Chapitre 21 : Décision

  Constanzia rentra dans la salle, sa cape volant derrière elle au rythme de ses pas pressés. Toute l'assemblée, composée de professeurs, d'élèves mais surtout de personnes entièrement vêtues de noir, se tourna vers elle. Des murmures s'emparèrent des sorciers présents, mais furent vite tus par la voix du père de Constanzia, qui réclamait le silence.

— Constanzia, c'est un plaisir de te voir après tant de temps.

— Arrêtez l'attaque, ordonna la jeune femme immédiatement. Les élèves n'ont pas à subir les conflits politiques, surtout quand ils concernent la magie noire.

   Le père se mit à ricaner, suivi par bon nombre de personnes. Constanzia gardait la tête haute, même lorsqu'il asséna :

— Ce n'est pas ce qui est prévu, Constanzia, navrés.

— Je veux parler aux Fawley. Maintenant ! ordonna-t-elle d'un ton ferme, le regard noir.

  Gellert apparut à côté d'elle. Karl Grindelwald, ainsi que sa fille Adelheid, sursautèrent, effarés de voir leur ancêtre. Ils avaient de son sang, ils pouvaient donc le voir.
Le mage noir s'exclama :

— Je veux que vous parliez à Constanzia, dès maintenant, en privé. Que nul ne soit au courant qu'elle possède du sang commun avec vous, c'est clair ?

  Karl hocha vivement la tête, se leva et dit :

— J'accepte de parler à cette femme. Avec ma fille et mon beau-fils.

  Gellert échangea un discret regard avec Constanzia, qui n'attendit pas un instant pour suivre son grand-père dans la salle voisine. Sa mère et son père suivirent de près, et ce fut Stéphan qui ferma la porte derrière eux.

— Ravis de te revoir, Constanzia, lâcha son grand-père. Et ravi de vous revoir, père, dit-il en se tournant vers son géniteur, qui fit un signe de tête.

  Stéphan était le seul à ne pas voir le mage noir. Se doutant qu'il était présent, il resta en retrait, un peu perdu.

— Grand-père, il faut que vous cessiez la bataille. Les élèves sont en danger, vous ne pouvez pas les laisser mourir dans les caves !

— Non, Constanzia. Tu dois accepter que nous attaquions ce château, même si tu y es attachée.

— Mais les élèves n'ont rien à voir avec tout cela. Je vous en prie, prenez le contrôle du château, mais laissez les élèves s'enfuir sans risque. Ils n'ont pas à être mêlé à la politique si jeunes, ils n'ont même pas encore l'âge de faire de la magie seuls !

  Gellert, qui suivait la scène en retrait, se racla la gorge. Ses trois héritiers se tournèrent vers lui, et l'écoutèrent dire d'un ton calme :

— Je suis d'accord... Avec Karl.

  Constanzia poussa un soupir agacé. Grindelwald reprit :

— Les élèves peuvent servir de rançon contre les parents. Si nous rendons les jeunes en échange de la fidélité de leurs géniteurs, nous pourrons ainsi augmenter le nombre de nos partisans par la manipulation et la ruse.

— En oubliant la santé mentale de ces pauvres jeunes ? s'indigna Constanzia. Cela va leur créer des traumatismes pour toute leur vie, alors qu'ils sont jeunes et frêles ! Et si leurs parents refusent, que ferons-nous d'eux ?

— Nous les tuerons, lâcha Karl, rapidement suivi par le mage noir.

  Constanzia poussa un grognement agacé. Elle chercha quelques instants ses mots puis dit :

— Non. Je ne vous laisserai pas les blesser.

— Constanzia, dois-je réellement parler à vos parents du fait que vous ayez, et ce sans vous soucier de mes ordres, refusé d'aller en temps et en heure là où je vous le disais ?

— J'ai un métier, Gellert. Et c'est d'ailleurs à cause de lui que je souhaite protéger ces jeunes.

— Vous ne pouvez pas être proche d'eux tout en étant mon héritière, Constanzia. Vous devez faire un choix, et vous savez tout aussi bien que moi que vous n'avez, au fond, pas la possibilité de trahir notre famille.

  Un silence s'ensuivit. Tous attendaient que Constanzia confirme qu'elle les suivrait, mais il n'en fut rien. Elle resta simplement muette, tête baissée, comme une enfant que l'on grondait.

— Dois-je ajouter, continua Gellert, que vous avez débuté une relation avec un professeur de Poudlard qui se trouve au plus proche de Dumbledore ? Et ce, sans aucun but de manipuler Albus !

— J'ai le droit d'apprécier quelqu'un ! protesta Constanzia vivement. Laissez-moi vivre, bon sang, vous êtes en train de m'imposer un mode de vie et des choses que je ne souhaite pas !

— Vous avez été formée pour ça, répliqua sa mère. Constanzia, vous devez prendre vos responsabilités et assumer la place que nous vous avons donnée dès votre naissance ! Ce n'est pas si compliqué que ça, nous l'avons fait bien avant vous !

