Chapitre 7 : Layla
Et voilà. Ça faisait maintenant pile une semaine qu'Ilona avait brutalement disparu de ma vie. Ça faisait une semaine que ce vide dans ma poitrine ne cessait de se creuser.
Pourtant, mes parents avaient décidé que j'allais reprendre le lycée, décrétant que ça me ferait du bien de penser à autre chose.
S'ils savaient... Le lycée avec Ilona était déjà horrible, mais sans elle...
Ce matin, elle ne me tiendra pas la main comme elle le faisait chaque jour. Avant, ça m'agaçait, maintenant, j'aurais donné n'importe que quoi pour qu'elle recommence.
J'arrivais devant l'arrêt de bus quand ce dernier parti. J'avais pris tant de temps à me préparer, tentant inutilement de retarder l'échéance de partir sans elle pour la première fois de ma vie, que j'avais raté mon bus.
-Putain ! criai-je en donnant un coup de pied dans un caillou imaginaire.
Je regardais autour de moi, à la recherche d'une solution. J'étais sur le trottoir qui se trouvait du côté droit de la route, nous étions au beau milieu du village, les gens étaient pressés d'aller au travail, personne ne me prendrait en stop.
Et pourtant, avant même que je n'ai à lever le pouce, une voiture noire au vitres teintées s'arrêta devant moi. La fenêtre côté passager s'ouvrit, et le chauffeur, seul dans la voiture, se pencha et me dit :
-Vous allez quelque part ?
Un drôle de malaise m'envahit. Je regardai la voiture, les vitres teintées, les lunettes de soleil du chauffeur malgré la quasi absence de soleil en ce matin d'hiver.
Je repensai au kidnapping de Layla. À cet homme qui s'arrête sans que j'ai à lui demander.
-Non merci, refusais-je poliment.
L'homme haussa les sourcils :
-En êtes vous sûre ? Vous ne voulez aller nulle part ? Vraiment ?
Je fronçai les sourcils et répétai :
-Monsieur, je vous ai répondu que non.
-Certes, mais...
Un bras passa soudain par dessus mon épaule, et j'entendis la voix de Brayden dire à l'homme :
-C'est bon, elle avec moi.
Le chauffeur se renfrogna, et grommela :
-Oh, je vois... Bon et bien... à la prochaine, jeunes gens.
La salutation, qui disait explicitement que nous allions nous revoir me fit frissonner.
Brayden ôta son bras de mes épaules :
-Et bah, heureusement que j'étais là, il te lâchait pas, t'allais vite rejoindre Ilona !
-Dis pas ça, rétorquai-je sèchement.
Entendre parler du kidnapping de ma jumelle me faisait trop mal pour que je le supporte.
Je tournai la tête pour regarder la voiture partir, et c'est là que je me rendis compte d'un détail. Elle n'était pas immatriculée.
Tous les indices défilèrent dans ma tête : les vitres teintées, les lunettes de soleil du chauffeur, son insistance, son « à bientôt », le kidnapping d'Ilona.
C'était peut être ridicule et totalement faux, mais je devais tenter de la retrouver. Absolument.
J'expliquai mes pensées d'un ton pressant à Brayden, puis me mit à courir pour suivre la voiture.
Aussitôt, Brayden enfourcha son vélo et se mit à me suivre en me criant que c'était pas une bonne idée. Quand il me rattrapa, je lui dis, essoufflée :
-Je m'en fous, Brayden, je m'en fous. J'ai besoin de la retrouver.
Il soupira, regarda la voiture qui me distançait, s'arrêta, et, désignant son guidon du menton, me dit :
-Monte.
Je le regardai un instant surprise, mais me dépêcher de faire glisser mon sac pour l'avoir sur le ventre, avant de m'asseoir entre les mains de Brayden. Je m'appuyai au torse du garçon, et posai ma tête sur son épaule gauche. Il se remit aussitôt à pédaler, et commença à rattraper la voiture. Toutefois, je savais que ce ne serait pas assez. Une fois que la voiture serait sortie du village, elle accélérerait, et ce serait fichu.
Mais je ne dis rien, me contentant de me tenir aux bras de Brayden.
À un moment, j'eus une idée : je lâchais une main, ouvris mon sac de cours et en sortit mon téléphone, puis me mis à mitrailler la voiture de photo, afin que, même si nous perdions sa trace, je me souvienne de son apparence.
