Chapitre 19 : Dursmtrang
19 mars 1994
Constanzia mangeait tranquillement dans la Grande Salle. Severus était à côté d'elle, à grommeler des insultes à l'égard de leurs collègues ou d'élèves qu'il détestait. La professeure ne pouvait s'empêcher de ricaner silencieusement, amusée. Dumbledore était là, tout comme bon nombre de professeurs, afin de petit-déjeuner avant de partir en cours ou, pour le directeur, de gérer l'école. Nombreux étaient aussi les élèves présents, qui mangeaient avec lenteur, peu réveillés.
— Désolée, Severus, lâcha Constanzia. Mais votre haine pour les Serdaigle n'est apparue que lorsqu'un élève de sixième année a fait exploser son chaudron sur vos cheveux. Cela n'en fut que bénéfique pour tout le monde, ils sont enfin redevenus normaux, et plus aussi gras qu'avant.
— Grâce à vos conseils, grinça Severus. Comme si j'avais besoin d'avoir de beaux cheveux, vous non plus vous n'êtes pas saine d'esprit et...
Constanzia pouffa. Il était vrai que, grâce aux quelques conseils de la femme, Severus avait semblé prendre bien plus soin de lui qu'avant. Elle le forçait, rien que pour l'embêter, mais cela ravissait l'homme qui se rapprochait au passage d'elle.
— Scheibenkleister!
Constanzia sursauta, surprise. Deux élèves, vêtus de rouge, arrivaient en courant dans la Grande Salle. Ils s'arrêtèrent net en voyant le nombre de personnes présentes, puis regardèrent autour d'eux, perdus. Dumbledore se leva, vite suivi par Constanzia et d'autres professeurs.
La jeune femme détailla quelques instants les deux nouveaux arrivés du regard, remarquant qu'ils étaient vêtus de la couleur de Dursmtrang. Surprise, elle resta stupéfaite, jusqu'à ce qu'elle voit les jeunes venir en courant vers elle.
— Scheinder, Spielmann ! s'exclama Constanzia, la voix teintée d'un accent allemand fort prononcé.
— Professor Hagedorn, wir brauchen deine Hilfe, denn in Dursmtrang ist etwas im Gange. Seit du weg bist, ist es ein einziges Chaos!
Toute l'assemblée resta muette. Constanzia leva un regard vers Dumbledore, puis répondit en allemand aux deux jeunes. Ils paraissaient tous deux surexcités et inquiets à la fois, comme si un gros événement venait d'avoir lieu. Au fur et à mesure de la discussion, la professeure paraissait s'agacer, jusqu'à ce qu'elle marmonne en anglais, avec un fort accent allemand :
— Bon sang, je vais tuer Karkaroff. Je savais que lui laisser gérer cette école seul était une mauvaise idée.
— Que se passe-t-il, Mrs. Hagedorn ? questionna Dumbledore.
La professeure hésita quelques instants, chercha ses mots en anglais puis lâcha d'une traite :
— Karkaroff, qui est le directeur de Durmstrang, vient de laisser les partisans des héritiers de Grindelwald pénétrer au sein de l'école. Ils s'attaquent aux élèves et aux professeurs ; ils sont en pleine bataille.
Dumbledore parut s'assombrir. Il dit, après quelques instants à rester immobile :
— Bien, suivez-moi.
Constanzia acquiesça. Elle se tourna vers les deux jeunes et leur expliqua :
— Le professeur Dumbledore est directeur ici. Il va pouvoir vous aider, et sans doute vous donner une solution pour Durmstrang.
— Madame, l'interrompit le jeune Scheinder. On nous a lancé des sortilèges de magie noire, et...
— Quoi ?
Constanzia s'approcha d'eux en hâte. Elle prit la main du premier pour observer sa paume, alors qu'il disait :
— Un élève qui s'était allié aux Grindelwald. Je ne sais pas ce que c'était, mais... Il paraissait fier de lui. Nous avons mal au cœur, depuis.
La professeure blêmit. Elle jeta un regard paniqué à Severus, qui s'approcha également. Les mains des jeunes étaient noires, sans doute car le sortilège commençait à les gagner.
— Nous allons soigner ça, murmura Constanzia. Je suis sûre que nous pouvons les soigner, reprit-elle plus fort et en anglais, n'est-ce pas Severus ?
— Evidemment, répondit-il immédiatement.
Dumbledore était déjà parti. Constanzia invita les deux jeunes à passer devant elle, puis les suivit. Rogue fit de même, et chuchota :
— Je ne connais même pas ce sortilège, c'est de la magie noire pure. Tu sais comment le soigner ?
— Il est incurable, répondit-elle sur le même ton. Severus, cette bataille n'est pas un simple conflit comme Durmstrang a pu connaître par le passé.
Ils quittèrent la pièce, laissant derrière eux une foule d'élèves avide de savoir ce qu'il se passait, et surtout la manière dont les professeurs allaient gérer cette crise. Tous craignaient désormais que Grindelwald ressorte de nulle part pour les attaquer comme à Durmstrang.
