Chapitre 30 : Ambition
Severus s'était effondré dans le bureau de Dumbledore. Assis sur une chaise, il restait le regard dans le vague, sous le choc. Comment était-ce possible ? Comment avait-elle pu lui cacher ?
— Vous étiez proche d'elle ? demanda Dumbledore, assis derrière son bureau.
Severus poussa un long soupir. Il releva les yeux vers le directeur de Poudlard. Il ne dirait rien, s'il l'apprenait : Dumbledore était pour l'amour et tout ce qui concernait les romances, pour plusieurs raisons. Publiquement, il disait que c'était une des plus belles choses, tout ça tout ça. Mais au fond, Severus était sûr que c'était uniquement pour pouvoir suivre les romances comme dans les émissions à la télévision moldue.
— Nous avions une liaison.
Derrière, McGonagall, qui réfléchissait, sursauta et jeta un regard effaré à Severus. Elle lâcha :
— Avec une professeure de Poudlard ? Severus !
— Je n'ai pas fait exprès. Elle me parlait de ses problèmes, je lui ai brièvement parlé des miens sans aller trop dans les détails, et finalement... Je n'aurais jamais pu deviner qu'elle était l'Héritière de Grindelwald.
Dumbledore gardait un regard neutre sur Severus. Il ne pouvait le blâmer : il n'avait jamais eu de chance en amour, et il avait simplement voulu le trouver. Ce n'était pas grave.
— Elle ne vous posait pas de questions sur Poudlard ? questionna le directeur.
— Jamais. Enfin, si, se reprit-il, mais uniquement sur des sujets très vagues, comme l'Histoire de Poudlard, les professeurs... Rien de privé. C'était simplement de la curiosité, je pense, et elle n'aurait rien pu en faire avec Grindelwald.
— Et sur moi ? demanda Dumbledore.
— Une fois, la semaine dernière. Elle m'a demandé pourquoi vous partiez autant en voyage, et je lui ai répondu que je n'en savais rien mais que cela devait être par rapport à Grindelwald, ce que tout le monde savait.
— Heureusement que vous êtes méfiant avec tout le monde ! s'exclama McGonagall.
Rogue garda le silence. Dumbledore lança :
— Vous parlait-elle de sa famille ?
— Oui. Elle disait que ses parents étaient partisans de Grindelwald, et que plus le temps passait, et plus elle voulait s'éloigner d'eux. Elle me répétait que sa mère était surprotectrice, qu'ils lui avaient interdit de côtoyer des personnes en tant qu'amis ou sur le plan amoureux. Elle allait aussi s'occuper de sa grand-tante, selon ce qu'elle me disait.
— Sa grand-tante ? marmonna Dumbledore, sourcils froncés. Elle allait la voir souvent ?
— Entre deux à quatre fois par mois. Constanzia disait qu'elle lui apportait de quoi manger, qu'elle vérifiait l'état de sa maison et qu'elle lui parlait, parce qu'elle sombrait dans la folie lorsqu'elle était seule.
Dumbledore était stupéfait. Alors Constanzia allait s'occuper de Bathilda Tourdesac ? Il ne voyait pas d'autres grands-tantes dans sa famille, de ce qu'il connaissait ; surtout des grands-tantes folles. Si Bathilda avait pu avoir des informations... Il nota mentalement d'aller la voir.
— Vous aviez parlé de manipulation avec elle, dans le couloir.
— Oui, confirma Rogue. Elle était venue me voir, au tout début, pour me demander un livre. Elle tremblait à cause de l'angoisse, et paraissait épuisée alors qu'elle était en forme quelques heures auparavant. Elle avait été assez troublée pour faire tomber sa barrière d'occlumancie, et j'ai pu lire assez aisément que quelqu'un était en train de la manipuler pour faire quelque chose. Elle m'a juré qu'il n'y avait rien, à plusieurs reprises, mais je sentais qu'elle mentait. Et finalement, elle ne m'a jamais répondu, mais j'en avais déduis que c'était sa mère, vu qu'elle me parlait souvent d'elle.
— Et elle quittait le château pour aller voir sa mère ?
— Exactement. Elle partait le week-end, mais parfois le soir quand elle recevait des lettres urgentes de sa mère.
— Cela ne vous étonnait pas qu'elle passe son temps à partir ? lâcha McGonagall.
— Ses parents avaient tellement d'autorité sur elle qu'à la moindre de leurs phrases, elle leur obéissait. Et dès que j'avais le malheur de parler d'eux, elle paniquait ou s'énervait en disant que je ne les connaissais pas et que je n'avais rien à dire sur eux.