— Mais vous n'avez pas eu Gellert sans arrêt sur le dos. Je n'ai aucune vie privée, je n'ose même pas m'approcher de l'homme que j'apprécie par crainte que Gellert ne vienne nous observer dans les bras l'un de l'autre.

  Le père de Constanzia fit une grimace, n'osant imaginer la scène. La jeune femme, bras croisés, était confrontée à son ancêtre, qui tendit la main devant lui. Il se mit à émettre une flamme bleue, brillant avec animation.

— Je vous laisse une dernière chance, Constanzia. Soit, vous obéissez, et vous vous arrangez pour tout cesser avec cet homme, et surtout pour trouver la Couronne des Quatre Fondateurs. Soit, j'absorbe votre magie et je vous laisse mourir à petit feu à cause d'elle ; et vous savez que j'en suis capable.

  La flamme continuait de briller. Constanzia sentit les larmes lui monter aux yeux, mais aucune n'osa franchir le seuil de ses paupières. Elle prit une profonde inspiration, espérant que cela ferait cesser sa tête qui tournait à toute allure, puis releva la tête. Il ne lui fallut quelques instants pour organiser ses idées, avec difficulté cependant à cause de la magie qui lui échappait rapidement.

  Sa décision était prise.

  Severus attendait. En retrait, il observait les jeunes organiser leur petit camp, discutant en chuchotant pour ne pas qu'on les entende de l'extérieur. Il patientait, longtemps, en espérant que Constanzia saurait être rapide. Il n'avait pas la capacité de parler allemand ; à vrai dire, à Poudlard, cela ne lui aurait pas servi à grand chose.
Le professeur attendit donc, pendant au moins vingt minutes, jusqu'à ce que des bruits de pas se fassent entendre venant du petit hall d'entrée.

— Severus !

  Le maître des potions sursauta, mais poussa un soupir soulagé en voyant la jeune femme. Elle paraissait épuisée, de larges cernes se dessinaient sous ses yeux. Pourtant, elle n'était partie que très peu de temps... Mais déjà trop longtemps. Elle parut se retenir de foncer dans ses bras, remarquant que tous l'observaient. Constanzia se racla la gorge et dit, en anglais puis en allemand :

— J'ai tenté de négocier avec eux. Cela s'est mal passé, j'ai... J'ai failli mourir à mon tour. J'ai juré de partir sans sauver aucun élève, reprit-elle, une fois que les murmures choqués se furent calmés.

— Quoi ? s'exclama un élève indigné. Vous n'allez pas nous laisser tomber ! Vous êtes la professeure la plus gentille, ici, vous êtes déjà partie à Poudlard cette année, alors vous n'allez pas en plus nous trahir une seconde fois en retournant dans cette école maudite ?

  Constanzia resta muette. Elle baissa la tête, songeuse, puis la releva vivement et se tourna vers Severus. Il se sentit immédiatement agressé, car la jeune femme tenta de forcer ses barrières d'occlumancie. Il répliqua instantanément, surtout par réflexe, et fut surpris d'entendre la voix de Constanzia résonner dans son esprit :

— Il faut que tu les aides à s'enfuir. Les Grindelwald m'ont jeté un sortilège de magie noire, je pense qu'ils peuvent me piéger si je les trahis. Ne dis rien aux élèves, laisse-les penser que je les ai trahi ; c'est le mieux.

  Severus fronça les sourcils, perdu. Que se passait-il avec les Grindelwald ? Pourquoi s'attaquaient-ils à elle ? Comme si elle l'avait entendu, elle pensa :

— Je t'expliquerai tout ça. Je suis tellement désolée, si tu savais... 

— Constanzia, que... murmura-t-il.

— Je dois partir, la coupa-t-elle. Severus, je t'en prie, prends soin d'eux.

  Constanzia tourna les talons et partit à la hâte, baguette en main. Severus poussa un soupir agacé et tenta de parler avec eux en anglais, mais un seul élève semblait le comprendre. Il fit la traduction à ses camarades, puis tous suivirent le professeur de Poudlard qui se dirigeait vers la sortie. Severus, non sans mal, parvint à tous les faire sortir dans la cour. Ils étaient une vingtaine, quelle difficulté !

  Non loin de là, la professeure retenait les quelques partisans de Grindelwald, parlant avec moult gestes. Ils tentaient de passer, mais elle trouvait des choses peu intéressantes à leur dire, mais assez problématiques pour les forcer à rester. Après dix minutes, ils partirent quand même en sens inverse, la laissant courir pour aller voir si les élèves étaient bien partis. Par chance, Severus s'était hâté, et il n'y avait plus aucune trace des élèves de cette cachette.

  Constanzia se dirigea vers une sortie, tête baissée. Elle hésitait à retourner sur ses pas pour aller sauver les autres élèves, mais... Déjà une vingtaine était protégée, alors qu'elle s'était engagée à partir sans se retourner ! C'était déjà une avancée !

— Je suis désolée, murmura-t-elle en se tournant vers le couloir d'où elle venait, avant de se lancer dans le passage secret.

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