Les élèves marchaient quelques pas derrière Constanzia et Severus, discutant et débattant en chuchotant. La jeune femme rêvait uniquement de se retrouver seule avec l'homme pour lui confier ce qu'elle avait sur le cœur à propos de ces deux jeunes, mais cela attendrait ! En attendant, il fallait les protéger.
— Severus, murmura-t-elle. Tu resteras avec moi, n'est-ce pas ?
— Je te le promets.
Constanzia lui jeta un regard rassuré. Il sentait bien qu'elle paraissait angoissée, bien qu'elle le masquait bien pour éviter d'inquiéter ses élèves. Comme d'habitude, Severus se retenait de faire un geste vers elle, par peur de la blesser d'une quelconque manière. De plus, avec les deux élèves derrière, ce n'était pas prudent...
Ils arrivèrent au bureau du directeur de Poudlard. McGonagall, ainsi que Flitwick étaient déjà présents, à la gauche du bureau, en retrait. Dumbledore, quant à lui, s'était installé derrière son bureau, et invita les deux élèves à s'asseoir devant lui. Constanzia et Rogue rejoignirent les deux autres professeurs, se mettant à quatre alignés.
— Bien. Alors, Durmstrang, que se passe-t-il exactement ?
Les deux jeunes se tournèrent vers leur professeure, perdue. Constanzia prit donc la parole.
— Le château est attaqué par les partisans de Grindelwald. Karkaroff, au lieu de protéger les élèves, a pris la fuite et a laissé les professeurs gérer.
— Et ils sont dépassés, je suppose ?
— C'est pire que cela, professeur, répliqua la jeune femme. Les élèves se sont retournés contre leurs professeurs afin de rejoindre un clan de magie noire puissant et de s'allier avec les héritiers de Grindelwald. C'est un véritable bouleversement qui a lieu là-bas, et... Si nous laissons les élèves sur place, cela risque d'être un massacre.
Dumbledore hocha la tête. Un des élèves laissa soudainement échapper un gémissement plaintif, puis dit en allemand à Constanzia :
— Professeure, j'ai... J'ai mal. Le sortilège me fait souffrir.
La jeune femme s'approcha en quelques pas. Immédiatement, il lui tendit sa paume et lui laissa l'observer. Elle murmura quelque chose d'incompréhensible, puis se tourna vers Dumbledore et prononça :
— Sanguine inferno occidere.
Dumbledore se mit debout. Il contourna son bureau et prit à son tour la main du jeune homme, Spielmann, âgé d'à peine quatorze ans. L'autre élève, Scheinder, était le plus âgé et celui qui avait dû pouvoir faire transplaner son ami.
— C'est un élève qui m'a jeté le sortilège, précisa Spielmann. Cela ne doit pas être trop grave, du coup.
— Sauf si l'élève avait cours de magie noire, grinça son ami.
Constanzia fit la traduction pour les autres professeurs, qui parurent tous choqués. Même Rogue n'en menait pas large. La jeune femme lâcha, en anglais :
— Cela veut donc dire que les professeurs ont dû recevoir des sortilèges qu'ils leur avaient eux-même appris, de leurs élèves. Génial.
— Des cours de magie noire, quelle idée ! s'exclama McGonagall, scandalisée. C'est une folie.
— Une folie si intéressante, pourtant... marmonna Constanzia en allemand.
Les deux élèves sourirent. Soudain, Scheinder se mit à tousser violemment. Constanzia lâcha un juron en allemand, avant de fouiller dans son sac pour lui tendre une potion censée guérir les maux de gorge qu'elle avait toujours sur elle, au cas où.
— Professeure, ce n'est pas normal que je tousse ainsi, n'est-ce pas ? murmura l'élève, dont les larmes lui étaient montées aux yeux.
— Je... Scheinder, je suis désolée. Nous allons trouver une solution, j'en suis convaincue.
Constanzia se mit accroupie devant Spielmann, qui tremblait, paniqué. Il n'avait cessé de montrer son angoisse, trop sensible pour pouvoir le cacher comme les professeurs de Dursmtrang le souhaitaient à l'accoutumée. La jeune femme esquissa un sourire bienveillant, prit leurs mains, et dit d'une voix d'un calme surprenant :
— Ne vous avions-nous pas dis de ne jamais rester sur une zone de combat ?
— Si ! s'exclama Spielmann, un sourire se dessinant à son tour sur ses lèvres. Mais, nous n'allions pas laisser les professeurs seuls !
— Vous êtes d'une bonté sans pareille. Mais vous n'auriez pas dû, vous vous êtes mis en danger.
— Mais au moins, nous sommes venus vous chercher ! Et même si nous devons mourir pour cela, comme vous nous l'aviez dit ! déclara Scheinder en bombant le torse.
Constanzia releva le regard vers Dumbledore, qui poussa un soupir las avant de se diriger vers son bureau. La jeune femme se releva et rejoignit Severus, qui lui fit un discret signe de tête. Elle lui sourit et se mit à côté de lui.
Scheinder, qui avait remarqué que tous paraissaient réfléchir à la situation, s'exclama :
— Je sais que nous allons mourir, Constanzia.
