Chapitre 32 : Silence
— Constanzia !
La jeune femme ouvrit la porte de sa chambre. Gellert arrivait d'un pas pressé : il lui tendit une lettre, ouverte.
— Elle provient de votre Severus de pacotille.
— Vous l'avez lue ?
Gellert lui tendit, puis repartit en sens inverse sans répondre. Constanzia prit une bouffée d'air : comment osait-il ? Ses paupières se mirent à papillonner, et ses yeux devinrent rouges. Ah, le courage Gryffondorien !
Constanzia récupéra la lettre, puis rentra dans sa chambre, le cœur battant. Elle avait envoyé une lettre de menaces à Dumbledore, comme tous les lundis, car Gellert trouvait cela amusant d'embêter Dumbledore dès le début de semaine. Et là, c'était Severus qui renvoyait une lettre avec le hibou ?
Fébrile, elle ouvrit la lettre, et lut :
« Chère Constanzia,
Sache que je serai à l'auberge de La Tête de Sanglier ce samedi soir, à vingt-et-une heures.
Severus »
Constanzia fronça les sourcils, surprise. Elle murmura :
— Gellert.
Il apparut face à elle sous forme d'esprit.
— Vous ne m'avez rien dit. Cela veut dire que vous me laissez y aller ?
— Non. Je vous interdis d'y aller ; mais je pensais que vous vous en douteriez. Sinon, je vous aurais dit que c'était d'accord dès le début.
— Ah.
— Samedi soir, je vous attends à la réunion. Si vous êtes absente, cela se passera mal pour vous. C'est clair ?
— Oui, répondit Constanzia.
Grindelwald disparut. La jeune femme relit la lettre, le cœur battant. Elle reconnaissait son écriture, elle pouvait l'imaginer écrire sa lettre sur son bureau, là où il corrigeait les copies. Constanzia se laissa tomber sur son lit, relisant plusieurs fois la lettre, un sourire heureux aux lèvres. Il lui manquait tellement ! Chaque jour, elle l'imaginait faire des réflexions sarcastiques ou acerbes sur plusieurs sujets, et rêvait de savoir s'il allait bien ou non. Mais, s'il souhaitait la voir, c'était pour une bonne raison : et s'il lui tendait un piège ? Il était si furieux contre elle, que...
Après plusieurs jours à ressasser, le samedi soir arriva finalement. Constanzia avait rendez-vous à vingt-et-une heures pour la réunion, à Vienne. Ils avaient une base là-bas, et ils y organisaient plusieurs conférences.
Mais, alors qu'elle se préparait pour y aller, l'image de Severus seul aux Trois Sangliers s'imposa dans son esprit. Seul fruit de son imagination : mais ce fut assez pour la faire hésiter. Elle voulait y aller, mais son aïeul...
Elle resta cinq bonnes minutes devant son miroir à réfléchir. Mais finalement... Elle décida d'y aller. Elle ne perdait rien, et de toute façon, Gellert n'aurait rien à dire. Pour lui, elle avait sacrifié sa vie.
Constanzia mit sa cape noire. Elle portait une combinaison, avec un haut en dentelle blanche et un pantalon noir. Elle avait mis des escarpins blancs, ainsi qu'un collier de perles. Elle n'avait pas oublié d'attacher des cheveux blonds presque blancs en un chignon lâche.
Elle priait pour que Severus la trouve jolie ! Elle se trouvait très belle, quant à elle : cela lui suffisait, mais... Quand même, si Severus pouvait être fier de l'avoir portée dans son cœur...
La jeune femme mit sa capuche, attrapa sa baguette et se glissa hors de la maison sans croiser âme qui vive. Ils devaient être en train de discuter au salon...
Constanzia transplana le plus rapidement possible. A Pré-au-lard, elle eut tout le loisir d'admirer le château de Poudlard, illuminé, avec le coucher de Soleil en fond. Le ciel était rosé, et c'était tout simplement magnifique.
