chapitre 12 ✔️

La mystérieuse femme regarda Hannah fixement pendant quelques secondes, puis elle secoua la tête et passa à côté d'elle avant de monter les escaliers.

Une tension régnait dans l'air, si bien qu'Hannah avait du mal à respirer. Elle voulait des explications !

Alors qu'elle s'apprêtait à interroger son mari, celui-ci la fixa une seconde avant de suivre la femme, empruntant la même direction qu’elle quelques instants plus tôt.

Mais que se passait-il ?

Hannah se sentait exclue, un déni complet l’envahissait. Petit à petit, la détermination qu’elle avait retrouvée depuis la soirée d’il y a une semaine revint.

C’était décidé, elle ne se laisserait plus berner par toutes ces attentions. Il fallait qu’elle retrouve la mémoire et qu’elle fasse taire ses doutes.

Mais avant cela, elle devait découvrir qui était cette femme.

Sans hésiter, elle monta les escaliers à son tour et suivit les éclats de voix jusqu’à l’une des chambres d’amis de la villa.

— Est-ce que tu peux au moins me laisser ajouter un mot ?

— Comment peux-tu faire une chose pareille ? cria la jeune femme. Non, comment as-tu pu envisager de le faire ? Parce que je ne vais pas te laisser faire ! Tu es en train de gâcher une vie, tu t’en rends compte ?

Des pas se firent entendre, se rapprochant un peu plus de l’entrée.

— Attends ! Laisse-moi finir, demanda Andreï.

— Non, refusa la femme. On n’a plus rien à se dire. Je refuse de me mêler de ça, Andreï.

Hannah recula, hésitant à partir lorsque les voix reprirent.

De quoi parlaient-ils ?

La jeune femme semblait irritée, furieuse même. Hannah se sentait impuissante face à son propre déni. Était-elle vraiment en train de se tourmenter dans sa chambre pendant que son mari était peut-être en train de la trompait juste à côté ?

Puis la porte de sa chambre s’ouvrit.
À sa grande surprise, c’était la mystérieuse femme.

— Je peux entrer ? demanda-t-elle doucement.

Hannah battit des cils, prise de court, puis s’empressa de se redresser.

— Euh… o… oui, bafouilla-t-elle.

La femme s’avança et s’assit sur le fauteuil en face du lit.

— Je m’appelle Tacha, je suis ta belle-sœur, avoua-t-elle.

Étonnamment, un soulagement inexplicable envahit Hannah. Toute la pression qu’elle ressentait s’évapora, sa méfiance s’adoucit, et elle esquissa un sourire à Tacha.

— Ah, enchantée ! Je suis Hannah… mais tu le sais déjà, alors pourquoi je te le dis ? débita Hannah, mal à l’aise.

— Détends-toi, Hannah. Je ne suis pas là pour juger si tu as le droit ou non d’être avec mon frère. Ce n’est pas un interrogatoire.

Hannah souffla, baissant la tête, un peu gênée par sa propre réaction.

— Je voulais simplement te rencontrer. Mon idiot de frère a choisi de faire les présentations après le mariage plutôt qu’avant, ajouta Tacha.

Hannah poussa un petit rire. La situation était un peu inhabituelle, mais la gentillesse de Tacha la mettait en confiance.

Puis, soudainement, la jeune femme se leva. Elle regarda son téléphone, prétextant un appel – une excuse plutôt maladroite, puisque celui-ci n’avait émis aucun son. En passant la porte, Hannah jura l’entendre murmurer :

— Non, je ne peux pas...

Avait-elle dit ou fait quelque chose de mal ?
Pourtant, il lui avait semblé qu’elles s’entendaient bien.

Hannah souffla et attrapa son téléphone posé sur la table basse. Elle décida de mener quelques recherches.

"Tacha Kroutchev", tapa-t-elle dans la barre de recherche.

Mais rien.

Elle ne trouva que très peu d’informations : juste qu’elle était la sœur d’Andreï Kroutchev. Rien d’autre qui ne retînt son attention.

Elle parcourut quelques photos et, au fil de sa recherche, ce ne furent plus des images de Tacha qui apparurent, mais celles de son mari.

Sur absolument toutes, Andreï était accompagné d’une femme différente.
Le cœur battant, elle s’empressa de vérifier les dates. Ces clichés remontaient à deux ans. Devait-elle être soulagée ou inquiète ?

Puis elle tenta d’en savoir plus sur elle-même en cherchant "Hannah Kroutchev".

Mais elle ne trouva rien du tout.

Comme si elle n’existait pas.

Elle savait que leur mariage était secret, mais tout de même… Depuis le temps, la mairie devait bien avoir officialisé les choses.

Après de nombreuses recherches, la seule chose intéressante qu’elle trouva fut un article d’une journaliste relayant des photos d’elle et Andreï, d’abord à la sortie de l’hôpital, puis lors de la soirée.

"Nous avons d’abord pensé qu’elle était une nouvelle conquête, mais lors de la soirée mémorable d’hier soir, d’après nos sources, Andreï Kroutchev a affirmé à chaque personne croisée qu’elle était sa femme. Le milliardaire le plus sexy de New York aurait-il enfin trouvé chaussure à son pied ? Ou s’agit-il d’une simple aventure ? Une chose est sûre : la jeune femme est très belle, différente du genre habituel de Kroutchev, mais charmante tout de même. Allez, les brunes, vous avez encore une chance !"

Hannah sentit une nausée monter.
L’article comparait carrément Andreï à un morceau de viande, comme si toutes les femmes affamées pouvaient lui sauter dessus.

Écoeurée, elle referma son téléphone.
Ce n’était certainement pas sur Internet qu’elle trouverait des réponses.

Mais ce qu’Hannah ignorait, c’était que les réponses la cherchaient aussi.
Tout était déjà en marche.
Tacha avait tenté de le raisonner, mais Andreï avait décidé de n’en faire qu’à sa tête.

Il aurait dû y réfléchir plus tôt, mais il était trop tard pour reculer.

Il n’avait plus envie de se servir d’Hannah. Il voulait la protéger.
Même de lui.
De ses actes.

Comme, par exemple, ce plan mesquin qu’il avait élaboré pour se venger en utilisant Hannah.

Et il commençait à donner raison à sa sœur : leur histoire avait mal commencé.
Il ressentait quelque chose pour elle, il ne pouvait plus le nier.

Mais était-ce de l’amour ?

Le grand Andreï Kroutchev n’avait jamais éprouvé quoi que ce soit pour une femme, hormis pour sa sœur.

Les femmes tombaient à ses pieds comme des mouches. Il se contentait de leur donner ce qu’elles voulaient et passait à autre chose.

Mais avec Hannah, c’était différent.
Il voulait la voir.
Être avec elle.
Savoir si elle allait bien.

Et une chose était certaine : il ne l’aimait pas comme il aimait sa sœur.
Pas avec cette érection présente rien qu’en pensant à elle.

Mais encore une fois, c’était différent.
D’habitude, il se contentait de prendre ce qu’il voulait.

Là, pour la première fois, il cherchait à se contrôler.
Ne pas la blesser.
Ne pas lui faire peur.
Il voulait la préserver de son désir.
Et puis, il y avait ce frein : sa perte de mémoire.

Sans ses souvenirs, il aurait l’impression de la posséder sans son consentement.
Et ça, il ne pouvait pas l’accepter.

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