Chapitre 2





Kate posa une main tremblante sur sa poitrine douloureuse alors que l'obscurité dans laquelle elle se trouvait rendait sa vision trouble encore plus effrayante. Elle ignorait où elle se trouvait précisément mais le silence glaçant qui l'accompagnait ne laissait plus aucun doute.

À l'aide de ses mains, elle toucha la pierre froide sur laquelle elle était assise ainsi que le mur qui s'effritait à quelques endroits. Les larmes ruisselaient sur son visage sans qu'elle puisse les arrêter. Les sanglots se répétaient sans cesse alors qu'elle se frottaient les yeux avec l'espoir qu'un miracle se produise. Personne n'était revenu à elle depuis qu'elle avait été emmené ici de force. Elle ignorait si Finn Dixon était encore sur le sol aride de ce pays mais étrangement le fait d'être loin de lui, permettaient à son corps et ses chaires d'être sauvegardés...du moins pour l'instant.

L'homme qui venait de la jeter dans cet endroit semblait tout aussi cruel et la peur qu'il puisse lui faire du mal pour obtenir des informations était en train de la terroriser jusqu'à l'âme.

Son corps se mit à trembler alors qu'elle pouvait encore sentir l'odeur du sang. Il avait tué Edgar de sang froid. Ce monstre complice de Finn méritait de mourir mais à présent elle était seule face aux ténèbres.

Elle porta ses mains tremblantes à son visage pour le cacher alors qu'elle ne pouvait plus s'arrêter de pleurer. La dernière souffrance, ce dernier jet de gaz lacrymogène venait d'empirer le trouble de sa vision et elle perdait espoir de pouvoir un jour retrouver la vue.

Cette dernière pensée l'acheva et le lourd bruit d'une porte composée de fer résonnait pour elle comme le début d'un nouveau cauchemar.

Les lèvres tremblantes elle balaya d'un regard perdu et apeuré l'endroit où elle se trouvait sans savoir d'où cet inconnu allait surgir. Elle guettait cette forme sombre qu'il représentait pour elle avant de réaliser que le reste semblait tout aussi noir. Alors elle se cacha le visage, exerçant une pression sur sa cage thoracique pour reprendre une respiration sans que celle-ci lui arrache un cri de douleur. Les pas se rapprochèrent et ils étaient tout aussi froid que la première fois qu'elle les avait entendu.

Une peur terrible lui coupa l'air, elle ferma les yeux prête à subir la douleur à la place du véritable coupable.

- Je veux un nom et tout de suite.

Kate frissonna, saisie de tremblements répétés. La voix du cheikh était d'une froideur monstrueuse, dure, profonde et cette simple constatation la fit pleurer en silence.

- Kate, parvint-elle à dire sans préciser son nom de famille par peur d'être punie dans l'hypothèse effrayante qu'elle soit redonnée à Dixon.

- J'ai dit, je veux un nom, articula-t-il sur un ton si autoritaire qu'elle comprit que l'enfer était proche.

Il fallait mentir au plus vite. Elle souleva ses paupières douloureuses et fit face à ce même écran de fumée sombre et terrifiant.

- Rocca, dit-elle d'une voix tremblante en posant son front contre le mur effrité.

Elle voulait se cacher, se tenir loin de cette voix qui semblait provenir de sa gauche à quelques mètres de là où elle se tenait.

Si elle mentait sur son nom de famille c'est parce qu'elle ignorait ce que cet homme allait faire d'elle. Si jamais il songeait à la relâcher, si jamais Paolo apprenait qu'elle avait plongé leur nom dans de famille dans cette sombre affaire, elle savait que la punition serait bien pire que toutes celles connus jusqu'à maintenant.

- Rocca, cracha-t-il sur un ton cruel, vous n'êtes donc pas sa femme ?

Cette hypothèse, l'idée même qu'il ait pu l'envisager lui coupa la respiration. Elle sanglota en secouant la tête négativement.

