Quand je descendis les escaliers, je trouvais Alessio et Ilona avachis en silence sur le canapé. Je pinçais les lèvres pour ne pas rire, puis pris une grande inspiration, avant de demander :

-Ilona ?

-Ah coucou ça va ? T'as bien dormi ? Tu veux me dire un truc ?

-Euh... Oui, oui, et oui.

Alessio pouffa légèrement.

-Dis moi ? continua ma sœur.

-Déjà... tu lui as dit ? m'enquis-je en regardant Alessio, qui fronça les sourcils.

-Pas encore, pourquoi ?

Je me mordis la lèvre avant de lâcher :

-Je me disais qu'on pourrait aussi tout raconter à Brayden.

Une surprise profonde se peignit sur le visage de ma sœur. Ça pouvait se comprendre.

-Euh... Euh oui, oui si tu veux, mais pourquoi ?

-Ilona, il s'est fait kidnappé avec nous, pour une raison qu'il ignore, il m'a aidé... Je pense qu'il mérite de savoir.

Ma sœur me regarda avec perplexité pendant longtemps, puis un sourire naquit sur son visage :

-Oui, bien sûr, si tu veux ! C'est juste que je ne m'attendais pas du tout à ça venant de toi.

-Je suis une fille pleine de surprises, plaisantais-je.

-En effet ! Par contre, tu pourras t'en charger ? Parce que c'est un peu gênant entre lui et moi sachant que...

Elle jeta un petit coup d'œil à Alessio, comme si ça la gênait qu'il sache que des mecs s'intéressaient à elle. Je haussai les sourcils, relevant la scène, et notant dans un coin de ma tête de l'interroger à ce sujet plus tard.

-Oui, t'inquiètes, répondis-je. Je pense que je vais aller le voir directement, ce sera mieux.

Elle hocha la tête, et Alessio intervint enfin :

-Euh, pardon de vous interrompre, commença-t-il d'un ton ironique, mais me raconter quoi, au juste ?

Je regardais ma montre. Il était dix heure, assez tard pour que je puisse me pointer chez Brayden un samedi. J'interrogeais donc Ilona du regard, du genre : tu t'en occupes ? Elle hocha la tête, alors je leur dis à tout à l'heure et je me dirigeai vers la porte en sortant mon téléphone.

Alors que je mettais mes chaussures, j'envoyais un message à Brayden.

Moi : Brayden ! T'habites où ??

Je sortis de chez moi en attendant sa réponse, et me mis à marcher au hasard. Je me sentais idiote. Si ça se trouve, il dormait encore. Je me dirigeai vers la boulangerie, dans l'idée d'aller m'acheter de quoi manger, mais je gardais mon téléphone à la main, pour s'il me répondait. Il finit par le faire au bout de deux minutes.

Brayden : Layla ??

Brayden : Att pourquoi tu veux avoir où j'habite ?

Je répondis aussitôt en lui faisant une courte vidéo où je me montrais dans la rue, en disant :

-J'attends que tu me dises où t'es pour venir !

J'appuyais ensuite sur Envoyer.

Quelques secondes plus tard, je reçus un appel visio. Je décrochai immédiatement et souris au visage endormi de Brayden qui s'affichait sur mon écran.

-Je te réveille ?

-Oui... Non... Je sais pas, Layla, qu'est-ce que tu fais dehors un samedi matin en train de me demander mon adresse ?

Je ris face à sa réponse confuse, puis insistai-je :

-Allez, donne moi ton adresse !

Il secoua la tête en souriant, amusé, puis me dit :

-Je t'envoie ma position GPS.

Et il raccrocha. Je reçus aussitôt l'endroit où je devais me rendre, et je fis demi-tour sans autre forme de procès, m'attirant les regards de plusieurs personnes.

Quelques minutes plus tard, je toquais à sa porte. J'attendis un peu, et la porte s'ouvrit, me dévoilant un Brayden décoiffé, et encore à moitié endormi.

Je ne pus empêcher un sourire de venir s'installer sur mon visage. Même ainsi, il restait beau.

-Salut, dis-je.

-Layla, qu'est-ce que tu fais là ? répondit-il d'un air fatigué.

Je me mordis la lèvre sans cesser de sourire.

