L'assassinat impérial dans la villa Ipatiev (3/3)

- Attention ce chapitre peut heurter les âmes sensibles (sang et violences) - 

J'entendais les autres filles gémir. Je regardai vers papa. Était-il vraiment en train de me regarder ? Était-ce un dernier sourire ? Son corps tressaillit sous l'impact de nouvelles balles. Moi aussi, je sentis une grande douleur dans ma jambe. Dans un même temps, le mystérieux liquide me brûlait l'estomac. Il me rongeait de l'intérieur.

"S'il vous plaît ! Non ! ", gémit la petite Maria, allongée à côté de moi.

Elle aussi vivait encore. Les bolcheviques avaient visé la poitrine de leur victime.

Lyoshka, mon frère, le tsarévitch, gémissait avec douleur et s'appuyait sur un de ses avant-bras. Ses yeux d'enfant suppliaient de l'épargner. Il souffrait le martyr. 

Iourovski marchait désormais froidement vers lui. Il positionna son revolver à côté de son oreille et tira une nouvelle fois. La tête vibra sous l'effet du tir et s'écrasa dans un bruit sourd sur le sol.

Malgré cela, Lyoshka continuait de gémir. C'était insoutenable. Par pitié, par pitié, laissez-le vivre et tuez tous les autres à la place !

Iourovski lui tira une nouvelle fois dans l'oreille. Il cessa de gémir.

" Vous allez mourir à la fin ! ", cria le chef des bourreaux. Il déchargea ensuite le reste de ses balles sur Anastasia. Les tirs ne semblaient pas la blesser.

Les bijoux cousus faisaient leur effet et retardaient sa mort. Parfois, même assassiner quelqu'un n'est pas aussi facile qu'on pourrait le croire.

" C'est un miracle ! Les balles rebondissent ! ", s'écria un des sbires russes et, horrifié, fit un signe de croix. Les autres, apeurés également, cessèrent le feu. La pièce était pleine de gémissements et de plaintes.

" Pourquoi fais-tu un signe de croix espèce d'idiot ? ", lui lança Iourosvki en lui arrachant le fusil des mains.

"Regardez comment il faut faire ! "

En colère et de toutes ses forces, il piqua la gémissante Anastasia. Mais la baïonnette ne traversa pas tout son corps et resta coincée dans les bijoux cousus dans son corset. La pièce était remplie d'une épaisse fumée, ce qui rendait la vision difficile. Iourovski tenta de retirer la lame tout en traînant le corps de ma sœur à travers la pièce. Du sang se répandait sur le sol. Mais la baïonnette restait toujours coincée par les bijoux et les côtes de ma sœur. Le monstre dut lui donner un coup de pied pour la libérer de l'arme.

Les soldats avaient l'air consternés et ne savaient plus quoi faire. Même Tatiana et maman étaient encore en train de gémir. Je faisais la morte. 

" C'est peut-être un signe de Dieu ! ", osa dire un autre russe.

" Encore un mot et tu te retrouves là, à terre, avec eux ! ", lui hurla le monstrueux commandant.

Il fouilla dans son sac à la recherche de son couteau suisse qu'il sortit de là. Il avait une lame relativement petite et rouillée. J'avais pu voir comment parfois, il se coupait une pomme avec ce truc dégoûtant ou encore qu'il se nettoyait ses ongles avec. 

" Par pitié ! Non ! ", gémit la faible Maria, qui était la plus proche de lui. Le monstre abandonna Anastasia et continua son acharnement sur cette petite. 

Iourovski la saisit sèchement par les cheveux, comme s'il allait tuer un animal, et commença lentement à couper dans sa carotide avec son couteau. Cela dura un certain temps avant que les premières gouttes de sang jaillirent. Dans sa folle fureur, il enfonçait de plus en plus la petite lame dans son cou. C'était un crime bestial.

Les autres geôliers observaient la monstrueuse scène avec de gros yeux ébahis et effrayés. Maria n'était toujours pas complètement morte lorsqu'il s'adressa, satisfait de son oeuvre, aux autres hommes. Mais la forte perte de sang de ma sœur ne laissait aucun doute sur sa mort très prochaine. 

" Dois-je tout faire tout seul ? Allez ! ". Avec sa botte, il donna un coup de pied dans le visage de mon père, mort. Cela lui cassa même une dent. Mais avec cet élan, le bourreau perdit l'équilibre sur le sol maculé de sang et glissa.

Rouge de colère, il tenta de se relever, mais glissa à nouveau sur le sang.

Un Hongrois se moqua de lui et lui tendit la main.

" Il n'est pas très léger ! ", dit-il en allemand aux autres.

" Ferme-là ! ", lui ordonna Iourovski en russe tout en se relevant seul.

Le commando se préparait à poursuivre l'exécution. J'entendais encore la petite Maria chercher de l'air. Ils étaient de véritables bêtes. Comment pouvait-on assassiner des enfants ? Ce n'était pas des humains mais des êtres venus de l'enfer qui ne méritaient rien d'autre que la mort. 

Deux Tchèques s'amusaient désormais à piquer ma sœur Tatiana. Cette dernière se lamentait à chaque coup. 