- Comment...avez-vous pu croire une seconde que je vous laisserai partir de mes terres après avoir osé me faire un tel affront ! Vous avez sous-estimé les capacités d'un chef de guerre impitoyable et vous allez en payer le prix.

Les larmes coulèrent silencieusement, la peur tenaillait sa gorge. Sa voix était si vibrante de rage qu'elle n'osait plus bouger.

- Je...je ne savais pas, trouva-t-elle la force de dire en restant prostrée contre le mur froid.

- Ainsi donc voilà votre défense ! Gronda-t-il froidement. Vous ne saviez pas les attentions de votre petit-ami ?

Une nausée effroyable lui comprima la gorge.

- Je ne savais pas, murmura-t-elle en ouvrant les yeux faisant face aux ténèbres.

Elle sanglota encore et encore, démunie, brisée dans ses chaires blessées et douloureuses.

- Mes accords pétroliers sont strictement interdits aux entreprises extérieurs aux dirigeants politiques, je voulais voir jusqu'où un homme tel que le vôtre serait capable d'aller pour satisfaite ses propres affaires. En voulant me tromper, en voulant me voler de l'argent il vient de troubler mon amitié avec votre pays.

Kate essuya son nez, se frotta les yeux prise d'une toux sèche.

Crier ?

La dernière note sonore qu'elle avait encore au fond de la gorge n'était plus qu'un murmure de douleurs ininterrompu.

- Qu'allez-vous faire de moi ? Osa-t-elle demander d'une voix si faible qu'elle ignorait s'il l'avait entendu.

- Les traites vont en prison, et c'est exactement là où vous vous trouvez, répondit-il d'une voix sombre et menaçante.

- Je ne savais rien, je ne...

- Pesez avec soin votre défense car elle pourrait vous enfoncer, la coupa-t-il froidement. Vous pensez sincèrement que je vais vous croire ? Prendre le risque d'emmener une femme ici en sachant les peines encourues par mes lois laissent entendre que vous saviez exactement ce qu'il préparait. Etait-ce là un espoir de pouvoir me divertir afin que je ne puisse pas comprendre les réelles motivations de cet accord frauduleux ?

C'était de pire en pire, constata Kate une moue dévastatrice aux lèvres. Elle était accusée d'un crime qu'elle n'avait pas commis. Pire que ça, il l'accusait d'avoir été amené jusqu'ici dans le seul but d'être une diversion.

La voix de cet homme était sans doute la plus sévère qu'elle ait connu jusqu'ici. Un frisson glacé lui paralysa le visage et elle comprit que plus elle tentait de se défendre plus elle s'enfonçait dans les abîmes. À quoi bon se battre, songea-t-elle en baissant la tête.

Les deux chemins qui s'offraient à elle ne lui laissaient aucune chance d'être libérée. Si elle suppliait d'être relâchée, alors elle serait rendue à Finn Dixon, et dans le cas contraire, elle resterait prisonnière ici jusqu'à ce que la mort vienne à elle.

Kate décida alors de faire taire sa voix et de lâcher prise.

Elle ne répondit rien, et se laissa aller aux souvenirs heureux passés avec sa mère. Un échappatoire qui l'aidait à se maintenir en vie.

Les pas sévères s'éloignèrent alors et le bruit métallique se crispa violemment jusqu'à ce que le silence revienne enfin.

Le cheikh remonta l'escalier sombre des sous-sol du palais rictus aux lèvres, le poing serré. La dernière fois qu'un étranger avait tenté de s'en prendre à son pays, il avait payé le prix. Il n'offrait aucune grâce, pas même un semblant de pitié. Chef d'une puissante armé, il constituait un mystères jusqu'aux frontières paisibles de l'Europe. Aujourd'hui cet affront venu troublé sa tranquillité le rendait encore plus convaincu que la menace redoutable qu'il constituait n'était pas encore assimilé.

Avant même que cet homme franchisse les côtes de son pays Nazir Al-Hassan avait déjà étudié l'arnaque qui se profilait. L'affront était telle que le ministère des affaires étrangères des États-Unis cherchait désespérément à le joindre par craintes que les exportations soient mises à mal.

