Chapitre 2 ✔️
_ Mon mari ? questionna-t-elle, la voix hésitante.
Hannah resta interdite. Son mari ?
Elle était donc mariée... Cette affirmation la fit frémir. Un sentiment de peur monta en elle : elle ignorait tout de sa vie d'avant.
Elle avait donc vraiment perdu la mémoire, comme l’avait affirmé le médecin.
Cherchant un quelconque souvenir dans les yeux de l’homme, elle ne trouva que ce regard noir, perçant, fixé intensément sur elle.
_ Tu as bien entendu, moya lyubov, répondit-il en avançant doucement.
Son costume suivait parfaitement les mouvements de son corps, prouvant qu'il avait été fait sur mesure.
Hannah comprit alors qu’elle n’était pas mariée à n’importe qui.
Il était d’une beauté sombre, dangereuse.
Trop d’émotions la traversaient en cet instant. Devait-elle être heureuse de le voir ? Après tout, c’était son mari… Mais, là, tout de suite, il n’était rien d’autre qu’un parfait inconnu qui s’approchait d’elle avec une étrange expression.
Comme un prédateur face à sa proie.
Hannah déglutit difficilement, tentant d’ignorer son malaise grandissant.
_ Hmm… et ma famille ? Ils sont où ?
Un sourire fugace, mais glacial, étira les lèvres de l’homme.
_ Je crois que tu n’as pas compris, mon amour. Je suis ta famille.
Sa voix était implacable, presque comme une condamnation.
En prononçant ces mots, il s'était penché à sa hauteur, réduisant encore la distance entre eux. Il était affreusement grand, ce qui n’arrangeait rien à la peur qu’Hannah ressentait en cet instant.
Et le pire, c'est qu'il semblait s'en rendre compte... et que ça lui plaisait.
Il approcha encore son visage du sien, plongeant ses yeux dans les siens avant de poursuivre :
_ Ta mère est morte il y a longtemps. Quant à ton père… Je doute que tu veuilles le voir.
Hannah déglutit de nouveau avec difficulté.
Il ne mâchait pas ses mots, ne l'épargnant pas une seule seconde, comme s'il voulait volontairement la blesser.
Elle ne savait même pas si elle devait se sentir triste ou non. Après tout, elle avait oublié jusqu’à leurs visages… Mais un pincement au cœur lui confirma que sa vie d’avant était bien plus chaotique qu’elle ne l’aurait imaginé.
Conscient qu’il était trop dur avec elle, Andreï se redressa et recula de deux pas.
Elle continua de l’observer avec ses yeux de biche égarée, comme si elle pouvait prendre la fuite à tout moment.
Mais pas devant lui.
Il ne la laisserait pas s’échapper. Encore moins maintenant.
_ Qu’est-ce que vous voulez dire par là ? balbutia-t-elle.
Le regard d’Andreï se durcit aussitôt.
_ Tu veux dire par là.
_ Écoute, je comprends que cela ne doit pas être facile pour toi, mais… je… c'est nouveau pour moi, tout ça. Je ne me souviens de rien. Je ne sais même pas comment tu t’appelles… avoua-t-elle en baissant la tête.
Il pencha légèrement la tête sur le côté avant de répliquer, un sourire espiègle se dessinant sur ses lèvres :
_ Je me contenterai de "chéri".
Il marqua une pause, la scrutant d’un air calculateur avant d’ajouter :
_ Et puis, c’est simple, moya lyubov. On va tout recommencer à zéro.
C’était dit.
Andreï n’éprouvait aucun remords. L’idée de lui faire croire qu’elle était sa femme lui était venue quelques minutes plus tôt, après que leurs regards se furent croisés.
Il l’avait déjà vue, oui… mais de loin. Dans sa voiture.
Il l’avait espionnée quelques minutes avant qu’elle ne se fasse percuter par une voiture.
Sans qu’il ne puisse rien faire.
Ce souvenir le fit légèrement tiquer.
Ses plans venaient de changer… et, étrangement, il ne prenait aucun plaisir à l’idée qu’elle soit plus impliquée que prévu.
Mais il était encore aveuglé par sa vengeance.
Il n’y pensait pas trop.
Il avait déjà pris sa décision.
Il irait jusqu’au bout, peu importe les conséquences.
_ Pour l’instant, tu dois juste te reposer. Je m’occuperai du reste.
Il s’approcha et la fit doucement basculer sur le lit, avant de déposer un baiser sur son front.
Une chaleur étrange monta en lui, sans qu’il puisse rien y faire.
Mais il l’ignora royalement et quitta la chambre, laissant derrière lui "sa femme", la tête pleine de questions.
Hannah cligna plusieurs fois des yeux, tentant de se remettre du geste tendre de son mari.
Cela restait étrange de le dire. Ou même de le penser.
Mais elle se fit la promesse de s’y habituer. Malgré sa légère peur.
Après tout… Cela devait être une situation compliquée pour lui aussi.
Que sa propre femme l’ait oublié…
Alors, elle n’allait pas en rajouter.
Son esprit tourna longtemps, repassant en boucle les événements de la journée, jusqu’à ce que, sans même s’en rendre compte, elle finisse par sombrer dans le sommeil.
À son réveil, elle se remémora les derniers événements.
Elle avait l’impression d’avoir vécu une éternité en seulement quelques heures… et, malgré la gravité de la situation, elle ne put s’empêcher de laisser échapper un petit rire nerveux.
_ Je vois que vous allez de mieux en mieux.
Une voix interrompit ses pensées.
Hannah tourna la tête et aperçut le médecin, un léger sourire aux lèvres, pénétrer dans la chambre.
_ Vous allez pouvoir sortir maintenant. J’espère que cette nouvelle vous ravit encore plus.
_ Si tôt ? Mais je viens à peine de me réveiller ! s’exclama Hannah, incrédule.
Le médecin haussa les épaules, amusé.
_ Ça m’aurait fait plaisir de vous garder encore, croyez-moi. Il lui adressa un clin d'œil. Mais je n’en ai pas le pouvoir, malheureusement.
Hannah ignora sa plaisanterie et se concentra sur l’essentiel.
_ Mais… où est-ce que j’irai ? demanda-t-elle, la voix légèrement tremblante.
Le médecin la regarda comme si la réponse était évidente.
_ Chez vous, enfin ! Quelle question.
Il lui tendit une liasse de papiers.
_ Tenez, signez ces documents. Ce sont vos papiers de sortie.
Hannah fixa les documents entre ses mains… et, sans même s’en rendre compte, signa de la même manière qu’avant.
Machinalement.
Sans réfléchir.
Sans même lire ce qu’elle signait.
_ Intéressant… murmura le médecin, l’observant attentivement.
_ Voyez-vous ça… Vous avez peut-être perdu certains souvenirs, mais vous restez la même, avec les mêmes automatismes.
Ne sachant comment prendre cette remarque, Hannah se contenta de récupérer le papier qu’il lui tendait.
_ C’est votre ordonnance. Vous y trouverez les médicaments nécessaires pour la douleur de votre bras.
Elle le remercia d’un hochement de tête. Elle n’avait pas trop ressenti de douleur depuis son réveil… sûrement grâce à la morphine.
Le médecin s’apprêtait à ajouter quelque chose quand une voix grave résonna dans la pièce :
_ Maintenant je…
_ Maintenant… laissez-moi m’occuper de ma femme.
Hannah se figea.
Un frisson la parcourut malgré elle. Son mari était de retour.
Bạn đang đọc truyện trên: AzTruyen.Top