Après une énième classe de tourments, Young Ji n'aspirait qu'à rentrer chez elle. Devant l'absence de réaction de Yoo ma face au scandale lié à ses photos, la jeune fille se sentit encore plus mal.

La seule personne qui lui avait témoigné de l'affection était Mlle Areum. Malheureusement, cette dernière était occupée avec son travail de professeur. Elle choisit donc de ne pas l'importuner.

Marchant dans les couloirs vides, passant devant les salles de classe, Young Ji se sentit soudain seule au monde. Les moqueries et les paroles méchantes des autres élèves à son endroit résonnaient encore à ses oreilles.

Alors qu'elle s'apprêtait à descendre les escaliers, elle sentit quelqu'un la pousser, ce qui la fit tomber la tête la première sur le sol. Pendant un court instant, elle entendit quelque chose se briser, comme si son crâne s'était fendu en deux.

—Hum..., dit-elle en essayant désespérément de se mettre debout sans toutefois y parvenir.

Sa vision était floue et ses larmes empiraient les choses.

—Est-ce que ça va ? dit une voix derrière elle.

Elle leva la tête et vit sa camarade de classe, Irène, tendant la main pour l'aider.

Elle prit sa main sans vraiment le vouloir et Irène l'aida à se mettre debout tout en mettant son bras autour de son épaule pour qu'elle puisse arriver à marcher.

—Tu devrais faire un tour à l'infirmerie, tu viens juste de te faire mal à la tête.

—M-merci, dit Young Ji avec un sourire, ravie et surprise qu'une personne fût gentille avec elle.

Yoo Ma était complètement sortie de son esprit, surtout qu'à cette heure elle devait déjà être rentrée chez elle.

Dès qu'elles arrivèrent à l'infirmerie, Irène déposa Young Ji sur l'un des lits disponibles avant d'aller à l'armoire où se trouvaient les désinfectants.

— Ça devrait suffire, marmonna Irène en se saisissant de tous les médicaments qui se trouvaient à sa portée avant de les déposer à côté de Young Ji. Montre moi ta tête, je vais te soigner.

Young Ji bougea légèrement et fit ce qu'elle lui demandait.

—Merci beaucoup de m'aider, dit-elle faiblement.

—Ça va, ça va, répondit Irène en appliquant avec douceur un liquide sur la blessure de sa patiente. Ça doit faire très mal, tu es quand même tombée sur la tête.

Après avoir appliqué les désinfectants, elle prit un bandage qu'elle enroula sur la tête de Young Ji.

—Oui... ça... fait mal, répondit la concernée avant de lancer à son docteur improvisé un regard soupçonneux. Au fait... comment sais-tu que je suis tombée sur la tête ? Je suis sûre qu'il n'y avait personne d'autre dans le couloir à ce moment-là.

Pendant une seconde, Irène ne bougea plus. Puis elle afficha un léger sourire.

—Tu me demandes comment je le sais ?

Elle se leva et repartit vers l'armoire pour rendre tout les désinfectants qu'elle avait empruntés.

— C'est évident, non ? C'est moi qui t'ai poussée. 

Devant l'expression choquée de Young Ji, Irène jubila de plaisir.

—P-pourquoi ? demanda Young Ji, des larmes coulant de ses yeux. Tu t'es occupée de ma blessure, je pensais que tu étais gentille...

— Je ne m'en suis pas vraiment occupée, en fait je l'ai aggravée, pouffa Irène en montrant la bouteille qu'elle venait d'utiliser. C'est de l'acide peracétique, ajouta-elle avec le sourire.

— Quoi ?

Young Ji enleva son bandage précipitamment et toucha sa blessure. Sa peau s'irritait et des écailles se formaient.

Irène se mit à rire devant l'état de panique de Young Ji.

—Ne t'inquiète pas, lui dit-elle.  L'acide peracétique est un type de désinfectant. Remercie moi au moins d'avoir tué les microorganismes dans ta blessure. Et c'est normal que tu ressentes de l'irritation sur ta peau puisque c'est un agent oxydant.

—Pourquoi tu fais ça ? cria Young Ji, larmoyante.

Irène était tranquille comme Baptiste et regardait Young Ji avec indifférence.

—Eh bien je n'ai pas de raison particulière à te donner, dit-elle avec le sourire en se dirigeant vers la porte. Peut être parce que... c'est si amusant de te faire souffrir, ajouta-t-elle en riant avant de sortir de la pièce.

Le bruit de ses pas résonna pendant quelques temps avant de disparaître au loin.