C'est là que je vis le panneau où le nom de notre village était barré, et que la voiture se mit à accélérer.
Brayden aussi, mais je savais que, bientôt, ça ne suffirait plus. Une voiture était plus rapide qu'un vélo, c'était bien connu.
Pourtant, je ne perdis pas espoir. Même lorsque que nous perdîmes de vue la voiture quand elle s'engagea dans un tournant. Après, il y avait une longue route droite. Même si la voiture était loin, nous la verrions encore pendant un petit moment.
Je le savais car, peu après le tournant, se trouvait, à gauche de la route, le château du village. Ouvert tous les jours de sept heures trente à dix-neuf heure, construit au Moyen-âge, il était la seule raison pour laquelle les touristes venaient dans ce coin paumé. Je l'avais déjà visiter de nombreuses fois.
Ce fut à notre tour de prendre le virage, et je pus revoir la voiture pile à temps pour la voir tourner vers l'entrée du château. Je fronçai les sourcils mais criai à Brayden de continuai à la suivre.
Celui-ci tourna la tête, et son menton cogna contre ma pommette tandis que ses lèvres effleuraient ma temps. Je me décalai légèrement alors qu'il me demandait si j'étais sûre. Je hochai la tête, et après avoir vérifié qu'il pouvait traverser la route sans danger, il tourna aussi. Je m'agrippai à ses avants bras pour ne pas tomber.
Quand on arriva devant la billetterie, je ne voyais plus la voiture. Brayden arrêta le vélo, et le posa contre un arbre, visiblement sans crainte qu'on le lui vole.
-On fait quoi maintenant ? me demanda-t-il.
Je me tournai vers lui :
-Si Ilona est vraiment enfermée quelque part ici, c'est au dernier étage du château, dis-je en pointant le doigt vers le haut.
-Ok... et donc ?
-On trouve un moyen d'y aller.
-Mais, Layla, tu sais bien que le dernier étage est interdit au public. Aux dernières nouvelles, il est réservé aux propriétaires du site, non ?
-Je sais bien, soupirai-je. Mais va falloir trouver un moyen d'y aller.
Il hésita, puis sourit et dit :
-Et ben, je savais pas que la Layla muette du fond de la classe avait à ce point le goût de l'aventure et de l'interdit.
Je me décomposai. Généralement, c'était Ilona qui recevait ces mots. Mais aujourd'hui, elle avait besoin de mon aide.
-T'as une idée de comment on fait pour y aller ? demandai-je en ignorant sa plaisanterie.
Il sourit davantage, et me demanda :
-T'as de l'argent ?
-Une dizaine d'euros, pourquoi ? répondis-je en fronçant les sourcils.
-Moi aussi. Ça devrait suffire pour qu'on s'achète des billets. Une fois qu'on sera à l'intérieur, on aura qu'à passer sous les chaînes.
Je ris :
-Tu penses vraiment que ce sera aussi simple ? Qu'Ilona sera cachée dans une salle qu'on peut totalement voir si on passe sous des barrières ?
Il passa le bras sur mon épaule et me dit tout en m'attirant vers la billetterie :
-On est jamais mieux cachée que là où tout le monde peut nous voir, chérie.
Je tâchai d'ignorer son dernier mot, et m'arrêtai devant la billetterie.
-Bonjour, dit un homme d'un trentaine d'année à l'air fatigué à Brayden.
-Bonjour, répondit-on en même temps.
L'homme me jeta un regard froid, et je me tassai sur moi même. Avec tout ça, j'avais presque oublié que tout le monde me détestait.
-On voudrait deux billets, fit Brayden sans remarquer ma réaction.
L'homme haussa les sourcils avec un petit sourire malicieux :
-Je suis d'accord que c'est un lieu idéal pour les rencards, en revanche les couples viennent rarement si tôt.
Je rougis, tandis que Brayden rit :
-Oh, euh... On n'est pas du tout en couple. On... on est là pour une enquête.
Je fronçai les sourcils. Ce qu'il disait se rapprochait bien trop de la vérité pour que ce soit prudent.
-Oh vraiment ? Vous enquêtez sur quoi ?
Je coupai Brayden avant qu'il ait eu le temps de dire un truc débile :
-On vient pour un travail avec le lycée. Les conditions de vie au Moyen-âge.
J'esquissai un sourire forcé, alors même que l'homme me jetai un regard noir parce que j'avais ouvert la bouche.
Mais cette fois, Brayden remarqua son regard :
-Un problème ? demanda-t-il d'un ton froid.