L'usage du prénom de la professeure surprit tout le monde, sauf la principale intéressée, qui dit :
— J'ose espérer que le directeur aura une idée. Mais ce sortilège est si complexe, je ne sais même pas pourquoi Karkaroff a tenu que nous l'enseignions... Même pour nous, il est compliqué à jeter, et compliqué à assumer surtout.
— Vous n'avez pas à vous en vouloir, mais... Vous savez, j'ai été heureux. Je suis même sorti avec Ana, c'est pour vous dire !
— Ana ? Sérieusement ? Bravo, mon grand, vous avez réussi à sortir avec la plus belle fille de l'école !
Les deux jeunes se mirent à rire. Constanzia lâcha un soupir amusé, puis ajouta :
— Vous ne me l'avez même pas dis, quelle trahison ! Je le note, Scheinder, je le note !
— Ah, j'aurais dû vous envoyer une lettre.
Les trois professeurs suivaient la discussion sans réellement la comprendre, alors que Dumbledore tournait en hâte des pages d'un livre pour trouver un contre-sort. Constanzia expliqua donc, en anglais :
— Scheinder était un de mes élèves, à force, nous prenions même le goûter de seize heures ensemble avec sa classe. Et là, il vient de m'annoncer qu'il était en couple avec la plus belle fille de l'école.
— Je suis magnifique, que voulez-vous !
Constanzia pouffa, moqueuse. Spielmann, lui, se mit à rire à gorge déployée, mais fut arrêté net par une toux similaire à celle de son ami. La professeure poussa à nouveau un soupir, mais se tourna vivement vers Dumbledore lorsqu'il dit :
— Il est impossible de trouver un contre-sort. Il n'a jamais été créé, et même s'il le fut, il n'a pas été diffusé.
Il releva la tête vers Constanzia, qu'il observa quelques instants, avant qu'il ne dise :
— Les professeurs de Durmstrang enseignaient-ils tous cela lors de leurs cours ?
— Pas tous. Seulement ceux qui avaient été missionnés par Karkaroff et qui avaient accepté de le faire.
Dumbledore parut hésiter à lui demander si elle l'avait fait, mais il jugea bon de reporter ses questions à plus tard.
— Comment leur annoncer ? demanda-t-il.
— Je... Je vais le faire.
Constanzia prit une profonde inspiration. Sans même qu'elle n'ait eu un mot à dire, Scheinder dit :
— Je sais que nous allons mourir. Spielmann, tu le vis bien ?
— Aussi bien que quelqu'un qui va mourir.
— Alors il le vit bien, répliqua le jeune homme. Constanzia, vous devez aller combattre.
Une nouvelle quinte de toux le prit. Spielmann, lui, ferma les yeux, comme pour tenter de contenir la douleur qui le prenait à la poitrine.
— Allez à Durmstrang, allez vous battre contre les partisans de Grindelwald.
— Je ne peux pas, Scheinder. Ils me connaissent, et si je m'oppose à eux, je ne pourrais plus aller chercher les élèves en secret. J'ai un plan pour aller les sauver, continua-t-elle en faisant quelques pas vers eux. Et je vous promets de tout faire pour permettre aux autres de s'échapper.
— Le château est... tombé... entre leurs mains, n'est-ce pas ? murmura Spielmann. Tout cela... a eu lieu... Pour rien ?
— Je suis désolée. Professeur, reprit-elle en se tournant vers Dumbledore, nous devons les emmener à l'infirmerie, et vite. Ils commencent à ne plus savoir respirer correctement, et je refuse de les laisser mourir sur ces chaises. Il faut prévenir les parents, aussi... Oh non, annoncer une telle nouvelle...
Après un signe de tête de Dumbledore, Constanzia récupéra le plus jeune et le porta dans ses bras, un peu déstabilisée par son poids. Il était dangereux d'user de la magie supplémentaire sur leurs corps ; alors, Severus s'approchait pour porter le second.
— Pas de magie blanche au-dessus de magie noire, murmura Constanzia.
— Je sais, répondit simplement Rogue.
Ils se dirigèrent vers la sortie. Ils portèrent tous deux les élèves qui commençaient lentement à somnoler.
— Severus, je... Je suis désolée. Ces élèves n'auraient rien troublé aux habitudes de Poudlard si je n'avais pas été ici, j'en suis navrée.
— Tu n'y es pour rien. Il faut maintenant assurer la sécurité de ces deux élèves, mais surtout trouver un moyen pour que Durmstrang ne tombe pas entre les mains des Grindelwald. Est-il donc si courant que cela que cette école soit attaquée ?
— Une fois par trimestre, je dirais, marmonna Constanzia.
Rogue leva les yeux au ciel. Ah, Durmstrang !
— Mes héritiers sont en train de gagner ! s'exclama Grindelwald en apparaissant à côté de Constanzia. Vous n'avez pas intérêt à tenter d'aller négocier avec votre famille pour sauver la peau de ces misérables élèves. Ils se mettent en rang à nos côtés, et bientôt Durmstrang sera à nous !
Constanzia poussa un soupir. Que répondre à cela, hormis qu'il faudrait qu'elle se fasse la plus petite possible à l'avenir ?
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