- Alors ? S'enquit Amadh en se levant du fauteuil.

- Alors elle clame son innocence comme je l'avais prédit, répondit Nazir en le regardant froidement. Tu m'as poussé à aller voire cette jeune femme alors que je n'en avait pas envie, tu sais à quel point ma colère peut m'amener à faire des choix redoutables. Tu as mis sa vie en danger.

- Dans l'espoir qu'elle puisse nous dire pour quelle raison elle faisait partie du voyage car nos renseignements avant l'atterrissage de ce jet privé ne laissait pas présager un tel scénario.

- Scénario ? Répéta Nazir le regard aigu alors qu'il retirait son keffieh noir. Elle a été mise sur cet accord dans le seul but de créer une diversion jusqu'à ce que j'ordonne qu'elle soit écarté ! Ne me force plus jamais la main ainsi Amadh si tu ne veux pas que j'annonce sa condamnation à mort.

Amadh Ben-Yabad, son plus proche conseiller lui jeta un regard inquiet, perplexe bien qu'il savait au fond de lui qu'il outrepassait sa position.

- Parle tout de suite ! S'emporta-t-il mâchoires serrées.

- Quelque chose ne va pas votre Altesse, je peux le sentir, tout comme j'ai senti la trahison de votre père envers son propre peuple il y a maintenant huit ans.

Nazir lui ordonna de poursuivre en lui jetant un regard impatient.

- Je ne pense pas qu'elle ait été délibérément emmené ici comme une sorte d'offrande dans le but de vous divertir, je ne peux y croire. Quand vous l'avez sortie de la voiture elle avait l'air terrifié et peu consciente de ce qu'il se passait autour d'elle.

- Dans ce cas pour quelle raison l'a-t-il laissé dans la voiture ? S'enquit Nazir froidement. Pourquoi a-t-il changé de voiture et l'a laissé dans l'autre si elle n'était pas ici pour être servie comme cadeau dont il n'en a que faire ?

Amadh se mit à arpenter le grand bureau les mains jointes.

- Comment s'appelle-t-elle ?

- Kate Rocca.

Nazir restait sur ses positions car il ne faisait aucun doute qu'elle connaissait les plans de Finn Dixon dans son ensemble. La trahison était pour lui la pire chose à lui faire depuis celle de son père qui aurait pu conduire son pays à la mort. Depuis, il ne laissait aucun droit à qui que ce soit d'envisager la moindre trahison.

- Je crois que le mieux serait de la relâcher, conclut Amadh en s'arrêtant. Si nous voulons arrêter ce charlatans, cet escroc alors le meilleur moyen c'est qu'elle nous conduise à lui.

- Comment peux-tu être sûr qu'il ne se fiche pas d'elle ? Il n'est pas venu à son secours, il est parti comme un lâche.

- Si au contraire, lâcha Amadh avec prudence. Après vous avoir convaincu d'aller la voir un habitant de Hazma est venu informé l'un des gardes qu'un étranger avait tenté de le payer à proximité de l'aéroport pour qu'il tente de s'introduire ici pour la récupérer.

Nazir attendit que la surprise de cette information soit passée pour réagir.

- Il avait l'air fou d'après les témoins, ajouta-t-il en s'installant en face de lui.

- Elle est ma prisonnière désormais, et si ces informations laissent prétendre qu'il veut la récupérer alors qu'il s'est enfui, cela me confirme que c'est ma seule garanti qu'il vienne à moi.

- Si on l'équipe d'un traceur alors nous connaîtrons sa position et bien que vous êtes hostile l'idée de quitter vos terres, je me chargerais de vous le livrer.

Les mâchoires serrées Nazir considéra Amadh avec peu de chaleur.

- Il ne reviendra pas, ce qui me laisse croire que cette solution est la meilleure, insista-t-il avec son éternel et profond respect. Laissez-moi l'interroger, laissez-moi la convaincre d'accepter ce marché en échange de sa liberté.

- Tu as dix minutes, et quand ce temps sera écouler, je déciderai seul de son sort...

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