Un sourire se dessina sur ses lèvres. Cependant, elle ne devait pas traîner : elle était recherchée par les autorités britanniques.
La jeune femme se dirigea vers le bar où Severus était censé se trouver. Elle y était allée une seule fois, mais n'était jamais revenue tant les verres étaient sales.
Elle entra sans attendre. Il y avait quelques personnes, évidemment : toutes se tournèrent vers elle pour l'observer. Heureusement qu'elle s'était masquée ! Constanzia balaya la salle du regard, et reconnut sans problème Severus. Dans un coin, avec un whisky pur feu et les cheveux noirs dépassant un peu de sous le capuchon de sa cape.
La jeune femme s'installa face à lui sans attendre. Il leva la tête vers elle, et resta stupéfait en la voyant. Elle était venue ? Non, non. Il devait rêver.
— Salut, Severus.
— J'étais persuadé que tu ne viendrais pas.
Ils s'observaient, le cœur battant, comme s'ils peinaient à croire qu'ils étaient tous les deux face à face. Elle était en vie, lui aussi ; Rogue semblait analyser toute sa figure pour être sûre que ce soit bien elle, ou qu'elle n'ait pas été blessée.
— Tu m'as manqué, murmura-t-elle. Je suis désolée de ne rien t'avoir dit, j'étais sûre que tu le dirais à Dumbledore, et qu'en plus tu me détesterais. Je suis tellement désolée, répéta Constanzia.
— Où vis-tu, maintenant ?
Le serveur vint prendre la commande de Constanzia. Rogue fouilla dans sa poche et sortit un verre, qu'il tendit à l'homme. La jeune femme fronça les sourcils, et lâcha :
— Un whisky pur feu, s'il vous plaît.
— Bien.
L'homme prit le verre et se mit derrière le comptoir pour le remplir. Severus dit :
— Ses verres sont toujours dans un état pitoyable. Mieux vaut que tu utilises un bon verre.
— Merci.
Il haussa les épaules. La jeune femme attendit que l'homme lui dépose son whisky pur feu, puis dit à Severus :
— J'ai songé à t'envoyer des lettres, mais... J'avais peur que tu sois furieux contre moi.
— Je le suis. Ne crois pas que je t'ai pardonné, car il n'en est rien. Et à vrai dire, c'est Dumbledore qui m'a demandé de venir aujourd'hui.
Constanzia hocha lentement la tête, masquant sa déception. Elle marmonna :
— J'aurais dû m'en douter.
Elle prit son verre et but une gorgée, l'alcool lui brûlant la gorge. Severus l'observait : ses yeux ne changeaient plus de couleur comme à Poudlard. Cependant, de temps en temps, quelques éclats de couleur différentes passaient dans son regard : étrange.
Constanzia tourna la tête vers lui vivement, se sentant observée. Leur regard se croisèrent, et elle put voir qu'une lueur brillait dans ses yeux : elle disparut dès l'instant où il remarqua qu'elle l'observait, comme s'il remettait son masque.
— Que voulait me dire Dumbledore, alors ?
— Rejoins-nous.
— Non.
Elle but de nouveau. Alors elle était venue et risquait le Doloris, pour ça ?
— Je n'aurais pas dû venir, grinça-t-elle. Tu viens me parler de Dumbledore, tu ne m'exprimes même pas ce que toi tu veux, et je risque le Doloris en rentrant chez moi, pour ça !
Ses yeux papillonnèrent de nouveau. Elle secoua la tête pour se reprendre, et murmura :
— Est-ce que tu comptes tenter de me convaincre, ou tu as autre chose à me dire ?
Severus garda le silence quelques instants. Puis, il répliqua :
— Tu n'aurais jamais dû venir à Poudlard.
— Mais nous ne nous serions jamais rencontrés !
— Peut-être que... Peut-être que cela aurait été mieux.
Constanzia lui jeta un regard attristé. Elle fouilla dans sa poche, jeta de la monnaie sur la table et quitta l'auberge en hâte. Severus marmonna un juron, jeta de la monnaie à son tour pour payer sa part, et partit en courant à la suite de Constanzia.
