Après notre conversation au bord de la rivière, nous retournons ensemble au village. Mei est nerveuse, je le sens à sa main qui tremble légèrement dans la mienne. À mesure que nous approchons, je perçois une tension grandissante.

Lorsque nous entrons, les visages se tournent vers nous, curieux mais méfiants. Les parents de Mei sont des gens simples, attachés à leurs traditions. Malgré la situation tendue, ils nous accueillent selon les coutumes. La mère de Mei nous invite à nous asseoir autour d'une table basse en bois. Elle prépare le thé avec des gestes précis et délicats, versant l'eau chaude sur les feuilles de thé vert avec une attention toute rituelle. Le silence règne, uniquement interrompu par le doux bruit de l'eau qui s'écoule dans les tasses en porcelaine. Nous buvons en silence, chaque gorgée semblant accentuer la distance entre nous.

Après ce moment formel, Mei prend une profonde inspiration et leur annonce la nouvelle. Elle parle rapidement en chinois, et je saisis quelques mots ici et là, assez pour comprendre l'essentiel : mariage, enfant, avenir.

Le silence qui suit est lourd, presque étouffant. Puis, le père de Mei se lève, son visage fermé par la colère. Il s'adresse à elle d'une voix dure, tranchante, et je devine qu'il exprime son désaccord. La mère de Mei se lève également, mais au lieu de parler, elle attrape la main de sa fille et l'entraîne vers le fond de la maison, loin de moi. Le père de Mei se rapproche alors, son regard fixé sur moi avec une intensité qui me glace le sang. Il me parle d'une voix ferme, autoritaire, et je comprends qu'il n'y a pas de place pour la discussion.

« Partez, » ordonne-t-il, son ton ne laissant aucun doute sur sa détermination.

Je reste un moment figé, cherchant désespérément un signe de Mei, mais la porte intérieure se referme derrière elle. Je me retrouve seul, face à un homme qui ne voit en moi qu'un étranger à chasser. Je tourne les talons, le cœur lourd, sachant que ce n'est que le début des difficultés que nous aurons à affronter.