-Oh, euh, non, bien sûr. Tenez, voici vos billets.
Brayden le remercia sèchement, paya, et m'attira vers le château.
-C'est toujours comme ça ? me demanda-t-il.
-Quoi donc ?
-Le comportement des gens avec toi.
J'eus un petit sourire amer.
-Ouais. Tout le temps. Comme si j'avais une aura que les gens détectaient et qui les pousseraient à me détester.
-Je suis désolé, tu sais.
Je le regardai, surprise.
-Pourquoi ?
Il me sourit :
-Je m'excuse pour le reste de l'humanité, qui est trop conne pour comprendre que t'es une personne géniale.
Je restai un instant silencieuse, tentant de lutter contre les larmes. À part ceux d'Ilona, c'était le plus beau compliment qu'on ne m'ait jamais fait. À vrai dire, je n'en avais pas reçu beaucoup.
Je souris doucement.
-Merci.
Il ne répondit pas, et nous rentrâmes dans le château.
J'ignorais les panneaux d'explications, et me dirigeai droit vers les escaliers.
Je montai sans m'arrêter les deux premiers étages, accessibles au public, talonnée par Brayden.
Je m'arrêtai devant le troisième étage, et je ne le regrettai pas car exactement deux secondes après, un jeune homme, du même âge que moi, ou peut être un peu plus vieux.
Je tournai aussitôt vers la galerie de tableaux, priant pour qu'il n'ait pas vu mon visage, au cas où il me veuilles du mal à moi aussi. Brayden se dépêcha de m'imiter.
Mais j'avais réagi un poil trop tard, et le garçon m'interpella :
-Eh, toi !
Je fermai les yeux très fort, puis me retournai avec un sourire forcé.
-Oui ? fis-je d'une voix aiguë.
Brayden se retourna aussi et posa une main sur mon épaule, comme si ça pouvait me protéger.
-Tu... commença-le garçon, avant d'hésiter. Vous... Vous êtes en couple ?
J'hésitai, avant de répondre par l'affirmative, priant pour que Brayden entre dans mon jeu.
-Ouais, elle est avec moi, confirma ce dernier en resserrant sa prise sur mon épaule.
Je poussai un soupir de soulagement, avant de demander :
-Pourquoi ?
-Hmm... Non, comme ça, pour savoir. Dis... Dis moi ? Tu t'appellerais pas Layla ?
Je me crispai. Seigneur, il faisait parti des kidnappeurs d'Ilona. Quelle autre explication à ce qu'il connaisse mon nom ?
-Si... Comment tu sais ?
-Euh... Oh, euh... Je... J'ai entendu parler de ta sœur aux infos !
Je me décomposai. J'avais peut être tort. Peut être qu'il n'avait rien à voir avec tout ça. Après tout, le nom de ma sœur était réellement passé aux infos, et le mien avec.
-Oh... oui, elle... Tu sais pas qui pourrait l'avoir enlevé ?
Brayden resserra sa main sur mon épaule, comme pour me prévenir que je m'aventurai sur un terrain risqué.
Le jeune homme en face de moi écarquilla les yeux pendant un instant, avant de baisser la tête d'un air presque... coupable ?
-Nan, désolé.
-T'es sûr ? insistai-je, suppliante.
-Oui ! s'énerva-t-il.
Je me tus, avant de m'excuser d'un air triste. En vérité, je jouai la comédie : j'étais presque certaine qu'il était l'un de ses ravisseurs.
Il me sourit doucement avant de nous dire au revoir, à Brayden et moi, et de s'en aller en prenant les escaliers qui descendaient.
Quand on fut bien sûr qu'il était parti, Brayden me lâcha, je me tournai vers lui et il me dit :
-Layla, tu te rends compte que si j'avais pas étét là il t'aurait enlevé aussi ?
Je lui souris :
-Mais t'étais là.
Il soupira :
-Bon aller viens on monte avant que je change d'avis.
Et je le suivis tandis qu'il enjambait la fine chaîne qui empêchait d'accéder aux escaliers menant au troisième étage.
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Coucou ! C'est Summer !
Alors ce chapitre ? Pensez vous que le jeune homme est vraiment le kidnappeur d'Ilona ?
Est-ce que Layla et Brayden vont la retrouver ?
Vous verrez tout ça dans les prochains chapitres !
N'hésitez pas à voter et à commenter si ça vous a plu !
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