— Constanzia ! Attends ! Constanzia !
La jeune femme se retourna vivement. Elle s'approcha de lui en hâte et grinça, furieuse :
— Je suis recherchée par les autorités, espèce d'idiot ! Continue de crier mon nom, tu veux que je me fasse arrêter ? Je n'ai pas le droit d'être là.
Elle tourna les talons, mais il la rattrapa par le bras pour l'entraîner dans un renfoncement dans la rue. Constanzia le laissa l'entraîner : avec n'importe qui d'autre, elle aurait fui, mais... Elle lui faisait une confiance infinie. Severus s'assura qu'ils ne pourraient être vus de nulle part, et lui murmura :
— Je tiens à toi. Et apprendre que tu m'as menti était... Dur.
Le cœur de Constanzia rata un battement. Severus ajouta :
— Le fait que tu continues de te ruer vers la magie noire me désespère, car tu es excellente dans ton métier, et tu gâches tout en essayant de combler ton ambition ! Même en tant que professeure de magie noire, tu ne pourrais pas en faire autant qu'en tant que professeure à Poudlard, parce que tu seras encore et toujours recherchée pour ces cours.
Constanzia s'appuya contre le mur derrière elle. Elle levait la tête vers Severus, et ne put s'empêcher de sourire lorsqu'il termina :
— Tu es la plus talentueuse sorcière que je n'ai jamais rencontrée.
— Et elle ? répliqua-t-elle. Tu m'as dis que tu l'avais toujours en tête, cette fille dont tu étais amoureux. Est-ce que, si je rejette ma famille, tu me promettras de ne jamais me laisser tomber ?
Les larmes étaient montées aux yeux de Constanzia. Severus, quant à lui, se répétait en boucle les paroles de Dumbledore. Ne vis pas dans le passé, Severus. Elle est morte : concentre-toi sur les vivants.
— Je te le promets, répondit le professeur de potions en plongeant dans son regard.
Constanzia baissa la tête, songeuse. Elle ne pouvait pas laisser sa famille, mais... Il y avait Severus, et Poudlard, et ses élèves... Mais la magie noire. La magie noire, si intéressante...
— Je dois y réfléchir. Je te promets de te tenir au courant. Mais je t'en prie, n'envoie aucune lettre chez moi, si tu arrives à obtenir un hibou qui venait de ma maison. Mon aïeul lit tout.
Severus hocha la tête. La jeune femme hésita ensuite : elle mourrait d'envie de l'embrasser, mais... Elle abaissa lentement le regard sur ses lèvres, avant de les remonter vers ses yeux. Le professeur souffla, l'air exaspéré, avant de se pencher vers elle. Constanzia esquissa un sourire enchanté, et se mit sur la pointe des pieds pour lier plus rapidement ses lèvres aux siennes. Elle eut l'impression de ressentir une explosion dans la poitrine ; elle posa les mains contre lui pour être encore plus proche de ses bras, tandis qu'il posait les mains sur sa taille pour la rapprocher de lui.
Ce n'était pas bien. Les ombres de Dumbledore et Grindelwald flottaient au-dessus d'eux. Mais, en même temps... Severus était convaincu qu'elle n'était pas le mal incarné. Peut-être était-ce l'amour qui l'aveuglait, mais... Non. Elle avait simplement été manipulée. C'était impossible autrement.
Après quelques instants, ils se séparèrent, et elle dit :
— Je dois te laisser, il va me tuer. Je t'aime !
Constanzia se dirigea vers la rue principale. Derrière elle, Rogue lança :
— Moi aussi, petite sotte.
Elle rit, amusée, et lui sourit une dernière fois avant de transplaner. Severus poussa un soupir rassuré : elle était en vie, et encore amoureuse de lui. Pourtant... Il avait un mauvais pressentiment.
Et il avait raison. Gellert en colère ne valait rien qui vaille... Surtout avec le sceptre le plus puissant du monde entre les mains.
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