-Il fallait que je te parle. Tu as à manger ? Je n'ai pas déjeuné.

Il me regarda en clignant des yeux, puis finit par soupirer en s'effaçant pour me lancer :

-Mes parents et mes petits frères dorment encore, donc chut.

Je hochais la tête, et il me dirigea vers la cuisine. Je pris le temps d'observer sa maison, plutôt spacieuse. Je sentis soudain une langue sur ma main et je sursautai, avant de ma rendre compte que c'était un chien qui m'observait en remuant la queue.

-Talie ! Va dehors ! essaya d'ordonner Brayden.

Mais le chien, ou la chienne, se contenta de le regarder en penchant la tête, et je me mis à rire. Il secoua la t^te d'un air de dépit, avant de me dire :

-Viens, la cuisine est par là.

Je le suivis et il me fit m'asseoir sur une chaise autour d'une table ronde, et me demanda ce que je voulais. Suite à ma réponse, il me sortit un bol de céréales et s'assit en face de moi. Je le remerciai, sans mentionner le fait qu'il était bien le seul humain sur la planète à me traiter comme ça si je débarquai chez lui. Les autres me mettraient dehors à coup de pieds.

-Bon alors, tu voulais me dire un truc ? demanda-il en joignant ses mains devant lui.

Je le regardai. Et soudain, je doutai. Réagirait-il bien si je lui disais ? Ne me considérerait-il pas comme un monstre ? Après tous, les autres, sans même savoir, le pensait... Alors pourquoi pas lui ?

Je baissai la tête. Je n'aurais pas dû venir. Je n'aurais pas dû vouloir lui dire.

-Layla ? s'enquit-il.

-Je...

Que faire ?

-Je ne suis plus sûre que ce soit une bonne idée de te le dire...

-Quoi ?

Je le vis tendre la main pour venir effleurer mes doigts par-dessus la table.

-Tu peux tout me dire, tu sais ?

Je secouai ma tête, toujours baissée car je n'osais pas croiser son regard.

-Pas tout. Jamais tout.

Sa main remonta mon visage, il attrapa mon menton et releva ma tête vers lui. On se retrouva les yeux dans les yeux.

-Si, affirma-t-il. Tu peux me faire confiance, à moi.

J'hésitais toujours. Il le vit, et ajouta :

-Moi, je te fais confiance. Je t'ai dit, pour Victor.

Je hochai la tête. Il n'avait pas tort.

Je me décidai soudainement et lui racontai tout. Tout ce que m'avait révélé Alessio, tout ce qu'on avait appris cette nuit, la vision de son passé que j'avais eu. Il m'écouta sans rien dire, mais je voyais ses yeux s'écarquiller au fur et à mesure que j'avançais dans mon récit.

Je terminai :

-Je sais que c'est dingue, et je te comprendrai si tu ne me croyais pas. Mais je te jure sur tout ce que tu veux que ce que je te dis est la vérité. Ilona a déjà plusieurs fois expérimenté ses pouvoirs.

Je ris de ce que j'étais en train d'essayer de lui faire avaler.

-Tu dois me prendre pour une tarée, et c'est normal, mais Brayden, tu dois me croire. C'est pour ça qu'ils ont capturé Ilona. Pour essayer d'en savoir plus sur le Jour et la Nuit.

Il me regarda, cligna des yeux, puis se mit à sourire. Mais c'était un sourire inquiet :

-Layla... Je sais que ce que tu a vécu ces derniers jours, c'était pas facile, ok ? C'est normal que t'imagines des trucs bizarre, et puis Alessio a sans doute essayé de vous raconter des conneries. N'oublie pas qu'il était dans leur camp.

Je l'observai, blessée.

-Tu ne me crois pas ?

-C'est pas ça, fit-il. Tu dois certainement me dire ce que tu penses être la vérité. Mais Layla...

Je me levai d'un coup, et envoyai la chaise valser derrière moi.

-Tu te fous de moi ? Je t'ai tout dit, tout, et je te dis que je ne mens pas.

Il se leva à son tour, et contourna la table pour s'approcher de moi.

-Layla, c'est pas ça, mais...

-Ne t'approches pas de moi ! sifflai-je alors qu'il tendait sa main vers moi. Je te faisais confiance ! Je pensai que tu me croirais ! Tu m'as dit que tu me faisais confiance, alors pourquoi penses-tu que je mens ?

