Chapitre 9 : Ilona
Layla était là. Layla était là. Cette phrase résonnait dans ma tête.
Elle était là, elle était là, elle était là, elle était là.
Ils l'avaient capturés. Elle subissait la même chose que moi, quelque part, avec un garçon. Je ne l'avais pas vu, pas entendu, mais si elle était avec lui c'est qu'on pouvait lui faire confiance. Du moins je l'espérais.
Qu'était-elle ne train de vivre, là tout de suite ?
Je me mis à pleure dans le silence angoissant uniquement coupé par la respiration sifflante d'Alessio.
Ce dernier était affalé à ma droite, dans le coin de la chambre. Cela faisait une demi-heure que des hommes l'avaient installé là, et que le cri de ma sœur avait retenti avant de s'éteindre. Une demi-heure que j'attendais avec angoisse.
Mes sanglots s'accentuèrent. J'avais besoin qu'Alessio se réveille. J'avais besoin de parler à quelqu'un. D'après la conversation que j'avais entendu, il avait tenté d'aider ma sœur et son ami, mais ces derniers l'avaient attaqué et assommé. Bien que je ne voyais pas du tout ma sœur faire ça, c'était la seule explication que j'avais. Et d'après le « Boss » la sœur d'Alessio allait payer pour les actes de ce dernier.
C'est tout ce que je savais.
Je n'en pouvais plus.
-Alessio... suppliai-je. Alessio, réveille toi...
Il ne le fis qu'une dizaine de minutes plus tard.
J'avais les yeux fermés, tentant de lutter contre le désespoir, quand j'entendis un gémissement. J'ouvris aussitôt les yeux, et, à défaut de pouvoir me redresser, je tournai la tête vers lui.
-Alessio !
Il se redressa un peu, se tenant le front d'une main, et grimaça, désorienté.
-I... Ilona ?
Je laissai mes larmes couler librement en répétant son nom.
-Qu'est-ce qu'il s'est passé ? demanda-t-il d'une voix faible.
Je lui racontais tout ce que je savais, même si ce n'était pas grand-chose. Le reste sembla lui revenir petit à petit, et il me raconta comment ma jumelle avait suivi une bagnole sur le vélo d'un mec qu'il m'avait décrit et que j'avais identifié, à ma grande surprise, comme Brayden. Il me narra leurs deux discutions, puis comment... Brayden (j'avais du mal à ma faire que Layla ait pu devenir amie avec ce type) l'avait attaqué et mit KO.
Puis d'un coup son visage devint livide et il demanda :
-Attends... Ils savent ce que je fais ? Est-ce que... ils ont parlé de... punir quelqu'un pour ça ?
Je le regardais, longtemps, avant de répondre d'une voix douce :
-Ils ont parlé de ta sœur, oui.
Le jeune homme retomba contre le mur et enfoui son visage dans ces mains.
Je le regardais souffrir, impuissante.
-Putain... souffla-t-il.
Je me tus. Maintenant que je savais qu'Alessio avait bien une sœur, je commençais à croire en la réalité de la scène que j'avais vu en vision il y a une semaine. Tout semblait concorder. Mais... comment-était-ce possible ?
Je n'avais dit à personne pourquoi je m'étais évanouie. J'avais prétexté à Alessio une crise de panique, mais le Boss, lui, ne me croyait pas. C'est d'ailleurs pour ça qu'il était là quand Layla était arrivée. Il tentait de me soutirer la vérité.
-Je suis désolée, lui dis-je sincèrement.
-Moi aussi, répondit-il faiblement.
Il resta une minute dans cette position, je retenais mon souffle, toujours immobilisée sur ma table. Puis il se leva et glissa la main dans la poche de son jean. Il en sortit des clés, que je reconnus immédiatement. C'était les clés de mes « menottes ». Il se leva et me libéra :
-Amelia va déjà être punie, autant que tu en profites.