La baïonnette d'un des soldats se prit dans les habits, comme ce fut le cas pour leur commandant auparavant, et elle ne se laissa plus se retirer. 

L'autre tentait de l'aider en plantant un coup sa baïonnette dans la jambe de ma sœur, un coup dans son ventre. Malgré tout le sang qu'elle avait déjà perdu, Tatiana continuait de gémir sous les coups. 

Rien n'est plus atroce que d'entendre les bruits d'un enfant que l'on martyrise et qui ne comprend pas que des humains soient capables de telles choses. Après de tels actes, même des loups sauvages paraissent inoffensifs. Toute la douleur, tout le désespoir, toute la confiance perdue se faisaient sentir dans ces cris. Je ne les oublierai jamais. 

Des larmes d'une infinie compassion s'écoulèrent de mes yeux. Ma peine ne pouvait être décrite par des mots. Mon corps se figeait. 

J'avais l'air morte, mais je pouvais toujours encore entendre et voir ce qu'il se passait autour de moi. Pavel Medvedev fit un test en me piquant avec sa baïonnette dans la jambe. Je ne sentis pas la douleur, comme si j'étais anesthésiée. Il piqua une nouvelle fois au niveau de ma poitrine. Ici, je sentis un peu le métal, mais aucun son ne s'échappa de ma bouche.

" Celle-là est finie ! ", s'écria-t-il, satisfait.

Puis, il se dirigea vers Anastasia.

Ses gémissements lui montraient qu'elle était encore en vie.

" Par contre celle-là est encore en vie ! ", lança-t-il aux autres.

Il la dévisageait avec curiosité, comme un boucher devant un agneau. On pouvait voir ni compassion ni mauvaise conscience dans ses yeux. Le sous-fifre de Iourovski ne cherchait qu'à accomplir au mieux sa tâche. Avec un sourire méprisant, il lui piqua sa baïonnette dans la cuisse. Elle gémit de douleur. Son commandant se dirigea vers lui et lui arracha son fusil des mains.

" Tu dois l'achever, imbécile ! ", cracha-t-il et planta la baïonnette en direction de son cou pour y toucher la carotide, qu'il loupa.

Apeurée, ma sœur tenta de s'échapper en rampant. Mais un autre coup de baïonnette qui traversa sa jambe et se planta dans le parquet l'empêcha de continuer d'avancer.

Le Hongrois, qui lui avait fait ça, regarda ma sœur comme si elle était un serpent que l'on attrapait avec une fourche dans le jardin. Il rigola même quand elle se tortilla de douleur sur le sol. Elle ne pouvait désormais plus leur échapper. Il trouvait cela amusant.

Une douleur intense se propagea dans tout mon corps à partir de mon estomac. Le produit semblait être de l'acide. Et si c'était du poison qui était en train de me paralyser ?

A cet instant de la mort et de l'humiliation, je renonçai à croire en Dieu et jurai une vengeance amère. Comment pouvait-il accepter tout cela ? Je jurai de ne pas abandonner tant que l'humanité ne serait pas délivrer de monstres de ce genre. Œil pour œil, dent pour dent. Pour cela, j'étais prête à devenir moi-même un monstre.

" Tu vas déjà mourir espèce de serpent ! ", hurla Medvedev. " Sois patiente ! Et merci encore pour le blini ! "

A nouveau, il la piqua avec sa baïonnette. Un autre Hongrois accourut pour l'aider. C'était celui qui, hier, avait obtenu de notre part le deuxième blini. Ils piquaient l'agonisante comme des sauvages.

J'entendis encore une fois ma mère souffler.

" Olga ... ! "

" Tes rejetons sont déjà tous morts ! ", se moqua Iourovski. " Et toi ? Pourquoi es-tu encore en vie espèce de sorcière ? "

" Il y a de l'or là ! ", s'écria soudainement Medvedev, excité. 

Quelques bijoux s'étaient décousus de mon corset. Même Iourovski jeta un coup d'œil étonné sur le métal scintillant. 

" Ces sales gosses ont carrément caché leurs derniers bijoux pour leur condamnation à mort. Voilà pourquoi les balles rebondissaient ! ", lança-t-il fou de colère.

Un instant, les hommes cessèrent leur activité cruelle et observèrent, ahuris, les bijoux.

" Que personne n'y touche ! ", leur ordonna leur commandant.

" Celui qui le fait sera fusillé sur-le-champ ! Accomplissons d'abord notre mission et ensuite vous pourrez tout ramasser ! "

Medvedev, par sécurité, observa à nouveau mon corps ensanglanté et me piqua une nouvelle fois, sans hésiter, dans le bras gauche. Je ne sentis rien et ne fis aucun mouvement ni bruit. Le mystérieux médicament semblait fonctionner.

" Celle-là est définitivement morte ! ", annonça-t-il fièrement tout en vérifiant mon pouls pour en être sûr. Il me cracha ensuite au visage. 

Je n'avais plus d'air. Soudain, j'eus froid, très froid. Ma vision s'assombrit et je me sentis apaisée. Était-ce la mort ? 

Photo : photo du lieu réel où a été assassinée la famille Romanov dans la villa Ipatiev à Iekaterinbourg. 



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