Sentant monter en elle un sentiment de colère, Young Ji serra ses poings de toutes ses forces. Elle était plus que fatiguée de la façon dont tout le monde la traitait. Elle se leva et sortit de la salle.

Arrivée au rez-de-chaussée, elle aperçut Fei et ses compères qui étaient sur le point de franchir le portail du lycée.

Elle rassembla tout son courage et cria :

—Hey !

Tous les regards étaient fixés sur elle alors qu'elle marchait lentement vers Fei et sa bande.

— Oh ne serait ce pas la plus grosse salope du lycée par hasard ? T'as besoin d'aide ? dit Jina les bras croisés.

Mais Young Ji se contenta de continuer à marcher tout doucement dans leur direction.

—Si tu t'agenouilles devant moi et implore mon pardon, alors je pourrais peut être perdre un peu de temps avec toi, dit Fei en souriant.

Cependant, au lieu de se mettre à genou, Young Ji lui donna une gifle si violente qu'elle se retrouva au sol.

—Fei !

Kelly essaya de l'aider, mais elle la repoussa et se mit debout toute seule.

— Cette salope a osé toucher à mon beau visage, dit-elle avec colère.

Aussitôt elle fonça sur Young Ji et se mit à tirer ses cheveux.

La jeune fille essaya de se défendre mais Hye mi, Jina et Kelly la maintenaient sur le sol pour l'empêcher de bouger, laissant le champ libre à Fei pour la frapper sur le ventre et sur le visage.

—Ne fais pas cette tête, sale pute, c'est toi qui a commencé, dit Hye mi alors qu'elle bloquait les mains de Young Ji.

—Hey c'est à mon tour de la frapper ! dit Kelly avec un sourire en coin.

Fei accepta de la laisser prendre sa place.

—Arrêtez ! A l'aide ! cria Young Ji en s'agitant comme elle le pouvait. Mais sa blessure à la tête rendait ses idées de moins en moins claires.

—Personne ne va t'aider, dit Fei avec un sourire en coin. Ils n'en ont rien à battre d'une pute de ton genre. En plus, les profs sont déjà rentrés chez eux

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— Quelle idiote..., murmura Yoo Ma de la salle de classe où elle voyait Young Ji se faire tabasser par Fei et sa bande.

Elle lisait mais fut interrompu dans sa lecture par leurs voix bruyantes. Elle ferma son bouquin et se leva dans le but de rechercher un endroit plus tranquille.

—Yoo maaaa !

Elle entendit la voix de son ex-amie et s'arrêta pour regarder de nouveau à l'extérieur.

Elle la vit allongée sur le sol, les talons aiguilles de ses ennemies s'enfonçant violemment dans sa chair. Recouverte de poussière, elle pleurait amèrement, mais ses adversaires ne faisaient preuve d'aucune pitié et continuer de la marteler de coups.

—Sauve moi ! cria-t-elle.

—Comme c'est adorable...  Tu crois vraiment que Yoo ma viendra te sauver ? ricana Fei. De toute façon, j'en ai fini avec toi. Allons-y nous refaire une beauté les filles.

Elle fit passer ses cheveux derrière ses épaules dans un geste méprisant et s'en alla, ses complices sur ses talons.

Young Ji gémissait tout doucement, incapable de bouger. Elle continuait de murmurer le nom de son amie, comme s'il était une formule magique qui viendrait résoudre ses problèmes:

—Yoo ma... Yoo ma...

— Quelle folie..., dit Yoo ma en fermant ses yeux avant de tourner les talons, sans accorder un seul regard à celle qui avait été sa meilleure amie.

Yoo ma

Le jour d'après, les choses n'ont plus jamais été les mêmes. Des voitures de police étaient garées devant l'école, les professeurs étaient horrifiés en apprenant la nouvelle et les élèves étaient devenus muets.

Tout le monde feignait l'ignorance, agissant comme si c'étaient eux les victimes.

Le proviseur a décidé de suspendre les cours pour un mois pour rendre hommage à la morte, mais je sais que c'était juste de la comédie. Je sais qu'il cache quelque chose.

Autour de moi, tout le monde pleurait, certains semblaient même choqués et traumatisés. Mais je savais que le lendemain, ils l'auraient déjà oubliée. Je savais qu'en réalité, ils se fichaient royalement d'elle.

Ils ont conclu que c'était un suicide, qu'elle avait tout simplement décidé de se donner la mort.

Pourtant, alors qu'on la transportait sur une civière, j'ai remarqué que quelque chose clochait avec son corps.

Je sais...

Je sais que ce n'était pas un suicide.