Je me levai aussitôt, et il s'assit là où se trouvaient mes jambes quelques secondes plus tôt, au bord de la table. Je regardais la chambre autour de moi, et mon regard se fixa sur le tableau. Les autres fois, Alessio ne m'avait pas laissé aller voir ce qu'il y avait dessus, mais il semblait prêt à me laisser faire ce que je voulais...
Il capta mon regard.
-Non, dit-il d'un ton catégorique.
Je l'ignorais et me dirigeai vers le fond de la pièce. Mais il m'attrapa par le poignet et me tira violemment en arrière, vers lui.
Quand il me tira, je me retournai, mais, emportée par mon élan et sa force, je trébuchai et lui tombai dessus.
Surpris, il tomba en arrière, et se rattrapa sur les coudes, moi sur les mains.
Je me figeai. Il était si proche... Il était à demi allongé, appuyé sur les coudes, les genoux au bord de la table, les tibias dans le vide. Moi j'étais au dessus de lui, appuyée de tout mon poids sur mes mains, qui se trouvaient de part et d'autre de son bassin. Mes hanches étaient entre ses jambes, et mon visage, à quelques centimètres du sien.
Je rougis, fort.
-Ça pourrait être dangereux, souffla-t-il, si tu sais ce que...
Sa voix s'éteignit. Je n'arrivais pas à me concentrer sur ses mots, et lui non plus, visiblement. Il fixait mes lèvres, et mon cœur rata un battement.
Je n'osais pas bouger.
Il...
La porte s'ouvrit et je m'écartai d'un bond. Tout ça n'avait duré qu'un instant.
Ce fut Mila qui entra. Elle ouvrit légèrement la bouche, surprise de me voir debout, avant de se fendre en un sourire sarcastique.
-Merci Alessio, tu m'évites de le faire. Allez, venez tous les deux, on va voir Amelia.
-Attends, quoi ? la coupa Alessio. Ilona vient ?
Mila perdit son sourire :
-Ouais. Le Boss a dit que quitte à utiliser la salle de...
-Non. Non, l'interrompit à nouveau le jeune homme. Laissez là tranquille. Mila, c'est ton amie !
-C'est pas moi qui décide, Aless', soupira-t-elle.
Elle me regarda d'un air désolé, et je commençais à paniquer.
-Non, non, s'il te plaît, va dire au Boss d'attendre ! supplia Alessio. Il t'aime bien, il acceptera peut être !
Elle secoua doucement la tête :
-J'ai déjà essayé.
Alessio ferma les yeux. Il avait l'air de tenter de se contenir.
-Allez, venez, ordonna Mila d'une voix douce.
Je commençais à lui emboîter le pas, mais Alessio me retient, les yeux empreints de peine et d'inquiétude.
-Je suis désolé, souffla-t-il, abattu.
-Qu'est-ce qui va se passer ? lui demandai-je sur le même ton.
-Tu... tu veux pas savoir, me répondit-il, avant de suivre mon ancienne amie.
Je l'imitai. Elle nous guida dans un dédale de couloirs, puis nous finîmes par arriver devant une porte, qu'elle ouvrit facilement. Nous rentrâmes dans une petite pièce avec des sièges, tous tournés vers la grande vitre qui donnait directement sur une autre salle, bien plus grande, avec de multiples armes accrochées au mur, et au milieu, une fille, à peine plus jeune que moi, attachée à une chaise, en pleurs.
La pitié étreignit mon cœur face à la détresse de la jeune fille, tandis que Mila nous faisait signe de nous asseoir au premier rang tout les deux. Elle s'installa derrière nous.
Je jetai un coup d'œil à Alessio, assis à ma droite. Il était livide. Moi aussi, sans doute.
La jeune fille nous aperçut et tourna la tête vers nous, ce qui permit de voir ses yeux rouges et bouffis. Elle sembla crier, mais nous n'entendions rien. La vitre ne laissait passer aucun son.
