ses cils abaissés que le cheikh était un homme bien plus important qu'elle l'avait imaginé. Son règne était tout aussi important que son statut de guerrier. Elle ? Kate avait tout simplement l'impression d'être un dommage collatéral.
Un problème qui n'aurait jamais dû se trouver là.
L'esprit torturé par des centaines de questions sans réponses, Kate se laissa choir sur le rebord du lit puis tira sur le tissu qui glissa le long de ses cheveux. Elle l'enroula entre ses doigts tremblants, essayant de se projeter dans l'avenir mais chaque fois c'est le néant qui se présentait devant ses yeux.
Perdue dans les profondeurs de ses pensées, Kate mit plusieurs secondes à réagir quand la porte de sa chambre s'ouvrit.
Elle se leva précipitamment à l'approche du lion, cette fois-ci sans keffieh, lui montrant ainsi les traits ciselés de son visage. Elle déglutit, baissant aussitôt les yeux sur les tapis.
- Qu'est-ce que vous essayez de comprendre ?
Eberluée, troublée, elle releva la tête en la secouant imperceptiblement.
- Je vous demande pardon ? Souffla-t-elle d'une voix très faible.
- Dans la voiture, vous avez dit que vous essayez de comprendre mais vous n'avez pas été au bout de votre phrase.
Ses yeux percés d'impatience la firent frémir.
- J'essaye de comprendre où je vais, quelle perspective j'ai en étant votre captive et qu'est-ce qui adviendra de moi quand votre vie changera.
Derrière le masque dur de son visage, ses épais sourcils noirs se plissèrent.
- Ma vie n'a pas l'intention de changer, j'ignore ce qui vous fait dire ça.
- Votre pays semble attendre de vous bien plus qu'être roi ou leur guerrier.
- Si vous parlez de cette histoire de favorite, si c'est à ça que vous faites allusion, sachez que prendre une femme ne fait en aucun cas partie de mes plans futurs, répondit-il sur un ton assez rude.
Kate tint aussi longtemps qu'elle le put mais le regard ébène du souverain la fit plier et elle baissa les yeux.
- Si je vous ai laissé imaginer qu'une femme allait rentrer dans ma vie dans un avenir proche, condamnant ainsi votre destin qui se résumerait à rester le long d'un mur du palais tel un fantôme, alors je regrette mais la pénible vérité est tout autre.
Il s'exprimait avec une telle rage à peine contenue qu'elle tenta de murmurer des excuses sans même savoir s'il les avait entendu.
- Ne vous excusez pas, c'est moi qui aurait dû être plus clair.
- Mais quand vous aurez Finn et mon frère, ça changera...
- Absolument rien, compléta le cheikh en inclinant la tête furtivement avant de laisser la place à Raya qui attendait pour entrer.
Sur ce dire implacable, le lion quitta la souris, la laissant assez démunie et troublée.
- Allons jeune fille, ne faites pas cette tête, c'est plutôt une bonne nouvelle, déclara Raya en fermant la lourde porte.
- En quoi être la prisonnière d'un chef de guerre est une bonne nouvelle ? Murmura Kate d'une voix tremblante. Je lui cause plus d'ennuis qu'il veut bien laisser croire et pourtant il refuse d'envisager de me libérer pourquoi ?
- Pourquoi voulez-vous partir ? C'est plutôt cette question que vous devriez vous poser.
- Parce que je peux sentir toute cette tension qui accrue et je sais que j'en suis la cause.
Raya se retint de rire en secouant la tête.
- Alors c'est que vous avez encore beaucoup à apprendre du cheikh, répondit-elle en servant le thé. C'est un homme qui ne sait même plus ce que c'est de dormir après l'aube. Le cheikh est un homme qui selon mes souvenirs a souri pour la dernière fois lors ce qu'il a recueilli son étalon à l'époque encore très jeune, tout comme l'était le roi.
- Il me fait peur...
- Et il aime savoir ce détail, cela nourri son désir d'être encore plus implacable mais dans votre situation, les choses semblent différentes. Il veut que vous ayez peur tout en se servant de cette peur pour que vous compreniez qu'il peut vous protéger et qu'il veut vous protéger.
Kate inspira péniblement, s'accrochant aux dires de Raya qui connaissait le cheikh bien plus qu'elle le connaissait.
- Je crois que je l'ai fâché, je n'aurai pas dû aller aussi loin en parlant de sa vie privée.
Raya prit ses mains qu'elle tordait nerveusement.
- Je crois que ce qui le fâche le plus c'est que vous refusiez d'envisager un avenir ici, à Hizhrah.
- Parce que je n'ai jamais pu songer à l'avenir, lui dit-elle les larmes aux yeux. Je...ne peux m'imaginer rester ici sans penser que...
Kate ferma les yeux en essayant de calmer les sanglots qui montaient crescendo.