Un silence s'ensuivit. Jamais Rogue n'avait autant parlé en si peu de temps, d'après les souvenirs de Dumbledore : mais en tout cas, la tension dans la pièce était à son comble tant le professeur de potions était furieux. Il ajouta :
— Le plus terrible, c'est qu'elle a dit que Grindelwald lui apparaissait sous forme d'esprit. Cela veut dire qu'il a pu assister à chaque moment où nous étions ensemble, et qu'il a pu observer Poudlard avec Constanzia avec simplicité.
— Il doit sûrement connaître le château par cœur, maintenant, grinça McGonagall.
Les deux hommes hochèrent la tête. Dumbledore avait les mains jointes sous son menton, songeur. Il venait de perdre une des meilleures professeurs de Poudlard, mais aussi de revoir son ancien amant. Et comme un idiot, son cœur s'était emporté à nouveau comme au bon vieux temps, alors que... C'était mal ! Il n'aurait jamais dû tomber amoureux de Grindelwald, c'était une folie.
— Nous verrons que faire au sujet de Constanzia. En attendant, les élèves sont sous le choc, plusieurs élèves de Durmstrang refusent de sortir de leurs dortoirs. Il faut que nous nous occupions d'eux.
— Génial. Nous allons devoir nous retrouver en tant que psychomages... grinça Severus en se levant.
Il attendit que McGonagall ne le rejoigne pour se diriger vers la sortie. Dumbledore s'exclama :
— Au fait, Severus ! Je suis navré que votre romance avec Constanzia se soit terminée ainsi.
McGonagall quitta la pièce.
— Je m'y attendais, répondit-il en haussant les épaules. Aucun amour ne peut passer le pas de ma porte sans disparaître ensuite.
Dumbledore ne put rien répondre. Severus le masquait bien, mais il devait être brisé.
Il en avait tant attendu de cette relation, qui paraissait presque parfaite, qu'il devait se rendre à l'évidence. Constanzia avait su masquer ses défauts et secrets, mais elle n'en était pas moins un monstre. Ils ne sauraient plus jamais être de nouveau ensemble, et dans tous les cas, il refusait d'être encore mêlé à l'amour si c'était pour tant souffrir ensuite.
Dans un murmure, il s'excusa auprès de Lily. Il l'avait trahi, pour cette prétentieuse et manipulatrice Grindelwald. Mais que lui était-il passé par la tête ?
En Autriche, Constanzia se baladait dans son manoir familial. Elle retrouvait sa maison d'enfance, et cela l'enchantait. Pourtant, son cœur battait bien trop vite. Elle avait repris son calme ; ses yeux restaient bruns, et ne changeaient plus de couleur : pourtant, elle gardait la même inquiétude. Elle avait pu voir le regard dégoûté et attristé de Severus, mais aussi la peur sur le visage de ses élèves. Elle aurait tout donné pour courir auprès d'eux pour les rassurer, en leur promettant qu'elle protégerait ! Mais non, elle avait dû jouer son rôle d'héritière de Grindelwald totalement folle. C'était ce qu'il voulait. Et lorsqu'il ordonnait, on faisait...
— Constanzia !
Gellert apparut face à elle sous forme d'esprit. Elle sursauta, soupira et lâcha :
— Nous sommes dans la même maison. Vous ne pourriez pas faire un effort et venir me chercher à pied ? Vous êtes vieux, et cela ne vous fera pas de mal de marcher un peu.
— Votre fille est mal élevée, lâcha Grindelwald, sans doute au père de Constanzia. Allez, dépêchez-vous, nous vous attendons au salon.
Grindelwald disparut. Constanzia soupira de nouveau, et traversa tout le Manoir pour rejoindre son aïeul. Celui-ci jouait avec le sceptre, installé avec toute la famille autour de la table.
— Ah, la voilà enfin ! Bien, nous voulons vous prévenir, Constanzia, que vous avez un planning de batailles complet. Oh ! Et vous devrez donner quelques cours de magie noire à Durmstrang, aussi.
Les yeux de Constanzia s'illuminèrent. Des cours ?
Il fallait qu'elle voit positif. Certes, elle se retrouvait seule avec sa famille, après avoir connu un grand bonheur avec Severus, mais... Tant pis. Ce n'était qu'une période. Elle devait reprendre sa vie normale, et dédier son destin à la famille Grindelwald.
Son bonheur passait après son ambition.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top