Pourtant, je pouvais aisément lire le nom d'Alessio sur ses lèvres. C'était Amelia, la petite sœur du garçon à ma gauche. Celui-ci tendit une main, et la posa sur la vitre, répétant tout bas le nom de sa sœur.
À ce moment là, un homme entra dans la pièce où se trouvait Amelia par une porte que je n'avais pas vu avant.
La sœur d'Alessio écarquilla les yeux. Elle était clairement terrifiée, elle avait l'air de savoir ce qui l'attendait.
L'homme s'approcha d'elle, tourna sa chaise pour qu'elle soit face à nous, puis s'éloigna d'elle, et alla chercher l'un des gros couteaux pendus au mur.
J'écarquillais les yeux.
L'homme, qui semblait être le bourreau d'Amelia rejoignit cette dernière, et souleva le devant de son tee-shirt.
Je me retiens de crier quand je vis les cicatrices multiples sur son ventre.
Ce fut pire quand je m'aperçus qu'elles formaient des lettres majuscules, maladroites, terribles : « SOIS S »
Visiblement, la phrase n'était pas terminée.
L'homme approcha le couteau du ventre d'Amelia, qui ferma les yeux et se mit à trembler.
Puis il l'enfonça violemment.
Je criais. Alessio pleurait. Elle se mordait la lèvre, si fort que du sang en coulait. Elle m'impressionnait de ne pas hurler de douleur.
Mais elle le fit quand l'homme commença à déplacer le couteau dans sa peau pour y graver un A majuscule.
Et cette fois, son cri traversa la vitre.
Je tremblais sur ma chaise, mes ongles étaient enfoncés dans mes paumes, mais je n'arrivais pas à détourner mes yeux de ce spectacle terrible.
Quand l'homme termina son A, il sortit le couteau d'un coup sec, et l'essuya sur un torchon qu'il sortit de sa poche, puis alla le reposer sur le mur.
Pendant ce temps, j'eus tout le temps d'observer les cicatrices pleines de sang d'Amelia. « SOIS SA ». c'est là que je compris : « SOIS SAGE », c'était la phrase qu'on allait lui graver sur le ventre. Elle portait le poids de la désobéissance de son frère.
Alessio se leva brusquement, pendant que Mila lui disait :
-T'as une minute pour lui parler.
Il courut rejoindre sa sœur, avant de s'agenouiller devant elle et prendre son visage plein de larmes entre ses mains. De là où j'étais, je ne pouvais pas voir son expression, mais je devinais à ses gestes qu'il l'aimait plus que tout.
Elle sourit faiblement à une parole de son frère, avant de répondre quelque chose. Alessio secoua ensuite la tête, et elle releva les yeux vers moi. Alessio se tourna aussi, m'observa un instant avant de revenir à sa sœur et de secouer à nouveau la tête.
Derrière moi, Mila se leva, se dirigea vers la porte qui menait à la salle derrière la vitre, et appela Alessio. Ce dernier sembla dire une dernière chose à sa sœur, avant de l'embrasser sur le front et de revenir vers nous.
Derrière la vitre, l'homme revint, libéra Amelia et la fit sortir de la salle.
Alessio s'affala à côté de moi, abattu. Je le regardais ouvrit la bouche pour lui dire quelque chose, n'importe quoi, mais Mila, toujours devant la porte, m'interpella, et me fit signe de rentre dans la salle où se trouvait auparavant Amelia.
-Mila... tenta Alessio.
-Viens Ilona, l'ignora Mila.
Je me levai, et quand je passai devant Alessio, celui-ci m'attrapa brièvement la main, la serra et me lâcha.
Peu rassurée par ce geste qui semblait tenter de m'encourageait, je m'engouffrais dans la salle.
______________
Coucou !
Alors le chapitre ? On fait un peu plus la connaissance d'Alessio et de Mila, on aperçoit ce que subit Amelia...
Vous en pensez quoi ?
N'hésitez pas à voter et commenter si ça vous a plus !
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