- Cessez de penser et laissez l'avenir vous répondre ma douce enfant, déclara Raya en caressant ses cheveux.
Elle avait peut-être raison. Peut-être qu'il fallait qu'elle cesse de se torturer l'esprit et laisser le temps répondre à toutes ses interrogations.
- Je regrette d'avoir envahie la vie privée du roi, pouvez-vous lui dire que je suis désolée ?
- Cela n'a pas d'importance pour lui, le roi est surement occupé à autre chose désormais.
Kate sursauta quand quelqu'un frappa à la porte.
La peur au ventre elle suivit des yeux Raya qui alla ouvrir pour laisser place à l'un des gardes. C'était fini, songea-t-elle en retenant difficilement les larmes qui lui brouillaient les yeux.
Elle allait être conduit dans les prisons du palais. Son cœur s'affola et son corps se figea.
- Sa majesté le roi a donné l'ordre que la jeune fille soit changée de chambre, annonça le garde. Elle occupera la chambre dans l'aile droite du palais, dans les quartiers du roi.
Déroutée par cette annonce Kate lança un regard perplexe en direction de Raya qui se contenta d'acquiescer avec un sourire.
Dans l'aile gauche du palais, deux étages plus haut, le cheikh rafla rageusement ce qu'il se trouvait sur l'un des commodes et se mit à marcher dans sa salle d'armement tout en fixant l'écran plat.
- Es-tu en train de me dire que ce chien galeux a monté un plan pour faire croire à une attaque ?
- Pour attirer l'attention sur lui afin d'assurer sa protection. La CIA enquête sur lui depuis deux ans maintenant pour des soupçons concernant des liens directes avec des trafiquants de drogue. Damon Kyovasko, l'homme dont je vous ai parlé a détourné l'attaque et il connaissait Kate. Du moins il l'a vu lors de plusieurs réunions avec le frère de la jeune femme. Damon Kyovasko travaille pour sa propre agence secrète. Il faisait affaire avec son frère dans l'unique but de contrecarrer ses plans de détournements de fond. Il a même tenté de retrouver Kate il y a plus de deux ans maintenant quand elle totalement disparu des écrans radars. Récemment il a découvert qu'elle était à Hizhrah et il a d'abords pensé qu'elle était retenue prisonnière par vous depuis deux ans. Je lui ai bien sûr expliqué les détails et la date réelle où tout a commencé.
- A-t-il donné des éléments autres qui pourraient nous aider ? S'enquit Nazir d'une voix sifflante de colère.
- Il a accepté de nous aider en pénétrant dans les bases de données de l'entreprise de Paolo. Les récents fichiers font état d'une somme versée à des hommes connus pour tenir un réseau de drogues. Ils sont missionnés pour retrouver Kate.
Alors les ténèbres s'ouvrirent sur Nazir qui serra les mâchoires, l'esprit déjà diabolique et concentré sur ses prochains ennemis.
- Ils arriveront sur nos terres demain, vers vingt heures dans un avion privé en partance de l'Italie. C'est pour cette raison qu'il s'est marié là-bas. Les hommes que monsieur Kyovasko a tué faisait partie du même groupe.
- Parfait ! Siffla Nazir en fixant Amadh droit dans les yeux malgré l'écran qui les séparait.
- Paolo tout comme Finn ne renoncera pas à Kate votre Altesse, poursuivit Amadh sur un ton grave. Paolo semble même plus déterminé à la retrouver. Il veut terminer ce qu'il a commencé. Il veut sa vengeance et il y a bien pire.
Nazir fit craquer sa nuque en leva la main pour stopper Amadh.
- Je sais, j'ai piraté son téléphone privé, je sais ce que tu t'apprêtes à dire et il ne vaut mieux pas que je l'entende à haute voix.
En effet, l'état pathologique de Paolo se révélait être bien pire qu'un simple degrés de narcissisme. Le frère de la jeune femme était identique à son père, révélant un état sociopathe. En creusant plus loin, Nazir avait trouvé des éléments troublants concernant l'état psychologique du père de Paolo. Un examen provenant d'un psychiatre de l'hôpital où sa mère avait été à de nombreuses reprises dénonçait son état obsessionnel pour la mère de Kate allant jusqu'à trouver des comportements de perversités maladif sur le patient.
Paolo Russo était identique à son père et les récents appels téléphoniques de ce dernier à sa prétendue épouse se révélaient redoutables.
Nazir lui avait retiré son jouet.
Ainsi voilà la terrible conclusion qu'il venait d'établir après le dernier rapport d'Amadh.
En revanche ce que Paolo Russo ignorait c'est qu'il les tuerait jusqu'au dernier, jusqu'à la dernière goutte de sang pour protéger la jeune femme qui était devenu en quelques jours, sa priorité absolue...
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