Une fureur folle s'emparait de moi. Sans doute avais-je imaginé que Brayden serait différent. Qu'il me ferait confiance au point de me croire. Qu'il ne me prendrait pas pour une folle.

Je m'étais trompée.

-Layla, écoute...

Mais je le coupai :

-Non. Non, je ne veux plus t'entendre parler. Encore moins prononcer mon nom. Tu n'es qu'un connard, tu es comme tous les autres.

Quand il posa sa main sur mon bras, j'explosai. De rage, ou... d'autre chose ?

Une vive douleur me lacéra le dos, et je me pliai en deux. Bientôt, elle se dissipa, et je me relevai, ma colère décuplée.

Je sentais la puissance qui m'entourait. Je regardai Brayden, qui, devant moi, me regardait d'un air ébahi. Tant de pouvoir... J'aurais pu le détruire, si aisément...

-Lay... Layla ? bégaya ce faible.

Je levais mes mains, au dessus de chacune d'elle flottait une boule de feu. J'étais instinctivement consciente qu'il s'agissait d'étoiles miniatures. J'étais leur reine. J'étais la Lune.

Il suffisait que j'avance une main pour lui lancer dessus.

Et tuer cet arrogant qui avait osé affirmer me faire confiance, pour ensuite m'accuser de mentir.

-Layla, Layla, qu'est ce que tu fais ?

Il avait l'air terrifié, et je me délectai de sa peur.

-Tu aurais dû me croire, dis-je d'une voix suintante de pouvoir.

J'avançai lentement mes mains vers lui, et les étoiles me suivirent. Il recula jusqu'à heurter le murs derrières, et mes fidèles étoiles le suivirent lentement. J'observai la scène avec un sourire sadique.

Je le voyais paniquer alors que son visage rougissait de la chaleur des étoiles. Il les regarda, puis me regarda. Son expression changea, pour devenir plus douce, plus calme.

-Je te crois, maintenant. Tu m'en as donné la preuve, me dit-il en tentant de sourire.

-Il est trop tard pour changer d'avis.

Il m'observa, et je vis la peur quitter ses yeux pour laisser place à la défiance.

-Tu n'es plus toi même. Layla, Layla, où es-tu ? Qu'es-tu en train de faire ?

Je sentis ma résolution vaciller en l'entendant prononcer mon nom. Mais... Il ne m'avait pas cru, il méritait de mourir.

Seulement, avant que je ne puisse dire quelque chose, il déclara :

-Je ne t'ai pas menti. Je te fais confiance. Je sais que ce n'est pas toi. Les ailes dans ton dos me le montrent. Mais je sais que tu vas te battre pour revenir. Hein, Layla ?

Il releva le menton avec fierté, mais je voyais les larmes briller dans ses yeux.

-Tu ne laisseras pas ces choses, fit-il en désignant les étoiles du menton, me faire de mal. Je te fais confiance, répéta-t-il en me regardant droit dans les yeux.

Ce fut comme si le barrage cédait.

Ma rage fondit comme de la neige au soleil, et je tombais à genoux en sentant la puissance et le pouvoir me quitter.

Je redevins aussitôt moi-même, alors qu'une nouvelle douleur au dos m'attaquait.

Quand cette dernière me quitta, je m'effondrai sur le parquet froid.

Je fermai les yeux. J'étais épuisée. Et terrifiée. Que venait-il de se passer ?

Je sentis des mains se poser sur mes épaules et me redresser.

Quand j'ouvris les yeux, Brayden me fixait d'un air inquiet.

J'ouvris la bouche pour parler, pour m'excuser, pour tenter de comprendre. Je savais que s'il ne m'avait pas arrêtée, je l'aurais fait. Je l'aurais tué.

Mais que m'était-il arrivé ?

Les larmes vinrent, et je ne pus dire un mot. Lui aussi semblait bouleversé, et l'instant d'après, il m'attira vers lui pour me serrer dans ses bras.

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Coucou ! It's me, encore.

Alors, ce chapitre ? Que s'est-il passé, selon vous ?

C'est un des moments importants de ce livre (du tome 1) donc j'espère que vous avez aimé.

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